Chapitre 14 - L'Enfant de Shâat

Elraza serra les poings et se prépara à défendre chèrement sa vie. 

Morgulath.

Le plus ancien et le plus maléfique de tous les Seigneurs Ombre. L’ennemi juré de Galar Im’Radiel et des Sildaros. Il ne possédait pas la puissance destructrice de Domadan, mais son pouvoir était tout aussi redoutable. Il était le maître de la terreur, capable de briser l’esprit de ses victimes en les confrontant à leurs pires cauchemars. Sa magie pernicieuse éveillait les plus vils instincts des Hommes, les poussant à commettre des atrocités sans même s’en rendre compte. Elraza l’avait déjà combattu par le passé, elle l’avait vu plonger en quelques jours une ville entière dans le chaos et la folie. Le mensonge et la peur étaient ses meilleures armes, mais s’il maîtrisait aussi la nécromancie…

Elle n’avait aucune chance de le vaincre seule.

Après son combat contre l’ar’lycha, elle n’aurait pas la force d’affronter quatre cavaliers et le Seigneur Ombre. Son seul espoir était que Roch parvienne à contacter les autres enchanteurs du Clan. Hélas, le mercenaire tardait à lui envoyer des renforts. Il rencontrait sans doute une complication inattendue avec le père Gatien. Le vieux doyen s’était-il débarrassé de son écaille ? L’enchantement de Galar s’était-il dissipé avec le temps ? Quelle que soit la raison de son retard, Elraza ne pouvait plus compter sur son aide. Elle devait trouver une solution pour sortir de ce guêpier toute seule.

Son regard se posa sur Coeur-de-Nuit et croisa celui d’Oriendo. Une bile acide remonta dans sa gorge et une colère ardente obscurcit ses autres sens. Ce salopard l’avait trahie pour Anthéa, il lui préférait le cadavre d’une morte ! Rien de tout cela ne serait arrivé si son ancien amant avait résisté aux promesses de Morgulath. À cause de lui, les renégats avaient exécuté Cornefer, massacré les habitants de Tord-la-Falaise et transformé Mæve en monstre. Une flamme dévorante s’alluma dans les entrailles de l’enchanteresse et sa Shâat rugit, prête à fondre sur Cirin’Del. Des étincelles rougeoyantes se mêlèrent aux volutes bleu et argent de son Oeil-de-Var. Si seulement elle parvenait à arracher Coeur-de-Nuit des griffes de cette ordure ! En combinant le pouvoir de son familier avec le sphinx de Cornefer, elle deviendrait presque invicible. Mais pour cela, elle devait d’abord se débarrasser d’Oriendo. C’était tellement facile. Le traître gisait à terre, empêtré dans une forêt de lianes noires, incapable de se défendre. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était conjurer une lame de vent pour lui trancher la gorge. Il suffisait d’un mot. Un simple mot de pouvoir, et elle obtiendrait sa vengeance. 

Un rictus triomphal apparut sur le visage de Morgulath. Elraza sentit un torrent de haine brûlante l’envahir. Le monde autour d’elle devenait flou, le village disparaissait dans un océan de noirceur. Soudain, une silhouette apparut dans son champ de vision. Celle d’un petit garçon aux cheveux blonds et au teint pâle, aux yeux verts emplis de terreur qui serrait contre lui un vieux morceau de chiffon. Une vrille de douleur transperça le cœur de l’enchanteresse et un sanglot s’étrangla au fond de sa gorge.

Asfael.

Son fils se tenait là, juste sous ses yeux. Il posait sur elle un regard implorant. Il avait les lèvres exsangues, les mains tremblantes et ruisselait de transpiration. La nécrose attaquait la partie gauche de son cou, dévorait sa joue et le lobe de son oreille, formait une croûte grise et purulente au coin de ses yeux. Quelque part une cruche se brisa, répandant son contenu sur le sol. Il faisait une chaleur moite dans la chambre mansardée juste sous les combles. Elraza entendit des éclats de voix, reconnut le ton rude et sans pitié d’Oriendo. Les mots de leur dispute lui revinrent en mémoire, comme une cicatrice marquée au fer rouge. « Sois courageuse, Rani. On ne peut plus rien pour lui. L’essence de noctombre abrégera ses souffrances. »

Elle hurla.

Elraza rugit, se débattit, tempêta. Elle s’accrocha à Ori de toutes ses forces, conjura toute sa magie pour lui barrer le passage. À trois reprises elle renversa ce maudit flacon, mais il ne cessait de réapparaître au creux de sa main. Son compagnon la repoussa d’un geste brusque et vida le contenu de la fiole dans une tisane. La respiration d’Asfael n’était plus qu’un râle d’agonie qui lui fendait le cœur. Elle se rua une dernière fois sur Oriendo, tenta de s’aggriper à sa tunique, de le faire tomber dans les escaliers. Elle ne voulait pas regarder. Elle n’avait pas la force de voir ce petit corps gémir, avaler le poison et se détendre. Elle se souvenait trop bien de son visage, de ce regard vide et froid qui fixait les poutres du plafond sans les voir.

« Il t’a volé ton fils, susurra la voix de Morgulath dans son esprit. Il t’a pris ton enfant mais j’aurais pu le ramener. Il m'a donné le nom d'Anthéa à la place. »

Elraza blémit. Un abîme terrifiant venait de s’ouvrir au fond d’elle. 

Oriendo pouvait sauver Asfael.

Le cauchemar vola en éclats et elle incanta un sortilège. Au lieu d'une seule lame de vent pour lui trancher la gorge, elle façonna un millier d’esquilles de Shâat plus tranchantes que des rasoirs. Elle voulait que cette fiente d’izrâag souffre comme elle avait souffert. Jamais encore elle n’avait ressenti pareille haine, une telle envie de massacrer quelqu’un. Le monde pouvait bien brûler pourvu qu’Oriendo soit réduit en cendres.

Elle reprit le contrôle de sa magie à la dernière seconde.

Au moment où elle prononçait son mot de pouvoir, Elraza se rappela la pinède et le Linceul de Mort. Coeur-de-Nuit avait déclenché le maléfice, mais il l’avait frappée avec violence à travers leur lien. Elle savait comment s’en servir, c’était sa dernière chance.

Elle cibla l’Oro’luin de Morgulath.

« Maintenant, Liam ! »

Dès que la main du garçon agrippa la sienne, elle ouvrit un portail et bondit à l’intérieur. Elle entendit au loin le rugissement de douleur du Seigneur Ombre et tissa à la hâte un sortilège de confusion pour qu’il ne puisse pas la suivre. Un battement de cœur plus tard, elle atterrit à plat ventre sur une surface dure et froide en soulevant un nuage de poussière.

Il s’en était fallu de peu.

