Trois mois après la mort de l’Empereur, frontière d’Amarina
La Voilière
Enfin, j’aperçus la Forge Grise. Je souris, soulagée de la découvrir au bout du long chemin caillouteux où je trottais depuis de longues minutes. Quand j’avais demandé aux habitants de m’indiquer la direction, on m’avait regardée avec méfiance. J’avais appris à demi-mot que le lieu servait aux rendez-vous des contrebandiers alentour.
Dans cette région de vastes plaines, on voyait de loin la silhouette de la forge, plus haut bâtiment d’un village abandonné. Trop loin des villes, ses habitants l’avaient délaissée après l’ouverture d’une nouvelle forge, plus proche de la Voie de la Poussière. C’est ce qu’une vieille femme bavarde m’avait raconté le matin-même.
La traversée de l’allée étroite qui parcourait le village fut particulièrement désagréable. Le chaume des toits s’affaissait jusqu’à tomber parfois devant les maisons, des poutres se détachaient de l’ossature des murs, il n’y avait presque plus de portes. Certains habitants avaient préféré brûler leur logis avant leur départ et à certains emplacements, il ne restait plus que quelques ruines calcinées. Ce spectacle me rappela de lugubres souvenirs.
L’ancienne forge était le seul bâtiment du village construit en pierre. Elle avait mieux résisté à l’épreuve du temps que le reste des constructions : ses grandes colonnes soutenaient encore le fier édifice. Je descendis de selle et attachai ma jument derrière un mur, au milieu de ce qui avait dû être un potager. Elle pourrait brouter les mauvaises herbes pendant mon rendez-vous avec Tresiz. L’excitation me gagnait à mesure que l’heure de notre rencontre approchait. Je brûlais de rencontrer l’homme avec qui je correspondais depuis de longs mois seule à seul. Comme les amarins, le neveu de l’Empereur me croyait à sa botte. Incarner tour à tour la servante dévouée d’Amarina et l’espionne infiltrée de l’Empire m’amusait beaucoup.
Après avoir poussé la porte, qui s’ouvrit dans un grincement, je me retrouvai à l’intérieur du bâtiment délabré. Je fus pris d’une brusque quinte de toux, provoquée par les amas de poussière disséminés un peu partout sur le vieux plancher de bois. Bien conservée d’extérieur, la forge avait été pillée en son cœur. Tout ce qui n’avait pu être emporté avait été renversé, cassé ou couvert de dessins obscènes. Je faillis me prendre le pied dans un relief du sol, là où s’écoulait jadis le métal en fusion. Après quelques pas, j’avais déjà les cheveux couverts de toiles d’araignées.
La salle principale était vide, je poussai une nouvelle porte qui débouchait sur un escalier qui plongeait dans les entrailles de la terre. La lueur d’une flamme éclairait les dernières marches ; des hommes se trouvaient déjà au sous-sol. Se pouvait-il que Tresiz m’ait devancé malgré mes deux heures d’avance ? Je sortis mon poignard et criai :
— Il y a quelqu’un ?
Personne ne répondit. La torche ne fit pas un mouvement. Je descendis : il me fallait en avoir le cœur net. La main serrée sur le manche de mon arme, j’étais prête à frapper au moindre geste suspect. Il ne me manquait plus que quelques marches avant d’être en bas et je n’entendais toujours aucun bruit. Je parvins dans une petite cave humide, où les forgerons devaient autrefois stocker leur production. Deux torches accrochées aux murs éclairaient faiblement la pièce, y laissant plusieurs zones d’ombre. Je m’étonnai de voir au sol plusieurs sacs remplis de végétaux aux allures louches. Soudain, une masse sombre venue de la droite se jeta sur moi. Poussée par un réflexe salvateur, je me déportai sur le côté, évitant de justesse la lame de mon agresseur.
Ce dernier était un barbu à la carrure impressionnante, armé d’une épée de mauvaise facture. Il devait s’agir d’un trafiquant d’herbes euphorisantes, j’allais avoir l’occasion de débarrasser le pays d’une vermine immorale. Profitant de l’ouverture béante dans sa garde, j’attaquai à mon tour. Cependant, il esquiva avec une agilité surprenante et mon poignard ne fit qu’érafler son bras.
