« Si l’alarmes est déclenché plus tôt c’est qu’elles ont un problème, commença Swann.
- Ou qu’elles ont terminé avant, compléta Xian
- Qu’importe, les interrompais-je. On bouge et vite. »
Il était prévu que l’alarme se déclenche plus tard, que nous-mêmes serions déjà sur le point de quitter le bâtiment. Je vis Xian passer son paralyseur à Paul – qui semblait le plus en forme des trois anciens prisonniers. Il n’avait plus d’arme, mais je pariai qu’il prévoyait d’un récupérer très rapidement lors d’un corps-à-corps .
Nous sortîmes tous les six, essayant de courir avec légèreté pour ne pas faire de bruit. Dix mètres plus loin, je compris que c’était peine perdue, nos trois amis sous sérum marchait bruyamment s’esclaffant à moitié – une fois libéré, ils avaient abandonné toute la concentration qu’ils avaient mis pour résister au sérum.
Nous rencontrâmes d’abord deux gardes à moitié habillés, qui nous canardèrent en un joli tir de barrage. J’avisai Xian, réfugié dans un renfoncement, et lui indiquait par geste la position des deux gardes. Trop concentrés sur nos deux ennemis, je mis du temps à comprendre le signe à l’oreille que mon ami me faisait.
J’entendais des tris de laser et de paralysant. Mais une partie de ces bruits venaient de bien plus loin. On se battait ailleurs dans le bâtiment. Ce ne pouvait être Lou et Cicé, qui ne devaient en aucun cas venir nous chercher. Si elles étaient dans le bâtiment, c’était qu’elles avaient été capturées. Nous devions nous dépêcher. Car Etron n’irait jamais nous sauver, et là nous risquions non plus le conseil de discipline de l’ENOS, mais le tribunal militaire – ceux-là même qui devenait de plus en plus sévère.
Deux sur la gauche, trois à droite, puis un à gauche et deux à droite. J’indiquais à Xian l’ordre de mes tirs. Il reprit un paralyseur, et s’élança. Je tirai deux tirs à gauche, les gardes ennemis se couchèrent à l’abris, tandis que Xian avançait à droite. Il glissa en changeant de côté, au moment où je me mettais à tirer à droite. Pour le second changement de côté ce fut un saut de sa part, tandis que mon rayon passait en dessous. Je le vis tirer un seul coup quand il fut à son plus haut, et je devinais qu’un des gardes était paralysé.
Il retomba, et se laissa s’étaler au sol, évitant de justesse mon tir à gauche qui le frôla. Je repartis sur la droite, Xian se releva au même temps que le dernier garde, qui s’écroula avant d’avoir pu tirer. Paul derrière moi, avait pris la paralysant à Adam. Malgré la sueur sur sa tête, il tenait une position de tir fiable et stable.
Il fallait nous hâter, et j’échangea à peine un sourire avec Xian quant à notre attaque parfaitement synchronisée. Nous nous approchions des escaliers, mais également des bruits de combats. Nous tombâmes sur trois soldats, à la sortie du palier. Je pensai que nous avions l’effet de surprise, deux nous tournaient le dos. Je m’apprêtais déjà à les mettre en joue, quand ces deux-là tombèrent évanouis. C’était le dernier soldat qui venait de les paralyser, ainsi que les trois autres déjà à terre.
Je compris à peine ce qui se passait, d’un coup de pied, il me désarma. D’une crosse, Paul tomba et glissa sur trois mètres retombant sur Maro et Brunach. Il mit en joue Adam, avant de s’arrêter net. Xian, était passé derrière lui. La laser de l’inconnu pointait vers la tête d’Adam, la paralysant de Xian vers celle de l’inconnu. Notre inconnu, un adulte d’une vingtaine d’année, portait un semblant d’uniforme qui pouvais faire illusion de loin, mais aucun insigne ne permettait de le rattacher à une unité.
« Qui êtes-vous ? lui demandais-je en relevant Paul.
- Votre uniforme est faux, lança-t-il à Adam. Elle fait très diversifiée votre troupe.