Un haut-le-cœur la submergea et Elraza ferma les yeux pour chasser la sensation de vertige. Les remugles de son estomac étaient atroces, elle avait l’impression de se déplacer à toute vitesse alors qu’elle était immobile. C’était comme si une force surhumaine essayait de l’arracher à son propre corps. Les mains tremblantes, elle déboucha une fiole dans son escarcelle et but une longue rasade de la mixture contenue à l’intérieur. L’odeur d’œuf pourri qui s’en dégageait manqua de la faire vomir, mais son goût sucré de fruits rouges soulagea ses nausées presque immédiatement. 

« Tiens, dit-elle à Liam en lui tendant le flacon. Avale ça, sinon tu seras malade pendant des heures.

– Qu’est-ce que c’est ?

– De la sève de corboisier. Elle atténue les vertiges quand on voyage à travers un portail instable.

– Un portail ? »

Liam regarda autour de lui d’un air stupéfait. Ils avaient effectivement quitté la place marchande de Tord-la-Falaise et se trouvaient dans un décor qu’il connaissait bien. Il s’agissait d’une vaste pièce éclairée par des torchères, au centre de laquelle trônait un immense soufflet de forge relié à une poulie pour permettre de l’activer. Dans un coin, une étagère accueillait toutes sortes d’outils allant d’une simple masse à une paire de tenailles, en passant par une dizaine d’étampes en acier trempé. Près du mur étaient entreposés des cerclages en fer qui servaient à renforcer des essieux ou à sceller des tonneaux de vin. Suivaient une grande cuve de refroidissement remplie à ras-bord et un baquet vide dans lequel s’entassaient des éperons de monte et la tête d’une pioche façonnée la veille. De l’autre côté de l’atelier, un gigantesque fourneau communiquait avec une vieille cheminée noircie par l’usage. L’endroit était bercé d’un étrange silence, alors que Liam le visitait d'ordinaire sous le fracas des marteaux cognant sur les enclumes, accompagné par les vociférations du maître artisan qui réprimandait ses apprentis et corrigeait leur travail. 

« C’est la forge de maître Hobb  ! s’exclama-t-il, déboussolé. Comment sommes-nous arrivés ici ?

– Plus tard ! Nous ne sommes pas encore tirés d’affaire, il faut nous dépêcher. »

Elraza traversa la pièce d’un pas vif et frappa à la porte de la maison attenante. Après quelques instants, le verrou se leva et la carrure imposante du propriétaire des lieux parut. Hobb ne semblait pas surpris de trouver des visiteurs enfermés dans son atelier.

« Til’Duin en Salaadem, le salua l’enchanteresse. Nous devons partir sur-le-champ. »

Le forgeron les examina d’un visage grave et les invita à le suivre. Il y avait deux sacs de voyage au centre du logis, posés au pied de la table en granit. Le feu dans l’âtre venait d’être étouffé, comme en témoignaient les dernières braises qui luttaient courageusement pour ne pas s’éteindre dans la cendre chaude. La magicienne se saisit d’un baluchon et le jeta sur son épaule, Hobb fit de même avec le second. Il s’empara également d’un long paquet de toile qu’il dissimulait dans une trappe à côté de la cheminée. D’une main tremblante, il délia les ficelles qui maintenaient le tissu en place, dévoilant le pommeau et la garde d’une superbe épée.

« C’était une commande de l’Esperial, expliqua-t-il. Ma plus belle création. Elle est à vous, si vous la voulez. Je n’ai pas le cœur à l’abandonner ici.

Elraza sourit et caressa la poignée de sa rapière.

– Je suis touchée par votre geste, maître Hobb, mais je préfère ma fidèle Cerula. Elle est plus fine et plus facile à manier. Gardez cette lame pour votre ami Roch, je suis sûre qu’elle lui conviendra mieux. »

Le forgeron approuva d’un hochement de tête et sangla son précieux cadeau à sa ceinture en passant le fourreau dans un baudrier de cuir. Puis il jeta un regard triste sur l’intérieur de sa maison et moucha une chandelle posée sur le bord de la cheminée.

« Espérons que je n’aie pas à la dégainer avant de la lui offrir », conclut-il en quittant la pièce d’un pas lourd.

Une fois à l’extérieur, Elraza effleura la chevalière de Mæve et prononça un mot de pouvoir à voix basse. Le papillon sphinx apparut devant elle, dévoilant l’éclat orangé de ses ailes sous les premiers rayons du soleil naissant. La magicienne s’adressa à lui pendant plusieurs secondes et soudain, il se changea en un superbe faucon au plumage mordoré et au regard perçant. L’animal s’élança dans le ciel et décrivit plusieurs cercles le long de la route qui menait à Tord-la-Falaise en huissant. Elraza sourit en l’observant se dégourdir les ailes. Au moment où elle avait tranché le doigt de Mæve pour lui voler sa bague, elle avait senti jusque dans sa chair la détresse du familier et son soulagement d’être libre. L’ar’lycha avait torturé cet Oro’luin pendant des mois pour le soumettre à sa volonté. Elraza percevait encore les effluves nauséabondes de nécromancie qui émanaient de sa chevalière. Il lui faudrait du temps pour purifier ce réceptacle et tisser une relation de confiance avec son hôte.

Hélas, elle n’avait pas le loisir d’attendre. L’Oro’luin de Cornefer lui avait sauvé la vie à Tord-la-Falaise, mais ne l’avait pas encore acceptée comme maîtresse. Or, elle avait cruellement besoin de ses pouvoirs pour échapper aux cavaliers. S’il refusait de lui obéir, Elraza n’aurait pas d’autre choix que de le contraindre par la force. Cette idée la révulsait d’avance.

L’enchanteresse infusa de la Shâat dans sa bague et testa le lien qui l’unissait à son familier. Elle prononça l’incantation de Double-Vue et se heurta aussitôt à ses barrières mentales. Dans le ciel, le rapace se mit à tanguer dans tous les sens en poussant des cris affolés. Elraza fit de son mieux pour le calmer, mais l’Oro’luin identifiait sa présence comme une menace. L’animal semblait terrorisé, il luttait contre elle de toutes ses forces jusqu’à devenir fou. À travers ses yeux, elle ne discernait qu’un paysage flou et fracturé comme un miroir en mille morceaux. La magicienne frissonna de dégoût. Quel genre de sévices lui avait infligé Mæve pour le traumatiser à ce point ? Son cœur se serra en imaginant que Coeur-de-Nuit devait vivre la même chose aux côtés d’Oriendo. Malgré tout, elle refusa de lâcher prise. Elle s’efforça de visualiser Cornefer, ses yeux rieurs et sa moustache tombante, sa peau hâlée par le soleil et ses larges épaules. Elle le revit à genoux devant Galar, prononçant les serments du Clan pour recevoir sa chevalière. Elle insuffla cette image à son familier, projetant à travers leur lien des sensations de sécurité et de réconfort.

