Adultère
Je crois bien qu'il y a une araignée au plafond
Je recrache la fumée, je dessine des ronds
Tire sur le filtre comme si j’allais l’avaler
Fume clope sur clope en évitant de les compter
Il commence à faire froid, il n’est plus très tôt
Les dessous en dentelle, ça tient pas vraiment chaud
J’attends que tu reviennes, que tu sonnes à la porte
Qui sait, d’ici là je serai peut être déjà morte
Si ce n’est pas l’amour qui me poignarde dans le dos
C’est certainement le tabac qui aura ma peau
A chaque fois, je t’accueille, la cigarette à la bouche
Galbée d’ondoyante soie noire et de satin rose
Non, non, rien de ce que tu peux dire ne me touche
Mais rentre, tu veux peut être boire quelque chose ?
Quand tu m’enlaces, m’embrasses, me mords et me dévores
Je n’ai pas l’impression que tu me fasses du tort
Trop contente d’être enfin le centre de ton attention
Ton jouet articulé, ta jolie poupée de son
Strip-teaseuse de bar ou jeune vierge effarouchée
La luxure fiévreuse ou l’innocence incarnée
Ton amante diabolique, ta liaison dangereuse
Ta salope à toi, à défaut d’être ton amoureuse
La seule âme que tu puisses chérir avec les mains
Et si ton cœur m’est infidèle, ton corps m’appartient
Il faut que je sois légère, facile et provocante
Les joues en feu et les cheveux en bataille
Non, non, le ciel qui pâlit me laisse indifférente
Je t’assure, je me contrefous que tu t’en ailles
C’est toujours le même feuilleton, toujours la même histoire
Le même vaudeville pathétique, le même roman de gare
Version édulcorée d’une tragédie shakespearienne
Aussi romantique qu’une maladie vénérienne
Faut que je te serre fort contre moi pour ne pas pleurer
Je suis là pour te faire envie, pas pour te faire pitié
J’aimerais juste que tu te retiennes aussi de chialer
Après la bagatelle, ça a quelque chose de déplacé
J’aimerais seulement que tu ne répètes pas que c’est mal
Y a un temps pour le vice et un temps pour la morale
Je suis une trainée façonnée par ses blessures
La petite pute qui console, cajole et ouvre son lit
L’amour, c’est pas pour moi, je te le promets, te le jure
Non, non, ça ne me fait rien d’être une option dans ta vie
Et quand nos peaux refroidissent et que ta voix se gèle
Et qu’ils ont l’air de torchons, mes dessous en dentelle
On s’allume une cigarette en guise d’au revoir
Ta main s’attarde sur ma cuisse, mais pas ton regard
Je sais bien que tu pries pour que jamais elle ne sache
Pendant que j’essaie de comprendre pourquoi je m’attache
Tu dis qu’il faut partir avant qu’elle ne se réveille
Te glisser près d’elle en même temps que le soleil
Je crache la fumée comme je cracherais de la bile
Je regarde le plafond, l’araignée n’a pas bougé d’un fil
Ce qu’on fait tous les deux est déjà une belle erreur
T’endormir avec moi relèverait du blasphème
Je t’en prie, rhabille-toi, je sais qu’il est déjà l’heure
Non, non, je ne t’en veux pas de rejoindre celle que tu aimes
Tu m’embrasses gentiment, je suis si compréhensive
La maîtresse idéale, la catin distante et lascive
Tu n’y peux rien si mes bas-résilles te rendent dingue
Tu sais pourtant que tu mériterais qu’elle te flingue
C’est fou comme tu te détestes de lui faire ça
Mais les larmes à ma rétine, elles, tu ne les vois pas
Ta bouche se fait si triste quand elle effleure mon front
Tu y vois un remerciement, j’y vois juste un affront
Mais je ne dis rien, à quoi bon te faire plus de peine
C’était vraiment super, appelle-moi dans la semaine
Quelle misère, cette situation de maîtresse ! D’un côté, l’homme a des manifestations presque tendres, et d’un autre côté, on dirait qu’il va chez cette femme comme chez une prostituée. Et elle, elle accepte ça par peur de la solitude, par dépendance affective, parce qu’elle pense qu’elle ne mérite pas mieux ? Elle ne sait pas elle-même et elle se donne un air détaché.
En ce qui concerne la forme, j’ai l’impression d’un entre-deux. Il y a des rimes, mais le nombre de pieds n’est pas régulier, même en trichant avec les syllabes muettes et les diérèses ou synérèses. Et au niveau de l’expression, on est ballotté entre lyrisme et prosaïsme, entre poésie et vulgarité. Mais il en ressort une certaine beauté.
Deux petites choses :
je serai peut être déjà morte / tu veux peut être boire quelque chose ? [peut-être]
si mes bas-résilles te rendent dingue [bas résille]
non en effet je n'ai pas respecté les règles de versifications. Tu as tout à fait raison pour ces deux fautes! J'ai écrit ce petit poème il ya bien longtemps et je l'ai ressorti de mes tiroirs sans le corriger.
Merci de ton commentaire et à bientôt peut-être!