Chapitre 16 : La chute

Le chasseur ne comprit pas la phrase du Seigneur Sith, mais ces quelques mots l'effrayèrent. Ne pensant qu'à s'enfuir loin de ce guerrier qui le terrifiait, Orn saisit le sabre-laser, prêt à partir loin de la ville flottante. Seulement, lorsque sa main toucha l'arme dorée, le Twi’lek fut confronté à des émotions qui n'étaient pas les siennes. Ses pensées furent remplacées par celle d'une jeune fille entourée de ses amis les plus proches. Ses mains devinrent entièrement rouges, sans aucune trace de vitiligo. Ses yeux lui montrèrent un paysage entièrement différent du sien. Le long couloir blanc fut remplacé par une route bétonnée, et le toit s'effaça pour montrer un ciel grisâtre, couvert de vaisseaux de convenance et de croisières. Non loin de la fille et de ses amis, un grand monument se dressait contre l'horizon, jaunâtre et illuminé à la base.

Composé de pierre, le bâtiment était immense, presque comme une pyramide, mais plus large, avec un toit plat et moins haut. Sur ce toit, quatre tours entouraient un autre pilier encore plus grand, surplombant le groupe de sa croix. Orn reconnut immédiatement le Temple de Coruscant, monument de la Capitale de la Galaxie. À ses côtés - ou plutôt, aux côtés de la jeune fille - une grande femme, habillée de vêtements amples jaune et gris, marchait d'un pas rapide, suivie de trois soldats en uniforme blanc, avec une centaine d'autres de leurs semblables derrière. Son visage était fermé, entouré de ses cheveux crépus blancs qui contrastaient avec sa peau d'un noir intense. Son bras gauche était raccourci, sans avant-bras et entouré de bandages. À sa ceinture pendouillait un sabre-laser à la poignée violacée, et la jeune fille se pressait pour rester à son niveau. La femme se tourna vers elle, le regard s'adoussiçant légèrement face à la fille.

"Padawan, je me dois de te féliciter. Ta manœuvre nous a sauvé la vie," dit-elle d'une voix grave et mélodieuse.

La concernée sourit grandement face à ce compliment, oubliant tous ses enseignements sur l'humilité. Son Maître sourit à son tour, levant les yeux au ciel. À la droite de la jeune fille, un soldat se mit à rire, et enleva son casque noir et blanc, révélant son visage hâlé et couvert de cicatrices. Un sourire chaleureux animait ses lèvres.

"La Générale Paasik a raison, Taano ! Merci d'avoir sauvé mes hommes… Tu me surprendras toujours, petite Commandante," dit-il d'une voix rauque, semblable à celle de Boba Fett.

Sa phrase terminée, il se précipita doucement sur la jeune Padawan et la serra dans ses bras. Taano lâcha un petit rire de surprise et lui rendit son étreinte.

"Après toutes ces années de combat, c'est un plaisir de te voir grandir," avoua-t-il d'un ton paternel.

La concernée eut un sourire éclatant. Elle avait passé tellement de temps aux côtés du Commandant Flare qu'elle s'était attachée à lui, le voyant comme le père qu'elle n'avait jamais eu, aux dépens du Code Jedi que son Maître lui inculquait.

"Faites attention, Commandant. Vous commencez à devenir sentimental…," commenta la femme en riant doucement.

Le concerné laissa s'échapper un petit rire avant de briser son étreinte. Derrière Taano, le Capitaine Sixes lui tapota l'épaule en signe d'affection, pour dire à la Padawan que le Bataillon entier rejoignait le Commandant dans son attachement envers la jeune Twi'lek. Cette dernière esquissa un sourire éclatant, profitant de ce bref moment de répit pour savourer sa victoire et profiter de ses amis en dehors des combats. Elle sentait que son Maître partageait sa réjouissance, bien que la Jedi se forçait à dissimuler ses émotions afin de garder une expression sérieuse. Cette sagesse émanant de la grande femme rappela à Taano que la guerre n'était pas finie. Le 66ème Bataillon avait beau avoir survécu à l'assaut des Séparatistes, le Général Grievous était toujours en vie et ses plans étaient inconnus du Haut Conseil Jedi. Cependant, les Maîtres Jedi sentaient qu'un danger pesait sur le Temple de Coruscant, bien qu'ils n'en sussent pas plus.

