Chapitre 10 – Dimanche 21 Mars 2137
PDV MARYSE
Je roule, je roule, nous allons bientôt traverser le deuxième dôme, ce n'est pas le moment de regretter, je ressers mes mains autour du volant et le traverse tout droit. Rien n'a changé, aucune alarme, aucun bruit, toujours sur la grande route, avec à droite de la forêt et à gauche rien, juste l'horizon.
Nous voyons clairement deux ombres avançant au loin, je ralentis à leur niveau et m’arrête.
– Vous montez ? Demandé-je, avant que je regrette, ajouté-je.
Ils se regardent deux secondes puis, montent.
– Ok, vous nous dites pourquoi vous avez décidé de partir et nous vous disons ce que l’on sait et où nous comptons aller, deal ? Dit l'homme dont je ne connais pas le nom.
– Deal, je m'appelle Maryse, mes enfants Laïa et Florian.
– Ryan et moi, Arthur.
– Enchantée, dis-je, bon je suis dans la recherche au CRV, j'ai récemment changé de division, enfin plutôt une nouvelle a été créé, la division 1.5, j'étais avant à la division 1. Nous ne savons pas grand-chose sur la division 2 et le travail à la nouvelle division est suspect, j’ai commencé à poser des questions mais la cheffe ne m’a jamais répondu, elle cache quelque chose, tout le CRV est suspect. Il faut des personnes qui sont immunisé.e.s contre le virus pour faire ce qu’ils proposent. Il n'y a pas de vaccin, après autant d'années de recherches ce n'était pas possible qu'il y ait un vaccin, donc je pense qu'ils se raccrochent au dernier espoir, les immunisé.e.s. Enfin se sont mes suppositions.
– Donc vous voulez dire que le vaccin ça serait d'injecter des cellules saines dans un corps malade, dit Arthur.
– Pas vraiment… Enfin je n’en sais rien ! Nous ne savons rien et c’est frustrant.
– J'ai été kidnappé par le MCPV, enfin je le vois comme ça, dit Arthur, nous avons fait un TAV à mon boulot, il y avait écrit que j'étais positif et après je me suis retrouvé devant Angel qui m'a interrogé sur des informations qu'elle croyait que j'avais. J'ai compris et appris pas mal de choses, dont l'existence d'un groupe, des sortes de rebelles, leur dernière activité vient de la ville 1000, là-bas nous pourrons essayer de les trouver ou d'avoir des informations.
– Ils ont publié un article, il a été supprimé avant qu'on puisse savoir ce qu'il y avait marqué, mais on peut deviner avec ce que ça disait un truc comme quoi on nous ment par rapport à la division 2 et 1.5, ajoute Ryan.
– L'article date de quand ? Parce que la division 1.5 vient d'être créée, demandé-je.
– Il est sorti au début du mois, alors ça ne peut pas être ça, dit Arthur.
– Je ne sais pas. En attendant Ryan, tu peux sortir la carte, il nous faut un chemin jusqu’à la ville 1000. Il y a des balises partout le long des routes principales, il faut espérer que la milice n'a pas remarqué votre départ, et le mien aussi, mais je m'inquiète moins sur ça, je dois revenir au centre mercredi prochain.
X
Je tourne dès la première intersection pour sortir des routes avec les GPS, bon ce sont des routes peu goudronnées, le chemin sera plus long, mais nous devons mettre le plus de distance entre nous et la ville 1. Je n'ai aucune idée si j'ai pris la bonne décision, Arthur et Ryan ne savent pas grand-chose non plus, ils essayent de survivre, nous devons trouver quelque chose à la ville 100, sinon nous sommes déjà morts.
Ils nous mentent même sur le dôme, il est censé nous protéger mais c'est comme ce fait-il qu’il y a de plus en plus de cas du virus, alors comment il nous protège ? A quoi il sert, si nous pouvons quand même avoir le virus ?
Ils disent qu'ils étaient positifs au TAV mais ils sont maintenant négatifs, tout ça n'a aucun sens... Et puis je réalise d'un coup, j'arrête la voiture d'un coup sec, tout le monde se retourne vers moi.
