Chapitre 2

Le murmure fut remplacé par des toux et David commença également à être gêné. Sa gorge et ses yeux lui brûlaient et un début de nausée se fit sentir.

Il a été fort sur le fumigène, Hubert là. Il va faire vomir tout le monde avec ces conneries.

David eut l’impression de voir le paysage tourner autour de lui. La nausée montait de plus en plus, des picotements parcouraient son échine, il se retrouva au sol. A quatre pattes par terre, il lâcha sa dague et se concentra pour éviter de vomir son repas. Les voix autour de lui l'assourdissaient, vrillant ses tympans et martelés dans son crâne.

 

Soudain, le silence. Les feux autour du cercle d’invocation lui permettaient de distinguer quelques ombres parmi la brume qui commençait à se dissiper. Tournant sur lui-même, David sursauta quand il ne vit plus la forteresse qui le surplombait au début de sa scène.

C’est quoi, ce truc ? Il a mis quoi dans sa fumée. Il nous a drogué ou quoi ?

 

Des chuchotements lui parvinrent. 

 —Tu crois que c’est lui ?

—J’en sais rien, moi. J’ai fait ce que Fanar a dit. 

—Ça ressemble pas à Ogma. 

—Tu crois vraiment que c’est lui qui va se déplacer, t’es vraiment couillon toi.

—Ben quoi, c’est écrit « Invocation d’avatar d’Ogma ».

—Justement, A.V.A.T.A.R. Qu’est-ce qu’il m’a fichu des abrutis pareils ? Pas étonnant qu’on perde tout le temps.

David plissa des yeux afin de mieux distinguer les personnes qui l'encerclaient. Il recula d’un pas quand il reconnut la tenue caractéristique des barbares du monde de Gémonia. 

Ce n’est pas prévu, ça. Et comment ils ont fait pour me déplacer ?

Un homme de bonne stature s’avança vers lui. Il portait des peintures bleues tribales sur le visage.  Ses longs cheveux étaient tressés et rasés sur les côtés. Le glyphe rouge peint sur son front ne laissait aucun doute sur sa caste.

Un mage barbare. Mais ce n’est pas dans le scénar ça. David fonça les sourcils en tentant de comprendre. 

A mi-hauteur, l’homme s'arrêta et s’agenouilla :

— Oh, Avatar d’Ogma, dieu de la magie guerrière, nous demandons ton humble faveur. Moi, Talorc, représente en ce lieu notre chef Cirig, de la tribu des Scythes. 

Merde, je fais quoi, moi. C’est un test ou quoi ?

—Celui-ci t'attend en sa demeure comme un roi tu y seras reçu.

Pas le choix. Soit c’est un test soit c’est vrai et ils vont me tuer quand ils vont se rendre compte que je peux pas les aider... David se pinça machinalement le bras. Aie. Je suis foutu. Dès que je vais parler, ils vont découvrir que j’ai rien d’un avatar d’Ogma. 

Toujours à genoux, Talorc attendait une réponse qui ne venait pas.

David brisa enfin le silence gênant :

— Euh, je crains qu’il n’y ait une méprise et je suis très désappointé d’avoir été invoqué de la sorte. Je suis Aldaron, haut-mage de l’ordre d’Aornis et j’exige des explications sur ma présence en ces lieux.  David serrait les fesses en attendant la réaction de Talorc. Ça passe ou ça casse.

Tout penaud, Talorc se redressa. Il jeta un regard noir derrière lui qui dissuada ses compatriotes de ricaner. 

—Toutes mes excuses, Messire Aldaron mais nous avons procédé à une invocation de notre dieu Ogma, espérant qu’il nous envoie un avatar pour nous aider.

—Et on ne peut pas dire que vous avez excellé dans la démarche, poursuit David. Et bien qu’attendez-vous ? Renvoyez-moi chez moi ? Brisez le rituel ? Vous savez bien que seul l’invocateur peut renvoyer ce qui a été invoqué.

Précipitamment, Talorc brisa sur le sol la fiole contenant les éléments d’invocation et ordonna à ses collègues d'effacer le cercle présent au sol.

Rien. Aucun changement. L'incompréhension se lisait sur le visage des barbares. 

Merde. Je fais quoi maintenant. Comment je sais ce qu’ils ont prévu dans le scénar ? On est bien dans le GN au moins. Ils me disent rien ces joueurs.

Talorc regarda David d’un air crispé et haussa les épaules. 

—Et sinon, vu que vous êtes encore là et que vous avez l’air d’être un mage qui s’y connait, vous pouvez peut-être nous aider, vous. 

Avant que David puisse répondre, Talorc vit la main de David couverte de sang. 

A sa vue, celui-ci s’exclama :

—Mais, que s'est-il passé ? On doit vous soigner. 

—Hein, quoi ? Ah non c’est rien ça, regarde. David frotta sa main au sol et la montra de nouveau à Talorc.

David sourit de satisfaction quand il entendit les murmures d’admiration montrés autour de lui.

— T’as vu aucune blessure. C’est puissant un mage d’Aornis ?

David ne boudait pas son plaisir, enfin il se sentait à sa place. 

—Talorc, amène-moi à ton chef. De tout façon, on ne peut pas dire que d’autres solutions s’offrent à moi. Tu m’as amené ici, tu me dois l'hospitalité jusqu'à ce que tu trouves comment me ramener chez moi.

 

*

Les chuchotements n’avaient cessé pendant le trajet et David comprenait bien leurs interrogations. 

