Chapitre 14

Par tiyphe

_ Hello, we would like to see Caroline Dubreuil, please.

Sans lever un regard vers les deux jumeaux, la bonne femme de l’accueil répondit après quelques minutes de recherche sur son ordinateur.

_ Are you a relative ?

_ We are her friends and…

_ Only relatives are allowed to see her.

Les frères insistèrent mais la secrétaire répondait déjà à la personne suivante. Ils se posèrent alors sur les chaises en face de l’accueil afin de réfléchir.

_ Maintenant qu’on est là, on ne peut plus reculer, il faut que nous la trouvions nous-mêmes.

Tyméo acquiesça silencieusement. Il entendit alors deux médecins discuter de la patiente qu’ils cherchaient. Il se leva pour se rapprocher et mieux entendre.

_ Tim, où vas-tu ?

L’intéressé ne répondit pas et fit signe à son frère de se taire. Il suivit les deux hommes dans l’hôpital, Mathéo sur ses talons. Les médecins s’arrêtèrent devant une porte qu’ils ouvrirent. Tyméo eu le temps d’apercevoir une jeune femme dans un lit. A côté de la porte se trouvait une étiquette avec le nom de la patiente : Caroline Dubreuil.

_ Bien joué, Tim.

Après quelques minutes, les deux hommes sortirent de la pièce et marchèrent vers le couloir opposé. Les jumeaux en profitèrent pour entrer dans la chambre. La pièce comportait deux lits dont un était vide. Dans l’autre se trouvait une grande jeune femme blonde qui semblait épuisée. Les garçons s’approchèrent du lit. La patiente tourna la tête vers eux. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise.

_ Vous ?

Tyméo regarda son frère.

_ Vous vous connaissez ?

Mathéo ignora la question de son frère. Il demanda :

_ Alors vous vous souvenez de moi ?

La jeune femme essaya de se redresser dans son lit pour leur faire face mais elle grimaça de douleur. Mathéo s’approcha d’elle et l’aida à relever son lit.

_ Oui je me souviens, vous êtes celui qui m’a aidée lorsque je me suis faite agressée.

_ Mat, tu m’expliques ?

_ Tim, ce n’est pas le moment. Vous êtes Caroline c’est ça ? Je m'appelle Mathéo, et voici mon frère Tyméo.

L’intéressé se rapprocha du lit.

_ Vous êtes jumeaux ?

_ Oui nous le sommes. Mat et moi…

Son frère lui coupa la parole.

_ Caroline, nous avons besoin de votre aide.

_ De mon aide ? Mais pour quoi ?

_ Est-ce que vous vous souvenez d’Alexie ? Elle nous a dit qu’elle vous connaissait quand elle vous a vu dans les journaux ?

_ Dans les journaux ? On a parlé de moi dans les journaux ? Quand je vais raconter ça à Sophie !

Dans l’excitation, Caroline en avait oublié la question. Lorsqu’elle vit le regard menaçant que lui lançaient les deux jeunes hommes, elle rougit et s’excusa.

_ Désolé. Oui, en effet, je me souviens d’Alexie, nous étions dans le même covoiturage pour l’aéroport de Paris et nous avons voyagé dans le même avion. Ma relation avec elle s’arrête là. Je lui avais donné mon numéro si elle avait besoin de quelque chose mais elle ne m’a jamais contactée. 

Après un silence, pendant lequel les deux garçons échangèrent un regard, Caroline reprit.

_ Il s’est passé quelque chose ? Alexie s’est faite agresser elle aussi ? La police est déjà venue me voir plusieurs fois, il faisait nuit, j’avais bu, je ne me souviens de seulement quelques détails et ils sont inutiles d’après la police.

La première pensée de Tyméo fut que cette Caroline était très bavarde. La deuxième fut qu’elle n’allait elle-même pas leur être d’une grande utilité. Mais comme à son habitude, son frère ne se laissa pas décourager.

_ Alexie a été enlevée.

Mathéo enchaîna rapidement avant de se faire couper la parole. En effet, Caroline avait la bouche grande ouverte, prête à exclamer sa surprise.

_ Nous pensons que la personne qui est derrière son enlèvement est celui derrière votre agression. De quoi vous rappelez-vous ?

