La charrette de la ferme franchit le sommet de la colline. Conscient que le temps pressait, Imes enjoignit au loron d’accélérer l’allure. Le paisible herbivore souffla et s’exécuta de mauvaise grâce.
En contrebas, le village de Port Ouest se lovait au creux des coteaux, éparpillement de toits d’ardoises bleues et de rues poussiéreuses. Les maisons venaient s’échouer jusqu’au pied de la falaise.
Encore était-il trompeur d’appeler l’immense mur qui s’étendait de part et d’autre du village une « falaise ». Cette paroi rocheuse délimitait la frontière de leur monde. C’était le flanc intérieur de l’hôte. Son sommet se fondait dans les nuages où il rejoignait la voûte céleste. Tout là-haut, le ciel était à son plus lumineux, signe que l’hôte était réveillé depuis des heures et qu’Imes était dangereusement en retard.
Il franchit les dernières maisons et immobilisa la charrette dans un champ en friche près de l’à-pic. Il sauta à terre et détela en hâte le loron. Tandis que l’animal baissait la tête pour paître, Imes s’engouffra dans une large ouverture béant dans la roche.
La semi-pénombre et la fraîcheur familières du hangar des armuriers l’aidèrent à reprendre son calme. Le temps ne semblait plus avoir autant de poids, ici. Qu’importe l’heure du jour et combien de lampes ils apportaient, rien ne pouvait vaincre l’obscurité qui se tapissait sous le haut plafond des grottes.
Il coula un regard sous l’arche de la salle d’entretien. Une atmosphère studieuse régnait entre les établis. La demi-douzaine d’armuriers présents étaient concentrés sur leurs ouvrages. Avec un soulagement coupable, Imes se dit qu’il pourrait peut-être atteindre son poste sans se faire remarquer.
Il n’avait pas amorcé un pas qu’on lui barra la route. Il reconnut l’homme avec surprise. Les armuriers n’avaient pas de hiérarchie, mais en tant que doyen, Navien était ce qui se rapprochait le plus d’un chef pour eux. Il n’avait pas l’air en colère, mais il fronçait les sourcils.
— Imes.
Imes le salua d’un signe de tête respectueux.
— Navien… Je croyais que tu étais dans l’équipe de nuit cette quinzaine ?
— C’est le cas. Mais je suis resté pour te remplacer. Tu as manqué une rentrée.
L’estomac d’Imes se décrocha. À peine une heure de retard, et il avait fallu qu’une rentrée ait lieu pendant ce temps. Il jouait de malchance. Les allées et venues des chasseurs étaient les seuls moments où les armuriers ne pouvaient pas se permettre d’être à effectif réduit.
— Désolé…
Navien lui tapota l’épaule.
— Au moins, tu as prévenu Kriis. On a pu s’organiser.
Il hésita.
— Écoute, Imes… ces retards…
Il s’interrompit devant l’expression d’Imes.
Il savait déjà tout ce que Navien pourrait lui dire. Son travail d’armurier empiétait sur son temps à la ferme, et son travail à la ferme empiétait sur ses heures d’astreinte au hangar. Ce matin, c’était une clôture qui avait cédé et les avait forcés à déplacer le troupeau en catastrophe. Une quinzaine plus tôt, une naissance difficile l’avait retenu tard dans la nuit. Il y avait toujours quelque chose, et Sidon n’avait jamais assez de bras.
Navien soupira.
— Je ne vais pas t’expliquer comment mener ta vie. Tu es un adulte. Mais tu brûles la chandelle par les deux bouts, Imes.
Il se baissa pour récupérer son chucret, qui assistait impassible aux caracolades de Pan.
— Allez, ma femme doit m’attendre.
— Encore désolé, Navien.
Le vieil homme balaya ses excuses d’un geste bon enfant et quitta les grottes.
Quand Imes reporta son attention sur les établis, Kriis le fixait avec insistance. Nul doute qu’elle avait son propre avis sur son retard. Elle ne s’était pas privée de ronchonner lorsqu’il avait demandé à Pan de l’appeler ce matin. Il lui adressa un sourire penaud et s’éclipsa.
Aussitôt, Pan lui courut après et projeta un contact télépathique dans son esprit.
— Si tu crois t’en tirer comme ça, dit Kriis.
— Ignore-la, souffla Imes à Pan.
La connexion disparut. Il n’avait pas beaucoup de temps avant qu’elle perde patience. Il se glissa dans la salle du sas.
Ici, le froid était plus mordant que n’importe où ailleurs dans les grottes. La roche se faisait plus sombre. Même l’air possédait une qualité différente, se parait d’un soupçon d’ozone et d’interdit. Ou peut-être Imes était-il le seul à ressentir cette bouffée d’adrénaline lorsque l’odeur du sang d’hôte lui chatouillait les narines. Qu’importe : il inspira ce parfum si spécial à pleins poumons.
Enchâssée dans l’une des parois, une grande membrane palpitait comme un cœur. Imes s’en approcha timidement. Il tendit une main tremblante.
À quelques centimètres à peine de l’organe, il hésita. À chaque battement, l’air frémissait sous ses doigts. Un long moment s’écoula.
À contrecœur, il recula.
Des centaines de fois, il avait amorcé ce geste. Jamais il n’avait osé le terminer.
En lui, l’adoration et la haine se mêlaient. La salle du sas l’attirait comme une lanterne hypnotise un insecte. Encore et encore, il revenait et se cognait à la même barrière invisible.
Cette membrane, c’était la limite de son univers. Derrière elle régnait le grand vide.
