Somphet retira son chapeau de bambou et s'essuya le front d'un revers de la main. La chaleur en cette fin de saison des pluies était accablante. Il fronça les sourcils pour atténuer les rayons du soleil qui lui piquaient les yeux et chercha du regard la petite maison de bois sur pilotis. Il avait passé toute son enfance dans ce bungalow au milieu des rizières. Il l'avait quittée pour travailler dans la capitale en tant qu'ingénieur en énergie fluviale et ramener de l'argent pour la famille. Huit ans plus tard, le voilà de retour au bercail. Après le décès de son frère, sa mère avait commencé à perdre peu à peu l'ouïe, puis la vue. Depuis maintenant un mois, elle s'était mise à murmurer seule des propos inintelligibles, le regard perdu dans le vide. C'est à ce moment là que ses jeunes frères l'avaient appelé et qu'il était revenu afin de les soulager et les aider en cette période de récolte.
Somphet, en sueur, monta l'escalier dont chaque marche craqua sous ses pas et entrouvra la porte de la maison :
- Mae?
Il ouvra la porte en grand, faisant entrer la seule source de lumière dans la petite pièce obscure : au mur, des paniers de bambou et des fils de coton ; sur l'unique étagère, des ustensiles et des pots d'épices couverts de poussière ; sur le sol en terre battue, une natte décolorée. Là où habituellement brûlait un grand feu de bois sous une théière d'eau bouillante, seuls quelques morceaux de charbon crépitaient faiblement. Sur le petit tabouret en bambou tressé se tenait Mae, le regard plongé dans les braises.
- Mae1, tu as laissé le feu s'éteindre ? Tu était dans le noir complet.
Seuls les crépitements des braises accompagnés d'un grincement de porte lui répondirent.
- Bo pen nyang2, je le rallume. Tu veux un thé ?
La vieille femme murmura. Pour la première fois depuis des semaines, Somphet distingua ses paroles :
- Mae ! Mae ! Tu veux bien porter Tong le temps que j'aille chercher les oeufs ? Il vient de s'endormir.
Somphet se figea. Tong était le nom de son frère décédé l'année dernière. Le charbon s'embrasa soudain lorsqu'un vent glacial s'engouffra dans la pièce. Somphet frémit et posa la main sur la jambe de sa mère.
- Mae ? Tout va bien ?
Les yeux de sa mère s'éteignirent alors qu'un dernier souffle raviva les flammes du foyer. La chaleur revint dans la petite pièce.
1Maman, en lao.
2Pas de problème, en lao.
Dommage que cette nouvelle soit aussi courte. Bien que mon relevé de coquilles et remarques (qui est ma petite manie) puisse laisser croire le contraire, je trouve qu’elle est plutôt bien écrite. Cette scène avec la mère et le fils devant le feu est émouvante. Bref, sans vouloir répéter ce qu’a dit AudreyLys, je suis d’accord avec elle.
D’habitude, tu n’écris pas, je comprends. Mais là, tu l’as fait et tu n’as pas à en rougir ; alors pourquoi pas retravailler cette nouvelle et l’allonger un petit peu ? Si tu arrives à rédiger un texte d’environ 2000 mots (ce dont je ne doute pas), tu pourras participer aux prochains concours de PA. Ce serait dommage de renoncer à écrire faute de pratique.
Coquilles et remarques :
et s'essuya le front d'un revers de la main [Je dirais plutôt : « du revers de la main »]
C'est à ce moment là [ce moment-là]
et entrouvra la porte [entrouvrit ; comme il y a « ouvrit » plus loin, je propose « entrebâilla »]
Il ouvra la porte en grand [ouvrit ; il s’agit du verbe ouvrir, pas ouvrer]
Mae1, tu as laissé le feu s'éteindre ? [Pourquoi ajouter la note de bas de page à la troisième occurrence du mot Mae plutôt qu’à la première?]
Tu était dans le noir complet [étais]
que j'aille chercher les oeufs [œufs]
alors qu'un dernier souffle raviva les flammes du foyer [Je mettrais « ravivait »]
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les lao thaï, les hmong, les khmu, les akha, et de nombreux autres... [Il faudrait mettre une majuscule au nom de chacun des ces peuples*.]
Son travail dans l'énergie fluvial lui permet [fluviale]
notamment de la communauté Hmong [hmong ; c’est un adjectif*]
*Il faut une majuscule au nom (un Hmong, les Hmong), mais une minuscule à l’adjectif (la communauté hmong, les langues hmong), de la même façon qu’on écrit les Français et la langue française.
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Les notes du début apparaissent deux fois : une fois dans « Story Notes » et une autre, en italique, dans « Author's Chapter Notes ».
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Mon seul regret est que c'est effectivement très court : j'aurais bien aimé que les informations que tu donnes dans les notes de fin de chapitre soient intégrées dans un texte plus long. Tu pourrais décrire un aller-retour au marché, un repas familiale, un départ vers la ville, un enterrement par exemple.
Voili voià^^
Effectivement c’est très court, je l’ai vraiment écrit à la va-vite, dans ma chambre d’hôtel, sans bus précis, juste envie d’écrire à propos de cet univers rustique et spirituel dans lequel j’avais sejourné. Peut être qu’un jour je prolongerai, après un énieme séjour au Laos peut-être ? :D
À bientôt !