Chapitre 1

Adultère 

 

 

Je crois bien qu'il y a une araignée au plafond

Je recrache la fumée, je dessine des ronds

Tire sur le filtre comme si j’allais l’avaler

Fume clope sur clope en évitant de les compter

Il commence à faire froid, il n’est plus très tôt

Les dessous en dentelle, ça tient pas vraiment chaud

J’attends que tu reviennes, que tu sonnes à la porte

Qui sait, d’ici là je serai peut être déjà morte

Si ce n’est pas l’amour qui me poignarde dans le dos

C’est certainement le tabac qui aura ma peau

 

A chaque fois, je t’accueille, la cigarette à la bouche

Galbée d’ondoyante soie noire et de satin rose

Non, non, rien de ce que tu peux dire ne me touche

Mais rentre, tu veux peut être boire quelque chose ?

 

Quand tu m’enlaces, m’embrasses, me mords et me dévores

Je n’ai pas l’impression que tu me fasses du tort

Trop contente d’être enfin le centre de ton attention

Ton jouet articulé, ta jolie poupée de son

Strip-teaseuse de bar ou jeune vierge effarouchée

La luxure fiévreuse ou l’innocence incarnée

Ton amante diabolique, ta liaison dangereuse

Ta salope à toi, à défaut d’être ton amoureuse

La seule âme que tu puisses chérir avec les mains

Et si ton cœur m’est infidèle, ton corps m’appartient

 

Il faut que je sois légère, facile et provocante

Les joues en feu et les cheveux en bataille

Non, non, le ciel qui pâlit me laisse indifférente

Je t’assure, je me contrefous que tu t’en ailles

 

C’est toujours le même feuilleton, toujours la même histoire

Le même vaudeville pathétique, le même roman de gare

Version édulcorée d’une tragédie shakespearienne

Aussi romantique qu’une maladie vénérienne

Faut que je te serre fort contre moi pour ne pas pleurer

Je suis là pour te faire envie, pas pour te faire pitié

J’aimerais juste que tu te retiennes aussi de chialer

Après la bagatelle, ça a quelque chose de déplacé

J’aimerais seulement que tu ne répètes pas que c’est mal

Y a un temps pour le vice et un temps pour la morale

 

Je suis une trainée façonnée par ses blessures

La petite pute qui console, cajole et ouvre son lit

L’amour, c’est pas pour moi, je te le promets, te le jure

Non, non, ça ne me fait rien d’être une option dans ta vie

 

Et quand nos peaux refroidissent et que ta voix se gèle

Et qu’ils ont l’air de torchons, mes dessous en dentelle

On s’allume une cigarette en guise d’au revoir

Ta main s’attarde sur ma cuisse, mais pas ton regard

Je sais bien que tu pries pour que jamais elle ne sache

Pendant que j’essaie de comprendre pourquoi je m’attache

Tu dis qu’il faut partir avant qu’elle ne se réveille

Te glisser près d’elle en même temps que le soleil

Je crache la fumée comme je cracherais de la bile

Je regarde le plafond, l’araignée n’a pas bougé d’un fil

 

Ce qu’on fait tous les deux est déjà une belle erreur

T’endormir avec moi relèverait du blasphème

Je t’en prie, rhabille-toi, je sais qu’il est déjà l’heure

Non, non, je ne t’en veux pas de rejoindre celle que tu aimes

 

Tu m’embrasses gentiment, je suis si compréhensive

La maîtresse idéale, la catin distante et lascive

Tu n’y peux rien si mes bas-résilles te rendent dingue

Tu sais pourtant que tu mériterais qu’elle te flingue

C’est fou comme tu te détestes de lui faire ça

Mais les larmes à ma rétine, elles, tu ne les vois pas

Ta bouche se fait si triste quand elle effleure mon front

Tu y vois un remerciement, j’y vois juste un affront

Mais je ne dis rien, à quoi bon te faire plus de peine

C’était vraiment super, appelle-moi dans la semaine

 

 

 

 

 

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Fannie
Posté le 26/05/2019
Coucou Loulou,
Quelle misère, cette situation de maîtresse ! D’un côté, l’homme a des manifestations presque tendres, et d’un autre côté, on dirait qu’il va chez cette femme comme chez une prostituée. Et elle, elle accepte ça par peur de la solitude, par dépendance affective, parce qu’elle pense qu’elle ne mérite pas mieux ? Elle ne sait pas elle-même et elle se donne un air détaché.
En ce qui concerne la forme, j’ai l’impression d’un entre-deux. Il y a des rimes, mais le nombre de pieds n’est pas régulier, même en trichant avec les syllabes muettes et les diérèses ou synérèses. Et au niveau de l’expression, on est ballotté entre lyrisme et prosaïsme, entre poésie et vulgarité. Mais il en ressort une certaine beauté.
Deux petites choses :
je serai peut être déjà morte / tu veux peut être boire quelque chose ? [peut-être]
si mes bas-résilles te rendent dingue [bas résille]
Loulou
Posté le 26/05/2019
Coucou Fannie,
 non en effet je n'ai pas respecté les règles de versifications. Tu as tout à fait raison pour ces deux fautes! J'ai écrit ce petit poème il ya bien longtemps et je l'ai ressorti de mes tiroirs sans le corriger.
Merci de ton commentaire et à bientôt peut-être!  
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