Chapitre 1

Notes de l’auteur : Voici ma contribution à "la page arrachée". J'espère être dans le ton du livre.

*

 

 

... s’énervait sur un dossier particulièrement coriace de trafic de poussière de météorites lorsque l’agent Wresinsky passa la tête dans l’ouverture de la porte entrebâillée.

 

« Monsieur ?

 

-          Quoi ? » aboya Nathan.

 

-          Désolé de vous déranger Monsieur, mais une personne prétendant être le tueur de l’ombre est en ligne. Le service estime que l’appel est suffisamment sérieux pour vous le passer. Il pourrait s’agir effectivement du tueur. L’homme n’a pas peur d’être localisé mais il menace de raccrocher si vous ne le prenez pas immédiatement en ligne.

 

Un frisson lui parcourut l’échine.

 

-          D’où appelle-t-il ?

 

-          Il utilise un E-telepod, celui d’un certain Franck Black, un homme assassiné la semaine dernière à la base Prima de Mars dans des circonstances comme qui dirait - il prit un ton inspiré- anormales. La borne indique qu’il est dans le quartier universitaire, l’internat de l’école Quantico exactement.»

 

Nathan sursauta. Sa pensée alla directement à Rory qui lui avait honteusement posé un lapin la veille au soir. Transmettre avec le portable d’un mort, c’était bien l’une des méthodes du tueur de l’ombre. Il voulait qu’on le repère pour qu’on porte crédit à ses affirmations.

 

« Passez-moi cet appel ! » cracha Brownley.

 

Il saisit le combiné tandis que Wresinsky lui fit signe que des voitures étaient déjà en route : les services ayant déjà compris qu’il existait un risque réel que le tueur de l’ombre se soit effectivement introduit chez la stagiaire Beaumont.

 

« Nathan Brownley.

 

-          Bonsoir Nathan - la voix était à la fois douce et mielleuse, presque angélique - Ecoutez bien, je n’ai hélas que peu de temps et vos agents en ont déjà beaucoup gaspillé...»

 

-          Je vous écoute.

 

-          Je suis chez votre charmante partenaire, Nathan - il fit une pause, Nathan l’entendit sourire - mais elle ne va pas très bien. Je la laisse donc à vos bons soins. Je suis sûr que vous adorerez Nathan, vous adorerez ma nouvelle création… ». Le sang de Brownley se glaça dans ses veines.

 

-          Espèce de salaud, qu’est ce que vous lui avez fait ? » Hurla-t-il. Mais son cri de rage se perdit dans la toile des ondes plasmatiques, le tueur avait déjà raccroché

 

Quand Nathan arriva sur les lieux, l’internat où logeait Rory était déjà entièrement cerné par l’équipe du FBI. Les lumières bleues et rouges des voitures de police scintillaient tandis qu’une nuée d’agents en uniforme en sortaient et prenaient leur poste en attendant les ordres. Il regarda l’agitation avec un sentiment de vertige et d’impuissance. Il savait que quoi qu’il se fût passé dans l’internat, c’était déjà fini et qu’il n’y avait plus rien à faire. Si le tueur de l’ombre était passé, Rory n’était plus. Il secoua la tête chassant cette horrible idée.

 

Le commandant Sandoval fit un signe qui lança l’assaut. Le bélier ne servit à rien, la porte de l’internat venait d’être ouverte par une jeune fille en pyjama short, toute éberluée et aveuglée par les phares des voitures de l’escouade de policiers. Les agents se déployèrent à l’intérieur. Sans attendre que Sandoval lui signale la sécurisation de la zone, Brownley se précipita à l’intérieur, suivi par l’équipe médicale. Il vit immédiatement Rory, installée nonchalamment sur le divan dans une position tout à fait naturelle sauf qu’elle était bâillonnée par un foulard blanc maculé d’un liquide verdâtre. La substance avait goutté jusque sur le parquet. Un plaid lui recouvrait le corps des pieds jusqu'au cou, comme pour masquer d’éventuels outrages, des blessures que Brownley avait peur de découvrir.

Il avait les yeux braqués sur Rory, attendant le diagnostic du docteur Bedford agenouillée près d’elle qui lui administrait les premiers soins. Celle-ci rompit le silence.

 

« Elle est vivante » lança-t-elle après avoir pris ses constantes vitales. Sandoval et Nathan lâchèrent d’un même souffle un soupir de soulagement.

 

-          Elle respire normalement, elle est seulement droguée ». Elle ôta le bâillon de sa bouche et une masse gélatineuse verdâtre s’en échappa.

 

« Elle a quelque chose dans la bouche » ajouta Liliane.

