Prélude au mythe. Chu à nu dans l’enceinte d’une vase nébuleuse, annoncé par le claquement d’une goutte, bullant, impatient, le corps remonte à flot. Il trépigne à grands coups. Pour se dénouer de son enveloppe natale. Pour enfin contempler les hauteurs. Une nitescence au-dessus de cette fosse, à mainte mille lieues de profondeur. Où flânent des êtres éthérés, chantants, miroitants.
D’une incarnation innée, la créature lève les doigts vers les cieux, s’envole. Au bout de l’obscurité, l’étincelle de lumière se voit grandir, autant que la romance, en elle, s’enflamme. Voguant, déstabilisée, la galère titubante, elle ne manque pas de s’échouer sur la falaise terreuse, poreuse, parsemée de galeries, myriade de mirettes aux lueurs élusives. Les échos de métal clinquant font vibrer ses membres. Une combustion, deux, puis trois, l’épargnent de l’effroi. Avec du recul, elle s’entraîne sur le début du rythme symphonique s’échapper de ces antres, avant de se retourner et manquer de percuter une autre révélation. Sur une paroi cristalline, aux courbes souples et élancées, sur un miroir opaque de flammèches ondoyantes, elle observe les contours du primordial inconnu.
D’une créature ailée à un oisillon. En pleine mue. Dans le reflet de ses perles crantées, son plumage sublime se révèle. Des régimes impériaux fichés de joyaux grenat déliés. Des rectrices jumelles dorées aux ocelles marines. Couronné d’une crinière rougeoyante. Son bec fin et éloquent mime ses premiers braillements, en réponse aux appels des sirènes virevoltantes. La vision incarne son geste, le rend maître des rennes de son destin. Filant à travers des toiles arachnides garrottant les deux verticales, il slalome entre cordes et ponts, vibrants de poussière à chaque secousse des géants difformes. Puis il s’élève sans efforts, au-delà des plateformes, s’élance pour rejoindre la fête, à la surface de la fosse.
À l’aube de leur rencontre, célébrée par des cris d’orfraie, une dissonance vernaculaire s’installe. Abasourdi par un horizon emprisonné, s’éclot une nouvelle aspiration. Germant dans l’éclat de colonnes ardentes, pustulant la périphérie du plateau, la bourrasque l’emporte dans une spirale ascendante à la fleur du pylône de cristal. Aux courbes tendres, aux extrémités effilées, il léche sa taille opulente, alvéolée de balcons. Avec l’altitude se décèle des gravures d’orfèvres, bordant une cavité prédominante, une voûte de laquelle deux longs bras de drap rouge soyeux s’étendent.
Au pic, une altération apparente, un apex acerbe, un croc mégalodon, déchirant le céleste voile sombre. Une aiguille dauphine bloquée au zénith, intemporelle, libérant une pluie de lumière éternelle. Si près du rivage rêvé, d’une coulante clarté, ses plumes s’alourdissent.
Abandonné par les vivaces vents, sa pupille papille, le sursaute de son songe, accompagné d’un paroxysme diphonique, prisonnier d’une cataracte macabre. Il tente éperdument de maintenir les hauteurs, mais les grimaces vermiformes du dôme de nuages, à la noirceur iridescente, le frôlent. Un spectacle, propre à l’envers de flasques circonvolutions cérébrales, lui jette un froid morbide, une prison mentale à la frontière du monde, le rejette.
Vacillant, déchu, il conduit sa descente sur le plateau en rase-désert, sous les projections kaléidoscope-esque des réflexions du pylône. Suivant un sillon, sur lequel traîne un chariot tiré d’une masse voilé, où médite, sur le menton, une petite personne au pelage criant. La lumière s’estompe derrière lui, mais un nouveau songe se dévoile, une nouvelle romance.
En vue, une orée envahissante. Endiguée par un village bruyant, ovale, qu’il survole rapidement. Ses défenses modestes, ses deux avenues perpendiculaires, et son clocher central, de voiles et de métal. En tampon avec l’obscurité, ultime rempart au village, s’érige un intestin de tentes sombres. Un flot de silhouettes en camaïeu s’en échappent, s’invitent dans la forêt, accueilli par une allée cadavérique.