La contempler était toujours une déchirure. Il savait qu’il aurait dû s’en éloigner, se séparer définitivement de cette obsession qui le rongeait. Mais il ne le pouvait pas plus qu’il aurait pu arrêter de respirer. Il ne se sentait exister que les jours où il pouvait se tenir ici, à la frontière. Comment aurait-il pu renoncer à son travail au hangar ? Il ne se pardonnait déjà pas d’avoir manqué une occasion de voir le sas s’ouvrir.
— Te voilà !
Ce murmure agité l’arracha à son chagrin. Il inspira profondément, puis se tourna vers le mur. Une longue rangée de casiers s’y alignait, flanqués d’un râtelier d’épées et d’une table.
— Oh, pas la peine de m’ignorer, s’indigna Kriis.
Les mains campées sur ses hanches, elle se dressait dans l’encadrement de la porte. Un ruban bleu retenait ses longues boucles sombres à l’écart de son visage en forme de cœur. L’élégante robe qu’elle insistait pour mettre même au hangar formait un contraste saisissant avec ses gros gants tachés. Vic, sa chucrette, était lovée dans le creux de son épaule. Ses grands yeux somnolents clignaient lentement au milieu d’une masse de fourrure sphérique couleur ocre.
— Je t’entends, dit Imes.
— Ha ! Tu m’entends, mais est-ce que tu m’écoutes ?
Imes plongea le nez dans les bacs posés sur la table. Trois contenaient des éléments d’armure. Trois chasseurs étaient donc sortis cette nuit. Pour s’occuper de charognards, sans doute. Ça ne pouvait être que ça, puisque les vraies expéditions de chasse étaient organisées longtemps à l’avance.
— Pas de blessure chez les chasseurs ? Uvara était de sortie, je vois.
Pour preuve, il désigna l’un des bacs. Il en reconnaissait le contenu, bien qu’il ne consistât plus qu’en une paire de bottes. Les autres éléments de l’armure étaient déjà sur les établis de ses collègues.
— N’essaie pas de me distraire ! Enfin…
Kriis jeta un coup d’œil dans le couloir, en direction des vestiaires. Sa voix baissa d’un ton.
— Oui, elle en était. Elle est encore en train de se laver, je crois. Et évidemment que tout le monde va bien, puisqu’Uvara était là !
Elle eut un sourire malicieux. Le coin des lèvres d’Imes tressauta. Elle se reprit aussitôt.
— Sérieusement, Imes. Ça ne peut plus durer.
Il soupira.
— Laisse tomber, Kriis.
— Non ! Tu es mon ami, et je déteste te voir comme ça. Ton père ne peut pas continuer à te retenir prisonnier à la ferme. Dis-lui que ton travail est ici ! Et s’il ne peut pas l’accepter, je ne sais pas, moi… déménage !
— Où ? s’enquit-il, pragmatique.
— N’importe où ! Campe dans le hangar, au pire !
Imes laissa échapper un rire. Il le regretta. Le son contenait plus de lassitude et d’amertume que d’amusement. Kriis se radoucit.
— Imes…
Il secoua la tête. À contrecœur, elle referma la bouche.
Ils avaient déjà eu ce désaccord un nombre incalculable de fois. Imes ne savait plus quoi lui dire. Certes, il lui était impossible de quitter le hangar, mais comment pourrait-il regarder son père dans les yeux et lui annoncer que lui aussi, le dernier membre de sa famille, l’abandonnait ?
Imes était coincé. Il ne pourrait pas éternellement jouer ce numéro d’équilibriste, il en était conscient. Mais il ne se sentait que la force de prolonger ce statu quo autant qu’il le pouvait, car le jour où il devrait faire un choix, quel qu’il fût, quelque chose d’irréparable se briserait.
Pan lui adressa un frisson télépathique. Le contact était familier, mais ce n’était pas un véritable appel. À quelques centaines de kilomètres de là, à Port Beau, le chucret de Laomeht envoyait à Imes un avertissement courtois.
Il se crispa.
— Laomeht et Jebellan partent en chasse, annonça-t-il.
Il lutta contre sa frustration. C’était lui qui avait demandé à Laomeht de le prévenir de ses sorties. Cela faisait plusieurs jours qu’il avait assisté à leur élimination de ce charognard, et contempler le grand vide à travers les yeux de son frère commençait à lui manquer. Mais le moment n’aurait pas pu tomber plus mal. Il n’avait aucune envie de penser à Laomeht quand il lui en voulait tellement d’être parti.
Kriis l’observa avec curiosité. Elle était sa plus proche amie, mais même elle ne comprenait pas tout ce qui le minait de l’intérieur. Le silence auquel il s’astreignait avait fait de lui une personne taciturne. Il détestait se livrer, de peur que son secret blesse son entourage.
— C’est une bonne nouvelle, non ?
Il haussa les épaules et s’empara du bac d’Uvara.
— Avec mon retard ? Il faut que je me mette au travail.
Elle roula des yeux.
— Ah ben oui, c’est sûr qu’on va tous être très productifs aujourd’hui.
Ignorant son sarcasme, Imes reprit la direction de la salle d’entretien. Kriis lui emboîta le pas, et dut rattraper Vic lorsque sa démarche énergique fit tomber la chucrette qui s’était assoupie sur son épaule. Pan trottina après eux, clignant ses grands yeux. Il était surpris qu’Imes n’ait pas immédiatement réagi à un avertissement de Laomeht en lui demandant d’établir la communication.
Un de leurs collègues leva la tête à leur entrée.
