PRESENT : ELIJAH
Le jeune adulte fut au rendez-vous ce soir-là, dans le parc à côté du Dédale. Il n’avait pas eu trop de mal à sortir, bien qu’il ait dû se cacher une ou deux fois au passage d’un patrouilleur chargé de veiller à ce que le couvre-feu soit respecté. Il sortit le petit mot qu’il avait trouvé dans la chambre de Nethan et le relut pour la vingtième fois au moins. Ce post-scriptum… Il ne laissait rien présager de bon. Ô bon sang ! Pourquoi n’avait-il pas veillé sur la fillette ?! Il se sentait tellement idiot d’être parti en laissant Nethan toute seule… Un froissement discret retentit soudain. Elijah s’immobilisa, l’oreille aux aguets. Il n’avait pas une très bonne vue (on pouvait même dire qu’elle était franchement mauvaise) et la noirceur de la nuit l’empêchait de voir quoi que ce soit. S’il avait à faire à un ennemi, son corps frêle et sa petite taille ne pourraient pas jouer en sa faveur. S’il devait s’enfuir, c’était maintenant. PS : La petite fille est avec nous. Mais non imbécile ! Ce n’est pas le moment de fuir ! Il serra les poings et entendit le craquement léger de ses phalanges.
La silhouette parut devant lui tel un fantôme. On aurait pu croire à une apparition surnaturelle. Elle avait une silhouette féminine qui se devinait sous son poncho et, dans l’ombre de sa capuche brillaient deux points marrons qui devaient être ses yeux. Elle examina rapidement Elijah, la lame brillante d’un couteau pointée vers le sol, parée à passer à l’acte, puis hocha la tête et se détourna. Un instant, l’homme pensa à profiter de son inattention pour se jeter sur elle et la désarmer mais il risquait gros. Il avait besoin de cette personne pour trouver Nethan et il lui semblait que l’inconnue était celle qui l’avait sauvé in extremis de la capture, l’autre jour. Réfléchis Elijah ! Non. Il ne pouvait définitivement pas l’attaquer. Au moment où il avait cette pensée, une main surgissait devant lui et l’attrapait par le col de son sweat-shirt.
- Tu me suis où tu rêvasses ? demanda l’encapuchonnée d’une voix nette et tranchante.
C’était la première fois qu’il entendait sa voix et elle ne fut pas très différente de celle qu’il avait imaginée. Il hocha rapidement la tête et se réappropria son sweat-shirt. La jeune femme le guida à travers le Dédale pendant une bonne trentaine de minutes. Les rues s’enchaînaient, plus sombres et plus menaçantes les unes que les autres. Ce n’était pas pour rien que ce quartier était appelé le dédale et Elijah, bien qu’il connût les bas quartiers depuis plusieurs années maintenant, ne tarda pas à se sentir complètement perdu. Les maisons se ressemblaient toutes, aucune rue ne portait de nom. L’endroit avait été construit ainsi afin de pouvoir semer les chasseurs de prime, pendant les grandes rafles. Une tactique simple mais efficace. Le Dédale céda bientôt sa place à d’autres rues, mieux différenciables et peut-être un peu plus décorées, un peu plus joyeuses. Les maisons avaient meilleure allure et les rues étaient plus propres. Il y avait un peu d’éclairage nocturne. On était dans les quartiers moyens. La où vivait la norme de la population. Ceux qui avaient un travail, les non-mages qui se servaient de la magie distraitement, sans même le savoir, que ce soit pour se déplacer ou pour illuminer leur maison.
- Où est-ce que vous m’emmenez ? demanda Elijah que cette question taraudait depuis tout à l’heure : Et qui êtes-vous ?
La femme sembla le jauger, voir s’il était en mesure d’entendre ses paroles, puis répondit à la question :
- Je m’appelle Abigail. On est bientôt arrivés à notre destination.
Et ils arrivèrent une dizaine de minutes après qu’elle eut prononcé ces mots. Ils s’arrêtèrent en haut d’un escalier qui se faisait happer par l’obscurité d’un large tunnel souterrain. Sur le coin de la première marche, discrètement esquissée, il y avait ce qui ressemblait à une libellule stylisée.
- Où sommes-nous ? demanda le garçon.
- C’est l’ancienne voie de TMIZ.
