Chapitre 15

    I hugged the few members of my family still there, kissed Amelia and got in the cab where Ergis was already seated.
    I let my head rest against the window and closed my eyes. I couldn’t leave the party early, so we’d come up with plans to deal with Sam, then Ergis went to convince my cousin she should not tag him, while I’d phoned Bénédicte and lied to her some more.
    Yes that was Sir Perfecto, but he just randomly happened to be a cousin of Laetizia. I don’t think she bought it, but she could feel how bad I was and she didn’t insist.
    I couldn’t find sleep for ages and when I finally did it only got me into the weirdest dreams ever. In one I could remember, Ergis was eventually selling me to Sam against a magic cure for Aldan, who eventually walked in into my wedding to snatch me away, only he didn’t recognize me because I was Laetizia.
    — Il sait où tu habites ? Asked Ergis squeezing the car between two trucks on the highway.
    — Je ne le lui ai pas dit, mais ce ne serait pas la première fois qu’il m’espionne.
    — Ok, donc on fait un détour pour chercher tes affaires et ton chat. Tu n’y vas pas toute seule.
    — Qu’est-ce que je fais une fois chez vous… Je suis censée reprendre le travail mercredi. Je pourrais grapiller trois jours si je fais semblant d’être malade, mais pas plus. Et je ne peux pas disparaître de la circulation. Mon amie Bénédicte est très inquiète parce que j’ai un comportement inhabituel, et maintenant c’est pire parce qu’il y a Sam qui fait des siennes. On fait quoi si elle appelle la police ?
    — Il faut qu’on y réfléchisse calmement et qu’on décide.
    The rest of the trip was pretty much silent until we reached Ergis’ car in the underground parking at Roissy. I sent some empty texts to Bénédicte so she would know I was fine, to which she answered saying I had 48hrs to tell her what was really going on. I was fighting tears again when a message from Aldan made me feel better.

    Are you out of the airport yet ?
    When will you be there ?

    Not sure. Heavy traffic

    Have you had lunch ?

    Not yet

    I’ll ask Ayatas to fix you something.

    — Il dit quoi ?
    — Il demande si on a mangé. I said, feeling weird.
    I fiddled with my phone cover for a while, not daring to open it even if I’d felt it buzz again. Was Ergis jealous or something ? He’d said they were cousins so I’d assumed they just knew each other from childhood, but yet again I knew nothing of telepaths families, and I was still unsure I wanted to ask.
    I watched the cars come closer and closer as the highway poured itself into the périphérique around Porte de la Chapelle and sighted. I’d only been away from Paris for not even four days yet it felt like it was in another life.
    I counted on my hand, not trusting my memory. Wednesday. Thursday. Friday. Saturday. Sunday. Five days since Ergis had barged in as I was opening my door.
    — How did you even know where I’d go after the bar ?
    — Je t’ai suivi dans le métro. Théo a ramené la voiture.
    — Ton binôme ? C’est un télépathe aussi ?
    — Non. On est en binôme avec des humains chez nous. De toutes façons on est toujours en sous-effectifs, si on devait mettre que des télépathes on fermerait le département.
    Je me retins de lui dire que pour quelqu’un qui avait l’habitude des humains, il n’avait pas l’air d’avoir appris grand chose. A part la clope.
    Je regardai dans le vague, hypnotisée par le défilement d’arbres sur le bord du périphérique, et baillai.

    I have freed my day tomorrow
    So I have time to teach you to answer
    Oh. And I sent Ayatas to the shop for cat supplies

    Thanks this is really nice of you
    Really
    Thank you very very much

    I closed my phone and blinked at it a few times, bothered by something I couldn’t quite pin out. Ergis drove out of the périphérique and into Paris.
    — Tu veux que je monte d’abord vérifier ?
    I shook my head. I had freaked out yesterday yes, but I was determined not to let the fear of Sam get the better of me anymore. But I did feel like I could use a hand with that, so took my phone out, and called Ergis.
    Je sortis de l’ascenseur sur le qui-vive, mais le corridor était vide. Je sonnai chez la voisine sur un coup de tête.
    — Je voulais vous remercier pour Sushi. Ça s’est bien passé ?
    — Un amour. Il a même pas vomi.
    — Tant mieux ! Merci encore !
    J’avais déjà mentionné mes fiançailles cauchemardesques à Mme Mousset. Si elle avait vu quelqu’un rôder, elle me l’aurait dit.
    Je rentrai chez moi, attrapai un Sushi trop heureux de mon retour pour se douter que j’allais lui faire subir la boîte, et remplit rapidement un sac IKEA de nouveaux vêtements. Je rangeai mon ordinateur et mes câbles dans un sac à dos, puis récupérai mon pistolet et ma cartouche obi-wan et les fourrai dans mon sac à main avec un certain soulagement.