D'un pas rapide, les deux guerrières et les trois soldats s'avancèrent vers le Temple Jedi, s'apprêtant à rejoindre la Sentinelle Elyott Corpa et son Bataillon autour du lieu sacré. La compagnie continuait son chemin dans un silence paisible et agréable, empreint d'une confiance infinie. Taano effleura son sabre-laser de sa main, songeant à son meilleur ami, loin d'elle, sur la planète Bracca. Il lui tardait de se réunir avec les autres Padawans qui s'étaient entraînés à ses côtés lorsqu'elle était encore une Novice. À ses côtés, son Maître était perdue dans ses pensées, réfléchissant aux dernières instructions du Haut Conseil. Mais le silence enveloppant le groupe fut brisé lorsque le Commandant Flare reçut un message via son communicateur. En même temps, la femme porta sa main à son cœur, la respiration troublée. Elle trébucha, une expression indescriptible sur son visage. Taano sentit la détresse de la Jedi et se tourna vers elle, marchant toujours et soutenant la Jedi.

"Maître ? Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle d'un ton inquiet.

"Quelque chose… quelque chose ne va pas…," répondit la femme sous son souffle, paniquée et confuse.

La jeune Twi'lek s'arrêta aux côtés de la femme, qui porta sa main sur son sabre-laser. Alors que Taano s'apprêtait à lui demander la raison de ses actions, elle aperçut du coin de l'œil les trois soldats gradés, qui s'arrêtèrent d'un seul homme et les prirent en joue. Derrière eux, la centaine de soldats les suivant imitèrent leurs supérieurs. Tout se passa très vite. La Padawan observa son Maître brandir son arme, activant la lame orangée. En même temps, un coup de blaster surgit, dirigé contre la Jedi.

Le Commandant Flare venait de tirer sur la Générale.

Les autres soldats l'imitèrent. Tous, même le Capitaine Sixes, tirèrent sur les deux guerrières. Chaque coup était dévié par la Générale avec une grâce dansante, et elle fut bientôt rejointe par son élève. L'instinct de survie de Taano la poussa à prendre les armes contre ses amis. La jeune Twi'lek prit son sabre-laser, activant les deux lames blanches. Faisant tournoyer son arme, elle dévia les tirs un à un, reculant aux côtés de son Maître. Chaque coup dévié, chaque tir surgissant des blasters blessaient les deux guerrières, augmentant leur détresse et diminuant leurs chances de survie. Les deux ne comprenaient pas ce qui avait changé. Pourquoi les soldats qui avaient combattu pendant des années aux côtés des Jedi voulaient maintenant exterminer ces gardiens de la paix ?

Assaillies de toutes parts, la Jedi se jeta devant sa Padawan, prenant pour elle un coup que Taano ne pouvait éviter. La Générale poussa un cri de douleur, mais reprit le combat, n'attaquant jamais mais protégeant la jeune Twi'lek.

"Maître !" hurla cette dernière, prise de panique.

Troublée par la blessure de la femme, Taano baissa sa garde un bref instant. Un coup de blaster s'écrasa sur l'épaule de la Padawan, qui lâcha une exclamation de surprise et de souffrance. Levant la tête, son sang se glaça lorsqu'elle vit le Commandant Flare brandir son blaster dans sa direction.

La Générale Paasik fut prise d'une terreur intense, craignant pour la vie de son élève. Avec un cri de rage, elle utilisa la Force, tendant la main, et attira un Clone vers elle. Lorsque le soldat fut près d'elle, la Jedi le transperça de sa lame orangée. Se défendre était inutile. Il était temps de se battre, même si cela signifiait devoir tuer leurs camarades.