— Fini de fricoter dans la salle du sas, les jeunes ? leur dit-il avec un sourire goguenard.
— Très drôle, Aedyn, dit Kriis. Devinez quoi ? ajouta-t-elle à la cantonade. Laomeht et Jebellan sont de sortie !
Des exclamations saluèrent ces mots. De toute part, on abandonna les brosses, les gants, les pinces et les aiguilles.
— Deux sorties dans la journée. Décidément, c’est jour de relâche, jubila Hélirianne. Merci Imes !
Elle murmura quelque chose au chucret assis sur son établi. Son regard se fit vague et elle ne bougea plus, un sourire aux lèvres. Les autres armuriers l’imitèrent.
Malgré lui, Imes ressentit une certaine fierté. Il n’était pas rare que les gens observent les sorties de chasseurs via leurs chucrets. C’était même devenu un passe-temps populaire récemment, notamment grâce à la célébrité grandissante de Laomeht et Jebellan. On suivait leurs faits et gestes dans tout l’hôte, et c’était encore plus vrai ici, dans la ville de naissance de Laomeht.
Mais savoir quand une sortie se produisait n’était pas donné à tout le monde. L’information se propageait de bouche à oreille, il fallait donc avoir un bon réseau de connaissances. Tout Port Ouest dépendait du signal d’Imes.
Il posa le bac sur son établi et saisit le tablier plié qui patientait sur son tabouret. Pan voleta aussitôt jusqu’au siège et s’y lova.
— Non, lui dit Imes.
Pan le défia du regard, trop confortable pour bouger. Imes secoua la tête et lui laissa quelques secondes de victoire. Kriis était occupée à prévenir sa multitude de cousins et cousines de la sortie en cours. Elle murmura le nom du dernier à Vic, resta silencieuse le temps d’une courte communication, puis revint à elle. Elle s’était renfrognée.
— Parfois, j’ai l’impression que c’est la seule raison pour laquelle ils me parlent encore. Pratique d’avoir une armurière dans la famille, je suppose. Ça vaut bien la peine d’ignorer ma « maladie ».
Elle serra Vic contre elle. La chucrette produisit un trille réconfortant. Imes s’approcha et passa un bras autour de ses épaules. Elle tressaillit, puis se laissa aller contre lui. Imes n’avait pas les mots pour l’aider, pour bannir l’injustice qui pesait sur elle. Mais tant que sa présence silencieuse lui apportait quelque apaisement, il serait à ses côtés.
Kriis ne tarda pas à se dégager. Elle eut un regard méfiant pour les établis autour d’eux. Aucun des armuriers ne parut avoir remarqué quoi que ce soit, leur attention tout entière happée par la retransmission télépathique. Imes en fut aussi soulagé qu’elle. Leurs collègues ne pensaient pas à mal, mais leurs commentaires taquins sur leur amitié n’étaient pas les bienvenus.
Kriis se secoua. Elle ne restait jamais morose bien longtemps, ce n’était pas dans sa nature.
— Bon ! Tu ne vas pas sérieusement travailler pendant que tout le monde baye aux corneilles ?
Pour toute réponse, Imes cueillit un Pan boudeur dans le creux de ses mains et déposa son petit corps rond sur un coin de l’établi. Il s’assit et revêtit une épaisse paire de gants. Avec précaution, il souleva l’une des bottes et commença à l’examiner, à la recherche de déchirures dans le cuir ou de coutures fragilisées.
Kriis vint s’accouder près de lui. Un large sourire espiègle lui mangea le visage.
— Tu vas vraiment laisser passer une occasion de reluquer Jebellan en pleine action ? murmura-t-elle.
Imes s’immobilisa. Elle se laissa tomber sur le tabouret de l’établi voisin et remua des sourcils gourmands.
— Moi, je dis ça comme ça, dit-elle, pleine de fausse innocence. Ça te met de bonne humeur, d’habitude. Il faut dire que la vue est plaisante.
Imes ne rougissait pas facilement. Son embarras se manifesta par un raclement de gorge. Elle rit, et il ne parvint pas tout à fait à maîtriser une moue dépitée.
L’expression lui glissa très vite du visage. Kriis fit volte-face, cherchant ce qu’il avait vu. Elle bondit sur ses pieds avec la soudaineté d’un ressort.
— Uvara ! Bonne rentrée !
Une femme s’était immobilisée dans le hall du hangar. Du point de vue d’Imes, Uvara la chasseuse était aussi superbe que terrifiante. Sa taille dominait celle de n’importe quel homme, et sa musculature impressionnante faisait peu pour masquer le galbe de ses formes. Même les cicatrices de son métier soulignaient sa peau lisse. De courtes mèches rebelles, encore humides, tombaient dans ses yeux sévères.
Elle balaya la salle d’entretien du regard, ne manquant pas de remarquer l’épidémie de procrastination qui avait frappé les armuriers. Son visage s’assombrit, mais elle ne fit pas de commentaire. Elle adressa un signe de tête à Imes et Kriis et disparut.
Kriis poussa un long grognement de frustration.
— Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que je parle de choses futiles quand elle est là ?
— Elle ne t’a sûrement pas entendue, tenta de la rassurer Imes.
— Évidemment qu’elle m’a entendue ! J’ai une poisse infernale, et rien ne lui échappe.
Elle se laissa dramatiquement aller contre son établi.
— Je veux tellement être comme elle quand je serai grande !
Elle fit mine de sangloter. Imes s’abstint de souligner qu’elles avaient presque le même âge et lui tapota loyalement le dos.
