Chapitre 1

Notes de l’auteur : Voici une nouvelle que j’ai écrite, après avoir été inspirée par le dessin d’un de mes proches!
( D’ailleurs c’est la couverture )
Bonnes lectures à tous! Et n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! 😊

Moi, Hoshii, un esprit chat, qui exauce les vœux des enfants les plus désespérés, vais vous conter, une petite partie de mon existence. 

 

Pour commencer, sachez que j’hante une forêt, située dans un minuscule village du Japon. 

Ma fourrure évoque les plaines enneigées. Quant à mes yeux, l'océan. 

 

Une gigantesque statue, me représentant,  orne le temple du village. 

Les villageois, formulent leurs prières à moi, Hoshii et non Bouddha. 

Je ne peux que féliciter ce choix, toutefois je suis très sélectif. J’apparais seulement à travers  les rêves des sélectionnés.

*

ANNÉE 1980 

 

Mizuki, une veuve âgée de 70 ans, en a fait partie. 

Un jour sa fille, qui était son seule enfant, et qu’elle n’avait pas vu depuis de nombreuses années, lui confia son enfant, Ayumi, une petite fille de 5 ans à peine. 

Jusqu’alors, Mizuki ne connaissait même pas son existence. Apeurée, la petite fille se cachait derrière sa mère. 

_ Pourquoi ne m’as-tu jamais rien dit ? 

_ Parce que figure toi que j’étais mère célibataire. Je n’avais pas besoin de voir le jugement dans tes yeux.  

Le cœur de Mizuki se serra douloureusement. 

_ Jamais je ne me serais permise cela. 

Sa fille émit un mauvais rire. 

_ C'est ce que tu dis maintenant que papa est mort. 

_ Ça suffit maintenant, tu vas trop loin. Si pour toi, je suis une mère si indigne, que viens-tu faire ici ?

_ Tu as raison, venons en aux faits. J’ai rencontré un riche  homme américain, nous allons bientôt nous marier dans son pays , je quitte donc définitivement le Japon. ( Elle marqua une légère pause) Je te confie Ayumi. 

Elle posa une petite valise aux pieds de sa mère puis tira sa fille par le bras. 

_ Maintenant tu vivras avec ta grand-mère. Porte toi bien. 

L’enfant qui retenait ses larmes depuis un moment éclata en sanglots. Ce fut un spectacle déchirant, même pour moi, qui ne suis pas un être humain. 

_ Tu vas arrêter un peu tes caprices, maintenant tu es une grande fille. Et puis je ne te laisse pas à n’importe qui! 

La petite fille suffoquait, tant ses larmes la submergeaient. Si j’avais été un simple chat, je me serais blotti contre elle, pour la consoler.   

_ Comment peut-tu dire ça, à ton propre enfant! S’exclama Mizuki. 

La situation lui paraissait invraisemblable. 

_ C’est bien ce que je pensais, tu n’es que jugements maman. 

_ N’importe qui penserait la même chose que moi dans cette situation! 

Sa fille agita une main. 

_ Laisse tomber, je ne cherche pas ton approbation, et puis ma décision est prise. C’est mieux ainsi pour tout le monde. 

Mizuki ne sût pas quelle réponse donner. 

Elle se demanda ce qu’elle avait bien pu rater dans l’éducation de sa fille, pour qu’elle agisse de la sorte avec son propre enfant. 

Quand l’indigne mère d’Ayumi monta en voiture, sans un regard en arrière, Mizuki, qui était subitement devenue grand-mère, dut empêcher sa petite-fille de poursuivre sa mère.  Cette action lui brisa le cœur en mille morceaux. 

Je me devais d’intervenir. 

**

Cette nuit-là, Mizuki me vit en rêve, Ayumi endormit entre ses bras. Elle avait mis des heures à la calmer. Je ne pouvais définitivement pas abandonner cette petite fille à son triste sort. Je savais que sa grand-mère accepterait de passer un marché avec moi. 

Durant sa vie, elle n’avait pas pu faire grand-chose pour les autres. Venant d’une famille pauvre, ses parents ne pouvaient pas s’autoriser à être très altruistes. Une fois adulte, l’homme qu’elle avait épousé, s’était avéré égocentrique.  En conséquence, insensible aux besoins d’autruis. 

C’est pour ces raisons qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à suivre mes instructions, même en connaissant la contrepartie qui la concernait, pour que je puisse exaucer le vœu de l’enfant.

J’aime ce type d’être humain, ils sont plutôt rares. 

C’est pour cela que je vous raconte cette histoire, en quelque sorte pour lui rendre hommage. 

***

Mizuki confectionna une peluche à mon effigie. 

Presque aussi adorable que moi. Oui je suis légèrement imbu de moi-même, mais que voulez-vous, je suis un chat après tout! 

Elle entra dans la pièce où était sa petite-fille avec un manque d’assurance. Jusque là, elle avait rejeté tout ce qui provenait de Mizuki.  

_ Tiens ma chérie, c’est un cadeau que j’ai fait spécialement pour toi. 

L’enfant se cachait sous une couverture. 

_ Non j’en veux pas! Je veux maman! 

« Je sais » Pensait-elle en tapotant le dos de la petite fille. Rien que d’ imaginer  ce que pouvait ressentir l’enfant, lui faisait monter les larmes aux yeux. 

_ Regarde comme il est mignon. 

_ Non, non et non! S’écria t’elle, toujours sous le drap

Mizuki soupira douloureusement. 

_ D’accord j’ai compris, je m’en vais. 

 

Même si, elle commençait à avoir drôlement chaud là-dessous, Ayumi ne se découvrit pas avant d'être certaine qu’elle était bien seule. 