La jeune femme ferma la bouche et réfléchit.

_ Eh bien, j’étais avec mon amie. On allait en boîte, nous étions un peu soûles, mais pas trop. On marchait dans une ruelle. Un chat est passé devant nous. Mon amie a crié. Cela m’a fait rire et j’ai continué à avancer.

Les deux garçons écoutaient attentivement l’histoire, ne voulant manquer aucun détail qui pourrait les aider à retrouver Alexie. La jeune femme poursuivit.

_ Je ne l’entendait plus, mon amie. Alors je me suis retournée et je l’ai vu allongée par terre. Et…

_ Et ?

_ Attendez, vous croyez qu’elle a crié parce qu’on lui a planté un couteau dans le ventre ? Et pas parce qu’elle a eu peur du chat ?

Mathéo lui lança le même regard mauvais que la fois précédente pour l'inciter à continuer et à ne pas s’éparpiller.

_ Pardon. Donc je disais, je l’ai vu allongée par terre. J’ai accouru vers elle. Je n’ai pas vu le sang tout de suite, elle avait l’air inconsciente. D’après les médecins, l’agresseur l’a poignardée avant de l’assommer. J’ai voulu appeler les secours sauf qu’on m’a frappée à la tête à mon tour. J’ai essayé de m’enfuir mais j’étais saoule et puis à moitié assommée alors je suis tombée. Il m’a poignardée là.

Elle montra de son doigt son ventre au niveau des côtes flottantes juste en dessous des poumons.

_ J’ai dû faire plusieurs opérations. C’est pour ça que je suis encore là. L’homme a apparemment été très précis d’après les médecins. Il m’a laissé une chance infime de vivre, ce qui n’est pas le cas de mon amie.

Elle lâcha un sanglot.

_ On ne pouvait pas la sauver, elle est morte sans souffrir, mais elle est morte.

Tyméo lui prit la main par compassion.

_ Ensuite… ensuite, il m’a embrassée avec sa bouche répugnante avant de me laisser là le couteau dans le ventre.

Elle se tourna vers Mathéo.

_ Et puis, vous êtes arrivé. 

Tyméo se redressa et lâcha la main de Caroline. Celle-ci se tourna vers lui, prenant alors conscience de son geste. Le jeune homme s’adressa à son frère.

_ Cette nuit-là, Alexie est partie se coucher et tu es sorti prendre l’air.

_ Oui ?

_ Je suis allé me coucher, moi aussi.

_ Et ?

_ Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Qu’es-tu allé faire à Brooklyn ?

_ Tu ne m’as rien dit pour Marie non plus.

_ Oui mais là c’est différent ! 

_ En quoi est-ce différent ? Marie est notre amie, tu aurais pu me dire qu’elle a failli se faire agresser !

_ Qui est Marie ?

Les jumeaux se tournèrent vers Caroline qui assistait à cet échange plutôt houleux. Ils lui firent le même regard noir avant d’apporter à nouveau leur attention l’un sur l’autre.

_ Marie est peut-être notre amie mais toi tu as assisté à une scène de crime ! Tu aurais pu te faire arrêter par la police !

_ Oui mais ce n’est pas le cas.

_ Alors quoi ? Ils t’ont juste laissé partir après un merci ?

_ Je leur ai dit ce que j’ai vu et ils m’ont laissé rentrer chez moi oui.

_ Oh ! Les gars !

Cette fois, les jumeaux furent étonnés de l’intervention de la jeune femme. C’était elle qui avait maintenant un regard assassin.

_ Vous voulez peut-être que les infirmières débarquent ? Il ne me semble pas avoir le droit aux visites pour l’instant. Donc faites moins de bruit.

Les garçons se radoucirent. Mathéo reprit la parole.

_ Caroline, qu’est-ce que vous vous souvenez de votre agresseur ?

La jeune femme se tourna vers Tyméo, puis regarda en face d’elle. Elle ferma les yeux pour réfléchir. Après quelques secondes elle les ouvrit.

_ Il avait un sweat à capuche. Il était moyennement grand et fort, il m’a soulevée du sol sans difficulté. Il puait l’alcool. C’est tout ce dont je me rappelle.

