Le monde 2, Aïïzme, dont les dons de guérissons de ses habitants étaient recherchés par de nombreuses personnes.
Eve frémit d'excitation. Non, se reprit-elle, il fallait qu'elle soit calme et tranquille.
Elle s'assit en face de son miroir et entreprit de coiffer ses cheveux bruns désordonnés.
C'était peine perdue. Ses boucles étaient, avec ses ailes, les seules choses qu'elle n'arrivait pas à maîtriser.
Elle passa un trait d'eye-liner sur ses yeux bleus et posa du rouge à lèvres rose pâle sur sa petite bouche.
Une fois avoir fini de se maquiller, elle enfila une robe blanche avec des motifs dorés, ainsi que des sandales, assorties aux motifs de sa robe.
Finalement, elle posa un collier en forme de colombe autours de son cou, installa un bracelet assorti à son collier et des boucles d'oreilles en or.
Eve se regarda dans le miroir.
Ses cheveux châtains clairs tombaient en cascade dans son dos, retenu par une simple cordelette en or. Elle avait un teint naturellement clair et des yeux bleus, qui étaient désormais relevés par un trait d'eye-liner. Des petites rougeurs apparaissaient sur son visage rond, et particulièrement sur ses joues. Une robe blanche en cuir avec des motifs bleus et dorés, ainsi qu'un haut col, était ouvert au niveau du dos, permettant à ses ailes d'être libérées.
La jeune fille prit un long bracelet doré et le plaça sur son poignet gauche, et sortit de sa chambre.
- Eve, où vas-tu ? Appela une nonne.
L'adolescente se retourna et vit Demoiselle Aria, debout derrière elle, tenant par la main gauche un petite enfant de sûrement six ans et en portait un autre plus jeune.
- Je vais prier au temple, avoua la jeune fille.
Demoiselle Aria acquiesça machinalement de la tête, avant de se retourner et de quitter la pièce.
Eve soupira de soulagement.
Si jamais Demoiselle Aria s'était doutée de quoi que ce soit, l'adolescente aurait pu dire adieu à sa liberté.
La jeune fille pressa le pas et sortit des dortoirs.
Le monde 2, Aiizme, n'avait que très peu de colonie sur la terre ferme. Et Eve n'y vivait heureusement pas. Sa colonie à elle, était divisée en plusieurs îles flottantes, avec sur chacune d'entre elles, un temple ou un dortoir.
Eve déplia ses grandes ailes blanches et s'envola vers le dortoir des Peris, les plus jeunes.
Elle espérait ainsi y croiser le plus discrètement possible sa petite soeur, Pandore.
Car, l'une des plus trois grande loi d'Aiizme interdisait à ses habitants d'avoir une famille. Et si Eve avait réussi à garder contact avec sa mère et sa soeur, c'était seulement grâce à une série d'évènements hasardeux et à de la chance.
La jeune fille atterrit devant l'entrée du dortoir et rentra dans l'immense couloir.
Heureusement, elle n'eut aucun mal à passer inaperçue parmi les autres habitants d'Aiizme, qui étaient trop occupés à s'occuper des Peris pour lui prêter attention.
Eve s'avança donc le plus tranquillement possible jusqu'à la chambre de sa petite soeur.
Elle toqua et attendit patiemment que Gaia lui ouvre.
- Entrez, cria une voix venant de l'intérieur.
Eve poussa la porte et vit sa jeune soeur couchée sur son lit, ses cheveux blonds formant négligemment une auréole autours de son visage.
- Heureusement que je ne suis ni une dame, ni une nonne, se moqua joyeusement Eve.
Gaia se leva brusquement.
- Evie, sourit-elle, Tu es là.
L'adolescente de treize ans s'assit à côté de sa jeune soeur.
- Ça va ? S'inquiéta Eve.
- Oui, pourquoi ? Répondit Gaia en tournant la tête vers sa soeur et en fronçant des sourcils.
Eve rit silencieusement et secoua sa tête, faisant onduler ses belles boucles brunes.
- Pour rien.
La jeune fille de neuf ans se laissa tomber sur les genoux d'Eve et lui sourit malicieusement.
- Maman va bientôt venir ?
Eve haussa des épaules.
Elle n'en avait aucune idée.
Leur mère ne venait que rarement les voir, préférant éviter le plus possible le contact avec ses enfants.
Elle pensait que moins elles se voyaient, moins elles risquaient de se faire arrêter par les Dames.
La jeune fille, pensive, passa sa main dans les doux cheveux dorés de Gaia.
- Et tu dois faire quelque chose après ? S'inquiéta la jeune fille de neuf ans.
- Non, je n'ai rien de prévu de la journée, la rassura Eve, À part rester avec toi, rajouta-t-elle gentiment.
💫💫💫
Les rayons du soleil commençaient à se coucher derrière les rideaux de la fenêtre. Plusieurs heures étaient passées depuis qu'Eve était arrivée dans la chambre de Gaia.
Des cris survinrent brusquement de l'extérieur, faisant sursauter Eve qui s'était endormie.