Le Transport Magique Inter-Zone. Il avait fait fureur du temps où la face sciento-magique possédait une ressource magique illimitée ou presque. C’était un jeune ingénieur qui l’avait inventé sur le modèle de la voiture magique. Il voulait faire un transport convivial qui rassemblerait tous les habitants d’une même ville. Mais la machine nécessitait énormément d’énergie magique et, lorsque cette dernière s’était raréfiée, le TMIZ avait été fermé à Nirim sur ordre du bureau de l’intendance magique (le BIM). Néanmoins, les accès aux voies souterraines n’étaient pas toutes condamnées. Abigail commença à descendre la volée de marches et, alors qu’elle s’était à demi enfoncée dans les ténèbres, elle se retourna vers Elijah qui hésitait, encore en haut de l’escalier, et qui semblait presque trembler de peur.
- Tu ne veux pas retrouver ton amie ? lui demanda-t-elle : C’est ton choix après tout.
- Si. répondit le jeune homme avec détermination.
Mais il ne bougea pas. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne reprenne la parole.
- C’est étrange, non ? Comme certains traumatismes restent. Même dans les situations critiques.
Il poussa un rire nerveux qui sonnait faux.
- Ne me dit pas que tu as… commença Abigail.
- Tu as deviné. Quel idiot je fais de dévoiler mes faiblesses.
Il serra les dents et ses lèvres se tordirent en un sourire bancal et contracté.
- C’est ça, tu as deviné. J’ai peur du noir. Etrange n’est-ce pas ? Pour un adulte.
PASSE :
La porte s’ouvrit et le garçonnet fut presque jeté à l’intérieur de la pièce. Il se releva aussitôt et vint s’accrocher à la blouse du médecin, pleurant, criant, le suppliant.
- S’il vous plaît ! Je ne recommencerai pas, c’est promis ! Je ne veux pas rester là, s’il vous plaît !
Le médecin n’hésita pas à donner un coup de pied à l’enfant qui alla s’échouer un mètre plus loin, sur le sol. La porte se referma aussitôt, plongeant la pièce dans le noir. Elijah se jeta contre le battant, le frappant de toutes ses maigres forces de petit garçon.
- Non, non, NON !
Une pièce vide, entièrement noire, pas d’occupation, pas de compagnie, seulement ses pensées. Rien que lui, seul avec lui-même, pendant des heures et des heures. Et tout ça pour quoi ? Parce qu’il avait eu le malheur de demander qui était la fillette du douzième étage ? Celle qu’il n’avait jamais vue au réfectoire ou parmi les autres mages depuis qu’il était ici ? Bon sang, bon sang, BON SANG !
Son petit poing d’enfant frappa de nouveau contre la porte et les larmes commencèrent à couler à flots. Il ne voulait pas rester là. Pas dans le noir, tout seul, face à ces ombres terrifiantes. Ces voix imaginaires qui lui soufflaient tant d’atrocités. Pas ça. C’est pourtant tout ce que tu mérites. Non, c’était faux. Il ne le méritait pas ! Mais si ! Parce que tu as désobéi aux médecins. Ce n’est pas bien de désobéir. Si. Si, il avait le droit de désobéir s’il était sujet à des maltraitances. C’était légitime. Il se prit la tête entre les mains, s’arrachant presque les cheveux pour échapper à ses propres pensées. Non, tu ne dois pas désobéir. Tu n’as pas le droit. Les monstres n’ont pas le droit de tenir tête aux humains.
- Je ne suis pas un monstre ! riposta le garçonnet.
Les monstres, c’étaient les médecins. Les monstres, c’étaient les habitants de la ville qui vivaient là, à côté du laboratoire, tous heureux car leur monde était prospère, et qui ne savaient même pas d’où venait la magie qu’ils utilisaient, ni ce qu’on faisait aux jeunes mages du labo ! Non. C’est toi le monstre. Toi, qui ne peut même pas te servir correctement de ton pouvoir. C’est toi le monstre. C’est toi. Les monstres doivent rester cachés dans le noir. Personne ne veut voir les monstres comme toi. Il gémissait, maintenant. Toujours ces pensées, toujours cette torture, celle qu’il allait endurer pendant des heures. Il détestait cette salle, il détestait les ténèbres, les ombres terrifiantes qui venaient le menacer, alors même qu’il était seul, sans défense, âgé de 9 ans et quelques. La peur, toujours la peur, c’était comme ça que les chercheurs du labo se faisaient entendre.
Il poussa un cri silencieux qui ne résonna que dans son esprit comme un râle d’agonie. Et il resta là, tout seul, recroquevillé sur lui-même, incapable de faire cesser la souffrance, les pensées, les voix.
PRESENT :
- Elijah Meyer !