    J’émergeai de la voiture les oreilles boutonnantes des hurlements désespérés de Sushi dans sa caisse de transport. Même Ergis n’avait pas réussi à lui faire comprendre que nous n’allions pas chez le vétérinaire. Ce n’est que lorsque je tirai la caisse de la banquette arrière et rentrai dans la maison qu’après un dernier miaulement interrogatif et des reniflements répétés, il accepta de se calmer.
    Je le laissai un peu enfermé dans la chambre à l’étage où j’avais déjà dormi, et rejoint Aldan et Ergis dans la cuisine.
    — Sers-toi, dit Ergis en me tendant une assiette.
    — Où en est-on, du coup ? Demanda Aldan en me sortant un verre du lave-vaisselle.
    — J’ai demandé à un collègue allemand un coup de main. Il a trouvé une docteure Vogel. Elle travaillait à la Private St. Gwendolin Clinic à Portland jusqu’en 1991. Elle est à la retraite a Stuttgart.
    — Est-ce qu’il faut aller la voir ? Dis-je en me rasseyant avec une grosse assiette de légumes sans oser demander s’il y avait des protéines.
    — Je pense que c’est une perte de temps, fit Ergis entre deux bouchées.
    — Pourquoi ?
    — C’est mon intuition. On mettra peut-être plusieurs jours - que nous n’avons pas - à la convaincre de nous parler, et même si elle avoue avoir été impliquée elle n’aura plus accès aux dossiers et on n’aura toujours pas de liste de potentiels parents de chimères.
    — Ce sont des victimes dans cette histoire, dis-je, agacée. Tu pourrais avoir un peu de respect pour eux.
    — Ce n’est que la vérité.
    — Ergis s’il te plait, tempéra Aldan. Je suis d’accord avec toi, cependant. Autant aller directement à la clinique. Quand est-ce que tu penses pouvoir y aller ? Ça va passer avec le travail ?
    — J’ai plein de vacances en retard. Et comme je viens de me prendre un blâme je pense que personne ne trouvera bizarre que je prenne une semaine en guise de revanche. Les humains font ça tout le temps.
    Je me retins de rouler des yeux. C’était les seuls trucs que Ergis avait appris en travaillant auprès d’humains ? Le tabagisme, et le passif-agressif ?
    — Bon. On te laisse t’organiser alors. Victoire, tu restes ici en attendant ? Le temps que ton ex se lasse ? Tu reprends le travail quand ?
    Je regardai mes genoux.
    — Si ça ne dérange pas…
    — Pas du tout.
    — Je reprends le travail mercredi. Je devrai rentrer chez moi mardi soir. Mais j’ai un autre problème…
    Je renversai mon verre d’eau en le posant bancal sur le couteau.
    — Comment ça ? Demanda Aldan.
    Ergis attrapa un torchon derrière lui et me le tendit. J’essuyai tant bien que mal la table et épongeai un peu mon jean.
    — Je n’ai qu’une vraie amie. Elle s’appelle Bénédicte. Sans elle je ne serais peut-être même pas en vie aujourd’hui. Je veux pouvoir lui dire la vérité.

    Tu es où ?

    Devant Monop

    Te vois pas
    Ah si !

