Chapitre 23: Une soirée inoubliable

Alec retourna dans la pièce où il avait laissé Elena quelques instants plus tôt. Son regard la chercha immédiatement, et quand il la vit, il s'approcha d'elle avec un sourire rassuré. Glissant son bras autour de sa taille, il murmura, « C'est bon, Rachel ne m'embêtera plus. »

Elena lui saisit la main et l'entraîna dans les escaliers vers un bureau, seule pièce que Rachel n'avait semble t il pas souhaité prendre la peine de présenter. Elle referma la porte derrière eux, et Alec, intrigué, lui demanda, « Qu'est-ce qu'il se passe ? Quelqu'un t'a emmerdé après mon départ ? »

Sans un mot, elle lui lança un regard brûlant, posa ses mains sur son cou et le tira à elle dans un baiser encore plus passionné que ceux échangés sur la piste. Alec hésita, la raison vacillante face au désir. « Elena... On ne devrait peut-être pas... c'est pas une bonne idée. »

Elle le fit taire d'un nouveau baiser, murmurant entre deux souffles, « J'en ai envie, Alec... vraiment envie et je crois bien que je vais devenir dingue si tu...»

Alec n'y tenant plus l'interrompit en l'embrassant. Il la souleva pour l'entraîner à la hâte sur le bureau. Ses mains glissèrent le long du dos d'Elena, l'attirant contre lui, la plaquant contre son corps avant de descendre sur ses cuisses. Elle bascula la tête en arrière afin de le laisser embrasser le creux de son cou. « Si tu savais à quel point j’en crevais d’envie moi aussi ! » laissa-t-il échapper dans un souffle à son oreille. Il lui mordilla le lobe jusqu’à l’entendre gémir, savourant l’effet qu’il avait sur elle. Il parcourait le reste de son corps avec ses mains, appréciant la douceur de sa peau et la volupté de ses formes. Le souffle d’Elena se fit plus saccadé, ses hanches ondulant à la recherche de son partenaire. Elle pinça ses lèvres pour étouffer un gémissement, arrachant un sourire à Alec. Enfin, elle était à lui, toute à lui et ce n’était plus un jeu. Il voyait dans ses yeux la même passion qui embrasait son cœur. Peu lui importait les problèmes à venir, il la voulait elle autant qu’elle le voulait lui. Submergée par un désir incandescent, Elena l’attira contre avec fermeté, « Maintenant Alec »

Elle s’offrait à lui et il s’abandonna à elle dans une danse charnelle. L'atmosphère semblait suspendue, comme si le monde s'était effacé autour d’eux, les laissant s’enivrer l’un de l’autre jusqu’à perdre pied dans un ultime spasme. Alec à bout de souffle, embrassait avec tendresse son cou, caressant sa joue sensuellement.

Ils se remettaient lentement, enlacés dans les bras l’un de l’autre, reprenant peu à peu contact avec la réalité. Elena s’écarta pour le regarder avec un sourire malicieux, son chignon défait laissant ses cheveux tombés en désordre sur ses épaules, « Si j'avais su que ce serait aussi intense, j'aurais pas attendu aussi longtemps, »

Alec éclata d'un rire étouffé, tout en caressant doucement ses épaules. « Eh bien, j'espère que l'attente valait le coup. J'ai une réputation à tenir. » lâchât-il avant d’embrasser ses lèvres avec avidité. Son cœur battait dans sa poitrine parce que au-delà de l’effort qu’il venait d’accomplir, il tenait la femme qu’il aimait dans ses bras. Il lui semblait vivre un rêve éveillé. Son odeur, la douceur de sa peau, le goût de ses baisers, la chaleur de leur étreinte tout lui laissait croire à l’existence d’un paradis.

Mais son sourire s'effaça rapidement  lorsque Elena se releva avec une certaine froideur, « on devrait peut-être y aller maintenant. » Il l'observait encore incrédule remettre en place ses vêtements « Et pas un mot à Harry, je crois qu'il nous tuerait tous les deux s’il apprenait ce qu’on vient de faire. »

Ces mots lui tombèrent dessus comme une masse. Il comprit alors que pour elle, ce n'était rien d'autre qu'un instant de plaisir. Un parmi d'autres. Tentant de garder contenance, Alec répondit avec un sourire faussement désinvolte, « Tu pourras plus me traiter de gamin maintenant en tout cas. »

Elle s'approcha et murmura, le coin des lèvres relevé, « C'est vrai que t'es plus vraiment un gamin, en fait. »

Avant qu'il ait pu répondre, elle se pencha pour déposer un baiser léger sur ses lèvres. Alec se sentait perdu. Il ne savait plus quoi penser ni comment réagir. Les intentions d’Elena lui étaient incompréhensibles. Il se laissa encore allé à l’instant présent, préférant faire taire la petite voix qui lui criait d’arrêter là, de se protéger.