L’intéressé reprit ses esprits. Il était toujours en haut des escaliers, devant le tunnel, mais il s’était déplacé et se trouvait à présent plus près du mur, la main gauche s’accrochant à la rampe avec ferveur, la main droite plongée dans sa masse de cheveux blonds. Il avait le vertige. C’était un euphémisme. Il avait l’impression qu’un coup de vent pourrait l’emporter loin, très loin, et le briser en mille morceaux. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que ce souvenir refasse surface ici, maintenant ? Alors même que la vie de Nethan était peut-être en danger ? La jeune femme qui l’accompagnait, Abigail, remonta les marches dans sa direction et, une fois qu’elle fut près de lui, lui demanda si ça allait car il avait une mine affreuse. Il lui assura que oui, il allait parfaitement, mais ne put pourtant pas bouger. Agacée, sa guide finit par se planter en face de lui, bras croisés, et lui dire ce qu’elle pensait sans détours.
- Bon, écoute, Elijah Meyer. Je ne suis pas psy, ni même une camarade prête à écouter la dure vie des autres. Je ne vais pas te prendre par la main pour descendre cet escalier. Chacun ses peurs, chacun ses problèmes. Mais il y a deux choses dont tu dois te souvenir. La première : ta jeune amie est avec nous, et il va falloir que tu descendes pour venir la voir. La deuxième : Quelqu’un m’a dit de t’amener ici, ce quelqu’un a besoin de toi. Et si tu n’es pas prêt à descendre ces fichus escaliers pour emprunter le tunnel, je trouverai un moyen de te faire descendre par force. Mais ça risque d’être beaucoup moins agréable. Maintenant, à toi de voir le moyen que tu veux employer pour rejoindre les souterrains de Nirim.
Il eut une nouvelle fois envie de rire. Il n’allait certainement pas rester là à trembler alors qu’il ne savait pas si Nethan était saine et sauve. Alors doucement, avec hésitation, d’abord, puis avec résolution, il descendit une marche, puis deux, et toute une volée sous le regard impassible d’Abigail.
Ils arrivèrent bientôt dans les souterrains de la ville qui, comme on pouvait s’y attendre, étaient sombres et froids. La jeune femme qui l’accompagnait n’avait qu’une vieille lampe torche qui émettait un faible faisceau lumineux, éclairant à peine le passage. Quelquefois, le tunnel s’élargissait pour devenir un quai et, lorsqu’un TMIZ était là, abandonné, ils entraient dedans et le traversaient. Bientôt, au détour d’une galerie, ils empruntèrent une porte métallique qui se découpait dans le mur gris. L’ouvrir ne fut pas chose aisée. Le battant était un peu déformé et ça coinçait quand il fallait l’extraire du cadran. Ils durent s’y mettre à deux et finirent par y arriver. Derrière la porte se prolongeait un corridor vétuste éclairé par des tubes lumineux clignotants. Des portes bordaient les murs de part et d’autre du couloir, toutes fermées. Un frisson parcourut le dos du jeune homme et il sentit un filet de sueur s’écouler le long de son dos. Abigail, elle, se mit simplement en route en lui attrapant le bras, signifiant par là que sa patience était écoulée et qu’elle ne comptait pas attendre qu’il dompte sa peur. Sa poigne était forte et, sur le moment, Elijah se sentit prisonnier. Ses appréhensions revinrent au galop et il se demanda comment il avait pu être assez bête pour suivre cette jeune fille dans des galeries souterraines inaccessibles à qui ne les connaissait pas avec le maigre espoir de retrouver une fillette qu’ils avaient peut-être refilée au labo. Après tout, qui étaient-ils ? Cette femme pouvait très bien l’assassiner ici même, puis l’éviscérer et personne ne le saurait. Non, il n’était absolument pas en sécurité. Il fallait qu’il parte. Et Nethan ? Tu y penses ? Elle est peut-être ici, peut-être blessée. Et toi tu veux t’en aller ? Tu serais même in capable de retrouver ton chemin ! Contente-toi de la suivre, ça vaut mieux pour toi. Les pensées se bousculaient dans son esprit, trop rapide pour qu’il puisse les intercepter. Des milliers de plans de fuite lui venaient à l’esprit, tous refusés. Et puis… C’était vrai. Qu’est-ce qu’il ferait, une fois seul dans le noir ? Comment comptait-il retrouver la surface ? Qu’allait-il faire pour Neth ? Maintenant qu’il était là, autant continuer et…
- On est arrivés.