- Vous n’avez pas répondu à ma question. Et le vôtre d’uniforme est vide, aucun insigne.
- Vous trois, il désignait nos trois rescapés, étiez prisonniers.
- C’est moi qui vous pose les questions ! » je commençais à m’énerver, contre ce gars qui semblait trop réfléchir pour être venu ici par hasard.
Il se tourna vers moi. « Vous êtes donc Anthem, n’est-ce pas ? » La question n’était que de pure forme, car il continua sans me laisser le temps de répondre, tout en abaissant son laser.
« Il ne m’avait pas prévenu que vous seriez là. Nous pensions que vous auriez assez de jugeote pour rester loin d’ici.
- Qui ‘il’ ? je ne supportais pas de jouer au demi-devinette en plein cœur d’un bâtiment dont nous devions nous échapper.
- Nous ne le connaissons certainement pas sous le même nom. Mais il aime bien jouer devinette. Vous voyez qui c’est ? »
Wearek ! Ainsi il avait envoyé du monde pour faire sortir mes amis. Enfin Juan – puisque c’est le nom qu’il nous donna – était seul. C’est lui qui avait fait déclencher l’alarme en débarquant depuis la ventilation dans un réfectoire plein de soldat qui se remettait de l’attaque précédente. Il n’avait pas été assez rapide pour empêcher quelqu’un de déclencher l’alarme.
« Comment aviez-vous prévu de partir ? me demanda Juan.
- Sans les alarmes, lui répondis-je sèchement. »
Et avec une grimace il nous fit signe de le suivre. Le temps de monter deux étages, les gardes s’étaient organisées, et en sortant de l’escalier nous pouvions voir les barricades et protections qui se dépliaient dans les couloirs.
Nous avancions plus lentement, obligé de vérifier chaque couloir, chaque renfoncement. Juan était devant, avec moi – il n’était pas question de lui laisser toute la direction – puis Adam suivait en s’occupant de Brunach et de Maro. Xian et Paul fermaient notre marche. Nous avions croisé quelques gardes isolés, qui reculèrent tous après quelques échanges de tirs. A force de tours et de détours, je me sentais un peu perdu. Nous aurions pu selon moi être sorti depuis longtemps du bâtiment, vu tout ce que nous avions marché.
Nous arrivions à un nouveau couloir, quand je vis Juan, se détendre un peu – je pu enfin faire de même.
« Ok, ça va être là », nous lança-t-il.
Le couloir se terminait en T devant nous. Juan avait sortit son terminal et pianotait dessus. Quand il franchit l’intersection, trop concentré sur son terminal, il ne pensa pas à vérifier les côtés. Des tirs jaillirent de partout. Il recula mais trop tardivement pour ne pas être toucher.
« Assied-toi que je regarde » lui lançais-je.
J’avais vu des laser transpercer la chair, y laisser des trous brulés. Les soldats perdent souvent quelques notions, le temps de digérer la douleur, la brulure, et la perte. La brulure est telle qu’il faut la refroidir très vite, si on ne veux pas perdre tout le membre.
Les deux laser qui l’avaient touchés avaient laissé des trous noirs. Sa tenue semblait avoir fondu sur la peau, laissant trainé dans l’air une odeur de cramé.
« T’inquiète aucun soucis, me dis Juan. »
Il enleva une partie de sa tenue, me laissant admirer son bras gauche. C’était un bras bionique. Celui-ci était abimé à cause des lasers, mais Juan arrivait à le faire fonctionner.
« Y’en a qui arrive par derrière », lancèrent Xian et Paul qui nous avaient rejoints
Juan avait l’air calme, et se contentait de pianoter sur son term. J’avais envie de le bousculer, de donner des ordres, qu’on sorte d’ici au plus tôt. C’était son air serein qui me mettait le plus hors de moi. Sans lui, l’alarme ne se serait pas déclenchée, et nous aurions été quasiment sorti avant qu’elle ne se déclenche, respectant le plan prévu avec Lou et Cicé. L’alarme avait dû les surprendre, et je n’avais aucun moyen de communication, pour savoir où elles en étaient.