Le Maître Jedi souffla avec calme, se rapprochant de la Force. Elle dévia chacun des tirs, les renvoyant à l'envoyeur. La Générale démontra une concentration intense, se prouvant à la hauteur de son titre de Maître. Faisant appel à la Force, elle poussait des Clones, plaquait d'autres au sol et avançait, neutralisant les soldats autour d'elle. Ses mouvements ressemblaient à une danse dangereuse et meurtrière, mais la Jedi ne se faisait pas d'illusions. Elle savait qu'elle ne pouvait rien contre des centaines de soldats entraînés dès la naissance. La Générale Paasik n’avait pas comme objectif sa propre survie. La survie de Taano et du futur de l’Ordre Jedi, en revanche, l’était.

"Padawan, va protéger les Novices !" lui ordonna-t-elle d'une voix essoufflée et hâtive.

La concernée, qui se protégeait simplement des soldats qui l'attaquaient, se révolta à la simple idée d'abandonner son Maître.

"Je ne vous laisserais pas !

— C'est un ordre, Taano! Laisse-moi !"

La Jedi se retourna, puis poussa son élève via la Force, l'éloignant du combat. Taano s'apprêta à revenir vers son Maître, mais cette dernière lui lança un regard désespéré et suppliant. Un regard qui voulait dire : ne rend pas cela plus dur que ça ne l'est.

Face à l'expression de détresse infinie de la Générale, la jeune Twi'lek désactiva son sabre-laser, puis se mit à courir vers le Temple, les larmes coulant sans retenue.

"Ne laissez pas la petite s'enfuir ! Nous nous occupons de la Jedi," cria le Commandant à l'intention de ses hommes.

Cet ordre fit tressaillir la Padawan, qui s'arrêta précipitamment lorsque deux Clones lui barrèrent le passage. Consciente du sacrifice de son Maître, Taano activa son arme, prête à se battre pour protéger les Novices. Séparant les deux lames, elle s’élança vers un des soldats et le frappa de son arme. La jeune Twi'lek se servit de son autre sabre-laser pour parer un tir. Une fois le premier Clone mort, elle se tourna vers l'autre soldat et lui coupa le bras. La Padawan le transperça ensuite avec sa lame blanche, puis désactiva son sabre-laser, joignant les deux poignées ensemble.

Elle continua sa course, se précipitant vers le Temple. Plus elle en approchait, plus les environs se trouvaient peuplés de Jedi et de Clones qui s'affrontaient. Taano se força à ignorer ses semblables qui tombaient un à un, concentrée sur la mission que son Maître lui avait confiée.

L'adrénaline coulait dans son sang, la poussant à courir aussi vite que ses jambes pouvaient la porter. La Padawan ignorait avec une détresse grandissante les Jedi qui combattaient autour d'elle, affrontant leurs frères d'armes. La jeune Twi'lek arriva enfin à l'entrée du Temple. Des Sentinelles, gardiens du lieu sacré, avaient activé leur sabre-lasers jaunes et blancs, et protégeaient l'entrée du Temple de leur vie. Autour d'eux, les Clones tombaient l'un après l'autre, tués gracieusement par les guerriers masqués. Ceux avec des armes à deux lames faisaient preuve d'une agressivité plus grande et utilisaient la Force pour détruire leurs ennemis. Les Sentinelles avec des sabre-lasers simples, quant à eux, étaient rapides et furtifs, faisant appel à la Force pour augmenter leur vitesse et agilité. Ils sautaient, puis fondaient sur les soldats de la République. Le sol se couvrait de corps, et le sang tachait les pierres claires du Temple. 

Cette violence enragée venant des Jedi frappa la Padawan, qui sentait sur les Sentinelles l'influence du Côté Obscur. Les guerriers masqués laissaient leur rage, leur déception et leur tristesse diriger leurs mouvements dans une tentative désespérée de défendre le Temple qu'ils avaient juré de protéger. Ils voulaient à tout prix éloigner les Clones des Novices. Ces enfants étaient le futur de l'Ordre. Si les soldats entraient dans le Temple, les Novices se feraient massacrer. Tout comme la Générale Paasik, les Sentinelles se sacrifiaient pour les jeunes de l'Ordre Jedi.  

