Chapitre 1

- Pardon, mademoiselle, mais je crois que c'est ma place.

Voilà ce qui m'a réveillée au moment où j'ai fermé l'œil pour la première fois depuis deux jours. Confuse et un peu désorientée, j'ai relevée la tête pour voir où j'étais... Avant de me rappeler que j'étais dans le vol B9 a destination de l'Islande. Comment avais-je pû ne serais-ce qu'oublier cette décision ( catastrophique, soi dit en passant ) ? Comment pourrai-je oublier le coup de téléphone de Ashley, ce coup de téléphone qui a changé ma vie symboliquement ?

Rouge de honte, toujours un peu groggy, je me tourne vers la femme qui vient de me parler et lance, peut-être un peu sèchement :

- Tu veux pas arrêter d'embêter les autres, Mamie ?

Devant le visage liquéfié de la dame, la seule qui me vient en tête, fu de lui sourire. Oui, lui sourire, d'un sourire éclatant plein de sincérité. Un sourire qui veut clairement dire à ses yeux : " bonne journée, vieille bique, et arrête de me faire chier pour une place d'avion ! ". Si la honte pouvait tuer, que mon corps se consume dans les abysses de l'enfer des connasses perturbéeq qui insultent les vieilles dames...

J'ai découvert a mes dépends trois nouvelles informations importantes sur les vieilles dames :

- Leur sac a main sont rembourrés, soyez bon en esquive.

- Elle ont une capacité incroyable a être réactive si elle sont blessée dans leur amour propre.

- Étrangement, elle connaisse aussi l'existence des gros mots.

A défaut d'être reposant et agréable, le voyage était au moins instructif. Ne répétez pas cette phrase a vos professeurs, ils risquent de l'afficher sur les murs trop blancs à leur goût de leur classe.

Alors que je m'énervait sur Devi parce qu'elle avait attendu le chapitre finale de Tentation pour avouer ses sentiments a Josh, un message a fait vibrer mon téléphone portable. Je l'ai sortie, intriguée. Il était très certainement 4h du matin a Londres, personne n'y serai éveillé. Ou pas dans mes contacts, du moins. Mes doigts glisse sur l'écran fendillé de mon portable, et j'ouvre le message... Avant de jeter mon téléphone a terre. Entre mes dents serrées, je marmonne, bouillonnante. 

- Maman...

Du coin de l'œil, j'aperçois un homme qui me dévisage avec insistance, comme si il se demandait ce qui n'allait pas. Non mais oh, ce ne sont pas ses affaires ! Qu'il aillent enquiquiner quelqu'un d'autre. Je lui fais un faux sourire, mine de rien, et il se rendort... Bon débarras !

J'aimerais bien faire de même. Parce que je ne veux pas me souvenir de lui, de ma vie d'avant. Je ne veux pas non plus me souvenir de la où je vais, je voudrais encore errer sans but, devenir une âme perdue qui ne cherche pas a remonter à la surface. Je ne cherche pas la surface, je cherche les abysses, les profondeurs des pensées humaines qui hantent les miennes depuis trop longtemps maintenant. Je ne veux plus penser à ce que j'ai raté, parce que je veux les laisser loin derrière moi, très loin, a au moins 3000 km d'ici, dans une petite rue de Londres. Je voudrais les trainer dans la boue, ces gestes. Les écraser, ces mots. Tuer ce qui m'a tuée. Détruire ce qui m'a fait nous détruire. Je voudrais hurler, crier, casser ce fil qui me compresse le cœur a chaque instant. Mais bon, dans un avion bondé, ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait du grabuge si je casse une vitre ou saisit un ciseau et m'ouvre le thorax. Donc non. Je reste assise dans mon siège d'avion, dur et inconfortable, le regard perdu dans des pensées de ciseaux et de fil de cœur et de boue, mon téléphone cassé dans une main et mon livre bandant de lenteur dans l'autre.

Comble de l'horreur, il semble que la vieille dame que j'ai agressée soit elle aussi une très grande fan de Tentation ​​​​​​, et que Devi se soit pris un bus dans la gueule vu sa tête.