- Hein ?
Abigail ouvrit une porte à leur droite, toujours métallique. Elle bascula vers l’intérieur dans un chuintement discret.
Elijah découvrit une petite pièce assez sombre, éclairée grâce à une lampe à huile. Il y avait un bureau, une chaise et une étagère remplie de dossiers classés par couleur d’un côté. De l’autre côté, il y avait une sorte de petit salon avec deux canapés installés face à face sur un tapis, séparés par une table basse. Installées dans le canapé qui se trouvait face à la porte, il y avait deux personnes : une femme d’une trentaine voire une quarantaine d’années, en blouse blanche, assise droite, les mains sur les genoux, un air inquiet sur le visage. Ses doigts s’agitaient et tapotaient nerveusement son genou gauche. À côté d’elle, un jeune homme qui devait être à peine plus vieux qu’Elijah. Affalé dans le canapé, il avait les mains jointes derrière la tête et les pieds croisés sur la table. Ses cheveux châtain clair étaient mi-longs, légèrement ondulés, et retombaient en mèches harmonieuses sur son front. L’un de ses yeux était gris. L’autre était dissimulé sous un carré de tissu renforcé noir. Lorsqu’il vit entrer les deux visiteurs, il se leva souplement et esquissa un sourire chaleureux qui venait cacher son air arrogant. Elijah remarqua une étrange bosse sous sa chemise. Il était armé. Il fronça les sourcils. Le jeune homme au cache-œil vint lui serrer la main, plus pour démontrer sa force que par réel accueil, et s’adressa à Abigail en même temps.
- Merci d’avoir ramené notre cher invité, Abby ! Je te laisse partir, quartier libre pour toi aujourd’hui.
La jeune femme sourit. Elle avait une lueur d’admiration dans les yeux. Qui était cet homme ? Une sorte de gourou ? Il entendit la porte claquer et, aussitôt après, l’homme lui lâcha la main et se présenta :
- Salut, moi c’est Jake McDorsey ! Bienvenu chez…
Elijah ne lui laissa pas le temps de finir. Il se jeta sur lui et le plaqua contre le mur.
- J’ai été sympa, j’ai joué à votre petit jeu. Maintenant je n’’ai plus la patience. Dis-moi où est Nethan ! Qu’avez-vous fait de mon amie ?!
Cachés dans un recoin sombre de la pièce, des gardes qu’Elijah n’avait pas vu esquissèrent un geste en direction des deux hommes. Mais le dénommé Jake McDorsey les arrêta d’un geste vague de la main et reporta son attention sur celui qui le maintenait prisonnier, esquissant un sourire poli.
- On ne perd pas le nord, à ce que je vois. Veux-tu bien me lâcher, s’il te plaît, que je puisse t’expliquer pourquoi je t’ai fait venir ?
- Vous êtes méprisables ! Me faire venir en utilisant des méthodes aussi lâches… Vous ne mériteriez pas de…
Un clic retentit, discret, et, une seconde plus tard, la situation se renversa et Elijah se retrouva en position de faiblesse, le canon d’un revolver braqué sur son front. La femme qui était toujours assise sur le canapé poussa un gémissement angoissé et les lèvres de Mc Dorsey s’étirèrent en un rictus effrayant. Son œil semblait refléter une lueur de démence et on aurait dit qu’il n’était plus la même personne qu’il y a quelques secondes. Le cœur d’Elijah rata un battement.
- Ecoute, l’œil-d’or, dit-McDorsey en portant un regard sur les iris « dorées » du jeune homme, je déteste perdre mon temps. J’ai quelque chose à te dire et tu n’es pas en position de négocier quoi que ce soit. Je hais les gens comme toi qui ne sont pas capable de s’asseoir et d’avoir une discussion civilisée. Maintenant, je te donne le choix : tu te calmes, tu viens t’asseoir pour qu’on discute et après tu pourras voir ton amie, ou tu meurs ici, parce que je n’ai aucune patience et que je ne compte pas perdre mon temps avec un type qui ne peut que m’apporter des ennuis à cause de son comportement. Alors ?
- Lâche ton flingue et je consentirais à t’écouter.
Il rit.
- À la bonne heure ! Je vois qu’on se comprend, œil-d’or.
Il s’écarta et rangea son arme avant de désigner les canapés à son invité. Elijah s’assit, essayant de contenir la rage qui bouillonnait en lui. Il n’aimait pas cet homme. Il avait quelque chose… Quelque chose d’anormal. L’homme en question s’installa et prit la parole.