Mathéo, qui pensait en apprendre d’avantage, fut déçu. Alors qu’il s’apprêtait à remercier la jeune femme et à quitter la pièce, son frère s’exclama.

_ Mat, Alexie a parlé d’un tatouage.

Le visage du garçon s’illumina.

_ Mais oui, tu as raison. Caroline, est-ce qu’un tatouage dans le cou ça vous dit quelque chose ?

La jeune femme réfléchit un instant.

_ Oui en effet. Il avait un tatouage en forme d’insecte dans le cou. 

_ Un insecte ?

_ Une guêpe ou un frelon, je ne sais plus. Je déteste les deux.

_ Une guêpe ou un frelon, une guêpe ou un frelon.

_ Mat… Tu as recommencé.

_ Quoi ?

_ Tu fais les cent pas.

L’intéressé s’arrêta. Puis reprit.

_ Je t’ai déjà dit, ça m’aide à réfléchir.

Après plusieurs aller-retour, il tapa sa main gauche de son poing droit.

_ Une abeille, évidemment ça devait être une abeille. Merci Caroline. Vous… Tu nous as beaucoup aidés.

Il lui serra la main, le sourire aux lèvres. La jeune femme, abasourdie, lui rendit son sourire.

_ Euh, eh bien, de rien.

_ Qu’est-ce que vous faites là ?

Les trois jeunes gens se retournèrent vers l’entrée de la pièce. Une infirmière se tenait dans l’encadrement de la porte, les mains sur les hanches. Elle avait un accent américain très prononcé mais semblait connaître le français.

_ Cette demoiselle n’est pas sensée recevoir de visiteurs. Mademoiselle Dubreuil, je vais devoir le rapporter à votre médecin.

_ Oh non madame, s’il vous plaît, ce sont de vieux amis, ils sont venus me rendre visite, je m’ennuie à mourir ici. Je ne vous embête jamais et ils n’ont fait que discuter avec moi, me tenir compagnie.

La bonne femme se radoucit devant la gentillesse de sa patiente avant de redevenir sérieuse et de s’adresser aux jumeaux.

_ Messieurs, la visite est terminée pour aujourd’hui, je ne dirai rien à mes supérieurs mais déguerpissez. 

Les garçons ne se le firent pas répéter deux fois. Il sortirent rapidement de la pièce pendant que Caroline remerciait l’infirmière. Avant de passer la porte, Tyméo s’arrêta et se retourna vers la jeune femme. Il lui fit un clin d’oeil. Celle-ci répondit d’un sourire timide. Puis le jeune homme suivit son frère.

***

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Makara
Posté le 07/09/2019
Re-coucou ;)
Alors c’est un chapitre intéressant, je te disais avant que je trouvais Caroline sympathique donc je suis contente de la revoir ! Après, je trouve toujours cela bizarre que les jumeaux n’aient pas appelé la police... Peut-être que c’est un membre de leur famille qui assassine ces jeunes filles ? En tout cas, c’est vraiment louche que Mathéo arrive toujours en sauveur, il sait forcément quelque chose...mais quoi ?
Aussi je trouve cela bizarre que les garçons « lavent leurs linges » en public. Au final, seul Mathéo connait un peu caroline, j’éviterai de faire une scène devant des personnes que je ne connais pas trop...

Coquillettes et remarques :
Je ne l’entendait (s) plus, mon amie
Attendez, vous croyez qu’elle a crié parce qu’on lui a planté un couteau dans le ventre ? Et pas parce qu’elle a eu peur du chat ? => Bon, là, j’ai des doutes sur l’intelligence de Caroline... Cette réflexion fait vraiment stupide.
Caroline, qu’est-ce que vous vous souvenez de votre agresseur ?=> La phrase est très maladroite, je propose : Pouvez-vous nous décrire l’agresseur ?
Pleins de bisous volants !
tiyphe
Posté le 07/09/2019
Bon effectivement le cas de la police est à revoir ! Pour la relation avec Caroline, peut-être que je peux tenter de la développer plus pour que ça fasse moins scène devant d'une inconnue
Après c'est surtout que les jumeaux sont flippés et qu'ils ne pensent à rien d'autres qu'à sauver Alexie qui est en danger par leur faute !
Merci pour les coquilles ! Je note
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