Je relançai l’offensive immédiatement mais il intercepta mon poignet et le tordit jusqu’à ce que je lâche mon arme. D’un violent coup de pied dans le ventre, il me projeta contre le mur. Je grimaçai de douleur ; mon souffle devenait saccadé : ce chien avait dû me briser plusieurs côtes. La victoire serait moins aisée que je ne l’avais cru. Mon adversaire se battait trop bien pour ne pas avoir une carrière militaire derrière lui.
Le barbu avança les bras écartés. Je voulus attraper mon deuxième poignard, caché dans mon corsage, mais il ne m’en laissa pas le temps. Il me saisit les cheveux pour m’attirer contre son torse avant de me donner un violent coup de genou dans le dos. Je m’effondrai comme un pantin de papier, une douleur aiguë montant du haut de mon bassin. Il s’agenouilla au-dessus de moi, le regard torve et commença à me serrer le cou de ses puissantes mains. Je me débattis de toutes mes forces mais il était trop lourd. À chaque pression de ses doigts, je sentais la vie m’échapper un peu plus. Dans une telle position, les secondes m’étaient comptées. Je devais tenter le tout pour le tout.
Soudain, je mimai un spasme d’agonie avant de retomber en arrière, les bras en croix. Je dus lutter de toutes mes forces contre mon instinct de survie pour demeurer immobile, comme morte. Croyant m’avoir vaincue, il enleva une main, sans doute pour attraper la lame destinée à m’achever. Ce geste relâcha assez la pression pour que je puisse prendre la bouffée d’oxygène décisive. Réunissant mes dernières forces, j’attrapai le poignard dans mon corsage et le frappai à l’épaule. Mon coup, faiblement porté, ne lui infligea que des dégâts mineurs. Cependant, la douleur le fit se redresser, me laissant la latitude pour reprendre l’avantage.
Je pris l’arme à deux mains et le frappai au cou. La lame traversa la chair de part en part, déversant un flot écarlate. Mon ennemi rugit en essayant de retenir son sang avec ses bras. Tandis qu’il agonisait en me maintenant prisonnière, je fus prise d’une violente quinte de toux. Enfin, son corps lourd s’effondra.
J’avais la tête aussi lourde qu’un lendemain de fête et de grandes douleurs dans les côtes et le dos. La peau de mon cou brûlait et j’avais la respiration sifflante. Je dus pousser de toutes mes forces sur le cadavre du contrebandier pour m’en débarrasser. En me levant, je m’aperçus que mon corsage était taché de sang. Le bougre ne m’avait pas manquée.
Je m’assis un instant contre le mur pour reprendre mon souffle, calmer les battements affolés de mon cœur. Il me fallut lutter contre l’affaissement de mes paupières et l’évanouissement qui me menaçait. Je devais préparer l’entrevue. Tresiz pouvait arriver d’un instant à l’autre. Il me fallut toute ma volonté pour me relever, la douleur m’arracha un gémissement.
Une fois debout, je sortis de ma poche les deux pastilles achetées la veille chez l’apothicaire. Destinées à modifier le timbre de ma voix, elles empêcheraient Tresiz de me reconnaître au cas où nous recroiserions à Twelzyn. Toutes les précautions étaient bonnes à prendre. Je manquai de m’étouffer à nouveau en les avalant.
Je décidai de laisser le cadavre tel quel, cet avertissement suffirait à décourager mon interlocuteur de s’approcher de moi. Au coin de la pièce, un vieux tabouret tenait encore debout. Je le traînai en grimaçant jusqu’au centre et m’y assis en tournant le dos à l’entrée. Je rabattis ma capuche et attendis ainsi Tresiz, luttant contre les larmes de douleur qui coulaient le long de mes joues.
Prise d’une sorte de somnolence, je m’étais affaissée sur les genoux lorsque j’entendis un pas hésitant dans l’escalier. Ce devait être Tresiz ! Je me redressai en grimaçant de douleur, j’avais l’impression que des mains me plongeaient dans les côtes pour m’arracher les poumons et mon dos me lançait affreusement. Cependant, mon excitation et ma détermination m’aidèrent à me tenir droite.
Tresiz butta sur le cadavre du barbu, resté au milieu de la pièce.
— Par tous les dieux ! Qu’est-ce que…
— Restez où vous êtes, Tresiz, ordonnai-je, ne faites pas un pas de plus.
Je me forçai à parler lentement, pour ne pas laisser paraître ma faiblesse. En m’entendant, Tresiz se figea.
