CHAPITRE 13

Martial avait laissé s’écouler deux jours avant de reprendre contact avec le professeur :

« Professeur, comme vous me l’aviez demandé, je reprends contact avec vous au sujet de nos travaux. Je me sens prêt pour la prochaine expédition, pardon, expérience, je voulais dire expérience se reprit t il » puis il raccrocha sans laisser aucune formule de politesse dans son message, ce dont il se fit le reproche intérieurement. 

Nous étions un vendredi soir et Martial se disait qu’il serait préférable de faire son nouveau voyage dans le temps le lendemain afin de récupérer le reste du week-end.

Il était presque minuit et il allait se coucher au moment où son Smartphone posé sur le lit  vibra et le nom de Pingh s’afficha de sur son écran.

 « Je passe vous prendre dans une heure en bas de chez vous, concentrez vous sur le jour et le lieu de votre point d’arrivée »  indiquait un SMS pour le moins laconique. Martial se fit la remarque que le professeur ne s’encombrait pas plus que lui de formules de politesse.

Il s’allongea sur le lit pour se détendre mais tout de suite son esprit se raccrocha à la deuxième partie du SMS du professeur.

Que voulait dire cette recommandation. Qu’il pouvait décider lui-même de son heure et lieu d’arrivée dans un temps révolu par la seule force de sa volonté ?

Il n’avait pas de préférence à formuler si ce n’est celle de retrouver cette fille qu’il avait laissée sans connaitre ni son nom ni son visage.

Mais comment se concentrer sur quelque chose ou quelqu’un que l’on ne connait pas.  Il en était toujours à ce stade des ses réflexions lorsqu’un nouveau SMS le fit sursauter. Le professeur était déjà en bas de chez lui.

Qu’avait il à emporter pour se second voyage ? Rien se dit il, j’ai rendez vous avec moi-même.

Monsieur Pingh l’attendait au volant de sa voiture de location ; son visage n’exprimait ni anxiété, ni joie et Martial se demanda une fois de plus si cela devait l’inquiéter ou pas.

Il comprit qu’il faudrait s’habituer à l’impassibilité du personnage et les deux  hommes se saluèrent sobrement, comme la fois précédente. Le plus ancien engagea la conversation le premier :

 « Vous avez pensez à ce que je vous ai dit dans le SMS »

« Oui , un peu » répondit timidement Martial

« En fait, je pense qu’il est préférable pour vous de concentrer vos émotions sur un fait, une personne ou une date pour mettre toutes les chances de votre côté de ne pas partir n’importe où »

« Comment ça… n’importe où ?» Martial s’inquiétait à nouveau de cette réponse évasive.

« Vous pourriez vous retrouver dans une situation, comment dirai-je, disons désagréable, par exemple dans un accident, et je ne sais pas encore comment pourrait réagir votre corps à un tel évènement »

« Vous ne me rassurez pas professeur »

« Une fois de plus Martial, comprenez bien que nous sommes tous les deux en phase de test, ni vous ni moi ne maitrisons les effets secondaires, mais je vous promets que nous allons y aller progressivement et que tout se passera bien. Vous avez très bien réagit au premier test,  pourquoi en serait-il autrement ?»

Martial n’entendit pas la fin de la phrase tant il avait  déjà son esprit focalisé sur elle. Il n’avait pas de date, et pas d’endroit pour son point de chute si ce n’est le mois d’avril 1988. Sans s’en rendre compte , son esprit était déjà focalisé sur une  une chevelure châtain clair flottant au gré du mistral de printemps.

L’image était trop belle et il ne se vit même pas avaler les médicaments que le professeur avait déposés au creux de sa main.

Mais cette fois ci, le nombre de comprimés avait sensiblement augmenté.