— Tu peux l’impressionner en travaillant pendant que tout le monde baye aux corneilles, offrit-il sans grand espoir.
Elle leva les yeux au ciel, ses larmes de crocodile déjà oubliées.
— Bien tenté, mais elle était sur le chemin du dortoir. Cèèède, Imes, tu sais que c’est pour ton bien…
Il l’ignora et s’éloigna pour aller emplir un bol d’eau à la citerne près de la porte. Kriis lui tira la langue. Elle réquisitionna Vic, qui s’était roulée en boule avec Pan dans l’intention évidente de faire la sieste, et se perdit à son tour dans le quotidien de deux chasseurs, là-bas, dans le grand vide.
Imes s’attabla avec un chiffon savonneux et entreprit de nettoyer les bottes de la couche de sang d’hôte séché dont elles étaient recouvertes. Une armature métallique encerclait les chevilles. Elle déclenchait les propulseurs qui permettaient aux chasseurs de se mouvoir dans le néant. Il détacha avec précaution les petites bonbonnes d’air comprimé.
Il régnait un silence inhabituel dans le hangar. Même lors du quart de nuit, la salle d’entretien ne se prêtait pas à une telle immobilité. Il y avait toujours quelque chose à faire ici. Imes n’avait jamais réalisé à quel point il était déconcertant d’observer de l’extérieur tous ces gens figés, le regard dans le vide. Parfois, quelqu’un souriait aux propos d’une personne avec laquelle ils en profitaient pour converser.
Sidon aurait détesté cette vue. C’était à son époque que les chucrets s’étaient popularisés : auparavant l’apanage des chasseurs, leur compagnie s’était généralisée dans la population lorsqu’on avait saisi les bénéfices évidents d’un moyen de communication instantané et indifférent à la distance. Mais le brave homme ne s’y était jamais habitué. Laissé seul dans une pièce pleine de corps abandonnés, Imes comprit un peu pourquoi.
Cédant à la solitude plus qu’autre chose, il finit par glisser le nom de Laomeht dans le creux de l’oreille de Pan.
— … et pourquoi pas ? Qu’est-ce qui te dit que les nuages du grand vide n’ont pas des sentiments, eux aussi ? On devrait leur donner des noms à tous, même aux éphémères ! Ils vont être jaloux, sinon.
L’obscurité pourpre se matérialisa à peine sous ses paupières qu’Imes mit fin à la connexion. Il découvrit les dents. Laomeht était en grande forme, aujourd’hui.
Sa fierté était retombée. À présent, la célébrité de son frère lui tapait sur les nerfs.
Les sorties des chasseurs ne contenaient que quelques minutes d’action encadrées par de longs trajets où il ne se passait somme toute rien. Imes était bien le seul à préférer la sérénité du vide à l’excitation des combats contre les charognards. Si Laomeht ne s’était pas senti obligé de faire de l’esprit à tout bout de champ, personne n’aurait consacré autant de temps à l’observer. Et pendant qu’il bavassait, impossible pour Imes de profiter du silence.
Il reprit son travail, conscient qu’il se montrait mesquin. Vivre par procuration à travers Laomeht n’était juste pour aucun d’eux deux. Parfois, il se détestait d’en être arrivé là et se jurait qu’il n’assisterait plus jamais à ses sorties. Mais sa résolution cédait dès la chasse suivante.
Un frémissement d’excitation parcourut ses collègues immobiles. Laomeht et Jebellan devaient avoir atteint leur destination.
Imes se contracta sur son établi. Il aurait voulu pouvoir fermer ses oreilles et ignorer les réactions autour de lui, mais Kriis se garda bien de lui faciliter la tâche. Elle se mit à produire des « ooh ! » et des « aah ! » enthousiastes.
Impossible de lui en vouloir. Elle cherchait simplement à le taquiner.
Et puis, convint Imes, elle n’avait pas tort. Observer Jebellan le mettait généralement de bonne humeur. Il se mordit la lèvre pour contenir son propre sourire.
Kriis se redressa sur son tabouret. Elle trouva à tâtons la manche de son ami.
— Imes ! couina-t-elle.
Il n’y tint plus. Pan eut l’air si offusqué lorsqu’il lui redemanda la connexion qu’il dut s’excuser de quelques caresses. Le chucret se laissa amadouer avec un chuintement grincheux.
La projection télépathique se déploya dans son esprit. Jebellan fendait gracieusement le vide, lame plaquée contre son corps. Il se jetait droit sur un charognard qui faisait tout juste volte-face pour l’affronter.
Profitant de son élan, Jebellan le coupa en deux dans le sens de la longueur. Les entrailles incandescentes de la créature s’éparpillèrent comme une gerbe d’étincelles. Dans un jeu d’ombres chinoises, elles soulignèrent la silhouette svelte du chasseur, ses épaules solides, la courbe d’une hanche, la longueur de ses jambes. Le cœur d’Imes fit un bond dans sa poitrine.
Comme de très loin, il perçut quelques applaudissements dans le hangar.
— M’as-tu-vu ! s’exclama Laomeht. Fais plutôt attention derrière toi !
Jebellan pivota d’une torsion du bassin. Il brandit sa lame vers le nouveau charognard qui se ruait sur lui. La bête se cambra et le frappa de la queue.
Jebellan poussa un juron. Roulé en boule pour absorber l’impact, il fut catapulté jambes par-dessus tête dans le vide. Son chucret dut bouger, car la masse de ses cheveux s’échappa de sous la fourrure de la créature et forma un nuage pâle autour de lui.
