Chapitre 12 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le douzième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

- Encore. 

 

On me lance la balle et je m’élance pour smasher.

Bam, le ballon rebondit dans un bruit strident. 

 

- Encore. 

 

Isaac et Joseph nos passeurs ne disent rien et s’exécutent. Ils se relaient sans se plaindre, le temps que je sois satisfait de ma séance suite au match. Nous avons gagné, certes, mais je ne suis pas pleinement satisfait de ma performance. Je sens la texture rugueuse du ballon sous mes doigts, je me concentre, imaginant des joueurs adverses qui s’animent dans mon esprit et qui sont prêts à tout pour m’empêcher de marquer le moindre point. 

 

Bam, sur la ligne, un envoi presque parfait. Il manque seulement un petit truc. Chaque échec renforce ma volonté de réussir. Je fais rebondir le ballon sur le sol, puis la saisis avec détermination. Tandis que je me mets de nouveau en position de service, je sens l’adrénaline remonter en moi. 

 

- Encore. 

 

Bam. La balle est frappée avec force et précision, me permettant d’envoyer un puissant smash à l’autre extrémité du terrain. Encore une fois, le son résonne dans le gymnase vide, le remplissant de toute ma détermination. 

 

- Encore. 

 

Bam, mes genoux commencent à trembler, ma respiration devient saccadée, ma main de plus en plus rouge. Les gouttes de sueur perlent sur mon front, mon esprit uniquement concentré sur le jeu. Joseph s’excuse et nous annonce qu’il doit partir, Isaac et moi lui répondons en un mouvement de tête. Ce n’est pas le moment d’avoir de longue conversation. La porte du gymnase se referme tandis que nous reprenons notre exercice. 

 

Nous sommes les seuls à être capables de faire une session de volley-ball alors que nous avons terminé un match il y a à peine une heure. L’excitation ne retombe pas et nous partageons à notre façon le même besoin de refaire les combinaisons qui n’ont pas fonctionné, mettre en pratique et trouver des solutions pour toutes les erreurs que nous avons repérées. Je déteste perdre ou même en considérer l’idée. Chaque match est une bataille, l’occasion de montre ma valeur, ma détermination et ce que mon équipe construit au fur et à mesure. Chaque instant était une opportunité de grandir, de m’améliorer, de me prouver que je suis capable de surmonter tous les obstacles qui se mettent devant moi.

 

Ce n’est que lorsque ma main droite devient rouge et chauffe à force de contact avec le ballon que je me sens apte à passer à autre chose. Je m’écroule sur le sol, reprenant tant bien que mal ma respiration. Isaac me suit rapidement et me lance ma gourde. J’ai beau être celui qui smashe à chaque fois, être passeur est tout aussi exténuant. Le passeur est la personne qui touche le plus le ballon, pendant le match c’est donc celui qui a la mission la plus exténuante physiquement, tout est dans la stratégie, le calcul, l’observation constante de nos joueurs et de l’équipe adverse.

 

- J’en peux plus, je ne te fais plus aucune passe de la soirée, me dit Isaac en s’asseyant à mes côtés.

- J’ai mes poumons en feu, ça devrait être bon pour aujourd’hui.

- Ça veut dire que tu vas enfin te taire et ne plus dire tes “encore” à la noix ? 

- Tu sais ce que mes encore te disent ? 

- Non sérieusement, tu devrais penser à changer de vocabulaire. Avec ton souffle haletant, les crissements de nos chaussures sur le sol et tes encore on dirait un film porno mal doublé.

 

J’explose de rire en comprenant ce qu’il vient de dire tout en lui balançant le premier objet qui me vient : ma gourde. Il ne cherche pas à se protéger sachant que de toute manière je ne lancerais pas fort, elle rebondit sur sa tête et retombe sur le sol avant de rouler jusqu’à l’autre moitié du terrain. 

- Ce n’est pas une manière de parler à son capitaine. 

- Mais à son pote qui tire la gueule depuis la fin du match si.

- Tu t’es déjà pris une gourde dans la tête. Tu veux quoi de plus ?

- Etre le meilleur streameur, avoir une femme différente à mes bras chaque jour, je dois m’arrêter ou pas ?

- Par pitié, tais-toi !

 

Je me relève tandis que j’ai réussi à réguler mon souffle. Le chariot rempli de ballon de volley-ball est à proximité et j’en profite pour enlever les derniers résidus de frustration qui subsistent. Je vise, je souffle, un pas en arrière, je saute. Ma vision s’éclaircit enfin, l’effort devrait me rendre les actions difficiles, mais ici, à cet instant, j’ai l’esprit clair et j’arrive enfin à enlever ce sentiment de peur qui me colle à la peau depuis le début de match.

 

- À force de frapper aussi fort, tu vas finir par faire un trou dans le sol.

Je réponds à sa question silencieuse. 

 

- Ce n’était pas parfait et ça m’agace. Ça m’agace de ne pas pouvoir être les épaules qui puissent mener l’équipe à la victoire, le pouvoir infaillible qui rassure. 

- C’est grâce à nous que notre équipe pourrait aller au plus loin donc ne les décevons pas. 

- Jamais. 

 

Le gymnase se replonge dans le silence. Je ne sais pas quoi faire d’autre, je m’assois de nouveau, les mains crispées sur mes genoux. J’observe les lignes dessinant les limites du terrain, ce lieu pourtant synonyme de cris, d’encouragements, de foules, ne reflète qu’à cet instant l’angoisse et la panique liées à la seule possibilité de décevoir et de la défaire. Lâchant un soupir de frustration, je me lève suivi par Isaac qui ferme la marche. Je me dirige vers le panneau de contrôle éteignant les luminaires du gymnase, l’éclat éblouissant faisant briller la surface du terrain devient un souvenir.

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