Les sorcières commencent à prendre connaissance des lieux. Après tout, la dernière fois, elles n'avaient pas été invitées et s'étaient contentées de venir pour me balancer cette guitare maudite.
Culadra leur fait un tour du propriétaire, mais peut-être que j'aurais dû m'en charger vu qu'il passe trois quarts d'heure rien que pour présenter la plante verte à l'entrée. Enfin, je n'avais pas envie de passer mon temps avec deux sorcières non plus.
Pendant ce temps, je rejoins Drakuler en cuisine qui est en pleine dégustation des différents sangs à notre disposition.
— Tu as trouvé ce qu'on va boire pour ce soir ? lui demandé-je alors qu'il analyse attentivement la consistance du liquide rouge dans son verre.
— Je crois bien avoir trouvé le sang parfait... On va passer une magnifique soirée... Même s'il y a les sorcières avec nous.
— On a entendu ! hurlèrent les concernées de l'autre bout de la maison.
Drakuler lève les yeux au ciel, excédé.
Les sorcières n'avaient pas une ouïe surdéveloppée d'habitude, mais elles avaient dû utiliser un quelconque sort ou autre connerie du genre pour renforcer leur sens. Probablement pour lancer une autre malédiction au quart de tour si quelque chose leur déplaît.
Draca déboule dans la cuisine et inspecte les différents verres posés sur la table.
— On peut prendre le sang noir ? demande-t-elle en le pointant du doigt.
— Non. Il est pourri, rétorque Drakuler en le jetant par la fenêtre.
— Pourtant, en noir, ça donnait une certaine classe !
— Non.
Elle le fusille du regard, mais l'allemand ne cède pas. En même temps, personne ne peut battre Drakuler. Il a des siècles d'entraînement. Et puis, c'est le plus vieux d'entre nous, après Dracula. Il faudrait être suicidaire pour réellement le contrer.
— Je crois avoir fait mon choix, annonce-t-il en poussant un verre vers nous. Du sang espagnol du dix-huitième siècle.
— Parfait !
Draca arque un sourcil, l'envie subite de répliquer, puis hausse les épaules, abandonnant finalement l'idée de discuter sur ce qu'elle venait d'entendre.
Un puissant bruit provenant du salon retentit. Immédiatement, on s'y dirige et on découvre une plante verte par terre. Tout un tas de terre recouvre une partie du hall d'entrée. Cette fameuse plante verte que Culdara a présentée à nos invitées depuis une heure.
— J'ai glissé, tente de se justifier vainement le clochard.
Je lève les yeux au ciel. Parce qu'en plus de cette plante verte, il y a toujours un satané sapin de Noël par terre. Cette pièce est une catastrophe. Le pire, c'est que Culadra serait très incompétent pour nettoyer tout ça et l'un d'entre nous allait devoir s'y coller.
— Tu nettoies, osé-je quand même lui demander.
Il glisse sur la terre et tombe. En effet, il avait probablement glissé.
— On peut arranger ça ! propose Adeline.
— Non ! Pas de sorcellerie chelou par ici !
— Ce n'est qu'un sort de nettoyage ! Calme-toi !
— Il n'y a pas un truc comme quoi c'est donnant-donnant dans la sorcellerie ? Je n'ai pas envie de me retrouver avec un étrange contrecoup le lendemain !
— Ne t'en fais pas ! C'est un sort tranquille !
Elle commence à faire des signes très lents et calculés, les yeux fermés. Elle récite quelques mots en latin, mais j'ai l'impression que ce sont des mots aléatoires. En même temps, je l'ai bien entendu dire "alea jacta est", ça ne fait pas très incantations magiques ça ! Puis elle finit en faisant un signe que Draca désigne comme "le signe de Jul". Je ne comprends pas ce truc, probablement un truc de sorcière.
Soudainement, la terre, la plante verte et le sapin disparaissent.
— Wow ! Mais c'est de la sorcellerie ce truc ! s'exclame Culadra, la bouche béate.
Paige et Adeline se regardent mutuellement et se décident à ne pas réagir.
— C'est vraiment sûr que je ne puisse pas être une sorcière ? s'enquiert une énième fois la gamine.
— Non ! C'est mort ! refusé-je aussitôt en haussant le ton.
— Ne t'en fais pas, on pourra trouver un arrangement, lance Paige avec un clin d'œil.
Ceci ravit Draca, à mon plus grand malheur. Un jour, elle fuirait pour rejoindre ses sorcières et je la verrais en train de préparer des potions en secret dans sa chambre. J'espère vraiment qu'elle se calmerait dans le futur...
Culadra a encore les yeux fixés sur le sol. Il s'accroupit et passe ses mains sur le carrelage pour s'assurer que tout a bien disparu. Il en faut vraiment peu pour l'impressionner. C'est pitoyable.
Soudainement, le silence est interrompu par un autre bruit. Pas une plante verte qui tombe. De toute manière, elle a disparu cette plante, elle ne pourra plus tomber. Attendez... Ça veut dire que j'ai perdu ma plante verte je ne sais où ? Je le savais bien qu'il y avait un contrecoup à leur sorcellerie ! Elles n'ont pas nettoyé le bordel, elles ont détruit mon horrible plante verte ! Je déteste vraiment les sorcières !