Laomeht l’intercepta au vol. Il stabilisa leur trajectoire d’un jet de ses propulseurs.
— Tu vas où comme ça ? rit-il.
— Il en reste deux ?
Le champ de vision de Laomeht se déplaça, repérant l’assaillant de Jebellan, qui leur tournait autour avec méfiance, et un autre charognard qui se repaissait des cadavres de ses camarades morts.
— Oui. Ça va, tes côtes ?
Jebellan grommela un assentiment. Il repoussa ses cheveux d’un mouvement agacé. Ils avaient beau être attachés, les courants imperceptibles du vide les éventaient dans toutes les directions. Imes s’en emplit les yeux. C’était un spectacle rare.
— Ta vanité te perdra, commenta Laomeht.
— Je refuse d’entendre ça de ta part.
— Il arrive.
Il n’en fallut pas plus à Jebellan pour s’arracher à la prise de son partenaire. Il se précipita à la rencontre de la gueule béante du charognard. Laomeht se détourna de la scène pour reporter son attention sur la deuxième créature. Comme c’était à travers ses yeux qu’Imes voyait, il en fut quitte pour manquer le résultat du combat qui l’intéressait le plus.
Déçu, il s’arracha à la projection. Il remercia Pan en ébouriffant la fourrure sur ses joues. Le chucret ferma les paupières de plaisir et tomba de l’établi pour roucouler sur ses genoux.
Kriis le regardait d’un air entendu.
— Avoue que ça aurait été dommage de rater ça.
Depuis combien de temps l’observait-elle ? Imes prétendit l’indifférence.
— Beau mouvement de fessier, concéda-t-il avec tout l’aplomb d’un critique d’art.
L’hilarité que cela provoqua chez elle lui arracha un sourire. Il retourna à sa tâche et, gloussant encore, elle l’imita et se pencha sur son établi.
La quiétude revint dans la salle d’entretien. Le silence était moins lourd avec les sons d’une autre personne s’affairant à ses côtés. Imes se laissa totalement absorber par sa besogne, frottant, coupant, recousant.
Des exclamations retentirent soudain. Imes sursauta et faillit renverser son bol d’eau. Hélirianne bondit, le foulard enveloppant sa tête folâtrant autour de sa nuque.
— Imes, t’as entendu ça ? lui cria-t-elle de sa voix rauque.
Confus, il constata que ses autres collègues pivotaient vers lui comme autant de chiens de prairie. Ils avaient tous quitté la projection.
— Non, quoi ?
— Ils sont en route ! lança quelqu’un.
— Quoi, qui ça ? fit Kriis.
Le vieil Aedyn se pencha dans l’allée pour gratifier Imes d’une bourrade.
— Ton frère rentre à la maison, gamin. Ils viennent à Port Ouest !
Entre l'ambiance de Port Ouest et les actions qui se déroulent avec les chasseurs, j'ai plein de couleurs vertes et rouges qui se mélangent, et c'est très plaisant !
Je pense que tu peux oublier ma remarque concernant la description du chapitre précédent : avec celui-ci, on comprend tout à fait de quoi il en retourne. Et puis, tu as le mérite de ne pas nous accabler avec des descriptions - au contraire, tu nous offres l'univers de Symbiose par petites touches réalistes très intéressantes.
A très vite pour la suite !
Un chapitre d'exposition super efficace. J'apprécie toujours autant les concepts de ton univers - si je comprends bien les technologies n'y sont pas hyper "développées" dans le sens où on ne prend que ce dont on a besoin et que la nature permet. De belles descriptions, immersives et qui coulent toute seules.
Mais surtout, j'adhère aux personnages et à leurs problématiques <3 Imes qui a l'air de courir après le temps et à avoir du mal à honorer toutes ses obligations. Son environnement qui semble penser qu'il pourrait mieux faire de sa vie, niveau carrière. Imes semble débordé, aux sens propre et figuré. Il doit essuyer les remarques des uns et des autres, se positionner entre des choix difficiles. Un personnage très attachant.
J'ai un coup de coeur enfin pour les dialogues. Notamment les moments avec Kriis ! Des dialogues hyper vivants et crédibles au passage, qui m'ont fait sourire à plusieurs reprises.
Un plaisir !
Merci pour le compliment sur les dialogues ! Je suis contente qu'on s'attache à Imes !
Sympa ce deuxième chapitre. Facile a lire, exposition efficace.
Notre personnage principal tient pour l’instant un rôle secondaire mais on peut s’identifier a lui a travers ses bonnes actions (ne pas encore quitter son père) ou ses traits de caractères louables (preferer la contemplation du néant au pavoisement)
On a une promesse intuitive d’evolution du personnage vers le statut de son frère, voir mieux avec son attirance profonde vers « l’extérieur »
Maintenant comment progresser vers ce statut ? Quelle intrigue ?
Place a la suite
Je suis un peu embêté par ma grosse pause entre le ch1 et 2, qui fait que j'étais un peu perdu au niveau des personnages en début de chapitre. Au final, je m'y retrouve à peu près (même s'il faudra peut-être un peu de temps pour que je les identifie tous), surtout pour Imes (étonnant c'est le narrateur^^). Son contexte familial et ses doutes sont intéressants.
Pour le décor et les descriptions, j'ai eu un peu plus de mal à me les imaginer que dans le chapitre précédent, après je ne suis pas quelqu'un hyper visuel. Ton style reste toujours aussi chantant et agréable à lire.