- Je disais donc avant ce court épisode : Je suis Jake McDorsey. Bienvenue chez les libellules.
Les libellules. Une organisation qui commençait à se faire sa réputation dans Nirim. Pour les habitants, ce n’étaient que des terroristes. Mais pour ceux qui connaissaient les actions du LERM, ils étaient connus pour avoir mené plusieurs attaques contre eux. Puisque les lois protégeaient le laboratoire, ils manifestaient illégalement. Il y avait quelques partis anti-LERM en ville, fondés par d’anciens chercheurs qui avaient assisté au changement du labo et de ses pratiques. Mais les Libellules restaient la plus grande épine dans le pied du gouvernement. L’incendie du LERM il y a quelques années ? Ils n’y étaient pas pour rien. Les disparitions récentes de certains chercheurs ? Ils devaient certainement avoir des informations là-dessus. Mais ils étaient insaisissables. Ils œuvraient dans l’ombre et représentaient à eux seuls la liberté et la révolte des mages. Et c’était dans leur repère qu’était Elijah ? Mais que pouvaient-ils bien lui vouloir, à lui, au point de capturer son amie pour le faire venir ? La réponse à sa question arriva bientôt.
- Que ce soit bien clair, reprit Jake, nous n’avons pas capturé ton amie. Nous avons opéré un sauvetage in-extremis car un groupe de chasseurs de prime s’était mis en tête de fouiller les vieux immeubles des quartiers abandonnés. C’est un miracle que ce soit toi et pas eux qui ait découvert notre petit mot. Maintenant, venons-en au fait : On a besoin de toi.
Avant qu’Elijah ne puisse formuler de question, la jeune femme qui se tenait à côté de McDorsey intervint :
- Je m’appelle Joanna Khantson. Je suis l’ancienne présidente du LERM.
Oui, Elijah la reconnaissait maintenant, cette femme qui avait disparu juste après le passage de pouvoir au nouveau et actuel président du laboratoire. Personne n’avait su où elle était passée à l’époque. Elle avait juste disparu de la circulation, comme ça pouvait arriver à n’importe qui par les temps qui couraient. De ce que savait Elijah, il y avait eu un désaccord entre elle et l’autre président.
- Comme tu dois le savoir, le LERM a d’abord été réquisitionné en tant que centre de recherche pour déterminer la cause de la disparition de la magie. On accueillait des mages volontaires et on les hébergeait. Les recherches avançaient bien, nous avions réussi à trouver que cette disparition progressive de la ressource était due à une infection, une sorte de maladie que certains mages attrapaient. À cette époque, j’avais un collègue très talentueux, mon bras droit : Loan. C’était un scientifique très doué et, en tant que camarade et vice-président du laboratoire, il remplissait son rôle à la perfection. Mais Loan, qui était fasciné par la magie, avait d’autres ambitions que moi. Ce qu’il voulait, lui, c’était construire un passage vers l’autre face afin d’accéder à la quantité illimitée de magie qu’ils possédaient. Avec la sciento-magie, on possédait déjà une puissance inouïe, mais il désirait avoir toujours plus. Il ne cessait de répéter que nos recherches ne menaient à rien, qu’il suffisait de trouver de la ressource magique autre part. Petit à petit, le laboratoire s’est scindé en deux camps : ceux qui voulaient guérir les mages atteints de ce mal mystérieux, ceux qui rêvaient de conquête et de la gloire d’avoir réussi à ouvrir un passage entre les deux faces. Les deux méthodes se valaient pour retrouver la ressource magique, mais celle de mon collègue nécessitait énormément de magie et des conditions déplorables pour les mages qui feraient office de sujets de recherches. On a fini par se disputer et il y a eu un référendum pour savoir ce qu’on allait faire. Loan a gagné le référendum et, dans le même temps, est devenu président du labo. Les choses ont commencé à changer à partir de là. On n’avait pas les mêmes méthodes. J’ai donc décidé de partir, laissant mes recherches derrière moi.
- Hein ? Mais qu’est-ce que… Pourquoi… ?
Elijah ne comprenait pas où elle voulait en venir. Pourquoi lui racontait-elle ça ? Qu’est-ce que ça pouvait lui apporter ? Ou plutôt, qu’est-ce que ça pouvait leur apporter, à eux ?
- C’est à ce moment que tu interviens, Elijah Meyer. dit McDorsey qui avait attendu avec excitation la fin du récit de sa collègue : Je me suis renseigné sur toi. Et je sais que tu es resté longtemps au LERM. Tu connais les recoins du labo, Meyer. Tu vas t’infiltrer au LERM.