Un dernier cri, et il s’engouffre dans un sentier jalonné de sinistres troncs, bondant l’horizon. Mariés par une nuit éternelle, les racines s’enlacent dans une fresque dantesque, tandis que les têtes s’ensevelissent sous une cascade de nuages claustrophobiques. L’écorce trypophobique est parasité de ronces rampantes, aux aiguilles pustulées, aux lianes guillotines. Les brises conduisent l’orchestre de bois et de vent, tel un Gamelan de Jegog, suivi des applaudissements discordants des branches, acclamant une prochaine réincarnation.
La peur a longtemps quitté la perle de ses yeux. Ébloui par ses rêves, enveloppé par ses chimères, sa faim repoussée commence à grouiller. Mais dans le ventre de l’obscurité, nous n’entendrons que le silence des convections d’un cocon caecumien.
Petit retour sur ce que je viens de lire. Je rejoins Bleiz sur l'aspect poétique. J'ajoute que tu as un vocabulaire très impressionnant. Je rejoins également Bleiz sur le rythme. Le texte tel qu'il est très dense, ce qui, ajouté au vocabulaire extrêmement recherché, fait qu'il est difficile de comprendre exactement ce qu'il se passe. J'ai l'impression que c'est en parti voulu (effet poétique et, j'imagine, pour éviter de trop en dévoiler) . Mais peut-être cela vaudrait-il la peine d'être un peu plus explicite afin que le lecteur puisse se former des images mentales de l'action. En outre, un rythme plus aéré permettrait au cerveau du lecteur de se reposer entre deux phrases pour digérer ce qu'il a lu. Plusieurs phrases très longues et compliquées mises à la suite rendent la lecture moins digeste. On recommande souvent de lire à haute voix le texte pour voir si le rythme fonctionne ou pas. Je pense que ça serait une bonne idée pour ton texte. Par exemple, si tu lis à haute voix la phrase : "Germant dans l’éclat de colonnes ardentes, pustulant la périphérie du plateau, la bourrasque l’emporte dans une spirale ascendante à la fleur du pylône de cristal", je pense que tu seras un peu à bout de souffle. Peut-être y a-t-il une manière plus musicale d'exprimer ça, en jouant sur la ponctuation par exemple, tout en conservant l'aspect poétique de la chose.
Globalement, je t'encouragerai à repasser sur ton texte en pensant à la musicalité de l'ensemble pour essayer de rendre la chose plus fluide. Maintenant, comme déjà dit plus haut, tu as un vocabulaire de dingue et un récit de fantasy avec ce style ultra-poétique, dans l'idée, je trouve ça hyper cool. J'aime notamment beaucoup, en parlant de musicalité, ton jeu sur les assonances et allitérations. Ce serait chouette si tu arrives à en conserver au moins une partie, tout en augmentant la lisibilité. Bref, faut continuer ! :D
Je vais profiter de mon prochain temps morts, dans l'écriture, pour repasser sur ce chapitre, car il est dur à cuire.
Il est censé donner le ton de l'histoire, à travers la vision naïve d'un oiseau, qui s'élance pour la première fois, mais pour être transparent: ce chapitre n'aurait jamais du exister.
Mon objectif avec cette histoire était de sortir de ma zone de confort. Écrire une histoire plus longue, et principalement, plus digeste.
Cependant, la faiblesse eu raison de moi, la naturel revint au galop, et je pondis ce chapitre dans le feu de l'action, à la place du premier devenu second.
Par ailleurs, hormis certaines maladresses, les (trop) longues phrases, et absences de ponctuations, sont voulu. Mon objectif était que le lecteur ait, justement, le souffle coupé le long de l'ascension, puis descente, de l'oiseau. Que la lecture soit aussi erratique que l'action. La première version était un *seul* paragraphe, aussi digeste qu'un bouchon de liège.
Mais j'avoue, avec du recul, que ce chapitre est un (gros) excès de zèle de ma part, mais j'abandonne pas! Un jour il sera parfait! Peut-être à la centième réécriture!
Sinon, j'espère que tu apprécieras la suite, A bientôt.
Un début très poétique qui donne envie de lire la suite ! Mon seul conseil serait de séparer le texte en paragraphes pour "l'aérer" et donner un rythme plus accentué. Et comme disait FloCes, peut-être raccourcir certaines phrases pour leur donner le poids qu'elles méritent.
À bientôt :)
Je vais m'atteler à la tâche prochainement!