Taano contourna les guerriers masqués et les Clones, tuant au passage ceux qui l'attaquaient. Une fois entrée dans le Temple de Coruscant, un triste spectacle se déroula sous ses yeux. Des Padawans, sans leur Maître, se défendaient du mieux qu'ils le pouvaient contre les Clones. Des cadavres de Jedi gisaient par terre, et la jeune Twi'lek devait les éviter, mais des larmes menacèrent de couler lorsqu'elle reconnut Kaelin, une Padawan de son âge.

Son deuil fut troublé par un tir qui l'atteignit au visage, glissant sur son nez aquilin. Activant immédiatement son arme, Taano se jeta sur le Clone, avec une vitesse renforcée par la Force. Elle mit le soldat hors d’état de nuire, puis se remit à courir, cherchant les Novices. Elle savait que les enfants de l'Ordre se cachaient dans une des nombreuses salles du Temple. Ces jeunes n'avaient pas encore de Maîtres pour les protéger, et ne connaissaient aucune technique de combat. Ils n’avaient même pas de sabre-laser pour se défendre.

Peu de Clones avaient réussi à infiltrer les couloirs du Temple, ralentis par les Sentinelles désespérées et meurtrières. Une dizaine de Jedi se réunissait, activant leurs armes qui brillaient de différentes couleurs dans l'obscurité. Tous affichaient des expressions de terreur et de tristesse, se questionnant entre eux pour avoir ne serait-ce qu'un semblant de réponse. Taano les aperçut immédiatement, et courut vers eux.

"Où sont les Novices ?!

— Dans la salle du Haut Conseil. Où est Maître Rayden ?" lui demanda en retour un jeune Jedi.

La jeune Twi'lek baissa la tête face au regard du guerrier à la peau bleue. Bien qu'elle obéît à son Maître, Taano ne pouvait s'empêcher de se sentir honteuse. Elle avait abandonné la Générale Paasik, sans même tenter de raisonner le Commandant Flare ni broncher.

"Elle… Maître Paasik est restée avec la Soixante-sixième pour l'éloigner du Temple… Elle m'a chargée de protéger les Novices," répondit-elle, embarrassée et triste.

Le Jedi esquissa un faible sourire douloureux, et posa sa main sur l'épaule de la Padawan, compatissant. Lui aussi, dans le combat, avait dû abandonner une amie.

"Alors vas-y, Padawan. Que la Force soit avec toi.

— Et avec vous, Général," dit la jeune Twi'lek, un sourire triste aux lèvres.

Elle se remit à courir, se dirigeant vers la salle du Conseil. Taano trouva rapidement la porte, qui coulissa à sa demande. La Padawan entra dans la salle ronde, où plusieurs chaises rouges et basses dessinaient un cercle autour d'un autre cercle blanc au sol, plus petit et orné de motifs de fleurs noires. Au dehors et au dedans de ce cercle blanc, le sol était aussi rouge que les chaises, illuminé par les grandes fenêtres qui prenaient tout le mur.

La Padawan s'assura que la porte était bien fermée avant d'observer la salle ronde, prise au dépourvu. À premier abord, aucun Novice n'était là. Puis, surgissant de derrière une chaise, un enfant blond de huit ans apparut, le regard inquiet. Il fut imité par une dizaine d'autres enfants du même âge.

"Taano ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je ne sais… Les Clones se sont mis à nous attaquer sans raison, et-"

La voix de la jeune Twi'lek se brisa. Elle se remit à pleurer à nouveau, brisée par la trahison de ses amis les plus proches et par la mort de ses semblables. La Padawan savait, au fond d'elle-même, que l'Ordre Jedi vivait ses derniers instants, détruit par les milliers de Clones, soldats d'une Démocratie qui devenait une dictature. Tout ceci était si irréel, si rapide, si terrifiant. En une seconde, le cours de l'Histoire avait changé. Des amis se sont révélés être des ennemis, ne suivant plus qu'un ordre : tuer leurs Généraux et Commandant Jedi. Le pire, dans tout ça, c'est que les Clones exécutaient cet ordre à la perfection, avec la même efficacité que celle qui avait permis aux Jedi de renverser la tendance contre les Séparatistes.