Comme à peu près tous les lecteurs, je trouve ce grand vide vraiment fascinant, Imes nous fait bien passer ses émotions à ce niveau-là.
Le vocabulaire spécifique est bien dosé, on n'étouffe pas. Très joli les "chucrets".
Mes remarques :
"le ciel était à son plus lumineux," je trouve l'expression étrange même si je la comprends
"— Tu vas vraiment laisser passer" -> laissé
"Parfois, quelqu’un souriait aux propos d’une personne avec laquelle ils en profitaient pour converser." je n'ai pas trop compris cette phrase
Un plaisir,
A bientôt !
Concernant tes remarques :
1) Disons que je ne peux pas dire "le soleil était haut dans le ciel", puisque le soleil n'existe pas dans cet univers 😬 Donc tant que c'est compréhensible, on va dire que ça me convient.
2) Non, c'est bien "passer" la bonne conjugaison.
3) Je note, je vais essayer de reformuler ça.
Merci !
C'est toujours aussi super que dans mes souvenirs, le contexte commence à être maintenant bien planté et tu prends le temps de nous en dire plus sur les personnages.
Le dilemme qu'affronte Imes est très touchant, j'avoue qu'à sa place je me sentirai tout aussi débordée par les sentiments et ressentiments pour les uns et les autres.
Bravo encore pour ce début de récit qui fonctionne si bien, tout est bien équilibré entre la présentation du monde et des personnages et les prémices d'une véritable histoire, c'est vraiment bien maîtrisé comme premiers chapitres : )
C'est précis, tant sur les mots que les lieux que les émotions que les personnages que l'atmosphère. C'est ancré, et du coup c'est délicat.
C'est comme s'enfoncer dans un fauteuil très confortable et très ancien, ceux avec le cuir qui est là depuis des décennies et se détache un peu de partout, et en même temps comme être dans une géode, avec tout un monde projeté partout autour de soi.
J'aime beaucoup.
J'ai cru que Laomeht allait mourir, en vrai de vrai. Qu'Imes refusait de regarder, et que les autres regardaient, et que les exclamations allaient devenir horrifiées. Et à cause de ça, la fin de chapitre m'a semblé... pas aussi intense que je l'aurais souhaitée. Parce que la visite du frère ne me semble pas être un "pourquoi maintenant", quelque chose qui arrive pour la première fois et change la donne. Et en fait (je réfléchis en écrivant), comme le 2e chapitre répète les informations du 1er en ajoutant des détails (et un personnage très chouette), je crois que je suis un peu déçue qu'il n'y ait pas un incident-chose-choc. Comme si c'était un peu une redite en brodant, une variation sur thème.
Je suis ravie d'avoir embarqué pour cette aventure, et de savoir que tu vas poster tout plein de chapitres supplémentaires, et que je vais pouvoir rester dans ce fauteuil géodesque pendant un bon moment !
Je note que tu trouves que ça fait un peu redite, par contre. C'est compliqué de doser correctement les informations dans un début... Mais je suis contente que tu apprécies l'ambiance !
Je n'en suis qu'au chapitre 2, mais toujours curieuse d'en savoir plus. Ton histoire est intrigante, le monde drôlement chouette (j'imagine son extérieur comme la baleine dans Pinocchio), et ton écriture est fluide et claire. J'ai cependant un peu de mal à visualiser les décors et les êtres, par exemple tu parles d'un loron, d'un chucret, en te lisant je ne vois pas encore leurs formes. Pareil pour les particularités physiques (ou verbiales) de tes personnages. J'imagine que ça viendra plus tard !
Au niveau des prénoms, j'ai remarqué leur grande diversité (Kriis, Vic, Laomeht, Aedyn, Jebellan, Imes...) : y a-t-il un lien commun entre ces prénoms (issus d'une certaine mythologie propre à ce peuple, d'une histoire, d'une religion etc. comme nous sur Terre) ou est-ce que ce sont des prénoms que tu aimes bien ? Tout le monde a-t-il un prénom à soi, ou des prénoms sont-ils plus communs que d'autres ?
Je me demandais aussi à quel point tu avais fouillé ta société, j'ai vu dans les commentaires que tu parlais de société symbiotique et ça a l'air fort fort intéressant ! Va-t-il y avoir un événement qui va bouleverser cet équilibre ? si oui, un événement accidentel, involontaire, ou au contraire, provoqué ? Je m'interroge aussi sur tout ce qui relève de la technosphère, j'ai cru lire qu'ils se battent avec des lames, des épées, donc quel est le niveau technologique de ce peuple ?
Avec ton monde vient une foule de questions et de réflexions, et ça donne l'eau à la bouche ! Comme c'est un monde très limité, y en a-t-il beaucoup qui se sentent à l'étroit, ou majoritairement vivent-ils heureux sans désir de voyager/partir ? Quelle est la forme du pouvoir dans cette société ? Qui prend les décisions ? etc. etc.
Je t'avoue que je n'ai pas creusé aussi loin pour l'origine des prénoms, je les construis en fonction des sonorités qui me plaisent. J'essaie juste de rester cohérente et de créer certaines terminaisons communes, par exemple (comme Cléodine, Baline, Hélirianne...). Il y a très clairement des gens qui partagent le même prénom, mais on ne verra pas ça dans l'histoire parce que ça embrouillerait terriblement l'autrice. XD Déjà que les noms avec la même initiale, ça suffit pour que je m'emmêle les pinceaux...
