Gwenaëlle, 10 ans.
J'ai peur. Je suis terrifiée. Bientôt, il reviendra, il sera là, dans cette pièce même. Je le déteste. Je le hais de tout mon coeur de fillette. Je tremble, mon coeur cogne et recogne sous ma cage thoracique à mesure que les pas se rapproche. Cachée sous mon lit, toutes lumières éteintes, je retiens ma respiration. Va-t-en, je pense, pars ! S'il te plaît... Pars... Mais mes suppliques ne sont pas entendues. La porte s'ouvre dans un grincement menaçant. J'entends une voix si rauque qu'elle me semble être un grognement.
- Gwen... Gwenaëlle ma chérie... Où es-tu mon enfant ? Tu ne viens pas voir ton papa ?
Je me bouche le nez. Malgré les deux bons mètres qui nous séparent, je peux sentir sans peine cette odeur d'alcool que mon père traine partout avec lui. Ne pas faire de bruit. Peut-être qu'il va partir si je ne fais pas de bruit...
Je me suis souvent demandé ce que j'avais fait pour mériter ce traitement. Mais jamais je n'ai réussi à trouver. Je me suis résignée à cette vie mais ce soir... Ce soir j'ai envie de m'y soustraire. J'ai peur... J'ai si peur ! Une lueur d'espoir s'insinue en moi quand j'entends les pas s'éloigner... Pour mieux se rapprocher. Soudain, le visage empreint de folie de mon géniteur apparaît devant mes yeux. D'un ton amusé il dit :
- Oh... Tu t'es cachée ? Je n'ai pas envie de jouer à cache-cache ce soir ma jolie... Sors de sous ton lit s'il te plaît... Allez, viens voir ton vieux papa...
Je tente de me fondre dans l'obscurité, de m'écarter de sa main. Mais il s'agace, perd patience et commence à crier :
- Gwenaëlle, fais ce que ton père t'ordonne ! Sors de sous ton lit !
Dans un grand fracas, il soulève le lit. Je sors de ma cachette et tente de me diriger vers la porte de ma chambre mais il se saisit de ma jambe et me tire en arrière. Il m'attrape par le col de mon t-shirt de pyjama, me secoue. Je me débats, je le mords. Il relâche son emprise sur moi en poussant un juron. J'en profite pour m'échapper. J'ai presque atteint la porte. Presque. Il m'attrape par le bras et me retourne.
- Petite peste ! Tu croyais pouvoir t'échapper ?!
La première gifle claque. Ma joue rougis, les larmes me montent aux yeux, ce qui a le don d'agacer un peu plus cet homme. Il me plaque contre un mur et me force à le regarder tandis que son visage s'approche du mien.
- Lâ-Lâche-moi ! je m'exclame.
- Ah ! Tu veux que je te lâche hein ?! Très bien ! Si c'est comme ça...
Il me lâche tout à coup. Je tombe par terre. Je n'ai pas le temps de me relever que les coups se mettent à pleuvoir. Je hurle. Je me mets en boule pour me protéger. Ma lèvre saigne, de même que ma tempe droite, j'ai la tête qui tourne. Un vilain ématome s'étale sur ma pomette, juste à côté de la cicatrice que mon géniteur m'a faite quand il m'a frappé avec sa ceinture. Puis soudain, les coups s'arrêtent. J'entends des gémissements. Je relève la tête et je vois cet homme, plus pathétique que jamais. Il tend une main vers moi, je m'écarte précipitament.
- Excuse-moi... Pardonne-moi Gwen chérie... Je ne voulais pas te faire de mal... C'est la tristesse tu comprends ? sanglote-t-il : Avec le départ de ta mère, je suis un peu sur les nerf tu vois ?
On dirait qu'il ne me frappera plus. Légèrement rassérénée, j'avance d'un tout petit pas.Mon père lève sa tête, une lueur malsaine brille dans son regard. Il sourit, un sourire sinistre qui laisse apparaître ses dents jaunies par la cigarette. C'est d'une voix mielleuse qu'il parle maintenant :
- Oh ma Gwenaëlle... Je suis vraiment désolé, pardonne-moi tu veux bien ? Si tu veux, je t'achèterai des bonbon hein ? Approche mon enfant, approche maintenant hein ?