Elena intensifia leur baiser, rallumant les braises à chaque passage de sa langue. Alec malgré la douleur de son cœur sentit son corps réagir à ce nouveau contact. Il resserra ses bras autour de sa taille, espérant lui faire ressentir par les gestes toute l’affection qu’il éprouvait à son égard. Mais, à peine eut-il reprit le contrôle de leur étreinte qu’Elena s'éloigna à nouveau. Elle lui meurtrie un peu plus son cœur en lui déclarant « Quel dommage qu'on doive y aller. J'aurais pu continuer ça toute la nuit. Mais, on savait toi et moi que ça ne pourrait être qu’un one shot. »

Alec sourit, tâchant de masquer le tumulte dans son cœur, « Moi aussi. » En lui-même, il entendait une autre voix plus profonde et sincère qui murmurait : « J’aurais pu faire ça toute la vie. »

Alec se rhabilla, hagard, encore sous le choc de ce qu’il venait de vivre émotionnellement. Il lui semblait avoir atteint le paradis pour terminer directement en enfer. Jamais, il n’avait imaginé un tel scénario. L’esprit embrumé, il regardait Elena tenter de remettre de l'ordre dans ses cheveux. Il avait envie de lui avouer que pour lui c’était plus que ça, qu’il la voulait tous les jours et qu’il l’aimait désespérément mais il se retint. Il était évident à présent qu’elle ne partageait pas ses sentiments. Elle s’était laissé portée par l’instant, ils avaient joué avec le feu et il avait fini par se brûler. Le cœur lourd, il resta silencieux, la peur de ne pas pouvoir supporter un nouveau rejet plus forte que l’espoir. En sortant du bureau, Elena ne lui adressa pas un regard, chacun s'efforçant d'afficher un sourire sans dire un mot sur ce qui venait de se passer un instant plus tôt.

***

Une fois dehors, Alec et Elena retrouvèrent l'air frais de la nuit, le silence s'alourdissant aussitôt entre eux. Alors que le malaise grandissait, aucun des deux ne semblait prêt à briser cette étrange tension. Alec prit son téléphone pour appeler un uber. Ils s'assirent l'un à côté de l'autre sans un mot pour attendre ce dernier. Elena tremblait comme une feuille à cause la fraîcheur de la nuit et Alec enleva sa veste pour la placer sur ses jambes trop peu couverte. Elena tenta de s'opposer, « Garde-la, tu vas attraper froid si tu restes comme ça. »

Ce dernier insista, « Tu es frigorifiée et moi après ce qu'il vient de se passer entre nous, j'ai encore chaud ». Alec avait le cœur en sang mais, il ne voulait pas qu’Elena puisse le voir alors comme à son habitude , il cacha sa peine et ses pensées derrière un sourire et une réplique humoristique. Elena était celle qui le connaissait le mieux et elle voyait toujours au-delà des apparences. Pourtant, cette foi-ci, elle accepta ses paroles sans chercher à voir au-delà, ce qui le blessa un peu plus.

Elena accepta sa veste puis, très vite le silence s'imposa à nouveau, lourd. Elle regardait au loin, cherchant manifestement à fuir la situation. « Il arrive encore dans longtemps ? »

Cette question fût comme un uppercut dans le ventre d’Alec, s’il avait pu essayer de se voiler la face jusqu'alors, il était claire à présent qu’elle regrettait ce qui sur le moment avait été le plus beau moment de sa vie. Il sentie la douleur étreindre son cœur, lui donnant presque la nausée.

Il sortie son téléphone pour voir l’heure et trouva la notification d’un message d’Harry. Deuxième uppercut… Il déglutie ravalant le dégoût qu’il avait pour lui-même. Elena s’éloignait déjà de lui, regrettant sans aucun doute ce qu’ils avaient partagé et il avait trahi la promesse qu’il avait faite à Harry. « Il ne devrait plus tardé. » répondit-il d’une voix légèrement brisée.

Elena surprise par le ton employé par Alec tourna la tête vers lui. Elle ne put toutefois rencontrer son regard. Elle se hâta de détourner à nouveau la tête, désireuse de cacher elle aussi la gène qui habitait ses pensées.

Chacun resta silencieux, mal à l’aise, attendant désespérément l'arrivée salvatrice de leur véhicule. Lorsque ce dernier arriva enfin, ils montèrent à l'arrière, s'installant sur la banquette comme deux inconnus forcés de partager un espace réduit.