Pour tes autres questions, on en revient à peu près toujours au concept de symbiose. Symbiose dans la société et symbiose avec l'hôte : leur technologie est entièrement basée sur ce qu'ils peuvent prendre à l'hôte et à la nature sans leur nuire. Ils construisent des mines avec l'accord de l'hôte, donc ils ont des métaux. Ils n'ont pas de plastique ni d'électricité, mais leur harmonie avec la nature leur permet de faire des choses étonnantes (comme le fait qu'ils puissent respirer dans le vide grâce aux chucrets).
Je te laisse découvrir le reste par toi-même. ^^
Je passe immédiatement à la suite, je n'ai pas envie d'attendre pour voir Imes se couvrir de ridicule face à ~Jebellan~ *papillonne des paupières*.
Ici, tu construis la rivalité ou du moins la relation entre Imes et son frère, ainsi que tout le contexte familial, c'est plutôt bien amené. Par contre, j'ai trouvé la société dans laquelle ils vivent étrangement laxiste, ou qu'on ne saisit pas bien les niveaux d'importance des choses au sens où 1) il arrive en retard tout le temps alors que son travail est 'important', il ne lui arrive rien à part la pression sociale 2) quand il y a une sortie, tout le monde arrête de bosser (donc ce n'est pas si important que ça leur travail ?) En soi, c'est tout à fait possible de ne pas punir ceux qui arrivent en retard et de ne pas bosser dès qu'il se passe un truc, c'est plutôt que j'y vois ici un décalage entre l'importance des tâches et cette attitude. ça dépeint un monde où tout est en abondance et personne n'est obligé de travailler dur, donc ça donne moins de force aux enjeux (disons que on imagine qu'ils sont loin de toute crise, tout roule dans leur monde). :)
(D'ailleurs, je parle de symbiose parce que cela efface certains des défauts présents chez l'être humain, mais le gros de la différence entre cette société et la nôtre reste simplement l'absence de capitalisme et de course à la rentabilité, hein. Et même chez nous, il arrive que les employés d'un bureau regardent un match de foot pendant leurs heures de travail. Ça ne veut pas dire pour autant que leur boulot n'est pas important, juste qu'ils sont humains.)
Je n'ai aucun soucis avec le fait que la société se porte bien, il y a de très bonnes histoires comme ça et dans le même genre de thème (comment ne pas penser à il était une fois la vie, et les brigades immunitaires ?)
C'est plutôt 2 points différents, un "à grande échelle" et un "à petite échelle" qui m'ont questionné. Pour la grande échelle, on s'attend à un enjeu de société, et cet enjeu est révélé dans la fin du chapitre 3 (donc plus tard). La grande échelle ne me choque pas, c'est top (comme je dis, pas la peine d'avoir d'enjeux sociétaux à chaque fois).
Pour la petite échelle, au niveau du personnage, j'ai eu plusieurs interrogations / réflexions. Dans un monde où tout va bien, pourquoi lui en vouloir d'arriver en retard ? Dans mon expérience de travail, j'ai été dans des endroits où le travail est important, mais pas urgent. Des collègues arrivent en retard tout le temps, et tout le monde s'en fiche. Pourquoi ? Parce que 1) le travail est quand même fait 2) il n'y a pas besoin d'être en équipe sur toute la journée.
Le fait qu'ils prennent le temps de regarder l'intervention peut se voir de plusieurs manières, en fonction de la rareté de l'événement et de l'équilibre urgent / important. Par exemple, si tu es aux urgences, et que tu vois les médecins arrêter de travailler et dire "oh, ben il y a un match de foot, on s'occupe de vous plus tard", je pense que je n'ai pas besoin de développer l'état de stupéfaction dans lequel tu serais. Si c'est des pompiers, et qu'il y a un feu, idem. Mais si c'est des pompiers, et qu'il n'y a pas le feu, là, c'est tout de suite différent ! (on peut bien regarder un match quand il y a pas le feu!) Mon ressenti était donc plutôt, après réflexion, sur le fait que je ne comprends pas pourquoi on lui demande d'être à l'heure (urgence) alors que juste derrière, ils regardent un événement sans bosser (donc pas urgent). Enfin, dans cette société, si le travail n'a pas de "tension", la question que je me pose pour le héros est : pourquoi il ne dit pas juste "moi j'aimerais sortir et je veux être chasseur, j'y vais". Quelles sont les conséquences s'il fait ça ? à ce moment là de l'histoire, ce n'était pas clair pour moi. Si les gens peuvent prendre le temps de ne pas bosser, personne n'est indispensable, donc il pourrait s'affranchir de ce poids. Je nuancerai ça avec la rareté de l'événement. Regarder un match de foot tous les jours au boulot, ça donne l'impression qu'on pourrait clairement se passer de quelqu'un dans le service (et donc que les gens sont libres de partir). Mais si c'est un événement comme "on a marché sur la lune", tout de suite on comprend que tout le monde arrête de bosser, ce n'est ni pas important, ni pas très urgent. Comme cette "rareté" ne m'est apparue qu'au chapitre suivant, je comprends "a posteriori" cette non-chalence. Je vois aussi qu'il y avait des indices de cette rareté, mais je ne l'avais pas bien vu!
TL;DR:
- Pourquoi a-t-il besoin d'être à l'heure ?
- Les sorties de chasseurs sont rares, mais je ne l'ai compris qu'au chapitre suivant.
Mouais, même quand je veux faire court, c'est long. En espérant que ça soit plus clair...
Pour le reste, je pensais avoir expliqué ça avec ce passage : "Il jouait de malchance. Les allées et venues des chasseurs étaient les seuls moments où les armuriers ne pouvaient pas se permettre d’être à effectif réduit." (donc on revient à ton analogie des pompiers selon qu'il y a ou non un feu) Mais je verrai si je peux être plus explicite. Merci !