— Vous êtes donc la Voilière. Je dois dire que j’avais hâte de vous rencontrer. Mais dites-moi, cette macabre mise en scène était-elle bien nécessaire ? me demanda-t-il d’une voix lasse.
— Que vaut pour vous la vie d’un misérable trafiquant ?
— Je ne pourrais jamais connaître sa valeur maintenant que vous l’avez tué.
Je soupirai, exaspérée par cette stupide démonstration de bons sentiments.
— Venons-en au fait, répliquai-je. Pourquoi vouliez-vous me rencontrer ?
— J’espérais découvrir votre visage et que nous préparions ensemble mon ambassade.
— Ma position est dangereuse, je ne peux pas prendre le moindre risque.
— Je suis venu seul, comme vous me l’avez demandé. Je ne vois pas où est le risque.
— À ma place, vous feriez la même chose.
— Bon, soupira Tresiz. J’imagine que je vais devoir m’en accommoder. Il faut que vous sachiez que l’heure est grave. Vous avez sans doute appris la mort de l’Empereur dans un accident de chasse. En fait, mon frère a été assassiné par une archère. Sans doute une mercenaire recrutée à prix d’or, elle…
— À quoi ressemblait-elle ?
— Une jeune femme vêtue de noir, les témoignages divergent sur son physique mais la plupart s’accordent sur un point : elle portait un collier de perles vertes.
Ainsi, c’était bien elle. Je souris largement en caressant mon propre collier : elle se montrait à la hauteur de sa promesse. Je mimai la surprise :
— Étrange… Peut-être s’agissait-il d’une de ces assassins que l’on peut débaucher à prix d’or à Nihos.
— Peut-être oui. Malheureusement, nous n’avons pu la capturer. Elle n’a eu aucune peine à semer ses poursuivants dans les immenses forêts de l’ouest.
Je voulais bien le croire. Elle était une cavalière brillante et connaissait parfaitement la région de Vegera. Les impériaux n’avaient aucune chance de la retrouver.
— Ce n’est pas le premier meurtre dans notre famille, reprit Tresiz d’une voix soucieuse. Plusieurs de mes cousins ont péri dans des circonstances douteuses ces dernières années. Le nombre d’héritiers éligibles au trône n’a jamais été aussi faible. Après ma renonciation au pouvoir, il ne reste plus que mon oncle Telbor et mon jeune neveu Nesteriz, qui n’a pas encore la majorité. S’ils venaient à périr, ce serait à nouveau le chaos et…
— Mais pourquoi avez-vous délaissé le pouvoir qui s’offrait à vous ?
— Je ne suis pas un homme d’état. Mon oncle saura mieux régner que moi et … Je crois que j’étais le plus apte à mener cette ambassade vers Amarina.
Je refusais de croire à une telle explication, aucun homme ne pouvait délaisser un tel pouvoir par humilité. Tresiz avait seulement fui lâchement dans l’espoir de sauver sa misérable vie. Il espérait peut-être que dans le sud, les ennemis de sa famille le laisseraient tranquille. Cet imbécile se trompait sur toute la ligne. En quittant Tristomita, il avait signé son arrêt de mort.
— Vous n’avez pas eu de soucis pendant votre voyage ? demandai-je.
— Non, aucun. J’ai suivi un itinéraire secret, hors des routes les plus empruntées et seulement accompagné par un homme fidèle pour ne pas être repéré. Je dois rejoindre le reste de l’ambassade au pont du lac Ferzn.
Astucieux. Tresiz se montrait prudent, conscient des menaces qui pesaient sur sa vie. Peut-être serait-il un adversaire plus difficile qu’imaginé.
— Qu’espérez-vous en venant ici ? demandai-je.
— L’Empire a besoin d’une alliance forte avec le Sud en ces temps difficiles. Je suis venu du nord avec une proposition d’alliance. Il faut absolument que Sarvinie l’accepte.
— C’est de la folie. La reine refusera. Je vous l’ai déjà expliqué dans mes lettres.
— Nous allons lui proposer la suppression de plusieurs taxes sur le commerce amarin, l’ouverture des voies maritimes vers Lécaria et de nombreux cadeaux lui parviendront pour son mariage avec Delmeron. Croyez-vous vraiment que ce sera insuffisant ?