    Je pris Bénédicte dans mes bras comme si je ne l’avais pas vue depuis des mois et reniflai pour retenir une larme.
    — Ça va ? Me demanda-t-elle en me dévisageant. Tu as l’air fatiguée.
    Je me poussai pour laisser un promeneur sans gêne passer entre nous pour entrer dans le magasin.
    — C’est compliqué en ce moment. J’ai du mal à dormir. Désolée de t’avoir fait échanger ta garde.
    Elle me tendit un mouchoir et sourit.
    — Tu as vraiment une sale tête. Tu veux aller où ?
    — Je t’invite au barbecue japonais. Tu sais, celui qu’on a dit qu’on devait essayer.
    Et que j’avais choisi exprès parce que je ne le connaissait pas à l’époque où je vivais avec Sam. Je lui montrai une rue qui s’éloignait du métro aérien.
    — C’est par là.
    — Je te suis. C’est perfecto qui t’a déposée, non ? Il me semble l’avoir reconnu.
    J’inspirai un peu fortement. Inutile de tourner autour du problème. J’avais promis la vérité.
    — Il s’appelle Ergis. Mais te fais pas des idées, c’est un con. Je pense pas qu’il soit dangereux, mais c’est un con.
    Béné rit.
    — Si tu es en train de me dire que tu sors pas avec lui, c’est bon, je te crois.
    — Il y a autre chose, mais si tu veux bien je préfère qu’on s’asseye et qu’on mange.
    Good luck !
    — Pourquoi tu souris dans le vague ?
    — Ça a un rapport avec le reste que je t’expliquerai à table, dis-je en chassant le sourire qui m’avait sournoisement échappé. Tu veux bien entrer l’adresse dans ton GPS ? C’est pas très loin.
    Elle me fit un sourire entendu, sortit son téléphone et tapa l’adresse que je lui dictais. Nous suivîmes consciencieusement le point bleu et arrivèrent devant la devanture.
    — Et bien, heureusement que j’ai réservé, dis-je en constatant que l’intérieur était plein.
    — Ça a intérêt à être bon à ce prix-là.
    — De toute façon aujourd’hui c’est ma mère qui paie. Fis-je en pensant au compte américain que je n’utilisais jamais.
    Je poussai la porte et nous prîmes place à la tablée que le serveur nous indiqua, satisfaite de voir que l’ambiance bruyante m’aiderait à parler sans devoir baisser la voix sans arrêt. J’ôtai ma veste avec hâte. Certains clients avaient déjà commencé à manger et les pierrades chauffaient la pièce comme des radiateurs, l’alléchante odeur de viande en plus.
    Le serveur nous apporta les cocas que nous avions commandés et je sirotai le mien en essayant de ne pas voir que Bénédicte attendait manifestement que j’aborde le sujet qui fâche. Je sentais mon estomac se serrer dès que je tentais d’ouvrir la bouche.
    — Commence par le début ? Tenta Bénédicte sans vraiment me regarder non plus.
    Sauf que le début se perdait tellement loin dans les limbes de ma mémoire - et avant ma naissance - que je secouai la tête désespérément.
    Je regardai mes mains sans les voir avec l’impression que du sable s’était incrusté dans les rouages de ma tête. Mes pensées étaient grippées. Mon disque rayé. Je revis brièvement la mention « ERREUR X » sur le résultat de l’analyse ADN dans la main d’Ergis.
    — Je suis une chimère, m’entendis-je dire.
    Bénédicte fronça les sourcils.
    — Comment ça ?
    Je lui fis signe que j’attendais le serveur, et tripotais mes couverts en attendant que les bols de viande crue et de légumes soient disposés sur notre table. Je jetai un coup d’oeil à la porte en m’interdisant de penser à m’enfuir, puis regardai par la devanture pour vérifier que la silhouette de Sam ne s’y trouvait pas.
    La vue de la nourriture m’avait coupé l’appétit. Impossible d’inspirer sans avoir la nausée. J’en vins presque à espérer que Bénédicte prenne peur et me laisse en plan tout de suite, histoire d’être fixée.
    Finalement le serveur repartit vers les cuisines.
    — J’ai été obligée de faire un test ADN mardi soir. Je suis à moitié humaine, à moitié télépathe.
    Ma bouche continua de parler toute seule.
    — Tu n’es pas obligée d’en savoir plus si tu ne veux pas rester… si c’est choquant ou je sais pas.
    God, was the family on my right always so noisy ? Do they think they are alone in here ? What’s so exciting about grilling mushrooms ?
    I put my fork on the table and buried my shaking hands between my thighs. Fork was crooked anyway. And the table had a small chip on a corner.
    Yes your dad is fifty. Good for him. Please shut up now.
    — Ce n’est pas une blague, n’est-ce pas.
    I couldn’t help but look up to her, desperately looking for a clue about what she thought of me right now.
    — Non, I croaked. So right now you would be expected to take me to a police station and hand me over.
    — Ecoute, she said cooly after another moment that felt like eternity. Je te connais depuis cinq ans. Je ne t’emmène pas à la police. On va finir cette viande, parce que ni toi ni moi n’aimons gaspiller. Tu vas m’expliquer un peu de contexte. Ensuite je vais rentrer chez moi, et je vais réfléchir.

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