« Je suis une amie de ton maître, tu dois me faire confiance. »

L’Oro’luin en fut destabilisé. Il entrouvrit les portes de son esprit par mégarde, juste assez pour permettre à Elraza de s’y engouffrer. Quelques instants plus tard, il cessa de huir comme un dément et se remit à planer sur les courants d’air chauds. L’enchanteresse prononça son incantation de Double-Vue et retrouva avec soulagement sa vision aérienne. Le lien qu’elle venait d’établir avec son nouveau familier était fragile, mais elle ne pouvait espérer mieux pour le moment. Leur duel magique n’avait duré qu’une poignée de secondes, mais elle craignait malgré tout d’avoir sacrifié un temps précieux.

Hélas, ce qu’elle vit près de Tord-la-Falaise confirma ses craintes.

« L’Ombre est à notre poursuite, annonça-t-elle. Il a régénéré son armée de mortifères et les envoie droit sur nous.

– Les chevaux sont derrière l’écurie. Day les a sellés en attendant votre retour.

– Parfait. Alors en route ! »

Ils contournèrent le bâtiment à la hâte et débouchèrent face à un paddock où patientaient le fils du forgeron, une haquenée grise et un robuste percheron à la robe noire pangarée. Le visage de Day s’éclaira lorsqu’il reconnut Liam et la magicienne, mais l’expression sévère de son père eut tôt fait de doucher son enthousiasme. 

« Til’Duin chevauchera Ecume, ordonna Hobb d’un ton sans appel. Nous irons tous les trois sur le dos de Blancrin. »

Sans un mot, Day confia les rênes de la jument à l’enchanteresse et entreprit de sangler des sacoches de provisions sur la croupe du roncin. Le forgeron souleva Liam pour l’installer en selle et monta derrière lui d’un mouvement fluide, en dépit de sa taille massive et de ses longues jambes. Il se tourna vers son fils qui récupérait les derniers sacs près de l’enclos et lança avec impatience :

« Laisse tomber les vivres, nous n’avons plus le temps ! »

Soudain, Ecume poussa un long hénissement. Blancrin était nerveux lui aussi, il ne cessait de racler des sabots et son poitrail se soulevait au rythme de sa respiration saccadée. Les deux chevaux avaient les oreilles plaquées en arrière, ils étaient effrayés et prêts à se défendre. Un relent de putréfaction emplit l’air, mélange indescriptible d’odeurs de souffre et d’entrailles de poisson. 

« Day, ne reste pas là ! » hurla Hobb d’une voix pleine de terreur.

Au coin de la forge parut la première mortifère, une créature à la gueule béante de la taille d’un énorme chien. Lorsqu’il la vit, le garçon poussa un cri d’horreur et lâcha son paquetage pour prendre la fuite. La goule s’élança à sa poursuite, de la bave ruisselant sur son goitre couvert d’argile. Elraza tissa un sortilège pour la tuer, mais l’Oro’luin de Cornefer refusa de lui prêter sa Shâat. La faible rafale qu’elle invoqua ne parvint même pas à ralentir la créature. De son côté, Hobb avait bien du mal à manœuvrer Blancrin pour secourir son fils. Le hongre affolé ne cessait de renâcler et de braquer contre le mors. Heureusement, Ecume fut plus courageuse : la pouliche chargea la bête au galop et la percuta de plein fouet, l’envoyant s’écraser contre une carriole de foin. Elraza se pencha pour aider Day à monter en selle, mais la goule n’avait pas dit son dernier mot. Elle repartit à l’assaut d’un bond puissant et se jeta sur eux en découvrant les crocs. Ecume décocha alors une ruade prodigieuse qui lui fracassa le crâne d’un violent coup de sabot. 

« Allez, ya ! »

La jument s’élança au triple galop et quitta l’arrière-cour de la forge au moment où une quinzaine de nécrophages s’y engouffraient. Hobb eut tout juste le temps de faire volter son cheval et de piquer des talons avant qu’elles ne les prennent en chasse. Les goules avançaient à une vitesse prodigieuse, utilisant leurs longs membres décharnés pour se propulser vers eux comme des boulets de canon. L’une d’elles bondit sur le dos d’Ecume et déchira la cape de la magicienne ; une seconde s’accrocha à sa jambe et tenta de la faire chuter de selle. La jument fit une brusque embardée qui cogna la créature sur le flanc du percheron et Hobb la força à lâcher prise à grands coups de botte. Elraza se débarrassa sans mal de la deuxième mortifère, mais il était clair que les chevaux ne parviendraient pas à les distancer très longtemps.

« Il faut les attirer vers les falaises ! hurla-t-elle. Je vais les jeter dans le vide ! »

Hobb acquiesça et ils quittèrent la route pour suivre le sentier du vieux phare. Très vite, le chemin s’escarpa en sinuant à travers les arbres et força leurs montures à ralentir. Elraza jeta un coup d’œil inquiet par-dessus son épaule. Au loin, elle entrevit les silhouettes fantomatiques de grands étalons pâles qui surgissaient de la brume. Une nuée de corvidés tournait dans le ciel, croâssant au-dessus d’eux. Elle entendit un mot de pouvoir résonner dans l’air et les volatiles se dispersèrent sur la lande, balayant les champs et les villages à leur recherche. Cette vision rassura l’enchanteresse. Morgulath ne partageait pas un lien aussi puissant que Mæve avec les mortifères, il ne pouvait sentir leur présence à travers elles. S’ils parvenaient à se débarrasser du groupe qui les suivaient, ils avaient peut-être une chance de semer les renégats pour de bon.

Liam poussa un cri.

Une goule venait de rattraper Blancrin et claquait des mâchoires à côté de ses cuisses. Elle mordit le hongre au niveau des jarrets et il trébucha sur une racine. Elraza fit aussitôt appel à sa Shâat pour projeter la bête contre un arbre. Le roncin parvint à se relever mais du sang coulait le long de sa jambe, attirant d’instinct les prédateurs vers lui. Une deuxième goule se jeta sur le cheval et laboura son flanc de ses griffes terreuses, lui arrachant un hénissement de douleur. Cette fois, l’enchanteresse la détrancha à l’aide de sa rapière. Elle n’avait presque plus de magie pour se défendre et l’Oro’luin de Cornefer lui résistait toujours. Pourtant, un courant shâatique se matérialisa dans l’air et des volutes d’or et d’argent entourèrent le ventre de l’animal. Sous le regard ahuri d’Elraza, les plaies de Blancrin se refermèrent et le percheron y puisa un regain de vigueur. L’onde magique se répercuta jusqu’à Ecume et la jument profita d’un second souffle qui lui permit de semer les mortifères. Les deux chevaux dépassèrent le phare de Boel comme des flèches lumineuses, laissant derrière eux des traces de sabot incandescentes.

Elraza observa Liam avec intérêt. Le gamin semblait en état de choc, il n’avait pas lancé volontairement ce sortilège. La peur et l’instinct de survie contrôlaient son pouvoir, il n’avait même pas conscience de faire de la magie. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose.

La crise d’aesirg était proche.