— Vous pouvez lui offrir tout ce que vous voulez, elle refusera. Elle hait le nord depuis sa jeunesse.
— Je m’attendais à votre réponse mais elle m’attriste profondément. Je n’aime guère user de tels procédés mais nous n’avons plus le choix.
De tels procédés ? Où voulait-il en venir ?
— Avez-vous l’occasion d’approcher la reine Sarvinie en personne ?
— Que voulez-vous que je fasse ? demandai-je, méfiante.
— Il faut simplement verser quelques gouttes de poison dans son vin, je me le suis procuré chez une vieille connaissance. Elle mourra d’une crise cardiaque dans la nuit, personne ne pourra soupçonner un assassinat. Arnic montera sur le trône et lui acceptera la paix.
Un empoisonnement ? Tresiz était donc de ces politiciens capables de tout pour servir leurs intérêts. Je devais avouer que je l’avais bien trop sous-estimé. Cependant, sans mon aide, son projet n’avait aucune chance d’aboutir. Et je n’avais pas intérêt à ce que Sarvinie meure. Pas tout de suite.
— C’est de la folie, ne comptez pas sur moi.
Il souffla, déçu, mais ne tarda guère à répliquer :
— Très bien, alors je me débrouillerai seul.
Chapitre fort intéressant, Tresiz semble être un fin stratège. La position de La Voilière est sacrément ambigüe, je me demande vraiment ce que lui apporte d'être au milieu de ces guerres politiques.
La scène de baston est bien mais avec des côtes cassées, ça me semble bien difficile de rester si neutre. Enfin, admettons. Mais en revanche, Tresiz, après lui avoir dévoilé son plan, et surtout qu'elle ait refusé de l'aider, n'aurait-il pas un intérêt à se débarrasser d'elle ? Surtout que dans son état (même si il ne le voit pas à première vue) ça pourrait être assez facilemet arrangé.
Aussi, c'est un détail mais, qui a donné rendez-vous à qui...? Parce que La Voilière ne semble pas connaître l'endroit (elle demande son chemin etc), mais j'ai du mal à discerner comment Tresiz, lui, le connaît. Après tout il est dans un pays étranger. Mais bon, comme je disais, c'est un détail.
Mes remarques :
J'ai peut-être loupé une ligne, mais La Voilière est-elle masquée ? C'est sous-entendu dans le texte qu'il ne voit pas son visage (elle prend même le soin de modifier sa voix), mais pas réellement précisé, sauf erreur de ma part.
"Comme les amarins, le neveu de l’Empereur me croyait à sa botte." -> intéressant... Je me demande pour autant quel est son intérêt dans tout ça, ce qu'elle y gagne !
À bientôt ! :)
Très cool que tu aies cette image de stratège, Tresiz est en effet plutôt réfléchi et bien conscient des enjeux politiques.
Je note toutes tes remarques, il y a effectivement plusieurs petits points à éclairer et développer sur la relation entre Tresiz et la Voilière.
Merci beaucoup de ton retour !!
Je continue ma lecture et mes petits retours.
Chouette ambiance de désolation avec ce village mort. L’intérieur de la forge est également très visuel. Ce n’est pas rassurant. Et le combat qui suit n'en devient que plus palpitant, car tu as su faire monter la tension crescendo. Pour moi, ça fonctionne totalement !
La Voilière est une reine du combat et de l'esquive. Belle scène. Très chorégraphique par ailleurs.
Je me suis posé quelques questions. Peut-être les réponses viendront-elles après. Je les pose quand même ^^
Que fait le malfrat/trafiquant seul ici ? S'il attendait quelqu'un pour une livraison ou un client, comment La Voilière peut-elle être sûre que Tresiz n'est pas ce fameux quelqu'un que le trafiquant attendait ? S'il était en train de préparer un stock de drogue, façon Breaking Bad, où est son labo ?
Une autre remarque... Je ne m’explique pas qui est à l’origine du choix du lieu de rendez-vous.
Si c’est La Voilière - ce qui me semble le plus prévisible compte-tenu des tempéraments des deux et de la phrase « Je suis venu seul, comme vous me l’avez demandé. » - elle aurait dû connaître l’historique du village et le danger potentiel du lieu.
Si c’est Treziz, pourquoi a-t-il l’air surpris que ce soit un endroit malfamé au point de jurer par tous les dieux.