 

Browley s’approcha pour mieux voir les détails du corps étranger que prélevait Liliane mais le jeune agent Mulder l’interpella :

 

« Monsieur ! « Il » a laissé une lettre. »

 

En effet, posé sur le visio-conférencier, une enveloppe trônait à l’attention de Rory. Il la décacheta, les mains gantées. Ce qu’il y l’eut lui arracha un cri de stupeur.

   

Rory sentit une douleur sourde, diffuse, dans tout le corps. Ses yeux s’entrouvrirent sur la vision du compte goutte d’une perfusion et de murs blancs. Elle était à l’hôpital.

Assis à sa droite, Nathan, et derrière lui, Sandoval. Tous deux étaient suspendus à ses yeux quand Liliane lui passa un rayon de lumière devant les pupilles, provoquant leur contraction et un séisme de douleur jusqu’au plus profond de son crâne. Elle retira la lampe, satisfaite, et la confia à la jeune infirmière qui rangea l’instrument.

 

« Elle va bien, les pupilles ne sont presque plus dilatées. Elle n’est plus sous l’effet de cette drogue. » 

 

Brownley hocha la tête de contentement.

 

« Monsieur ? bafouilla Rory encore engourdie, la bouche pâteuse, elle avait du mal à articuler. Que s’est il passé ? Qu’est ce que je fais là ? 

  

Les visages autour d’elle reflétaient une gêne évidente, certains fuyaient même son regard. Elle fronça d’un coup les sourcils :

 

-          Il était là, je me souviens, dans ma chambre. Que s’est il passé ? Cette fois-ci, elle avait presque crié. Je ne me souviens de rien ! ». Les regards autour d’elle étaient embarrassés.

 

Nathan prit la parole :

 

« Il était bien là, oui, mais ne vous inquiétez pas, tout va bien à présent.

 

-          Comment ça, tout va bien ? Pourquoi était-il chez moi ? Qu’est ce qu’il m’a fait ? Pourquoi suis-je ici ? » reprit elle affolée.

 

-          Doucement Rory, ne vous énervez pas. Il est venu chez vous pour… comment dire… pour vous porter un message. Il voulait vous signifier que vous ne deviez plus le poursuivre. Et désormais, je suis d’accord : Rory vous devez laisser tomber. Une autre équipe se chargera de cette traque. C’est devenu trop dangereux pour vous.

  

-          Mais qu’est ce qu’il m’a fait ? Il m’a juste endormie ? C’est ça son message ?

 

-          Il vous a remis une lettre.

  

-          Je veux voir cette lettre.

 

-          Ecoutez, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment, vous êtes trop faible et…

 

-          Pardon ? Je suis là, alitée, sans comprendre ce qui m’est arrivée alors que j’ai été entre les mains du pire tueur de tous les temps desquelles j’en suis ressortie vivante et vous me dites que je dois attendre ? Mais attendre quoi ? Je veux la lire tout de suite !

 

-          Très bien, très bien, répondit Brownley avec douceur, reconnaissant bien là légitimité de sa requête ainsi que le caractère impétueux de sa stagiaire. Il sortit de sa veste un papier plié en quatre et le tendit à Rory en la prévenant, vous comprendrez bien qu’il ne s’agit que d’une copie, l’original étant entre les mains des experts du labo. »

 

Rory attrapa le papier d’une main tremblante et lut en silence.

 

«  Chère Aurore,

Puisque vous teniez tellement à notre rapprochement, voici vos vœux exaucés.

Nous avons communié.

Un peu de vous en moi et de moi en vous.

Maintenant, il faut que vous appreniez à vivre sans moi.

Laissez s’installer une certaine distance entre nous, le monde est vaste vous savez, ainsi que l’univers.

Si vous cherchez encore à m’approcher, je vous satisferais au-delà de toutes vos espérances et nous fusionnerons.

Est-ce que vous le voulez vraiment ? 

 

T. O ».

 

Rory ouvrit des yeux épouvantés : « Une communion ? Quelle communion ? De quoi parle-t-il ? Répondez-moi ! cria-t-elle.

 

-          Quand nous sommes arrivés, vous étiez à moitié nue et… le visage d’Aurore se teint d’une ombre de terreur et son regard se remplissait de larmes

 

-          Oh ! Mon dieu ! Il ne m’a pas…

 

-          Non, il ne vous a pas… pas violée, non ce n’est pas cela.

 

Rory s’agita, elle sentait que son corps était l’enjeu. Il avait certainement pris possession de son corps mais comment ? Il fallait qu’elle se rassure, qu’elle s’examine. Elle commença à baisser le drap avec appréhension mais ne vit aucune plaie, aucun pansement. Elle examina du bout des doigts son visage et n’y trouva aucune trace de quelconques sévices.

 

-          Que m’a-t-il fait ?

 

Brownley baissa les yeux.