« Changement de cap ! ordonna-t-elle à Hobb. On doit à tout prix atteindre la maison sainte ! »

L’enchanteresse pria Ran de toutes ses forces pour qu’ils arrivent à temps. Elle ne pouvait pas laisser l’Enfant de Shâat éveiller ses pouvoirs maintenant. Morgulath était beaucoup trop proche, il n’aurait aucun mal à mêler son chant à l’aesirg pour transformer Liam en Ombre. À bout de souffle, Blancrin et Ecume déboulèrent sur la route de Vitarive dans un martèlement de sabots assourdissant. Elraza vit disparaître au loin la silhouette du vieux phare, tandis que leurs chevaux contournaient à bride abattue l’orée de la pinède où Roch avait rencontré le Seigneur Ombre quelques heures plus tôt. Les volutes de magie autour de leurs sabots ne cessaient de croître. L’aura déployée par Liam était considérable, si puissante qu’Elraza ne percevait même plus son propre pouvoir. Déjà les esquilles de Shâat commençaient à tourbillonner autour d’eux, prémices de la libération de son Oeil-de-Var. La magicienne serra les dents et ordonna à Ecume de forcer l’allure. Pourvu que le mercenaire ait trouvé cette fichue écaille !

Soudain, un bruit de branche cassée et le fracas d’une autre cavalcade attirèrent son attention vers les bois. Avec horreur, elle vit surgir de la forêt quatre étalons pâles lancés à pleine vitesse pour leur couper la route. Le renégat au marteau de guerre chantait déjà, il frappa le sol de son arme et des stalagmites se formèrent juste devant Ecume et le percheron. Hobb était assez bon cavalier pour éviter l’obstacle, mais Elraza n’eut pas le temps de décaler sa monture. La jument bondit au-dessus des pieux de roche qui continuaient de grandir : l’un d’eux lui laboura le poitrail et déchira son ventre de l’ars à la queue. Ecume poussa un hénissement de douleur et s’effondra, entraînant Elraza et Day dans sa chute. 

« Til’Duin ! »

Hélas, Hobb décida de faire demi-tour. Elraza essaya de l’en empêcher, elle lui hurla de fuir pour mettre Liam en sécurité. Mais le forgeron, poussé par la volonté de sauver son fils, fit volter Blancrin et le talonna de toutes ses forces, chargeant les renégats pour venir à son secours. Au même moment, la horde des mortifères les rattrapa. Les premières bêtes, attirées par les entrailles de la jument qui se répandaient par terre, se jetèrent sur la pauvre Ecume qui roulait des yeux affolés. Le cœur lourd, Elraza dégaina un stylet de sa botte et le plongea jusqu’à la garde dans son encolure pour abréger ses souffrances. Puis, consumant ses dernières forces dans un ultime sortilège, elle fit appel au vent pour accroître sa vitesse et courut s’interposer entre Hobb et les cavaliers.

Trop tard.

Le renégat au nez crochu libéra son Oeil-de-Var et projeta ses lianes ténébreuses, qui s’enroulèrent sur les antérieurs du percheron. Le hongre rua, essaya de se libérer du piège mortel, mais les vrilles maléfiques s’enfoncèrent profondément dans sa chair. Plus le cheval luttait et plus de nouvelles plantes apparaissaient pour restreindre ses mouvements. Avec horreur, Elraza le vit s’effondrer près de Day et perdre de la masse musculaire à vue d’œil. Ces choses n’étaient pas de simples lianes, elles dévoraient Blancrin de l’intérieur. Plusieurs filaments de matière noire rampaient déjà en direction de Day et de Hobb, à la recherche de nouvelles victimes. Au même instant, le renégat aux allures de fauve bondit de sa selle et attrapa Liam pour s’enfuir avec lui. Elraza hésita une fraction de seconde. Devait-elle sauver le forgeron et son fils d’une mort atroce, ou empêcher les cavaliers de capturer l’Enfant de Shâat ?

Son indécision coûta la vie de Hobb.

L’homme tenta de dégaîner son épée pour se débarrasser des plantes voraces, mais l’une d’elles s’enroula autour de son poignet et remonta à toute vitesse en direction de sa gorge. Il ouvrit des yeux exorbités et plongea son regard dans celui de l’enchanteresse. Il n’eut pas le temps de souffrir ni de prononcer un mot.

« PAPA ! »

Ce qui se passa ensuite, Elraza ne l’oublierait jamais.

En constatant la mort de son père, Day poussa un cri déchirant qui se propagea dans toute la lande et sous les arbres de la pinède. Un cri qui entra en résonance avec le monde, qui vibra dans l’air avec une force incommensurable, qui fit trembler la terre et rugir l’océan, et qui secoua l’enchanteresse jusqu’au plus profond de son âme.

Alors, l’univers s’embrasa.

Dans un grondement de tonnerre, une sphère de Shâat étincelante entoura le garçon et se changea en une tornade de flammes blanches qui balaya tout sur son passage. Des centaines de mortifères furent incinérées en un battement de cœur, deux palefrois fantomatiques périrent et le renégat qui venait de tuer Hobb se consuma à l’intérieur de son armure. Les autres cavaliers réussirent à lever des protections magiques, mais le feu ardent de Day s’acharna sur eux avec une telle puissance qu’ils durent battre en retraite et sauter dans un portail. Une colonne de lumière semblable à un arc-en-ciel s’éleva en direction du ciel, chassant les ténèbres nocturnes pour annoncer au monde l’aube d’une nouvelle ère. 

Alors, Elraza comprit. Elle comprit que depuis le premier jour, ils s’étaient tous fourvoyés.

Liam n’était pas l’Enfant de Shâat. Il ne l’avait jamais été.

Car dans ce vortex de magie impénétrable, les yeux de Day luisaient de reflets argentés.

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Sim
Posté le 19/08/2025
Bonjour !
La vérité est que j'ai lu ce chapitre hier soir, et comme c'est le dernier accessible, j'ai pris une nuit de répit pour décanter toute cette affaire.