J'ai bien aimé le dialogue qui nous permet d'en savoir plus sur la suite et de réunir deux protagonistes.
Mais je me demande si Tresiz ne propose pas l'assassinat de façon un peu trop cash. La fin de l’échange manque peut-être un peu de montée en tension. Il pourrait y aller par sous-entendus, à demi-mots. Faire durer le suspense. Du coup, l'info est lâchée tellement vite qu'on dirait un piège grossier de sa part.
Tresiz pourrait aussi proposer à La Voilière un prix pour tenter de la convaincre. C'est quand même elle qui se retrouve à prendre le risque dans ce potentiel assassinat.
J'avoue que j'aime bien La Voilière. C'est un personnage un peu farouche qui me séduit à chacune de ses apparitions.
Deux petites notes :
« Certains habitants avaient préféré brûler leur logis avant leur départ et à certains emplacements, il ne restait plus que quelques ruines calcinées. »
>
Comment la narratrice peut-elle en être sûre. Si je me mets à sa place, la première chose à laquelle je pense c’est à une scène de pillage ou de banditisme. Surtout si elle ne connaît pas l'histoire du village.
« Je devais préparer l’entrevue. »
>
Pas sûr de la formulation. Il y a un aspect "préparation à l’embauche" contemporain qui m’a paru en déconnexion avec sa blessure. La Voilière à Pole Emploi hahaha.
C'est tout pour ce chapitre que j'ai bien apprécié dans son ensemble. Merci du partage.
Hâte d'en savoir plus.
Et de découvrir de quoi cet énième projet d'assassinat retourne.
À bientôt.
Artichaut
Content que tu aies apprécié ! LV est un de mes personnages favoris dans ce roman et je pense que ça se ressent ^^^
Tes questions sont très justes, ça mériterait plus de développement sur les choix des deux protagonistes.
Le dialogue est aussi perfectible à mon sens, j'ai eu un peu de mal à lier toutes les idées que je voulais y mettre.
Merci de tes retours encourageants !
A bientôt (=
Quel chapitre palpitant ! L'atmosphère sombre et mystérieuse du lieu est vraiment bien rendue. On ressent bien l'ambiance délabrée et chargée d'histoires. Après, c'est sûr que c'est assez... classique - les détails tels que les maisons en ruine, les toiles d'araignées, et les vestiges de la forge, tout s'accordent à créer une ambiance propre à accueillir la Voilière - mais au moins c'est efficace.
La Voilière sème toujours autant le chaos sur son passage d'ailleurs. Et comme tu nous décris toujours les scènes avec beaucoup de détails...
J'ai du mal à la saisir par contre. Plus je la vois, et moins elle me fait l'impression d'un assassin mesuré et, réfléchi... Il y a toujours ce côté enquête autour de ce personnage, et je me dis que son côté impulsif est un indice. Dans les situations critiques, elle est redoutable. Sa capacité à anticiper les dangers, à élaborer des stratégies pendant le combat, son habileté à simuler un spasme d'agonie pour déjouer son agresseur et à renverser la situation, tout cela montre un sang-froid exceptionnel.
Mais au final, elle a pas l'air si... Intelligente. Dans ses échanges avec Tresiz, je la trouve... pas très fine ou subtile. J'aurais adoré voir l'échange du point de vue du gars. Parce que plusieurs fois, j'ai eu l'impression que les commentaires intérieurs de la femme étaient... erronés. Ce genre de truc avec les narrateurs auxquels tu peux pas te fier parce que ils leur manque des infos, qu'ils se font manipuler.
Bref, lire son point de vue nous en apprend beaucoup, je crois, sur son caractère, et elle m'apparaît plus instinctive que préparée. A ce stade, je pense qu'elle obéit ; elle n'est pas de ceux qui réfléchissent, mais de ceux qui sont loyaux à quelqu'un. Et ce quelqu'un doit avoir intérêt à ce que Sarvinie ne meurt pas ? Pourquoi est-ce qu'elle refuserait, sinon ? Je crois pas que ce soit sa morale qui la freine. Ça l'a jamais ralenti, avant. Ni le fait que ce soit dangereux. Parce que clairement, ça a pas l'air de la déranger, en temps normal. Et puis elle peut même parler pour la reine, dire ce qu'elle aime, ce qu'elle serait prête à faire... Soit elle la connait très bien, soit elle bosse pour quelqu'un qui la connait. Ce qui me fait penser que tout intelligent qu'il soit, Tresiz a fait une bêtise en l'approchant et en révélant son plan.