Soudain, la jeune Twi'lek dut s'appuyer sur le mur pour ne pas tomber, affectée par la perturbation dans la Force. Elle sentit la vie quitter son Maître, tuée par le Commandant Flare. Le même Commandant qui, il y a quelques minutes de cela, l'avait prise dans ses bras, la félicitant pour sa bravoure et avouant son affection envers elle. Taano sentit les larmes couler de plus belle sur ses joues. Son Maître, qui était comme une mère pour elle, s'était sacrifiée pour elle, pour qu'elle puisse protéger ces enfants qui l'entouraient. Le désespoir s'immisçait doucement en elle, et une longue plainte empreinte de douleur s'échappa de ses lèvres. La Padawan prit ses côtes dans ses mains, cherchant du réconfort dans cette perte qui la laissait seule. Elle fut de nouveau submergée par la douleur en ressentant la détresse de son meilleur ami, qui, elle le savait, tenait le corps sans vie de son mentor, dans une capsule de survie près de Bracca. Ses semblables, les Jedi, étaient en train de mourir un à un, assassinés par ceux en qui ils avaient placé leur plus grande confiance. Elle sentait la douleur de ses amis comme s'il s'agissait de la sienne; elle sentait le vide laissé par leurs morts et commençait à espérer que le même sort tomberait sur elle, pour qu'enfin ce cauchemar si réel et tranchant puisse cesser. Taano ravala un sanglot, avant de trembler de tous ses membres

Un Novice s'avança vers la Padawan, mais cette dernière sursauta en entendant, au dehors, des cris de peur et de surprise. Des phrases précipitées et effrayées fusaient de toutes parts dans le couloir.

"Les Sentinelles sont mortes !

— C'est la 501e !

— Ils sont trop nombreux !

— Fuis, Padawan !"

La jeune Twi'lek releva la tête, une lueur d'espoir la traversant à travers tout ce chaos. La 501e Légion était sous le commandement de Anakin. Le meilleur Chevalier Jedi que Taano ait jamais vu. Ses talents au sabre-laser égalaient sa connexion avec la Force, plus forte que le Grand Maître Yoda. Il avait vaincu le Comte Dooku, un Seigneur Sith redoutable et implacable, et avait dépassé toutes les attentes que le Conseil avait posées sur lui, effrayant les Maîtres Jedi de sa puissance. Si quelqu'un pouvait sauver l'Ordre, c'était bien lui.

Taano se releva, une bribe de courage s'emparant doucement d'elle. Ses membres tremblaient toujours, mais elle était persuadée qu'une issue était possible. Certes, Anakin ne pouvait pas sauver tous ses semblables, mais il était assez puissant pour aider les Novices à s'enfuir. Tout n'était pas perdu.

De la salle du Haut Conseil, la Padawan entendait la lutte féroce dans les allées du Temple. Les bruits de grésillement des sabre-lasers résonnaient contre les tirs de blasters, mais le son des lames brillantes se faisaient de plus en plus discret, de moins en moins intense. La jeune Twi'lek intima aux Novices de se cacher derrière les sièges des Maîtres, et se plaça devant la porte, prête à dégainer son arme. Elle ressentait l'approche d'un danger, tapi dans l'ombre et se préparant à surgir sur ses proies impuissantes.

La porte coulissa vers le haut, révélant un grand homme vêtu de noir. Il avait sa capuche rabaissée sur sa tête, cachant presque ses yeux. Sur son arcade droite, une cicatrice descendait le long de son visage, assombrissant son air grave. Taano reconnut immédiatement Anakin, et faillit le prendre dans une embrassade, retenue par ce sentiment de danger grandissant. Néanmoins, un grand sourire se forma sur son visage tâché de tristesse. Il était bon de voir une tête familière dans toute cette horreur.

"Ani, tu dois m'aider à évacuer les Novices ! Il faut vite partir, ou les Clones nous tueront," dit-elle, s'apprêtant à se tourner vers les enfants.