Tout d'abord, commençons par la fin de ce chapitre qui est totalement épic avec un retournement de situation comme je les aime. Je comprends mieux pourquoi Liam n'avait pas développer de Shâat dans le chapitre précédent. C'est bien joué ! Le plotwist fonctionne super bien !
D'un côté, je suis un peu frustrée (mais une frustration saine) parce que j'aurais pu le deviner (et c'est pour ça que j'ai décanté cette nuit :) je me suis rappeler les ressentis que j'avais eu en lisant tes précédents chapitres il y a quelques semaines.
Je pense me souvenir assez clairement lorsque les protagonistes abordaient la découverte des pouvoirs de Liam : il se serait sauver d'une chute en jouant avec son ami. Je m'en veux un peu parce que sur le coup j'avais tiqué, dans le sens où : j'aurais trouvé + cohérent que Liam sauve son ami, et pas lui-même. Sur l'instant j'avais dû relire pour bien intégrer qu'il jouait avec son ami et qu'en tombant il s'était sauvé lui-même. Ca m'a suffisamment marquée pour que je le ressorte aujourd'hui. J'ai vraiment étouffé mes doutes parce que je n'ai pas cherché à remettre en question la déduction des protagonistes : et donc je n'ai pas remis en question le fait que son ami ait pu être l'Enfant de Shâat. Je ne sais même plus s'ils évoque le fait que Day est l'ami en question à ce moment-là (il faudrait que je relise), mais par la suite comme Day prend une véritable place dans le récit en tant qu'ami de Liam, le rapprochement se fait automatiquement.
Assez parlé de ma frustration d'être passée à côté, parce que la frustration d'Elraza doit être pire que la mienne !
C'est vraiment chouette parce que cette révélation ne tombe pas de nulle part : les indices sont là, disséminés à travers le récit, et je suis sûre qu'il y en a d'autres à côté desquels je suis passée (et ça me donne envie de relire !). C'est le genre de twists que j'adore : ceux que tu aurais pu deviner.

Par ailleurs, c'est un chapitre très épic ! Comme les deux précédents (exempt l'interlude), beaucoup d'actions avec quelques révélations pertinentes sur l'univers et ses personnages. Est-ce qu'il y aura une suite ? (je souhaiterais la suite) Et peut-être qu'un chapitre un petit peu moins épic serait le bienvenu pour permettre aux protagonistes et au public de reprendre son souffle ? A voir ce que l'histoire nous réserve encore !

J'ai relu ce matin ce chapitre, parce que j'avais quelques zones de flou sur le passage avec les chevaux. J'ai eu un peu de mal à comprendre qui montaient sur quel cheval, quel cheval se faisait blesser/achever/tuer cruellement par d'horribles lianes liches des enfers et qui était positionné comment par rapport à quoi/qui (mais j'ai fini par mieux le comprendre à la relecture). Malgré tout, peut-être que ces paragraphes peuvent encore gagner en clarté ? A toi de voir c:

J'ai beaucoup aimé l'analepse d'Elraza et Oriendo avec la mort de leur fils. On comprend mieux les ressentiments de l'enchanteresse et la nature de leur relation. Cela rajoute de la profondeur à la tragédie et c'est terrible (et j'adore).

En attendant la suite (s'il y en a une), je vais aller promener ma curiosité sur tes autres œuvres. Outre le récit, j'ai bien accroché à ton style et à ta plume.

A une prochaine fois !
MrOriendo
Posté le 19/08/2025
Hello Sim !

Ahahah, te voilà enfin au chapitre 14, et maintenant tu comprends pourquoi Liam n'a pas développé de pouvoirs magiques malgré le massacre des habitants de son village, sa peur, la blessure de son père, la mort supposée de Rani, etc etc...
Et oui, il était explicitement dit que ce jour-là, Day jouait avec lui au bord des falaises quand Liam a basculé dans le vide. Roch a conclu que Liam était un enchanteur parce qu'il l'a vu survivre à une chute mortelle, il n'a pas pensé que ça pouvait être Day qui avait sauvé instinctivement son ami. Et ensuite, son jugement n'a plus été remis en question...

Il y avait un autre indice. Quand Elraza déclenche un début d'aesirg chez Hobb, et que Roch la sauve en "sacrifiant" son écaille d'Im'Radiel. À un moment donné, le récit bascule du pdv de Day, et il entend le chant des Dragons au loin. Or, seul un enchanteur peut entendre le chant des Dragons dans ce genre de situation. Ça aussi, c'était dit dans le récit, mais l'indice est plus subtil :p
En tout cas, content que mon retournement de situation ait fonctionné. Si tu te sens aussi frustrée d'avoir manqué tout ça, c'est que l'équilibre est bien dosé et les deux-trois indices que je laisse font le job :)

Concernant les chevaux, qui monte qui, quel cheval meurt, tu n'es pas la première à me faire remarquer que je pourrais être plus précis, que c'est un peu confus. Moi, ça me paraissait très clair, mais il faut dire que j'ai tellement la tête dans le récit et je l'ai lu, relu et re-relu tellement de fois que je n'ai plus la distance nécessaire pour en juger. Je vais donc faire une repasse pour clarifier les choses.

Il y aura bien une suite !
Cette version du Sildaros que je publie ici, c'est la réécriture de la trèèèèès vieille version que j'avais rédigée il y a 19 ans (omg, je suis vieux !) quand j'étais au lycée. Or, ledit premier jet comptait un peu moins de 600 pages, et j'avais même la première moitié du deuxième tome. On en est très loin ici, j'ai encore du boulot !
En revanche, je ne pense pas que cette suite arrivera sur Plume d'Argent. Tu l'as sans doute lu dans l'annonce, la plateforme va (hélas !!! T_T) fermer ses portes au 31 octobre.
D'ici-là, je me concentre beaucoup sur Jaken Main-Noire et j'essaie d'anticiper cette fermeture pour rebondir, je n'aurai pas le temps de publier la suite du Sildaros ici je pense.
Mais si tu souhaites être dans la boucle pour pouvoir la lire, on peut évidemment rester en contact, je me ferai un plaisir de te la partager, et je la posterai sans doute sur d'autres sites d'écriture !

"Et peut-être qu'un chapitre un petit peu moins épic serait le bienvenu pour permettre aux protagonistes et au public de reprendre son souffle ?"
--> Il reste un ultime chapitre, le 15, à cette "première partie" du Sildaros avant qu'on bascule dans la deuxième phase du récit et qu'on retrouve une "situation initiale" où le lecteur pourra souffler un peu.
Je sais, c'est cruel de vous faire attendre avant de le publier, mais le contexte et mon temps libre font que... =/

Si tu glisses sur mes autres récits, sache que Jaken Main-Noire se déroule dans le même univers (on y retrouve d'ailleurs des personnages du Sildaros !) mais quelques décennies auparavant. Le style est résolument différent, j'avais envie de m'amuser donc le héros est un personnage cynique qui brise le 4eme mur pour envoyer des fions au lecteur.

Pour les Chroniques d'Irotia, on est davantage sur un pur thriller SF - futuriste sur fond de Space Opera, dans une société gangrénée par le crime et les mafias, avec des complots, des trahisons, des intrigues politiques... Ce n'est pas tout à fait le même genre ^^

Au plaisir,
Ori'
MrOriendo
Posté le 19/08/2025
PS : Ah si, à un endroit Roch explique aussi qu'il est "très difficile de repérer un enchanteur avant que l'éclosion complète de ses pouvoirs".
C'était aussi une phrase qui avait pour but de faire germer le doute dans le cerveau du lecteur en mode "mais, est-ce qu'il est VRAIMENT sur que c'est bien Liam ? Est-ce qu'il n'a pas pu se tromper ?"
C'est typiquement le genre de petites infos que j'adore semer pour qu'après le lecteur revienne dessus en mode "mais bien suuuuur !" et je me suis bien amusé à les disséminer dans ma réécriture :)
Sim
Posté le 20/08/2025
Bonjour Ori !