Bref, je me perds en suppositions et je risque de commencer à aller trop loin.
En résumé, un excellent chapitre ! L'intrigue s'épaissit, les personnages gagnent en profondeur, et l'ensemble est vraiment engageant. Vivement la suite !
A bientôt !
Content que tu aies apprécié l'ambiance de la forge, reprise du précédent jet ^^
Je suis très content que tu aies noté les faiblesses de LV, c'est vraiment ce que je voulais pour elle. Je trouve ça plus intéressant que des antagonistes infaillibles. Surtout que l'impulsivité de LV peut potentiellement la rendre plus dangereuse et imprévisible^^
Oui, si elle refuse de tuer Sarvinie c'est pour une raison. Et peut-être en effet que Sarvinie a eu tort de lui faire confiance, tu le découvriras par la suite...
Content de lire tes suppositions en tout cas, c'est super intéressant à lire !
Merci de ce commentaire très encourageant !
A bientôt (=
C'est a la fois un point tres positif, car on comprend mieux toutes les nuances du personnage et sa complexite, et en meme temps, c'est logique, on perd un peu le mystere et le suspense qui composent le personnage. Jusqu'a son surnom! Tu parles juste d'une capuche et non un voile qui la dissimule, a moins que ca m'ait echappe? Et je crois que tu devrais preciser que la capuche couvre completement son visage, parce que ce n'est pas toujours le cas.
Du coup, la Voiliere 2.0 m'a parue impulsive et pas tres preparee a cette rencontre capitale. Le frere de l'Empereur, quand meme. J'aurais imagine qu'elle fasse des reconnaissances pour le point de rencontre, et on a l'impression qu'elle decouvre l'endroit en arrivant et en bavardant sur le chemin avec des gens au hasard. Ses motivations semblent superficielles et immatures. Narcissiques, meme. Ca l'amuse. Pourquoi pas, mais du coup, mon interet faiblit un peu. Il manque une dimension qui relie a quelque chose de profond et d'essentiel.
Par ailleurs, ton talent pour decrire les batailles et les pugilats est a la hauteur ! Et moi qui pensais qu'elle avait aussi assassine l'Empereur, voila que tu introduis un autre personnage mysterieux que la Voiliere semble connaitre. Je suis intriguee. L'Anti-voiliere?
Un plaisir a lire comme toujours !
Absolument pas, c'est intéressant d'avoir ton regard de lectrice assidue^^
En effet, c'est un des gros choix de cette réécriture de faire de LV un des persos principaux et plus un mystère secondaire. Forcément la longueur de ses apparitions la rendent un peu moins mystérieuse et plus humaine.
Tu as raison, ce truc d'elle arrive au hasard et pas terrible, j'ai ajouté :
"Quand j’avais demandé aux habitants de m’indiquer la direction, on m’avait regardée avec méfiance. J’avais appris à demi-mot que le lieu servait aux rendez-vous des contrebandiers alentour. Je me demandais qu’est-ce qui avait poussé Tresiz à choisir un lieu de rendez-vous si mal famé. Sa missive m’était parvenue deux jours plus tôt, me laissant tout juste le temps du voyage."
Oui, c'est un voile pas une capuche, bien vu.
Pour ses motivations, elles ne sont pas évoquées ici mais ça arrive au fur et à mesure (=
En effet, LV n'est pas le seul élément perturbateur de la géopolitique du continent ^^
Merci de ton retour !
A bientôt (=
La Voiliere sème à nouveau des morts dans son sillage. Petite question, elle sait qu'elle a rendez-vous avec Tresiz dans la forge. Elle entre dans la forge et tue illico le premier mec qu'elle voit. Pourquoi ? Il est plus que vraisemblable qu'il s'agisse d'un homme de Tresiz. Je serais toi je la ferais approcher en mode détente et le mec l'attaque. Elle ne s'y attend pas, car elle pense rejoindre l'ambassade de Tresiz et elle doit donc riposter en urgence, sans comprendre ce qui se passe, ce qui la mettrait à mal. Elle peut même se dire que les hommes de Tresiz l'attaque, qu'il la trahit, avant de réaliser que ces deux-là n'étaient que de simples brigands.