Le nouvel arrivé ne répondit pas, se contentant simplement de chercher les Novices du regard.

"Anakin, est-ce que ça va ?" demanda-t-elle, essayant de percer à jour les intentions de son ami.

Le concerné resta silencieux, et souleva sa cape, révélant son sabre-laser gris. Il s'en empara, provoquant un mouvement de recul chez la Padawan.

"Qu'est-ce que tu fais ?!" demanda Taano, l'air paniquée.

Sans se soucier de la détresse de la jeune Twi'lek, le Jedi activa son arme, laissant surgir une lame bleue qui se reflétait dans la clarté du sol. Son geste soudain fit sortir la Padawan de sa torpeur. Elle tendit sa main devant elle, attirant son sabre-laser et activant les deux lames blanches. Taano se mit en position de défense, posant son autre main sur son arme. Elle plongea ses yeux dans ceux de l'homme aux cheveux bouclés, et fut frappée par la couleur de ses yeux. Ils étaient d'un jaune intense et surnaturel, et brûlaient d'une haine incommensurable et d'une souffrance immense percée de regrets. Des émotions dont la Padawan connaissait le chemin, car son Maître lui en avait longuement averti.

"Anakin… ne fais pas ça… je t'en prie," supplia-t-elle, ne voulant pas affronter son ami.

Ce dernier baissa la tête, le regard empreint de rage et de haine. Sans prévenir, il se jeta sur la jeune Twi'lek, abaissant son arme sur elle avec une violence inouïe. D'abord frappée par une telle agressivité, Taano réagit, évitant la lame en se précipitant sur le côté. Elle détacha ses sabre-lasers, et, de sa main droite, bloqua la nouvelle frappe du Jedi qui n'en n'était plus un. Rattachant ses lames, elle s’élança vers son ennemi et bloqua son sabre-laser. La Padawan utilisa son autre lame, visant son visage, mais ne put finir son geste.

Une Force violente la repoussa, puis une main invisible se mit à serrer sa gorge, soulevant Taano au-dessus du sol. La Padawan, effrayée, laissa tomber son arme et porta ses mains à son cou, tentant d'articuler des mots, en vain. Désespérée, elle dirigea son regard vers le Jedi déchu, qui tenait la main presque ouverte, serrant du vide. Il rencontra ses yeux, mais ne renvoya à la jeune Twi'lek que sa haine et sa souffrance. Aucune pitié n'émanait de lui.

Sentant l'air se rarifier et la vie la quitter, Taano tendit la main, rassemblant ses forces. Elle poussa son ennemi avec la Force, invoquant la puissance du désespoir, et lui fit perdre l'équilibre. Reculant de quelques pas, le guerrier relâcha son emprise sur la Padawan, qui tomba par terre avec un bruit puissant. Cette dernière cracha et respira rapidement, reprenant sa respiration. Sans perdre de temps, elle appela son sabre-laser à elle puis se releva, activant son arme.

"Tu te défends bien," siffla son ennemi, hors de lui.

La concernée esquissa un sourire douloureux, qui ressemblait plus à une grimace.

"J'ai eu un bon Maître."

D'un seul homme, les deux guerriers se précipitèrent l'un vers l'autre. Leurs sabre-lasers se rencontrèrent, et un jeu de force s'installa. Lame bleue contre lame blanche, les ennemis se fixaient du regard.

"S’il-te-plaît, Anakin, arrête ça…," implora la jeune Twi'lek, tentant de repousser la lame du guerrier.

Ce dernier fit une moue de colère avant d'appliquer plus de force dans son mouvement, forçant la Padawan à plier un genou. Elle ne pourrait bientôt plus supporter la pression. Il était bien trop fort pour elle, et bien plus fort qu’avant, comme si ses nouvelles ambitions avaient décuplé ses pouvoirs.

"Anakin est mort. Moi, Dark Vador, l'ai détruit…," répondit le guerrier, le ton agressif et violent.