Je suis ravie de lire que je n'ai pas fini d'entendre parler du Sildaros !
Pour être tout à fait honnête, j'avais déjà mis Jaken Main Noire dans ma PAL il y a quelques semaines... Tu m'as aussi donné de lire les Chroniques d'Irotia, mais comme je viens de le découvrir, la plateforme ferme ses portes D:
Je ne sais pas si j'aurais le temps de tout lire avant le 31 octobre ! Alors je veux bien être dans la boucle pour suivre la suite de tes écrits c:
Par ailleurs, ça m'intéresse aussi de savoir où tu poursuivra ton aventure d'auteur parce qu'il va falloir que cherche moi aussi de nouvelles alternatives pour mes livres.

19 ans l'histoire ! Incroyable, et moi qui croyais que j'étais longue avec mes 9 ans et mes réécritures qui n'en finissent plus, ça m'inspire autant de persévérance ! :D
On ne peut pas dire que tu es vieux, allons ! Un adulte créatif est un enfant qui a survécu ! ;)

A bientôt !
MrOriendo
Posté le 20/08/2025
Hello Sim !
Je me suis permis de t'envoyer un petit MP sur Insta pour en discuter en privé.
Ne t'inquiète pas, la fermeture de PA m'a fait un choc à moi aussi, mais l'aventure est loin d'être terminée, il y a d'autres solutions et on pourra rester en contact :)

A très vite,
Ori'
Peridotite
Posté le 30/06/2025
Coucou Oriendo,

Je continue avec plaisir ton histoire, avec ce chapitre plein d’actions.

Fin du combat d’Elraza et d’Oriendo, ou presque, car Elraza préfère prendre la fuite via un portail.

Petite question : pourquoi avoir séparé cette fin de combat du chapitre précédent ? Je me suis dit qu’il aurait été intéressant, sur la forme, de finir sur l’ouverture du portail ? Mais c’est juste une réflexion en passant.

« Tout ce qu’elle avait à faire, c’était conjurer une lame de vent pour lui trancher la gorge. Il suffisait d’un mot. Un simple mot de pouvoir, et elle obtiendrait sa vengeance. »
> Pourquoi elle ne le fait pas ? Qu’est-ce qui la retient ? Je m'attendais à ce qu'elle lui tranche la gorge perso.

« Elle n’avait pas la force de voir ce petit corps gémir, avaler le poison et se détendre. »
> Oriendo a tué le fils d’Elraza ? Ou alors est-ce un faux souvenir insuflé par Morgulath ? Sinon elle aurait dû le hair depuis le début de l’histoire non ?

« Le monde pouvait bien brûler pourvu qu’Oriendo soit réduit en cendres.
Elle reprit le contrôle de sa magie à la dernière seconde. »
> Elle allait pèter un cable, mais s’est retenue au dernier moment ! Ça chauffe dans sa tête !

Pas sûre que le moment où elle boit la potion pour ne pas vomir soit utile. Après tout, elle n’est plus à ça près non ? Limite la faire vomir serait plus intéressant, montrant qu’elle est à bout. J'ai eu le sentiment que ça cassait l'action.

La fin est bien, ils se sont tous trompés depuis le début, la cata !

Il y a vraiment tout un enchaînement d’actions et d’ennemis. Sur la fin, je trouvais ça très dense et je ne savais plus bien qui attaquait quoi ! Un moment Elraza achève un cheval, je croyais que c'était l'autre, mais elle était encore en selle, une petite confusion dans ma tête dans ce paragraphe. Peut-être parce que tu as un paquet de noms propres dans ce chapitre ?

À la fin, comment Elraza résiste-t-elle à l’onde de choc ? Et est-ce que Liam est tué ?

Hâte de découvrir la suite !
MrOriendo
Posté le 30/06/2025
Hello Peri !

Ca fait plaisir de te retrouver ici ! Comme toujours, merci pour ton commentaire constructif, tes retours m'aident beaucoup à améliorer mes récits :)
Pour la fin du chapitre, c'est vrai que j'aurais pu couper au moment où Elraza bondit dans le portail à l'issue du combat contre Oriendo et Morgulath. Les deux peuvent fonctionner selon moi, c'est juste un choix narratif arbitraire de terminer le chap précédent avec la révélation de l'identité du "grand méchant" de l'histoire.

Concernant les hésitations d'Elraza, oui elle veut tuer Oriendo, elle est à deux doigts de le faire mais elle réalise que c'est la magie du seigneur Ombre qui décuple sa haine et elle parvient au dernier moment à reprendre le contrôle de sa magie et de ses émotions, car si elle l'avait assassiné de sang froid sous les yeux de Morgulath, il se serait engouffré dans la brèche pour la corrompre et faire d'elle une Ombre.

"Oriendo a tué le fils d’Elraza ? Ou alors est-ce un faux souvenir insuflé par Morgulath ? Sinon elle aurait dû le hair depuis le début de l’histoire non ?"
--> C'est leur fils à tous les deux, c'est vrai que tu avais lu le début de l'histoire avant que je corrige cette partie du récit. Asfael est l'enfant qu'ils ont eu ensemble, il est tombé malade de la putrescane et comme aucune magie ni remède ne permet d'en guérir, ils n'ont eu d'autre choix que d'abréger ses souffrances pour lui garantir une mort plus douce. C'est ce souvenir déchirant que la magie de Morgulath oblige Elraza à revivre.
La mort d'Asfael est aussi la raison pour laquelle Oriendo et Elraza s'étaient séparés et pour laquelle Elraza s'était exilée pendant près de 10 ans de l'autre côté des océans, avant son retour au début des évènements du Sildaros.
Donc oui, on peut dire en quelque sorte qu'Oriendo a "tué" le fils d'Elraza, mais c'était plutôt un geste de miséricorde auquel ils ont été contraints tous les deux et qu'elle a très mal vécu. Après, elle a eu 10 ans pour digérer ce trauma (même si on voit bien à plusieurs reprises dans l'histoire qu'elle en souffre toujours) et pardonner à Oriendo, donc au début de l'histoire elle est sincèrement heureuse de le retrouver.
Jusqu'au moment où elle découvre qu'il l'a trahie en lui volant son Oro'luin, et là, sa haine ressurgit. Ici, elle est amplifiée par le pouvoir de Morgulath, et ce qui la fait vriller, c'est quand elle découvre que le Seigneur Ombre a offert à Oriendo de ramener une personne à la "vie" en échange de ses "services", et au lieu de choisir Asfael, Oriendo a choisi de ramener sa nouvelle épouse, Anthéa.
Voilà voilà pour le topo, désolé c'est vrai que j'avais apporté pas mal de modifications à leur background à tous les deux, et je ne t'avais pas forcément tenue au courant, my bad !