Ça ne va pas être facile de leur faire avaler la pilule. Les commentaires sur son physique allaient bon train. Rare était les barbares ayant rencontré un elfe, alors un haut mage. 

Après avoir ruminé tout le long du chemin, David tenta de reprendre contenance quand il vit qu’ils approchèrent du camp de la tribu des Scythes.

La tribu les attendait, tous se pressaient pour voir l’Avatar de Ogma et David pouvait lire l’interrogation sur chacun des visages qu’il croisait. 

Deux guerriers lourdement armés gardaient l’entrée de la tente principale, ils s’écartèrent sans question à la vue de Talorc.

David contempla l’intérieur richement décoré de la tente. Elle reflétait le statut de celui qui présidait et les attendait impatiemment sur son trône de bois, d’os et de peau.

Un sourire de satisfaction se dessina sur son visage taillé à la serpe quand il vit l’identité de ses visiteurs. 

Talorc et l’ensemble de sa troupe mirent un genou à terre afin de saluer leur chef. Alors qu’il commençait à faire de même, David se ressaisit à temps.

Putain, mais je suis con. C’est un barbare, je suis un haut-mage elfe. Je ne vais ployer devant un humain. 

Quand il aperçut David, il se leva pour mieux le voir et fronça les sourcils. 

David sentit une goutte de sueur couler le long de son échine. Merde, on peut dire qu’il a du charisme leur chef. Va falloir que je fasse attention si je veux pas finir la tête sous sa hache. 

 

Le regard du chef passait de David à Talorc. 

— Cirig, nous avons eu un petit contretemps. L’invocation a eu des effets non voulus. Je te présente Messire Aldaron, haut-mage de l’ordre d’Aornis. 

 A ses derniers mots, Cirig tressaillit. Se redressant, Talorc désigna David de la main. Cirig ne détachait pas ses yeux de David, celui-ci se sentit détailler la tête aux pieds. David tenta de soutenir son regard.

C’est toi qui me dois le respect. Pour une fois, qu’un chef s'agenouille devant moi, test ou réalité, crois-moi que je vais en profiter mon coco.

Talorc regarda la scène, interloqué. Il secoua la tête devant l’attitude de son chef, s’avançant vers son oreille, il lui chuchota :

—Certes, ce n’est pas un avatar d’Ogma mais tout de même un membre de l'éminent ordre d’Aornis.

Cirig plia enfin le genou et le posa au sol. 

—Moi, Cirig, chef de la tribu des Scythes te présente toute ma gratitude d’avoir répondu à mon appel et te remercie pour l’aide que tu nous offres.

David prit son temps pour répondre en savourant sa victoire sur son adversaire.

—Tu te trompes, Cirig. David, plein d’assurance, tournait autour de Cirig, savourant sa supériorité. Je n’ai répondu à aucun appel, ma présence est due à l'incompétence de tes mages et je n’ai pour l’instant aucunement accepté de t’offrir mon aide. J'espère pour toi que l’on saura me dédommager pour la gêne occasionnée. Talorg n’a même pas su me renvoyer. 

Cirig, toujours à genoux, sursauta légèrement sous la menace non dite.

—Mes humbles excuses, Messire Aldaron, pour l'incompétence de Talorc. Mais je manque à tous mes devoirs d’hôtes. Souhaitez-vous vous restaurer avant que je vous explique ma requête ainsi nous pourrions trouver un terrain d’entente ?

—Et pourquoi ne pas faire les deux en même temps ? Relève-toi, Cirig, et allons-nous sustenter. Oh et je vais être magnanime, Aldaron suffira. 

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tiriel
Posté le 29/07/2023
J'aime bien cette suite, on plante une situation intéressante ! (Et on ne va pas se mentir, le rêve secret de beaucoup de rôlistes)

À part les quelques fautes d'orthographe ou de syntaxe, j'ai noté deux trois trucs.
- Un personnage change de nom (Talorc devient Talorg)
- Les barbares parlent vachement bien pour des barbares. Si c'est voulu, peut-être insérer une phrase/pensée de David/Aldaron pour l'expliquer ?
- Les paragraphes me semblent très courts, ça induit une sorte de saccade qui ralentit la lecture, je trouve.
- Par contre le peu de description ne me choque pas, je trouve que ça laisse juste plus de place à l'imagination, un peu comme un conte, et c'est très sympa !

Hâte de passer à la suite !
Eryne Beaumont
Posté le 02/08/2023
merci de ton retour.
Aude Réco
Posté le 24/07/2023
J'y retourne pour la suite !

"Il a été fort sur le fumigène, Hubert là. Il va faire vomir tout le monde avec ces conneries." => "avec ses conneries", non ?

"A quatre pattes par terre" => je crois qu'"À quatre pattes" suffirait.

"C’est quoi, ce truc ? Il a mis quoi dans sa fumée. Il nous a drogué ou quoi ?" => Je crois que tu as oublié un point d'interrogation après "fumée".

"Merde, je fais quoi, moi. C’est un test ou quoi ?" => Pareil après "moi".

Globalement, je trouve que ça manque de contexte. Quand tu parles de la tente richement décorée, à part le trône, on ne sait pas ce qui s'y trouve. J'ai du mal à me projeter dans ton texte. (Il ne manque pas grand-chose, essentiellement des repères.)
Eryne Beaumont
Posté le 26/07/2023
bonjour Aude, merci pour tes retours
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