– Vous ne pensez pas, que la MCPV falsifie les TAV des personnes pour qu'ils les emmènent à la ville 1 bis et essaient de trouver un vaccin ? Chuchoté-je.
– Euh... je ne sais pas, dit Arthur, mais c'est... possible, finit-t-il en hésitant.
– ça expliquerait pourquoi elle ne voulait pas me répondre pour l’accès aux cellules saines…
– Ils les prennent d’immunisé.e.s pour essayer de trouver un vaccin
– C'est pour ça qu'on doit partir le plus vite et loin possible, dit Ryan.
Je lance un regard à mes enfants, j'essaye d'être confiante mais je ne le suis absolument pas, je tourne la tête et redémarre la voiture.
La MCPV détourne les personnes immunisé.e.s, ils les emmènent à la ville 1 bis, à la division 2. Ils doivent sûrement faire des expériences avec tous ceux et toutes celles emmené là-bas. Mais il y a la division intermédiaire qui a été créée, pourquoi ? Cela met plus de gens dans la confidence de ce qui se fait, sur comment ils font vraiment les expériences... Angel est désespérée à trouver un vaccin, elle est capable de tout, qui sait ce qui se passe vraiment à la division 2...
Laïa et Florian sont immunisé.e.s, nous avons bien fait de partir.
XXX – PDV RYAN – TOUJOURS DIMANCHE
Je suis à l'avant de la voiture de Maryse, la carte est devant moi, elle est concentrée sur la route et dans ses pensées, vu ce qu'elle nous a lâché je peux comprendre. Elle a l'air de s'y connaître alors je la crois sur parole, nous avons bien fait de s'échapper. Quant au bureau de la gazette, ils mentaient, il n'y avait pas eu d'erreur au test, Angel pensait que nous étions importants, dès qu'elle a eu ces réponses, les soldats du MCPV allaient nous emmener à la division 2.
Je me tourne légèrement vers l'arrière, Arthur est derrière moi, nous nous regardons dans les yeux et je lui souris, je passe mon bras et cherche sa main, je la sers quelques secondes, je t'aime dis-je du bout des lèvres, personne ne l'a entendu, mais lui si, je lis sur ses lèvres « moi aussi », mon sourire s'agrandit, et je me retourne vers la route.
Je donne les indications à Maryse, nous ne passons que par des anciennes routes, non balisées donc, nous roulons dans la campagne une heure, deux heures, je me retourne de temps en temps vers Arthur, il dort surtout, il est fatigué de tout ça, et encore blessé, je n'y crois toujours pas. Quand Arthur a repassé la porte de la cellule vendredi soir, j'étais si inquiet, je ne savais même pas ce qu’on lui avait fait, et il était blessé et j'ai cru que j'allais tout défoncer.
Vendredi, les gardes m'ont apporté de la nourriture, empoisonnée, je me suis réveillé dans les trente minutes après, attaché sur une chaise, deux soldats à côté et une caméra braquée sur moi, j'ai su qu'ils voulaient faire pression sur Arthur, mais est-ce que j'aurai cru que c'était notre présidente qui l'aurait torturé ? Pas un seul instant. A la seconde ou il m'a tout expliqué, j'ai décidé que nous allions trouver un moyen de sortir d'ici, il m'a bien sûr calmé. Le mieux était que nous essayions de s'échapper dans le train, nous n'avions pas prévu que nous soyons attachés et surveillés par deux gardes armés. Nous avons improvisé et nous voilà ici.
– Il va falloir faire une pause, dit Maryse au bout de trois heures de route. Il n'y a presque plus d'électricité, il faut juste mettre la voiture au soleil, explique-t-elle.
Nous continuons un peu, et elle arrête la voiture un peu cachée derrière une colline, elle appuie sur un bouton, et le capot se retourne pour faire place à un panneau solaire, tout le monde sort de la voiture, je prends de suite Arthur dans mes bras.
Nous nous rassemblons avec Maryse, ses enfants plus loin, près de la voiture.
– Bon, vous savez ce que nous allons chercher à la ville 1000 ? Parce que nous n’allons pas pouvoir rentrer, alors il va falloir rester à l'extérieur, continue-t-elle.
– Nous ne savons pas quoi chercher en fait, dit Arthur.