"Il y a vraiment tout un enchaînement d’actions et d’ennemis. Sur la fin, je trouvais ça très dense et je ne savais plus bien qui attaquait quoi !"
--> Ca marche, je ferai une relecture à l'occasion pour voir si je peux simplifier un peu la fin du chapitre, merci de ton retour à ce sujet :)

Au plaisir,
Ori'
Peridotite
Posté le 01/07/2025
"Les deux peuvent fonctionner selon moi, c'est juste un choix narratif arbitraire de terminer le chap précédent avec la révélation de l'identité du "grand méchant" de l'histoire."
> Oui les deux fonctionneraient. Il est aussi possible de couper ce chapitre en deux et de faire 2 courts chapitres. Question rythme, comme il y a beaucoup d'actions, ça fonctionnerait aussi. Enfin, je dis ça comme ça histoire de papoter et de refléchir au meilleur, faut voir.

"mais elle réalise que c'est la magie du seigneur Ombre qui décuple sa haine"
> Ah ok, j'avais pas forcément compris ce point. Pour moi, elle était en mode haine.

Intéressant tout ce background, il n'était pas dans les précédentes versions. Ça enrichit bien leur relation. C'est vrai qu'Oriendo est franchement un pourri dans ce cas-là, mais bon, faire revenir quelqu'un à la vie, c'est peut-être pas une bonne idée tout court.

J'espère que tout récit trouvera éditeur, j'aurais grand plaisir à le relire pour découvrir tous les changements et la version finale. Franchement il est cool ce récit, y a moyen. :-)
MrOriendo
Posté le 01/07/2025
Oui, question découpage il y a plein de possibilités avec ce récit. Mon choix n'est ni arrêté, ni définitif. C'est clair qu'une fois la réécriture de l'histoire achevée, je ferai une grosse repasse pour améliorer pas mal de petites choses et ce sera le moment parfait pour prendre un peu de recul et envisager de séquencer différemment la narration.

"Ah ok, j'avais pas forcément compris ce point. Pour moi, elle était en mode haine." --> Ok, donc il y a peut-être un point à retravailler ici. Merci encore une fois de ce retour précieux, ce sont les détails comme celui-ci qui font la différence !

"Intéressant tout ce background, il n'était pas dans les précédentes versions. Ça enrichit bien leur relation."
--> Oui, je voulais vraiment donner un rôle plus important à Oriendo, lui rajouter de l'épaisseur. Etant donné le scénario, ça passait forcément à mes yeux par un renforcement de son background commun avec Elraza. J'ai donc fait une repasse sur les chapitres précédents pour y intégrer ce lore par petites touches. Par exemple, la rencontre d'Elraza avec Hobb et Day est l'occasion pour elle de se souvenir d'Asfael, car elle note une similitude troublante entre Day et son fils décédé, ce qui lui fait de la peine. C'est plein de petites choses comme ça qui, mises bout à bout, ont donné une autre dimension à leur relation et à la trahison d'Oriendo !

"J'espère que ton récit trouvera éditeur, j'aurais grand plaisir à le relire pour découvrir tous les changements et la version finale."
--> Héhé, c'est gentil merci ! Au boulot maintenant !
Raza
Posté le 21/06/2025
Coucou !
Bon, je suis content d’avoir pu prendre le temps de revenir vers cette histoire, devant un PC.
Ici, on retrouve Elraza blessée. Je me suis demandé à un moment s’il n’y avait pas un presque combat de « elle va tomber du côté obscur ! » mais… Je ne suis pas sûr. Comme une sorte d’occasion presque là ? Je ne sais pas, c’est pas hyper précis.
La fin de ce chapitre est bien sûr délectable, bien que je me sente obligé de remarquer que si la surprise est là, la méthode narrative est assez vue (mort d’un parent = découverte de ses pouvoirs).
Perso, je me rappelais (malgré l’arrêt!) que Liam n’était pas seul quand il jouait sur la falaise, et je me suis dit : surprenant, mais pas absurde, super ! <3
Pour le rythme, je pense qu’en enlevant quelques phrases de ci de là tu gagnerais en intensité, pour « resserrer » le tout, mais c’est un avis très très personnel !
J’espère maintenant la suite, bien sûr, ne les laisse pas sur le bas côté !

Quelques notes :
 Quelle que soit la raison de son retard, Elraza ne pouvait plus compter sur son aide. Elle devait trouver une solution pour sortir de ce guêpier toute seule.
→ quelque répétition d’idées par là.

À cause de lui, les renégats avaient exécuté Cornefer, massacré les habitants de Tord-la-Falaise et transformé Mæve en monstre.
→ ici c’est un récapitulatif qui m’est salutaire car je reprends après longtemps, mais est-ce vraiment nécessaire ,

Elle s’accrocha à Ori de toutes ses forces, conjura toute sa magie pour lui barrer le passage. À trois reprises elle renversa ce maudit flacon, mais il ne cessait de réapparaître au creux de sa main.
→ pas très clair ici ?

L’ar’lycha avait torturé cet Oro’luin pendant des mois pour le soumettre à sa volonté. Elraza percevait encore les effluves nauséabondes de nécromancie qui émanaient de sa chevalière. Il lui faudrait du temps pour purifier ce réceptacle et tisser une relation de confiance avec son hôte.
→ j’aime beaucoup ce passage, avec le parallèle avec un animal.

« La faible rafale qu’elle invoqua ne parvint même pas à ralentir la créature. » → je ne me rappelle plus, Elraza n’a pas ou très peu de magie « à elle », ou bien elle est trop fatiguée ?

« Morgulath ne partageait pas un lien aussi puissant que Mæve avec les mortifères » : mais pourquoi ? 

« Car dans ce vortex de magie impénétrable, les yeux de Day luisaient de reflets argentés. » mais bien sûr ! Jolie surprise !
MrOriendo
Posté le 21/06/2025
Hello Raza !

Ca fait plaisir de te retrouver par ici !
Héhé, je vois que tu as remarqué qu'Elraza flirte à plusieurs reprises avec "le côté obscur" au cours de l'histoire, je n'en dis pas plus à ce sujet mais tu as raison, cela fait déjà plusieurs fois que la balance oscille en ce qui la concerne.
C'est intéressant car tu es le premier à me faire la remarque !

La méthode narrative est assez vue, car j'ai écrit l'essentiel de cette histoire il y a maintenant 15 bonnes années et même si je corrige/retravaille, je n'ai pas non plus envie de démonter complètement tout mon scénario original. Donc oui, il y a des choses qui peuvent sembler remâchées ici. Pour autant, à mes yeux la vraie surprise, c'est plutôt la révélation que Liam n'est pas l'Enfant de Shâat. C'est autour de cette idée-là que j'ai essayé de construire le climax de fin de chapitre, pas la manière dont il découvre ses pouvoirs.