Un piège. Je ne bouge pas, je reste aussi immobile qu'une statue. Mon père retrouve peu à peu sa véritable voix :
- Gwenaëlle, ne fais pas attendre ton papounet, viens mon enfant. Gwenaëlle. Obéis à ton père. Viens maintenant. Viens me consoler.
Oh non ! Non non non ! Je sais ce que ça veut dire pour lui consoler ! Je m'écarte, je fais trois pas en arrière mais je me heurte à un mur. Mon père se rapproche, ce sourire malsain éclairant son visage, il est tout près de moi à présent. Doucement, tout doucement, il baisse mon pantalon de pyjama.Je me presse contre le mur pour me soustraire à ses lèvres, je tourne la tête.
- Papa arrête ! Va-t-en !
Mais il se rapproche, les caresses de ses mains sur mon corps se font plus insistantes.
- Chuuut... Tout vas bien ma petite, ne résiste pas.
- Papa... S'il te plaît...
Je pousse un premier hurlement. Il couvre ma bouche de sa main. Je tente de me débattre. Je le déteste. Il frotte son corps contre le mien. Je suis démunie, impuissante face à la perversité de mon père. Les larmes coulent sur mes joues. Sa main remonte petite a petit le long de ma cuisse. Arrête ! Stop ! J'ai envie de crier mais je n'y arrive plus. Soudain, je ne peux plus le supporter. Je ne peux plus rien supporter. Toute mon enfance gâchée à cause de cet individu ! Je lui en veux, je le hais ! Je le hais !!
Mon genou arrive en plein dans son ventre, il ne s'y attendait pas. La douleur le fait se plier en deux. Je lui donne un deuxième coup, il me lâche. J'en profite pour m'enfuir. Je sors de la chambre en courant et je vais dans la cuisine. Prise de panique je saisis un couteau bien tranchant. Mon géniteur arrive. Quand il me voit, l'arme pointée sur lui, il tend une main en avant, comme pour m'apaiser. Mais ça ne m'apaise pas :
- Qu'est-ce que tu fais Gwen ? Repose ça mon enfant. C'est dangereux.
- T'approche pas !! je m'exclame.
Il recule. Il semble effrayé, soummis. Qu'est-ce que ça fait du bien ! Soudain, il se jette sur moi. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais quand ça se termine, je suis debout devant une mare de sang au centre de laquelle se tient mon père, mort. J'ai tout desuite sû reconnaître la mort, cette compagne que j'ai si souvent failli rencontrer lorsque mon père me battait... Je tiens le couteau de cuisine entre mes mains. Il est tâché de sang. Ce sang n'est pas le mien.
A ce moment là, je venais de comettre mon premier meurtre. Et j'ai tout desuite sû que j'y avais pris du plaisir.
J'ignore si je dois louer ton génie créatif ou te proposer une épaule pour te confier.
Ce chapitre est remarquable. Il est certes rempli de petites fautes référencées dans le précédent commentaire, mais il est traité avec maîtrise et réalisme. J'ai eu le sentiment d’assister à l'horreur. C'était comme un petit couteau glissé entre mes boyaux. Après avoir lu ça, j'ignore si je souhaite véritablement lire une histoire d'école d'assassins...
Je ne m'attendais pas à cette claque.
Non, pas d'inquiétude, je n'ai pas besoin d'épaule pour me confier, cela sort uniquement de mon imagination (qui est parfois un peu macabre) ^^
Pour les fautes, ce sont essentiellement des fautes liées à mon manque d'attention dans mon écriture et ma relecture. Je prévoyais de les corriger mais je ne l'ai jamais fait... ^^'
Merci pour ton commentaire en tout cas, je suis contente de voir que mon récit te "touche".