 

-          Je ne vais pas vous mentir. Lorsque nous sommes arrivés chez vous, vous gisiez sur le canapé. Vous aviez notamment un bâillon maculé d’une matière verte. Lorsqu’on l’a ôté, on a trouvé un morceau de… de quelque chose qui vous emplissait la bouche. Nous ne savons pas encore son origine, ni son action. »

  

« Dans la bouche… » Les mots raisonnaient dans sa tête. Un liquide verdâtre provenant d’une matière inconnue s’était infiltré entre ses dents, emplissant son palais, glissant dans sa gorge pour terminer sa course dans chacune de ses cellules, au plus profond d’elle.

 

Elle porta ses mains à ses lèvres et dans un haut le cœur de dégoût, elle v…

 

 

*

 

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Nascana
Posté le 18/01/2010
Pauvre Rory, elle est la cible de tout le monde !
En tout cas, bon travail d'imagination, et de description, le rendu est des meilleurs.
Félicitation, je suis restée sur ma faim.
Sati
Posté le 24/01/2009
Salut salut !! c'était une sacrée page. Quel suspense, quels rebondissements ! Tu as une façon sidérante de gérer la crise au long de l'histoire. Et quel réalisme ! Tu m'as impressionnée. Ton écriture, le vocabulaire employé et les connaissances que cela implique rend ton texte très bien ficelé, bien écrit aussi. * reprend la dernière phrase... Oh beurk ! * C'est quoi cette communion ? * ne regardera plus le bout de carton nommé hostie de la même manière à l'avenir. Matière verte... Baaaaah ! Mais... Wouaaaah ! Bravo Missou, c'est du bon travail !<br />
<br />
Enjoy, Spilou ^^
Missounette
Posté le 24/01/2009
Merci merci ^_^, je suis contente que cela t'ait plu. Même si je trouve personnellement qu'il y a bcp de maladresses, j'aime bien l'idée de la communion des esprits et du corps (^_^ hummm), d'une substance aux propriétés inconnues placée dans l'organisme d'une innocente télékinesiste, une substance provenant d'un tueur schizophrène et mégalomaniaque (il se prend pour Dieu).
J'ai pris ce thème de la communion parce que ce sera pour moi mon thème de prédilection pour 2009 étant donné que j'en ai deux à fêter chez moi -_-°, celle de mes enfants, une petite et une solennelle... 
Je me rappelle également d'une histoire avec Hannibal lecter (Silence des agneaux) que j'ai lue il y a quelques années et qui m'a fait un effet boeuf (plutôt saignant)...
Cela s'est mélangé dans ma tête et cela a donné cela.
(*vide le bassin)
 
 
 
 
Cricri Administratrice
Posté le 21/01/2009
C... communion ? C...cellules ? Mais, nom di djou, c'était quoi ce truc ???
Wow : haletant, tu nous tiens en haleine jusqu'au bout et on a envie d'en lire beaucoup plus, que ça en est cruel ! oO" Le pire c'est que, sadique tu es, tu laisses la voie ouverte à notre imagination pour deviner le reste. Brrrr, j'en ai encore des frissons... c'était génial ! On sent l'infirmière derrière la plume et ça donne une texture professionnelle à ton récit que j'adore ^^ Et puis dis donc, tu assures carrément dans le genre polar futuriste !
Je te ferai un commentaire plus développé dans la rubrique du forum mais sache déjà que ta page arrachée est une vraie réussite... et glaque à souhait ^^ Le seul truc qui m'a fait bizarre c'est la façon, au tout début, dont Wres appelle Nathan "monsieur" et s'adresse à lui comme s'il était son inférieur hiérarchique : dans ma tête, les deux agents sont sur le même statut... mais ça, c'est Juju qui dira lorsqu'elle nous montrera ses fiches-personnages tels qu'elle les avait imaginés XD
En attendant, bravo à toi ! La miss, elle assure ^^
Missounette
Posté le 21/01/2009
Merci ma Cricri ^_^ !
Cette communion ira peut être plus loin que les cellules de notre pauvre Rory, communion du corps et peut être de l'esprit avec notre tueur intersidéral.
C'est vrai que le "monsieur" pour Nathan fait bizarre maintenant que j'ai relu la page de Julia...
Bon hummm... (*mise en route du mode mauvaise foi, hihi en parlant de communion on reste dans le sujet ;-))
Eh bien...euhh...  
Peut être (je dis bien peut être ^_^) que Wresinsky s'est fait remonter les bretelles par Nathan parce qu'il l'appelait toujours "la blonde".
Nathan ayant pris du grade dans la hiérarchie depuis la page arrachée alpha de Julia oblige Wresinsky à l'appeler "Monsieur" quand celui ci s'adresse à lui pour avoir plus d'ascendant sur lui...
(*sifflote tranquillement en attendant les fiches personnages de Julia :-o)
C'est chouette de pouvoir ainsi s'appropprier les personnages :-).
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