La scène de combat est ensuite bien écrite.
Est-ce que l'éllipse où elle s'évanouit est nécessaire ? Combien de temps est-elle évanouie ? Qu'est-ce qui se serait passé si Tresiz était arrivé à ce moment-là ? Perso je couperais ce passage. Direct après l'assassinat, elle devrait entendre des pas en haut suggérant que Tresiz est arrivé et essayé de garder une certaine contenance malgré son état.
J'ai moins aimé les dialogues. Je les trouve un peu niais. On est face à Tresiz, un gars clairement louche et une assassin. On s'attendrait à un échange plus musclé plutôt que des échanges de politesse. Tresiz qui est pourtant le client semble l'implorer. Je le ferais au contraire plus droit dans ses bottes. Il était le frère de l'empereur tout de même et je suis certaine qu'il est en train de trafiquoter quelque chose.
Mes notes :
"Enfin, j’aperçus la Forge Grise. Je souris, soulagée de la découvrir enfin"
> Enfin/enfin
"L’ancienne forge était le seul bâtiment du village intégralement en pierre."
> J'enlèverais"intégralement". Tu peux mettre "construit" à la place par exemple, ou rien
"j’allais enfin pouvoir"
> Encore un "enfin"
"La lueur d’une flamme éclairait le bas de l’escalier"
> Attention tu as une répétition de "escalier" et "bas" avec la phrase d'avant
"Par les Abysses ! On m’avait entendue. "
> J'ai pas eu l'impression qu'elle essayait d'être discrète avant.
"En bas de l’escalier"
> Tu as encore "en bas de l'escalier" ici, attention aux répétitions
"Une fois de plus je lançai l’offensive mais cette fois, il s’y était préparé. Il intercepta mon poignet et le"
> J'enlèverais "il s'y était preparé" et "une fois de plus" > "Je lançai l’offensive, mais il intercepta mon poignet et le..."
Je grimaçai : ce chien m’avait brisé plusieurs côtes."
> "Je grimacais de douleur ; mon souffle devenait saccadé ; ce chien avait dû me briser plusieurs côtes." ?
"Je me débattis de toutes mes forces mais il était trop lourd pour que je le renverse"
> J'enlèverais"pour que je le renverse"
"arriver d’un instant à l’autre. Quand il arriverait, je"
> arriver/arriverais
"Tresiz arrivait !"
> Tu le redis ici
"dos me lançait affreusement."
> On dit m'élançait non ?
J'ai suivi ta suggestion d'une attaque surprise, je pense en effet que ça fonctionne mieux. J'ai supprimé l'ellipse.
En relisant les dialogues, c'est vrai qu'ils manquaient d'enjeu. J'ai fait de gros ajouts, je te conseille de relire, parce que ça va avoir des implications sur les prochains chapitres.
Comme d'habitude, merci pour les remarques,
A bientôt !
Et wow, je trouve le commentaire d'Ori intéressant haha (oui je commente son commentaire au lieu de commenter ton chapitre, tavu comme je suis bonne élève lol). C'est juste je rejoins certaines choses qu'il dit, mais pas d'autres, et donc je vais quand même faire mon com en fonction de ce qu'il dit x)
Pour les enjeux politiques, je suis d'accord avec lui : ça se met bien en place. Et ce chapitre en particulier m'aide à y voir clair entre Oglion et Amarina, comme ça j'ai clairement deux camps qui s'affrontent/tentent de s'allier avec des sous-groupes comme les Masqués ou des personnes indépendantes comme la Voilière ou l'archère qui se démarquent et dont on se dit qu'ils sont un peu tortueux, c'est cool ^^ Pour l'archère, moi je perdure à penser que c'est Livana haha.
Pour la scène de combat, je suis moins d'accord avec ce que dit Ori : je me représente le personnage de la Voilière comme étant assez impulsive et imbue d'elle-même, donc pour moi ça fait sens que son premier réflexe soit de tuer le blondinet et le barbu. Peut-être que tu peux préciser qu'elle sait par avance que Tresiz viendra sans escorte, mais franchement je me suis même pas posé la question, je crois que le sous-texte me donnait l'intuition qu'il viendrait seul (parce qu'avoir un rendez-vous avec la Voilière, comme c'est un perso "de l'ombre", Tresiz a plutôt intérêt à avertir le moins de monde possible qu'il a un rdv avec elle, non ? Même si ça implique se mettre en danger à venir seul ?)
