De retour chez moi, je remarquai qu'il y avait un problème : ma chienne n'était pas là pour m'accueillir.
En entrant je découvris un bordel sans nom dans ma cuisine : assiettes renversées, sur les assiettes : la table, sur la table : les chaises.
Je n'entendais rien, alors j'avançais sans faire de bruit.
Je commençai déjà par la chambre du fauve et je remarquai que les sangles n'avaient pas suffi puisqu'elle avait arraché les pieds du lit.
Bizarrement la jeunesse me saoulait de plus en plus.
Comme elle n'était pas là, j'allai voir le gamin. Et je retrouvai la bestiole, sangles aux poignets, assise devant son copain le dévisageant. Ma chienne était à côté d'elle et ne semblait vouloir se déranger pour rien au monde.
« Mon frère respire mieux. » Elle avait une voix sèche, sans ressenti envers moi, mais sans émotion non plus. « Vous êtes en train de le soigner ? »
« À ton avis gamine ? » Les questions que l'on peut poser quand on est dans le désespoir...
« Et vous le faites pour son bien ou pour l'utiliser par la suite ? » me demanda-t-elle en me fixant dans les yeux. Les siens étaient rouges et verts. Son regard pouvait couper du béton.
« Le vieil homme que je suis a des goûts simples. Et malheureusement pour moi des principes : les enfants doivent être sauvés. Ni plus ni moins. »
La tension était palpable. Elle se leva et avança, puis à un mètre de moi elle tendit sa main et me donna un couteau qu'elle avait pris dans la cuisine.
« Si vous sauvez mon frère, ma vie vous appartiendra. »
...Mais qu'est-ce qu'elle me bave celle-là ?
« Je n'en veux pas. Une fois que vous serez remis sur pied je me charge de vous trouver une famille convenable et après vous disparaissez de ma vie. »
« Je ne veux pas d'un tuteur incapable, hypocrite ou menteur pour mon frère. Si vous ne voulez pas de moi comme une fille je serai votre chien. »
… « Merci bien mais j'en ai déjà un. »
« Plus pour longtemps, elle est vieille. »
Là, elle commence vraiment à me faire chier.
« Qu'est-ce que tu en sais, la sauvage ? »
« On a discuté. »
« Oui j'ai vu ça. Tu lui as bousillé une patte d'ailleurs. »
« C'est vrai. Et je m'en excuse, je cherchais de la nourriture pour mon frère. Mais vous allez vous retrouver tout seul en continuant comme ça. »
« Et qu'est-ce que ça peut te faire, saloperie ? » criai-je, hors de moi. « D'où crois-tu sortir pour me dicter la vie du haut de tes 7-8 ans ? »
« 12 ans. Et vous pouvez vivre comme il vous entend, mais votre chienne ne veut pas que ça vous arrive. »
Cela, par contre, me calma. Je regardai ma chienne qui me répondit d'un regard fatigué. Elle était vieille et elle le savait. Elle savait que je pouvais peut-être me pendre à rester seul sans elle.
Mais les enfants quoi ! Bordel !
« ...On verra le moment venu. Ton frère n'est pas encore tiré d'affaire. »
Elle ne dit rien de plus en me rejoignant dans la cuisine.
Je sortis les madeleines et lui en tendit une sans la regarder. Elle la prit et la mangea, le visage toujours aussi imperturbable.
Je retournai auprès du gamin et lui tapa le thorax pour lui dégager les poumons. La gamine me rejoignit et me regarda faire sans dire un mot, les sangles toujours aux poignets.
Ensuite l'élément perturbateur dans la vie du héros qui l'ennuie mais qui lui permet d'aller mieux, c'est classique mais ça reste efficace.
C'est super, et j'ai rien d'autre à dire.
Ces deux personnages sont d'un naturel taciturne et ne causent pas pour ne rien dire, ou si peu, comparé à Riton par exemple qui lui est beaucoup plus explosif.
Ce qui est caustique, c'est la confrontation de ces deux là, les non dits deviennent extrêmement dangereux.
Moi non plus je ne publie pas toujours des commentaires sur ton histoire, je la lis pourtant doucement et avec du plaisir =)