Elle arrondit les yeux en voyant le cadeau en question. Personne ne me résiste! 

*** 

L’enfant s’était endormi en serrant la peluche dans ses mains. Comme si elle avait peur que moi aussi je l’abandonne. Pauvre petit être humain. 

J’ai patiemment attendu qu’elle soit en plein rêve, pour pouvoir m'immiscer dans celui-ci et par conséquent aussi communiquer avec elle. 

 

Elle était en train de rêver qu’elle pique-niquait avec sa mère. Elles avaient étendu un plaid rose, juste à côté d’un cerisier en floraison. 

Ce qu’il était agréable ce rêve! Le temps était resplendissant, les yeux mi-clos j’avais laissé le soleil réchauffer mon pelage blanc. J’entendais au loin le clapotis de l’eau et beaucoup d’autres choses, puis elle m’interpella. 

_ Oh viens ici minou. 

Sa mère semblait s’être endormie. 

Je fit un clin d’œil à la petite fille et d’un mouvement de la queue je l’ai l’encouragé à me suivre. 

Ce qu’il y  a de merveilleux avec les humains miniatures, c’est qu’ils ne se posent pas des tas de questions inutiles. 

_ Enchanté Ayumi. Je m’appelle Hoshii. Et je vais réaliser un de tes souhaits. 

_Oh vraiment ?! 

_ Tout à fait, mais avant je vais devoir te rappeler la réalité, je m’en excuse, petite humaine. Nous sommes dans ton rêve Ayumi, qui d’ailleurs est fort agréable. Mais malheureusement, la réalité est bien différente. Approche toi plus près je te pris. 

Quand elle fut suffisamment près, je posais mon museau sur son nez. 

Quelques secondes après, elle recula en titubant puis se laissa tomber par terre. 

Son sourire resplendissant avait laissé place à une moue tremblante. Elle se souvenait. 

_ Je suis sincèrement désolé Ayumi. Mais comme je te l’ai dit, je peux exaucer ton rêve le plus cher. Que souhaites -tu petite humaine ? 

Elle renifla bruyamment. 

_ Je veux une véritable famille. 

_ Exaucé! 

****

ANNÉE 2015 

 

Je parie que vous voulez savoir ce que la grand-mère et la petite fille sont devenues! 

 

_ Bonjour ma petite maman d’amour. Toujours partante pour la séance de cinéma à 16h ? Demande Ayumi en l’embrassant sur la joue. 

_ Toujours ma fille. 

_ Et moi alors ?! S’écrie son père. 

Ayumi lève les yeux au ciel. 

_ Papa, tu as déjà oublié ? 

_ Hein? Non du tout. Et toi alors ? 

Ayumi secoue la tête en riant. 

_ Quelle mauvaise foi papa! Ce week-end je vais au cinéma avec maman mais la semaine prochaine toi et moi on ira à l’opéra. 

_ Ah oui, je m’en souvenais, c’était pour vérifier. Bonne séance à toutes les deux.  Dit-il en s’éloignant. 

_ Mmm, c’est ça oui.  Réponds t’elle en faisant un clin d’œil à sa mère. 

Ayumi fait tourner les clés de sa voiture autour de son index. 

Quelque chose attire le regard de sa mère.

_ Tu as toujours cette peluche en forme de chat. J’ai l’impression qu’elle ne vieillit pas. 

_ Oui c’est impressionnant! Je ne sais même plus de quelle manière je l’ai eu. Mais j’y tiens beaucoup, je la considère comme un porte bonheur. 

Sa mère sourit. 

_ Tu sais que je ne sais plus d’où elle vient non plus. 

_ Vraiment ? 

 

***** 

Au cas où vous vous demanderiez, c’est tout à fait normal qu’elles ne se souviennent pas. C’est la règle. 

Pour que je puisse faire du vœu d’Ayumi une réalité, j’ai pris, avec son consentement,l’âme de sa grand-mère Mizuki. En faisant cela j’ai effacé de la mémoire des humains, son existence. 

Je suis le seul à m'en souvenir, mais ne vous inquiétez pas, son âme repose en paix dans mon monde. 

 

Pour finir, je tiens à dire, que j'ai toujours veillé à laisser les peluches aux enfants, à qui j’ai exaucé un souhait. Je suppose en guise d’hommages aux personnes qui se sont sacrifiées pour permettre cela. 

Comme vous avez pu le constater, pour ses enfants, même en étant dans l’ignorance, ces peluches deviennent souvent des portes-bonheurs.  



 

 

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Rigel
Posté le 28/11/2023
Salut Débora-Esther !
Je viens de lire ta nouvelle, et je t'avoue avoir vraiment été touchée par l'histoire de ces trois personnages.
J'en profite pour te remercier pour ton accueil chaleureux sur cette plateforme pour une petite nouvelle comme moi.
Je t'avoue avoir choisi de lire cette nouvelle pour ton résumé, mais également par la magnifique illustration de isaart_257, avec ce petit chat Hoshii plein d'amour.
L'histoire d'Ayumi et de sa grand-mère m'a vraiment touchée. J'ai trouvé le sacrifice de la grand-mère, très puissant, un véritable acte d'amour de donner son âme pour sauver l'avenir de sa petite fille.
J'ai également beaucoup apprécié le narrateur-chat-Hoshii. J'ai trouvé qu'il s'exprimait un peu comme pourrait parler un chat aux humains : avec humour, une pointe de sarcasme et beaucoup d'amour.
Hâte de lire d'autres de tes nouvelles !
Débora-Esther
Posté le 28/11/2023
Ohh merci infiniment pour ton commentaire! 😘 Il me fait chaud au cœur! 💜
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