D'un geste brusque, Taano désactiva son arme et plongea sur le côté. Cette ruse lui venait de son meilleur ami, et elle avait conscience d'avoir évité une mort certaine. Emporté par son élan, le guerrier perdit l'équilibre. Profitant de cela, la jeune Twi'lek, activant une de ses lames, trancha le côté de son ennemi. Ce dernier poussa un cri de douleur et se retourna, faisant face à la Padawan. Avec une moue de rage et de colère, le Seigneur Sith sourit froidement et dangereusement.

"La souffrance ne me rend que plus fort, Padawan," cracha-t-il, se jetant rapidement sur son ennemie.

Cette dernière sauta pour l'éviter, propulsée par la Force. S'ensuivit un combat terrifiant et violent. Le Seigneur Sith combattait avec rage, mettant toute sa force dans ses coups, ne voulant que tuer la jeune Twi'lek qui l'affrontait. Taano essuyait les coups l'un après l'autre, avec de plus en plus de difficulté. Vador enchaînait les frappes, sa lame bleue rencontrant le double sabre-laser de la Padawan, qui parait avec une force faiblissante. C'était une véritable danse effrénée, avec des lumières qui jaillissaient avec violence. Les lames blanches et bleues vibraient et grésillaient lorsqu'elles entraient en contact, et éclairaient la salle, se reflétant sur les sièges rouges.

La Padawan rassemblait ses dernières forces, se battant pour sa famille. Elle se battait pour Maître Paasik, pour son ami seul sur Bracca, pour Kaelin et son Maître Corpa, pour les Sentinelles qui avaient donné leur vie, pour Anakin et pour les Novices. Avec la puissance du désespoir, elle continuait d'affronter le Seigneur Sith, qui restait implacable. Il était bien plus fort que Anakin, qui s'était toujours retenu d'utiliser sa colère et sa souffrance pour se battre. Mais Vador s'était affranchi de ses chaînes, laissant exploser toute la rage qu'il avait en lui. Une larme coula de son œil, glissant sur sa joue, mais il n'en fit rien. Décidé à mettre un terme à cet Ordre qui lui avait menti et qui l'avait manipulé, il affligeait la Padawan d'une pluie de coups. Les images de sa mère lui revenaient en tête, suivies de celle de sa femme, en danger de mort. Vador devait tuer Taano et les Novices. Une fois les Jedi écartés et disparus à jamais, il pourrait sauver celle qu'il aimait et régner sur la Galaxie enfin en paix sans les traîtres qu'étaient les Chevaliers Jedi.

Puis, dans sa fatigue, Taano fit une erreur. Trop occupée à chercher une ouverture dans la défense du Seigneur Sith, elle ne vit pas qu'elle avait baissé sa garde.

Vador n'hésita pas une seconde. D'un geste violemment rapide, il planta son arme dans le ventre de la Padawan.

La jeune Twi'lek ne criât pas. Elle émit simplement une inspiration de douleur, lâchant son sabre-laser, les deux lames blanches disparaissant dans la poignée. Taano regarda l'arme de celui qui avait été son ami, puis retourna son attention sur Vador. Ce dernier était comme tétanisé. Ses yeux jaunes perdirent leur éclat, comme s'il n'était plus consumé par sa haine. L'espace d'un instant, la Padawan aperçut Anakin, terrorisé et terrifié par le chemin qu'il avait emprunté. Il la regarda, totalement perdu. Taano avait la vague impression qu’il la reconnaissait vraiment, qu’il revoyait son amie. Des larmes s'échappèrent de ses yeux. Puis le regard d’Anakin glissa vers le long fil de métal attaché à l'oreille de la Padawan, qui faisait office de tresse pour montrer son statut d'apprentie. Ses pupilles se firent petites, et sa rage se renouvela, accompagnée de sa souffrance qui ne faisait que de s'accroître. Ses yeux redevinrent jaunes, et Vador ne pouvait plus faire demi-tour.