Pardon pour cet aparté, mais je me devais de développer ma colère.
Bref, je reprends.
Nous avons donc un bruit qui n'est autre qu'une sonnette. On se regarde tous à tour de rôle en se demandant qui pourrait bien se pointer.
Lorsque j'ouvre la porte, j'aperçois un simple carton posé par terre. Un carton totalement vierge.
— Serait-ce un voisinou qui nous fait une petite blague ? demanda Culadra en riant. Parce que je la trouve déjà très drôle !
— Je n'ai pas de voisins ! le contredis-je aussitôt.
— Ça, c'est parce que tu ne les connais pas !
Et il se croit malin. Mais s'il avait ouvert Google Maps, il se serait rendu compte qu'il n'y avait pas la moindre maison à proximité. Rien. Absolument rien. Parce que je voulais m'isoler de la ville et de tous pleins d'autres trucs étranges.
Je prends la boîte en main et sens alors qu'elle contient quelque chose. Je la dépose sur la table du salon et l'ouvre lentement. Une chauve-souris s'en échappe et s'envole. Puis elle prend une forme plus humaine. Une forme que je ne connais que trop bien.
Dracula.
— Ah te voilà mon bro !
— Merci bien de m'avoir invité très cher. Je pensais que vous n'organisiez plus de telles réunions.
Comment qu'il fait son crâneur...
— Sache pour ta gouverne, Draculien, que tu vis vraiment dans un coin inaccessible. C'est quoi ces RER de merde de par chez toi ? Je suis resté coincé plusieurs heures dedans ! J'ai failli faire demi-tour !
— T'avais qu'à voler, répliqué-je naturellement.
— Non.
Et il se croit malin à juste dire non... Non mais n'importe quoi...
— Oh Dracula ! Je suis votre plus grande fan ! s'enthousiasme Draca, des étoiles dans les yeux.
Vivement qu'elle finisse sa crise d'ado...
— Je croyais ne jamais te voir à cause d'une histoire de gâteau, encore, soupire Draca.
— Arrête de dire que c'est à cause d'un gâteau ! Ça ne l'a jamais été ! riposte aussitôt Dracula.
— Mais c'est dégueulasse les gâteaux en même temps ! le contredis-je de plus belle.
— Normal ! On est des vampires ! C'est évidemment complètement sans goût pour nous.
C'est vrai, mais quand même.
— Alors c'est quoi la vraie raison les bros ? demande Culadra.
— Je voulais juste qu'on fête Noël chez moi.
On se regarde tous. Ils ont l'air un peu choqué, mais pas tant que ça.
— Juste pour ça ? s'écrie Dracoola. Mais moi je suis grave chaud pour ça !
— Mais moi aussi ! rétorque le clochard à son tour.
Et ils semblent tous d'accord là-dessus.
— Quoi ? Mais on ne fête pas Noël ! hurlé-je, les arrêtant soudainement.
— On peut mettre un sapin noir et boire du sang, propose Dracula. Ça sera un peu comme un second Halloween. Et puis, on pourra le faire dans mon château.
Et ils continuent d'être d'accord.
— Draculien, tu peux garder Halloween, mais seulement si on fête un Noël assez particulier chez moi.
Malheureusement, je n'ai pas d'autres choix que d'accepter. Au moins, ça nous permettra de faire la paix pendant un temps. Enfin, je crois... Parce que les histoires de vampires, ça n'en finit jamais. Mais en même temps, c'est un peu ce qui arrive quand on a des siècles d'existence !
J'ai bien cru que dracula ne serait pas là, mais non il arrive à la fin en rappelant bien le début avec le rer. Sinon c'tait très drôle j'ai adoré comment le coup du gateau ne cesse de revenir pour qu'au final ça soit bien souligné que bon ces des vampires les gateaux pour eux ça a pas de gout rendant encore plus absurde le tout.
En tout cas merci pour ces chapitres tordants.
Franchement je suis fan de cette histoire c'est pas trop long, c'est fluide et c'est surtout archi drôle un vrai plaisir à lire !
Mais à la fin, c'est pas plus mal aussi :')
Merci ! o/
Je suis ravie que ça t'ait plu :3
Je veux lire une suite !
En vrai, j'y pense assez régulièrement. Soit d'en faire une suite ou un spin of. En tout cas, ce sont clairement pas les idées qui manquent haha :')
Harper espèce de troll en puissance, cette histoire c'était à la fois du grand n'importe quoi comique, mais aussi du pur génie que d'avoir osé écrire et détourner une histoire de vampire, je te tire mon chapeau.
J'ai un coup de coeur pour Draculien et je sympathise totalement avec lui <3 Parce que pour un Vampire, il dit quand même beaucoup "c'est mort" ahaha ! :')
Merci :D
J'adore écrire du troll comme ça et j'adore les vampires, les deux combinés, ça ne pouvait être qu'un bon cocktail haha. (Dire que c'est venu juste à partir d'une discussion troll avec un ami haha XD)
Draculien, ce petit rigolo :')
Merci :D
Je suis ravie que cette histoire ait rempli son objectif ! :D