Les jours passèrent et la vie sur Mars s’organisa. L’équipage s’adaptait peu à peu à son environnement, bien que chaque tâche quotidienne soit un rappel constant de la fragilité de leur situation. L’installation souterraine offrait une protection relative contre les radiations et les tempêtes, mais l’isolement pesait lourdement sur chacun d’eux.
Le principal défi restait l’entretien des infrastructures. Après la tempête de sable qui avait failli recouvrir les panneaux solaires, une routine stricte de surveillance et de maintenance fut mise en place. Des drones autonomes, régulièrement activés, nettoyaient la fine poussière rouge qui menaçait d’étouffer leur seule source d’énergie durable. Malgré cela, les pertes d’efficacité augmentaient progressivement, forçant l’équipage à envisager d’autres sources d’énergie plus fiables. La mise en place d’un petit réacteur nucléaire de type Kilopower, prévu en cas d’urgence, devint un sujet de débat au sein de l’équipe. Certains estimaient qu’il fallait l’activer immédiatement pour éviter toute dépendance excessive aux panneaux solaires, tandis que d’autres préféraient réserver cette option en dernier recours.
À l’intérieur des tunnels basaltiques qui formaient leur refuge, la vie suivait un rythme rigoureux. Les équipes scientifiques menaient des analyses sur la structure géologique martienne et les potentialités d’extraction minérale. Les serres hydroponiques, sous leur éclairage artificiel, montraient les premiers signes de croissance. Les plantes représentaient bien plus qu’un simple apport nutritif : elles étaient un symbole d’espoir, la promesse d’une autosuffisance future. Les scientifiques ajustaient constamment les paramètres de lumière et de nutriments pour maximiser le rendement des cultures. Les haricots, les laitues et quelques plants de pommes de terre montraient une croissance encourageante, mais l’humidité limitée et la faible gravité rendaient l’expérience imprévisible.
Mais malgré cette organisation, l’isolement commençait à affecter l’équipage. L’absence du ciel, la lumière artificielle omniprésente et le silence oppressant de la planète rouge créaient une atmosphère pesante. Certains astronautes montraient les premiers signes de stress psychologique : troubles du sommeil, irritabilité, mélancolie. L’équipage tenta de lutter contre cette lassitude en instaurant des moments de détente, des exercices physiques et des séances de communication avec la Terre. Mais le décalage temporel dans les transmissions rendait les échanges frustrants et impersonnels. Les messages mettaient plusieurs minutes à parvenir à leur destinataire, brisant la spontanéité des conversations. Malgré des appels familiaux réguliers, certains astronautes ressentaient un sentiment d’éloignement croissant.
Un incident survint au bout de quelques semaines. Une panne inexpliquée affecta l’un des systèmes de ventilation de l’habitat. L’air recyclé devenait plus sec, l’humidité chutant à des niveaux inconfortables. Après plusieurs heures d’analyse, il devint évident que l’un des circuits de régulation avait été endommagé, probablement par une surtension due aux particules de poussière martienne.
L’équipe technique travailla d’urgence pour contourner le problème en redirigeant les flux d’air à travers un module secondaire. La réparation complète nécessiterait des composants de remplacement, absents de leur stock limité. Une solution provisoire fut mise en place, mais l’incident rappela à tous que chaque dysfonctionnement pouvait rapidement mettre leur survie en péril. Les ingénieurs commencèrent à réfléchir à des solutions alternatives, notamment en recyclant d’anciennes pièces et en trouvant des moyens d’optimiser leur gestion des ressources.
Mars ne pardonnait aucune erreur.
Peu après, lors d’une sortie à la surface pour inspecter les capteurs climatiques, l’équipage fit une observation intrigante. Une fissure s’était formée sur le flanc d’un canyon voisin, révélant une strate rocheuse jusque-là inexplorée. Les relevés thermiques indiquaient une température légèrement plus élevée que celle du reste du sol environnant. La découverte fut immédiatement signalée comme prioritaire pour une future expédition. Certains membres de l’équipage y voyaient une simple conséquence de l’activité géologique passée, tandis que d’autres soupçonnaient la présence d’un phénomène encore inconnu.
L’exploration de la fissure fut planifiée avec minutie. L’équipe devait préparer des combinaisons adaptées, des équipements d’analyse et des réserves d’oxygène supplémentaires pour maximiser le temps d’exploration. La question de la sécurité se posa également : la stabilité du terrain était incertaine et tout effondrement pourrait être fatal.
Alors que la routine s’installait dans la base martienne, une question grandissait dans l’esprit des explorateurs : jusqu’où leur mission allait-elle les mener ? Ils n’avaient encore fait qu’effleurer la surface de ce monde étranger. L’essence même de Mars semblait les défier, leur murmurant qu’elle avait encore bien des secrets à révéler.
Et ce qu’ils allaient découvrir pourrait bien remettre en question tout ce qu’ils pensaient savoir.