C'est bien trouvé le terme de Chucret/chucrette, ça m'évoque des images de peluche mignonne....
Quant à l'histoire, j'aime décidément beaucoup cet univers mystérieux et l'espèce d'attrait mystique qu'exerce le grand vide. En tout cas pour Imes. Je trouve aussi très intéressants la lutte intérieure qui s'impose à lui, étayée par la comparaison teintée de colère et de jalousie qu'il fait avec son frère. Ça en fait déjà un personnage très riche et complexe. Kriis aussi est intéressante, bien qu'on en sache encore peu de choses. Mais sa personnalité plus extravertie est un bon complément pour celle d'Imes.
Par contre, je ne suis pas sûre d'avoir compris : Imes est gay et il fantasme sur Jebellan, c'est ça ? Et Kriis l'est aussi, ou c'est de l'admiration, qu'elle ressent pour Uvara ?
En tout cas, l'arrivée des deux chasseurs est prometteuse pour la suite.
Je te le dis tout de suite, je suis hyper impressionnée !
Ah oui, j'ai juste une question : pourquoi avoir mis le chapitre précédent en prologue ? Comme celui-ci est en continuité directe, ça pourrait être le chapitre 1, non ?
Je pense que tu as eu la confirmation au chapitre suivant, mais oui, Imes a un splendide béguin pour Jebellan. Pour Kriis, c'est moins évident. Je pense que tu comprendras pourquoi plus tard dans l'histoire.
Merci beaucoup en tout cas, tes compliments me font rougir de plaisir !
Sans ça, je trouve que malgré les termes spécifiques et tes inventions (chucrets et tout ça), on ne se perd pas dans ton univers, je visualise sans problèmes les différentes choses, l'action et tout ça, et c'est un bel univers. J'ai hate de voir ce que tes personnages ont dans le ventre ^^
J'ai particulièrement aimé la scène dans le sas, je voyais la membrane palpiter comme si j'y étais. Tu as une écriture très immersive. Ta description de cette espèce de tension qui attire Imes vers le vide tout autant qu'elle la repousse était très juste.
J'ai vraiment hâte d'en savoir plus sur ce très joli monde.
Uvara la chasseuse => il me semble que si tu ne précises pas de quoi (genre chasseuse de trolls) et que chasseuse est là comme un titre, il faut écrire chasseresse.
Enfin voilà, le personnage d'Imes est attachant, et les chucrets sont trop cutes.
Ce n'est pas dans mes habitudes d'être dans les chaussons de celui qui attend à la maison pendant que les chasseurs sont de sortie ( ;) ), j'en apprécie d'autant plus la position délicate d'Imes.
Dernier détail, lorsque j'ai compris que Chucret devient chucrette au féminin, j'ai trouvé ça tellement adorable ! ça sonne comme sucré et sucrette. Ce petit détail de rien a refait ma journée.
Ma dernière visite remonte à un petit moment, j'étais donc impatiente de découvrir la suite de ton prologue, qui avait - je m'en rappelle - titillé ma curiosité !
Il n'y a pas à dire j'aime beaucoup ce décor de "grand vide" dans lequel tu situes l'histoire. Cet "hôte" m'intrigue toujours autant et il me tarde que tu en dises plus sur lui et sur les charognards (si, bien entendu, ces détails sont prévus pour la suite). J'adore le fait que tu donnes de la personnalité aux chucrets et qu'on ait des interactions régulières avec ces drôles de compagnons ; le contexte de leur popularisation et l'apport d'avis divergents sur cette dernière donne un peu plus de réalisme à l'histoire.
J'ai été un peu perdue au début du chapitre (sûrement à cause du temps que j'ai mis à venir lire la suite) mais j'ai rapidement été replongée dans le bain ! Imes est un protagoniste qui m'est sympathique car avec une véritable problématique : le fait de vivre dans l'ombre de son frère. Comme tu l'as si bien mentionné, il semble vivre par procuration à travers lui et sa célébrité a l'air de pas mal le contrarier... C'est un sentiment que je connais bien, malheureusement, je ne peux donc que compatir...
Juste une petite remarque. A un moment donné, tu précises qu'Imes "découvre les dents". On peut découvrir les dents dans une esquisse de sourire ou de grimace, et a priori on a plutôt tendance à penser qu'il sourit puisqu'il parle de façon positive de son frère à ce moment-là. Je chipote sans doute un peu, mais je crois qu'il est judicieux de préciser le sentiment qui anime Imes à ce moment-là (de ce que j'ai compris, c'est le fait que son frère "fasse son show" alors qu'Imes essaye de profiter du paysage)...
Je ne vais pas tarder à lire la suite en tout cas !
Je suis contente que la suite te plaise, en tout cas. Les détails sur l'hôte et les charognards mettront un peu de temps à venir, mais ça viendra. ^^
J'adore ces petites bêtes dis-donc ! Ces Chucret c'est des sortes de téléphone en faite XD.
Je trouve que tu introduits très bien les personnages, au début, on est un peu perdu, qui est qui mais ça passe rapidement ! J'aime bien Kriis, quel est donc cette étrange maladie ?
Oh le frère qui rentre.. pourquoi j'ai pas l'impression que c'est une bonne idée... On dirait que Imes vit dans l'ombre de son frère...
Excuse moi pour ce commentaire un peu messy, j'écris mes impressions au fur et à mesure !