Pour ce qui est de ton envie de lire, c'est à toi de voir. Mais je pense que la suite est moins lourde à lire. Comme j'ai écris en improvisation, sans plan préalablement défini, mon histoire peut paraître décousue (elle l'est un peu à mes yeux, en tout cas). J'écrirai peut-être une deuxième version, un jour...
Si tu lis la suite, j'espère qu'elle te plaira ! ^^
L’ambiance de ce premier chapitre est plutôt hard, comme prévenu dans la petite note de l’auteur. C’est finement joué parce que c’est une situation que, malheureusement, de nombreux enfants vivent tous les jours…
Tu as réussi à me plonger simplement mais efficacement dans une ambiance que je trouve morbide, idéale pour la mise en place d’une petite meurtrière en puissance. Chapeau ! Je suis curieux de savoir si l’histoire va davantage partir dans un thriller sanglant, policier ou bien légèrement fantaisiste puisqu’on est dans une école d’assassins ? En tout cas, le ton bien sombre et très réaliste m’intrigue.
Je me permets la correction de quelques coquilles (celles que j’ai vu) :
- « … les pas se rapprocheNT »
- « Ma joue rougiT »
- « Un vilain Hématome »
- « sur ma poMMette »
- « sur les nerfS »
- « des bonbonS »
- « Tout va (sans le s) bien »
- « Petit (sans le e) à petit »
- « Soumis » (avec un seul « m »)
- « Commettre » (avec deux « m »)
Merci pour ton commentaire !
Cela commençait à faire longtemps que je n'étais pas retournée sur cette histoire, ça me fait tout drôle de trouver des commentaires dessus.
Je suis contente que cela te plaise et, si tu as trouvé le ton sombre, c'est tant mieux car c'est exactement ce que je voulais transcrire dans ce chapitre !
Ah là là... Les coquilles... J'ai beau me relire, il en reste toujours... Ce doit être un gros problème de manque d'attention car je suis plutôt bonne en orthographe. Cependant, je ne vais pas pouvoir les corriger de suite car je suis actuellement sur une réécriture longue et un peu éreintante. Comme j'y passe quasiment tout mon temps libre, je ne pense pas avoir le temps de relire et corriger les fautes de "Blood and School" avant longtemps.
Bonne lecture, à bientôt, ajc !
Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à l'écrire car, moi non plus, je n'aime pas ces choses là... Mais de mon point de vue, il était necéssaire de comprendre ce qu'a vécu Gwenaëlle dans son enfance.
Merci d'avoir posté un commentaire ! Et de m'avoir indiqué les fautes ^^'
J'espère que la suite te plaira... Je te le concède : Pour l'instant ce n'est pas super gai...
A bientôt !
En tout cas elle a un bon instinct meurtrier. J'ai l'impression qu'on va avoir affaire à une héroïne pleine de surprises ^^.
Ce chapitre est émotif, je plains beaucoup Gwenaëlle, qui a dû avoir une enfance terrible. On peut vite se douter à quelle fréquence ce père exerçait ses pratiques sur elle. Mais avec tout son vécu, elle s'est endurcie, et gagne de plus en plus en sang froid !
En tout cas, les descriptions sont super bien faites et on visualise très bien la scène et les émotions, la douleur et le mépris ressentis par cette petite fille.
Vivement qu'elle grandisse ^^
Je dois dire que ces actes m'horripilent tellement que j'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre. Chaque phrase que j'écrivais me dégoûtait (mon imagination fertile à crû bon de me faire visualiser très précisément ce qu'il se passait)mais c'était nécessaire pour que le lecteur ou la lectrice comprenne son enfance. Deplus il fallait un déclencheur de son premier meurtre, quelque chose qui justifiait qu'elle tue quelqu'un.
Pour le taux de "détestabilité" (ce mot n'existe pas ^^') des membres de la famille, tu verras plus tard dans le livre... Suspens !
Oui ça ne doit pas être facile d'écrire ce genre de scène...Moi aussi ces actes me dégoutent, mais tu les as bien décrits (j'ai jamais écrit ce genre de scène, ça doit être plutôt complexe...)