D'un geste sec, le Seigneur Sith désactiva son arme, et la lame bleutée se retira du ventre de la jeune Twi'lek, qui tomba au sol, à moitié morte. La Padawan s'excusa silencieusement auprès de son Maître, ayant échoué dans sa mission. Taano n'eut le temps que de voir une silhouette semblable à la sienne, se tenant immobile, sur le seuil de la porte.

 

Orn rouvrit les yeux, la respiration haletante et la peur entourant tout son être. Il leva la tête, fixant avec horreur le Seigneur Sith, qui semblait avoir eu la même vision que lui. Vador avait les yeux posés sur le chasseur, visiblement troublé et perturbé par la présence du Twi'lek.

"Taano…," souffla-t-il d'une voix faible, inaltérée par son masque.

Sans tenter de mieux comprendre ce qui était arrivé au Seigneur Sith pour qu'il finisse enfermé dans une armure de survie et enchaîné par la haine et la souffrance, Orn s'empara du sabre-laser de sa sœur, puis se releva. Regardant avec une peur immense le meurtrier de Taano, le chasseur fit quelques pas à reculons avant de courir à toute vitesse, l'esprit confus et les larmes coulant sur ses joues rouges. Ses mains agrippaient l'arme de sa sœur avec désespoir, et, paniqué et perdu, il somma Nasha de préparer le Vautour à travers son communicateur. Il courrait aussi rapidement que ses jambes pouvaient le porter, les flashs du corps de Taano entre ses bras errant devant ses yeux.

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Très bon chapitre, riche en action et en émotions ! J'ai adoré le flashback avec Taano, même si elle est morte, le personnage a eu son moment de gloire. Les doubles lames de couleur blanche c'est très stylée, et elle aurait probablement fait une excellente Jedi.

Par contre Orn il nous fait quoi, là, à la fin ? Il a enfin le meurtrier de sa sœur sous les yeux, après avoir juré de tuer tous les Jedi qui n'avaient rien fait d'ailleurs, et il fait quoi ? Il fuit ? Bon sage décision, en vrai face à Vador, mais j'ai plus l'impression que ça vient d'un moment de lâcheté (ou de peur) que d'un moment de rationalité. Après, c'est aussi très réaliste. C'est facile de rêver de vengeance, mais quand est confronté à la réalité, c'est pas pareil et passer à l'acte n'est pas si facile, encore moins quand tu as Vador en face de toi, donc ça se tient.

Maintenant, y a plus qu'à rejoindre la Rébellion, hein !

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Les corrections :

et lui rendit son embrasse : son étreinte, plutôt

« La Padawan ignorait avec une détresse grandissante les Jedi qui se combattaient autour d'elle, affrontant leurs frères d'armes. » : c’est peut-être moi qui ait mal compris, mais les Jedi affrontent des Clones et des soldats, ils ne se battent pas entre Jedi ? Le « se combattaient » m’a troublée.

Ces jeunes n'avaient pas encore de Maîtres pour les protéger, et ne connaissaient aucune technique de combat. Ils n’avaient même pas de sabre-laser pour se protéger. : pour se défendre, histoire d’éviter la répétition de « protéger »

et faillit le prendre dans une embrasse : dans une embrassade

Moi, Dark Vador, l'est détruit : l’a détruit ou l’ai détruit, au choix (verbe avoir, pas être)

La jeune Twi'lek ne criât pas. : ne cria pas (pas de subjonctif nécessaire ici)

Il courrait aussi rapidement : il courait
Solaq G.
Posté le 19/05/2024
Je suis trop content que tu ais aimé ce chapitre ! C'est vraiment le chapitre que j'ai le plus aimé écrire, parce que pour une fois, il y avait des Jedi partout ! Surtout que j'adore l'ère de la république héhé.
Par contre, oui, Orn a fuit et heureusement (l'histoire aurait rapidement fini, sinon), mais ça vient totalement de la peur : il est perdu, il comprend plus rien, et surtout, il est terrifié ahah (peut-être que ma peur de Vador dans le jeu vidéo Jedi Fallen Order m'a inspiré ahah)
Merci beaucoup pour tous tes commentaires ! Je réponds peut-être pas à tous, mais vraiment, ils me vont toujours droit au cœur
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