Il disait cela avec un sourire en coin qui ne laissait présager rien de bon. Quant à Elijah, il ne comprenait pas.
- Quoi ? Moi, m’infiltrer dans le… Mais pourquoi ? Et puis d’abord, qu’est-ce que vous faites avec une chercheuse du LERM ?!
- Tu ne seras pas seul, assura Jake, je serai avec toi. Enfaite, on sera toute une équipe à nous infiltrer. Mais tu seras celui qui connaît le mieux les lieux donc tu devras nous guider. Quant à ce qu’on fait avec une chercheuse du LERM, disons qu’elle a demandé notre aide et qu’on a accepté parce que ça nous était profitable. Elle ne va pas nous balancer, elle est digne de confiance. Alors ? Tu acceptes ?
- Et vous ? Pourquoi vous voulez infiltrer le LERM ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?
- À l’organisation ? Des infos. Quant à moi, j’ai une vieille histoire à clôturer, là-bas. Si t’es pas prêt à donner ta réponse, on va te conduire jusqu’aux chambres et tu pourras retrouver ton amie. Nethan, c’est ça ? Qu’est-ce que tu veux faire ?
- Je… Je ne sais pas. Je vais faire ce que vous avez dit.
- Bien. Un petit déj’ est servi tous les jours entre 7h et 10h du matin au « bistro ». Enfin… Tu verras demain, quand Abby viendra te chercher pour faire la visite. Sur ces mots, salut.
Elijah aurait voulu poser une multitude de questions, encore, mais le jeune homme ne lui en laissa pas le temps. Il le poussa presque jusqu’à la porte qu’il referma juste après. Abigail, qui attendait derrière la porte, prit le relais et l’amena dans une succession de couloirs jusqu’à une chambre où il retrouva sa jeune amie. Elle était là, assise sur le lit, en train de lire un livre pour enfants. Et à cet instant, elle ressemblait réellement à une enfant de son âge, et non pas à l’adulte au corps d’enfant que le jeune homme connaissait. Lorsqu’il entra dans la pièce, elle leva la tête et lui adressa un sourire calme. Il était évident qu’elle se sentait en sécurité ici. En confiance. Elijah s’assit à côté d’elle sur le lit et l’entoura de ses bras. Elle se laissa faire tout en continuant sa lecture. Abigail finit par partir et, lorsqu’ils furent seuls, Elijah lâcha la fillette.
Il repensa à ce qu’il s’était passé récemment. Les rêves de la fillette, l’attaque qu’elle avait subi, et le garçon qui l’avait sauvé. Ce garçon mystérieux. Des yeux noirs, et cette phrase, « Je serais toujours là. ». Alors il se décida à se confier à la jeune fille.
- Nethan. Il faut qu’on parle.
Les Libellules me procurent de la sympathie. Mais en même temps, je n'arrête pas à m’imaginer un tas de scénario sur Eux XD Bref, c'est un détail qui va me rester dans la tête un petit moment.
Y'a juste un petit endroit qui peu être amélioré je pense c'est juste avant le passé de Elijah, la dernière phrase qu'il dit est un peu de trop je trouve. Parce qu'on se doute déjà et qu'on aura la confirmation avec son passé juste après.
Sinon, le passé est génial. On s'en bien la cruauté de LERM. J'aime beaucoup aussi quand on "entend" la voix dans la tête de Elijah, ça rend très bien. Comme si il était un peu fou.
Bref, encore un chapitre de qualité! Avec plein de nouveaux persos stylés et des émotions fortes XD
Toujours un plaisir de voir tes commentaires aussi élogieux !
Je ne voulais pas faire d'un côté les méchants et de l'autre les gentils. Je voulais simplement qu'il y ait des personnes "normales" (ok, peut-être un peu folles) qui soit prêtes à sacrifier des vies pour la gloire (bon... Enfaite elles ne sont pas normales. Mais personnellement, je ne les vois pas comme des méchants méchants XD)
Ha ha ha ! Qui sait ce qui se cache derrière l'organisation des libellules ?!
Pour le souvenir d'Elijah, disons que je ne cherchais pas vraiment à mettre de suspens étant donné qu'on allait découvrir juste après qu'il avait peur du noir (ou plutôt de ce qu'il cache). Mais je vais peut-être relire avec un point de vue plus objectif pour voir si cela ne fait pas "trop".
Merci pour ton commentaire !
A bientôt !