Elle poussa gentiment Gaia et se leva vers la fenêtre.
Derrière les rideaux, la jeune fille vit alors quelque chose qui l'hanterait à jamais.
Au loin, des flèches brulantes volaient, transperçant les habitants d'Aiizme qui tentaient de s'enfuir.
Ils étaient attaqués par des soldats aux armures noires !
Eve se retourna brusquement et réveilla Gaia.
- Que se passe-t-il ? Demanda la jeune soeur encore à moitié endormie.
- Des soldats attaquent Aiizme, S'écria la jeune fille.
Elle prit Gaia par la main et courut dans le couloir.
Des personnes couraient dans tout les sens, obligeant Eve à serrer plus fort la main de sa jeune soeur, sous peine de la perdre.
- Ne lâches pas ma main, cria-t-elle par dessus les cris de la foule.
Eve pressa la pas, mais s'arrêta brusquement lorsqu'elle vit les soldats aux armures noires.
Elle recula d'un pas.
- Que se passe-t-il ? S'inquiéta Gaia.
Eve trembla.
Elle se retourna brusquement et s'agenouilla.
- Gaia, écoute moi. Tu dois bien m'écouter. ( La jeune fille inspira ) Tu dois courir le plus loin possible. Pars et sauve-toi.
Gaia acquiesça et courut, bousculant les autres habitants d'Aiizme.
Eve se leva et regarda les soldats aux armures noires.
Ils avançaient lentement, un regard menaçant que l'on apercevait malgré leurs casques, accroché sur chacun de leurs visages.
Chacun d'entre eux portaient la même arme et avaient la même démarche, étant tous presque identique.
La jeune fille sentit un frisson de peur parcourir sa colonne vertébrale.
Qu'allait-il lui arriver ?
Une voix forte se fit soudainement entendre dans tout le temple.
- Très chers habitants et habitantes d'Aiizme.
La voix fit une courte pause, attendant que le silence soit complet dans la salle.
- Je ne suis pas ici pour faire la guerre, mais pour réunir nos mondes. Je ne veux pas anéantir ce magnifique endroit, et ces, tout aussi magnifiques, habitants.
Elle s'arrêta encore une fois, cette fois-ci, sûrement pour laisser les habitants d'Aiizme digérer l'information.
Soudainement, un jeune homme posa la question qui taraudait l'esprit de tout le monde depuis le début de l'attaque.
- Mais qui êtes-vous ?
Surprise, la voix ne répondit pas tous de suite.
- Moi ? Répéta-t-elle, Moi, qui je suis ?
Ne perdant pas son courage, le jeune homme répondit aussitôt.
- Oui, vous et... Et les autres. Qui êtes-vous ?
- Oh... Fit la voix, Vous ne savez pas qui je suis ? C'est vrai que je ne me suis pas présenté. Alors voilà, je suis Raphaël, la personne en charge de votre monde, envoyé par le monde 12.
Le monde 12, Mistes, était le monde de la guerre, des combats interminables et des soldats.
Un monde dangereux, évité par tous.
Le monde qui en avait détruit un autre.
- Pourquoi notre monde ? S'écria une personne dans la foule.
Un silence accueillit sa question, attendant la réponse de Raphaël.
Soudainement un rire aigu, un peu fou, mais surtout incontrôlé survint. C'était lui, Raphaël, qui riait à gorge déployé.
- Pourquoi votre monde ? Parce que vous pensez vraiment que vous avez été choisis ? Que vous êtes naïfs... Vous n'êtes pas les premiers, et vous ne serez sûrement pas les derniers. Vous n'êtes que de misérables insectes que nous écrasons sans trop y penser.
Eve déglutit.
Le monde douze avait donc également prévu d'envahir les autres mondes.
- Mais ne vous inquiétez pas, vous vivrez.
La jeune fille sentit que la tension dans le couloir se réduisait, mais ne disparaissait pas.
- Mais vous devrez bien évidemment nous prêter allégeance.
L'adolescente sentit ses jambes défaillir, alors que des murmures envahissaient toute la pièce.
Elle s'y attendait, mais entendre ces mots étaient quand même difficile à accepter.
Au moins Gaia pourrait vivre.
Eve recula et se faufila dans la foule, s'éloignant le plus possible de Raphaël et de ses soldats.
Elle arriva finalement au bout du couloir, une grand baie vitrée de plusieurs mètres de haut.
Au loin, elle pouvait voir quelques soldats qui volaient grâce à des ailes artificiels, surveillant les autres temples.
La jeune fille passa dans une chambre à sa droite et ouvrit la fenêtre.
Arrivera-t-elle à s'enfuir ?
L'adolescente passa par-dessus l'ouverture et se faufila dans le jardin, avant de se laisser timidement glisser dans les airs, le plus silencieusement possible.
Le vent frais fit frissonner Eve alors qu'elle tombait sur la terre-ferme.
Si les soldats de Mistes avaient réussi à entrer dans ce monde, la jeune fille devrait réussir à partir d'ici.