Je ne me rappelle plus, Elraza n’a pas ou très peu de magie « à elle », ou bien elle est trop fatiguée ?
--> Pour te répondre, Elraza est (beaucoup) moins puissante sans son Oro'luin, mais elle reste tout de même une enchanteresse redoutable. Mais là, elle sort d'un combat contre Maeve qui a brûlé (et au sens propre, puisqu'il s'agissait de sombrefeu) ses réserves de magie, donc oui, elle est épuisée. Et ça va encore plus se ressentir dans le chapitre suivant, d'ailleurs.

→ pas très clair ici ?
Hmm. Mon idée est qu'elle est ici plongée dans une réminiscence (qu'on pourrait même qualifier de traumatique), donc même si elle utilise sa magie pour essayer d'en changer l'issue, elle ne peut y parvenir. En gros, elle est spectatrice de son souvenir, elle se revoie à ce moment, elle fait tout pour que la fin ne soit pas celle dont elle se souvient, mais même si elle brise le flacon par terre, il réapparait dans sa main car la finalité du souvenir est écrite et inaltérable. Dans ma tête, ça semblait assez clair et visuel, mais il y a peut-être quelque chose à retravailler de ce côté du coup, merci de le pointer du doigt !

« Morgulath ne partageait pas un lien aussi puissant que Mæve avec les mortifères » : mais pourquoi ?
--> Morgulath a ramené Maeve à la vie, mais même si elle est condamnée à lui obéir et le servir, ça ne veut pas dire qu'il contrôle totalement les mortifères de Maeve, voit ce qu'elle voit, ressent ce qu'elle ressent, etc... En tout cas, c'est comme ça que je conçois les choses ^^

Au plaisir,
Ori'
Raza
Posté le 22/06/2025
Pour le dernier point, je me rends compte que j'ai cru que Morgulath était moins lié que Elraza, c'est pour ça que je comprenais pas ! oui, j'ai juste mal lu.
Pour le souvenir, j'avais compris l'idée de la scène, mais c'était confus pour moi. Après ça peut être ce que tu veux obtenir comme sensation, vuq ue c'est un souvenir/réminiscence :)
À bientôt et bon courage !
Edouard PArle
Posté le 15/05/2025
Coucou Oriendo !
Ohhh pas mal ce chapitre !
Bon déjà, tu esquisses l'étendue des pouvoirs immenses de Morgulath, ce qui est intéressant. Je suis curieux de voir comment tu vas le développer, si c'est effectivement lui qui va prendre la place de grand antagoniste. Peut-il seulement être vaincu ? Comment ? Pour l'instant il semble proche de l'invincibilité.
Tout l'affrontement de fin de chapitre est bien décrit, tendu. La mort du cheval est assez horrible. Pour Hobb, il y a peut-être moyen d'avoir encore un peu plus d'effet en gardant cet effet de brutalité. Peut-être que la narration peut ne pas annoncer directement qu'il est condamné, laisser la scène parler d'elle-même. En tout cas, cette mort n'est pas gratuite et tant mieux, elle permet de dévoiler les pouvoirs de Day, avec un petit twist sympa. Ca pose quelques questions intéressantes : comment ont-ils pu se tromper ? à quoi va servir Liam ?
Curieux de la suite !
Petite remarque :
L’Oro’luin en fut destabilisé. -> L'Oro'luin fut déstabilisé ?
Un plaisir,
A bientôt !
MrOriendo
Posté le 15/05/2025
Hello Edouard !

Un grand merci pour ton commentaire et tes compliments, content de voir que ce chapitre fonctionne aussi bien ! J'ai mis un temps considérable à le réécrire, je n'arrêtais pas de corriger, effacer, reprendre, modifier, raturer, recommencer... Bref, tu as compris l'idée ^^
Il faut dire que c'est un tournant assez crucial de l'histoire et que je ne voulais pas le rater.

Pour répondre à ta question, oui : Morgulath est le grand antagoniste de mon univers, le premier des Seigneurs Ombre, l'ennemi juré de Galar Im'Radiel, celui qui a corrompu Domadan Eren et tous les autres Ombres. C'est pour cette raison qu'il est aussi présent dans Jaken, puisque les deux récits se déroulent dans le même monde à quelques décennies d'intervalle. S'il semble proche de l'invincibilité, car c'est vrai que ses pouvoirs sont effrayants, il existe pourtant un moyen de le vaincre. Evidemment, tu te doutes bien que je ne vais pas le révéler maintenant :p

La mort des deux chevaux est assez horrible. Entre Ecume qui termine éventrée, et Blancrin qui se fait dévorer de l'intérieur par une plante carnivore... brrrr ! Pourtant, je te promets que j'aime bien les chevaux, je n'ai rien contre eux, juré !
Tu as peut-être raison concernant la mort de Hobb. À vrai dire, je trouvais que cette phrase "Son indécision coûta la vie de Hobb" sonnait bien, mais c'est vrai qu'elle atténue aussi le choc et le drame de sa mort. Je verrai si je décide ou non de la supprimer. Concernant le forgeron, je me suis abstenu de décrire précisément sa mort, je ne voulais pas tomber dans le scabreux ou le macabre inutile. J'ai préféré passer par un jeu de regards pour exprimer sa stupéfaction. J'espère que c'était le bon choix.

On en arrive à Day, le véritable Enfant de Shâat. L'un des nombreux twists que je gardais sous le coude. Je ne vais évidemment pas répondre concernant l'avenir de Liam, mais ne t'inquiètes pas, il a toujours son rôle à jouer dans cette histoire.

Quant à la méprise de Roch et d'Elraza... Le jour où les pouvoirs de Day ont commencé à se manifester, ils étaient deux au bord des falaises. Roch le dit très clairement quand il raconte les évènements dans le chapitre 6 :
" Êtes-vous bien sûr que ce garçon est sensible à la Shâat ?
- Absolument certain. Je l'ai vu de mes propres yeux jouer avec son ami Day près des falaises. À un moment donné, Liam a glissé et basculé dans le vide."
C'est Liam qui est tombé des falaises. C'est Liam dont la chute a été amortie par la magie, donc Roch en a conclu que Liam était un enchanteur. Alors que c'est son ami Day qui l'a sauvé ce jour-là.

Il y avait d'autres indices qui laissaient deviner la vérité. Par exemple, quand Elraza entre en crise d'aesirg chez le forgeron, après avoir compris qu'Oriendo les a trahis et lui a volé son Oro'luin, la scène bascule du point de vue de Day et le garçon entend le chant des Dragons, que seuls les enchanteurs sont capables de percevoir.

"Day acquiesça mais resta pétrifié, son regard figé sur l’enchanteresse. Quelque part dans le lointain, il entendit une mélodie puissante portée par une voix grave et envoûtante."

Bref, ça ne sortait pas de nulle part non plus ^^
Mais Roch a fait un raccourci malheureux et Elraza a eu confiance en son jugement.

Au plaisir,
Ori'
Edouard PArle
Posté le 15/05/2025
Oui, merci de me remettre ces passages ! Bien joué pour les petits indices sur Day^^
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