Quand Juan eut fini de pianoter – déjà Xian échangeait quelques tirs avec les soldats qui nous prenait par l’arrière – il nous fit signe de nous jeter à terre. A peine fait, le mur en face de nous se mit à grésiller, plein d’étincelles, qui se transformèrent par endroits en laser qui fendaient le mur.
Nos adversaires devant et derrière criaient leurs ordres essayant de se faire entendre dans le boucan que faisait le mur en se déchirant. J’échangea un regard avec Juan, qui sourit, c’était donc ça la sortie qu’il avait prévu – pas vraiment discret comme opération. Le pan de mur en face de nous tomba au ralenti. Du trou noir béant, une fumée grise fut éjectée dans le couloir. Toujours à terre, nous attendions les ordres de Juan qui – malgré qu’il me fût antipathique – semblait maitriser son affaire.
Allongés au sol, évitant la fumée qui sortait toujours, nous étions entourés de tirs de lasers. Un tir de barrage fourni venant de notre droite, nous bloquais l’accès à la sortie nouvellement creusé. D’autres plus rares me dépassait de dos. J’entendais Xian et Paul lancer des coups de paralysants avec les soldats derrières nous. Je regardais frénétiquement Juan, attendant son ordre d’évacuation. Il me fallait reconnaitre que c’était désormais lui qui menait l’opération – ce qui n’était pas pour me rassurer.
Du trou béant jaillit de chaque coté deux murs en bleu transparents comme du verre. J’avais lu un rapport sur ces nouveaux boucliers transportables – mais toujours autant gourmand en énergie. Les lasers venant de droite qui passèrent à travers le mur se trouvaient ralentis, affaibli. Nous aurions certainement droit à des brulures, mais rien de mortel.
Dès que les murs semblèrent bien stabilisés, Juan se précipita vers la sortie. Nous n’attendîmes pas. Je me levai pour me joindre au tir de couverture de Xian et Paul, tandis que nous reculions à toute vitesse. Je sentis quand je mis mon pied sur le mur effondré, puis quand le sol se changea en une porte métallique.
Je n’avais pas regardé dans quoi nous montions que les boucliers disparurent. La porte se releva – m’envoyant rouler dans la carlingue de l’appareil. J’atterris sur un corps – ou peut-être trois corps enchevêtrés J’entendis des moteurs ronronner. Et je fus plaqué au sol par l’accélération – une chaussure me pointant entre les côtes.
Je me relevais, et malgré la montée du sang et le tournis de ma tête, je réussi à compter mes amis. Nous étions tous là. Juan se relevait et s’avançait vers le poste de pilotage. Nous étions dans ce qui devait être la moitié d’un colibri tellement l’espace était restreint. Le design de l’appareil ne ressemblait à rien que j’eu connu. Le poste de pilote, et les deux sièges qui pouvaient se déployer semblaient être fait pour l’espace – vraiment rien à voir avec nos petits colibris.
Nous nous discutâmes à bâton rompu avec Juan. Je lui reprochais de nous avoir fait prendre des risques, d’avoir réussi à déclencher l’alarme d’intrusion. Nous étions passé juste à côté d’un échec retentissant – et fatal, après un jugement en cour martial. Lui me répondais que nous n’avions aucun ordre d’intervenir. Que j’avais même reçus l’ordre explicite de ne pas tenter quoique ce soit – je souris en pensant que j’avais bien fait de ne pas écouter le message de notre capitaine à l’aller.
Quand j’eus la confirmation que Lou et Cicé s’en était bien tiré. Il me jeta un regard noir marmonnant que j’avais trop d’arrogance à mener deux opérations en même temps. J’eus du mal à lui faire admettre que nous devions aller chercher le pinson que Brunach avait laissé. Il ne voulut pas que je descende, et j’envoyais Xian et Adam le ramener. La suite du voyage se fit dans un silence glacial. Même Etron, quand nous pûmes la joindre, vérifia uniquement qui était ‘encore en vie’ – selon sa propre expression.