– Nous étions en danger, encore plus maintenant qu'on sait ce qui se trame au CRV, on a vu une porte de sortie, on l'a prise, expliqué-je.
– J'espère que nous trouverons vite quelque chose là-bas, parce que nous n’allons pas tenir longtemps sans nourriture, ni eau, dit-elle.
Je me pince la lèvre de suite inquiet, Arthur prend ma main, je la sers pour lui montrer que je suis là, quant à Maryse, elle regarde inquiète ses enfants.
XX
Nous avons attendu une heure avant de reprendre la route, il est maintenant onze heures du soir, après sept heures de route, nous nous sommes arrêtés dans une station de repos. Fatigué après ce long voyage, je prends la place de Maryse pour lui laisser une meilleure place pour dormir, en même temps elle a beaucoup roulé, et c'est la seule qui sache conduire une voiture électrique.
Je n'ai pas le permis, la seule fois que j'ai conduis une voiture c'était il y a sept ans, et c'était pour aller de la ville 210 à 207, et j'avais acheté une vieille voiture, que j'ai revendu directement après. Il y a sept ans, les sorties n’étaient pas aussi strictes, il était plus simple d’avoir une autorisation. Même pas six mois après, tout a été fermé. Angel a renforcé la sécurité, plus de sortie, plus de voyage en train pour particulier. J'avais bien fait de partir à ce moment, la meilleure décision de ma vie.
Je me réveille en entendant des bruits autour de la voiture, je ne bouge pas d'un centimètre, sur mes gardes, le MCPV nous a retrouvé c'est sûr !
Puis d'un coup, quelque chose fonce sur la voiture contre ma vitre, je recule d'un coup et tout le monde se réveille, j'allume les phares puis, des formes humaines se jettent sur la voiture.
– C'est quoi ça ?! Crie quelqu'un.
– Démarre Ryan ! Crie Arthur.
J'essaie de démarrer, mais je n'y arrive pas, la forme mi humaine, mi autre chose commence à taper contre les vitres.
– Démarre ! Crie Arthur et Maryse, derrière les cris de peur des enfants.
Je souffle un grand coup, mon cœur battant la chamade, et tourne encore une fois la clé.
La voiture démarre enfin, et j'appuie sur la pédale à fond, les pneus crissent, je remonte sur la route, je lance des regards dans le rétroviseur, les choses nous poursuivent encore.
– Le pistolet ! Crié-je.
Arthur l'attrape dans la boîte à gant et ouvre la fenêtre, j'entends quelques coups de feu, je vois toujours deux créatures.
– Ils sont trop loin !
J'accélère et tourne sur une vieille route trop vite. Je perds le contrôle du véhicule, et trop tard je vois le ravin se rapprocher de nous. Je tourne directement le volant dans l'autre sens, et freine mais la voiture glisse dedans.
Je me retourne vers les autres, tous ont l'air d'aller bien, la voiture est toujours sur ses quatre roues, heureusement, j'éteint les phares et le moteur. Nous entendons des cris, nous restons silencieux quelques minutes. Les cris s’éloignent doucement de nous.
– C’était quoi ? Demande le petit Florian.
– Je ne sais pas chéri, mais nous allons rester ici pour le moment dans la voiture, c’est plus sûr, dit Maryse.
– Oui, mieux vaut qu’on reste là et qu’on reparte demain, dis-je.
J’observe Arthur, il a les yeux grands ouvert effrayé, je vois ses mains trembler, je les prends dans les miennes et plonge mon regard dans le sien. Je tente de le rassurer avec des caresses et le regard inquiet. J’ai eu peur, qu’elle était ces choses ?
– Il vaut dormir en attendant, je reste éveillé s’ils y reviennent, expliqué-je, mieux vaut être prudent.
– Oui, faisons des tours de garde, propose la mère.
Arthur hoche la tête et me tend le pistolet en tremblant encore des mains.
Je le prends et le pose dans la boîte et me retourne vers lui. J’en trouve les lèvres pour lui demander si ça va, mais il me tourne le dos et s’allonge pour essayer de dormir.
Et je reste les yeux ouverts regardant à travers la fenêtre, les mains accrochées au pistolet de la milice volé.