Et puis pour le "mon cher Tresiz", je trouve pas ça pompeux, pour moi je vois même un peu du foutage de gueule là-derrière haha, donc pour moi ça colle au perso.
Tout ça pour dire que je n'ai eu aucun problème avec la scène de combat, je trouvais même cool qu'elle peine un peu avec son second adversaire, ça en dit beaucoup sur la grande confiance qu'elle a en elle et ça contribue à la rendre assez satisfaisante à lire x)
Rien de négatif à dire sur ton chapitre, en somme :)
Bisou, à bientôt !
Ça fait plaisir de te lire, comme toujours ! Oui, c'est vrai que c'était un peu le but aussi, clarifier certains enjeux importants tout en maintenant de grosses zones d'ombre.
Pour la scène de combat, tu es la lectrice modèle, tu as compris la scène comme je voulais l'écrire xD Mais en vrai, je pense qu'Ori et Péri ont pas complètement tort, toutes ces choses sont pas forcément évidentes donc j'ai quelques retouches.
Yes, c'est assez marrant de jouer avec l'ego de LV, qui a tendance à avoir un peu trop confiance en elle, l'opposé total de Pellon^^
Merci de ton gentil retour !
A bientôt (=
On sent que les cartes d'un jeu politique se mettent en place, même si j'ai encore du mal à cerner le rôle que jouent la Voilière et la mystérieuse archère dans tout ça. À te lire, j'ai l'impression que cette espionne est au service d'un troisième parti, qu'elle s'apprête à trahir les deux couronnes pour précipiter la guerre. On verra si je me trompe ou non.
Concernant le chapitre, je l'ai trouvé rythmé et bien écrit. La scène de combat contre les deux contrebandiers est assez réaliste, et on imagine bien l'effort considérable que doit faire la Voilière pour mener cette entrevue avec plusieurs côtes brisées.
Toutefois, je m'interroge sur la nécessité de ce combat. Ok, la Voilière a entendu des rumeurs selon lesquelles cette ancienne forge est un repère de contrebandiers. Mais il y a selon moi deux choses qui sont un peu bancales :
1 - Pourquoi prendre le risque d'attaquer le blondinet dans l'escalier ? Elle ne sait absolument pas combien d'adversaires l'attendent dans le sous-sol, ni s'ils sont armés et dangereux. Cela me parait extrêmement téméraire de sa part, voire complètement irréfléchi. D'autant qu'elle aurait pu la jouer fine et laisser l'escorte de Tresiz (savait-elle qu'il viendrait seul ? c'est une info importante) régler leur compte aux bandits à sa place. Ou engager quelques mercenaires un peu plus tôt pour s'en charger. Bref, les solutions ne manquaient pas. En risquant sa vie inutilement ainsi, elle ne donne pas l'impression d'être très maline.
2 - Quand elle attaque le blondinet dans l'escalier, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander : "mais comment sait-elle que c'est bien un contrebandier, et pas un garde qui escorte Tresiz ?"
Concrètement, quand on voit comment elle lui saute dessus pour le suriner, ça aurait pu être Pellon à la place, c'était pareil. Pour ça aussi, je pense qu'il est important que tu précises que Tresiz doit venir seul.
Ah, une dernière chose. Ce n'est que mon avis, mais venant de la Voilière, je trouve que "mon cher Tresiz" ça fait un peu pompeux.
Ok, elle essaie peut-être de le flatter pour lui faire croire qu'elle est à son service. Mais ça casse cette aura de "mystérieuse espionne/assassin" qu'elle s'applique à mettre en scène. Je pense qu'elle gagnerait à être plus directe, sans pour autant lui manquer de respect.
En dehors de ces quelques remarques, c'est un bon chapitre et j'ai hâte de découvrir où cet échiquier politique va nous mener.
A bientôt,
Ori'
Tu as assez raison pour le combat contre les deux contrebandiers, pas forcément la plus réussie pour les points que tu soulèves. J'ai modifié le déroulé, c'est le contrebandier qui attaque LV par surprise alors qu'elle arrive dans la cave. Je pense que c'est mieux ainsi. J'ai retouché pas mal d'autres détails, notamment dans la conversation entre Tresiz et LV.
Merci de tes remarques, j'espère que la suite te plaira !
A bientôt !