Alec tourna immédiatement la tête vers la vitre, fixant le paysage nocturne qui défilait sous les lampadaires de la ville. Il évitait soigneusement de croiser le regard d'Elena, ce regard qui l'avait incendié plus tôt dans la soirée, et qui maintenant le troublait plus encore. « Qu'est-ce que j'ai fait putain ? » pensa-t-il, la gorge nouée. Tout était déjà compliqué avant cette soirée, mais maintenant... C'était le chaos absolu. Il jeta un coup d’œil discrètement à Elena. Celle-ci fixait le plafond du taxi, l'air indéchiffrable. Elle n'avait pas l'air troublée, ou du moins elle le cachait bien. Alec avait envie de s’accrocher à cet espoir, au fait que peut-être elle puisse cacher ses véritables sentiments derrière un masque d’indifférence. Il savait qu'avec elle, rien n'était jamais aussi simple qu'elle le laissait paraître. Une part de lui mourait d'envie de rompre ce silence, de dire quelque chose, n'importe quoi, mais il ne savait pas par où commencer. Et puis, il craignait de se voir rejeter une nouvelle fois. La manière dont elle l’avait repoussé après qu’il lui ait fait l’amour le faisait encore atrocement souffrir.

L'idée de se réfugier chez Noah, son plus grand ami après Harry, traversa brièvement l'esprit d'Alec. Ce serait tellement plus facile, pensa-t-il, d'échapper à cette situation. Juste disparaître pour quelques jours, gagner de la distance, du temps pour remettre le masque en place. Mais il se ravisa presque aussitôt. Harry, flairerait immédiatement que quelque chose clochait. Et si Harry venait à découvrir ce qu'il s'était passé... Alec secoua mentalement la tête. Non, il ne pouvait pas se permettre de le laisser savoir. Ce secret devait rester là où il était : bien enfoui. Il n’avait plus qu’eux et s’il venait de perdre Elena, il ne pouvait se permettre de perdre Harry. C’était sa famille, même si une part de lui estimait ne pas le mériter.

***

Lorsqu'ils arrivèrent à l'appartement, un soulagement muet sembla s'installer entre eux. Ils pénétrèrent dans l'entrée en silence. L'appartement était plongé dans l'obscurité, à l'exception de la lueur diffuse émanant de la porte entrebâillée de la chambre de Harry, où ce dernier dormait profondément, cassé par la maladie.

Dans la cuisine, Elena attrapa un verre et se versa de l'eau, qu'elle but d'une traite, comme si elle essayait de chasser les émotions de la soirée. Alec, adossé au plan de travail, la regardait sans oser dire un mot. Elle posa son verre avec un léger claquement, se retourna lentement, et le fixa avec cet air de défi qui le désarmait à chaque fois. « Eh bien, je repensais à la discussion qu’on avait eu à cet endroit même, »

Alec, malgré la douleur qu’il ressentait ne pût s’empêcher de sourire. Une part de lui était rassurée qu’elle lui parle à nouveau. Certes, c’était loin de ce qu’il avait pu espérer quelques heures plus tôt mais, c’était mieux que rien. « De quelle discussion tu parles ? »

« De tes compétences... » répondit-elle les joues un peu rouges, « je dois admettre finalement que tu es bien à la hauteur de ta réputation. L'anatomie féminine n'a vraiment aucun secret pour toi. »

Sa remarque fit l'effet d'une bombe dans l'esprit déjà surmené d'Alec, était elle en train de jouer à nouveau avec lui ? Pouvait il espérer plus ? Ne sachant sur quel pied danser et anxieux qu'Harry se réveil et découvre une scène compromettante, il usa de son humour habituel. « Mmh... que veux-tu, je suis un élève assidue et j’ai beaucoup étudié. C’est l'aboutissement de longues études. Très... exténuantes. »

Elena rit doucement, un son qui fit naître un mélange de soulagement et de désir coupable chez Alec. Son regard semblait teinté d'une intensité nouvelle qu'Alec ne parvenait pas à définir. Cela le déstabilisait, et il ne pouvait s'empêcher de la fixer, espérant y déceler un signe, un indice que tout cela comptait finalement plus pour elle qu'elle ne voulait bien l'admettre.

Elle fit alors un pas vers lui, puis un autre, se rapprochant avec une lenteur qui semblait calculée. Alec sentit son cœur s'accélérer. Sa raison lui ordonnait de fuir tandis que son corps désirait rester. Elle se hissa sur la pointe des pieds, réduisant la distance entre leurs visages, et murmura, d'une voix lascive, « Bonne nuit, Alec. »

Avant qu'il n'ait le temps de répondre, elle posa une main légère sur sa poitrine pour le maintenir immobile. Puis, dans un geste aussi inattendu que déstabilisant, elle déposa un baiser sensuel au creux de son cou, déclenchant un frisson incontrôlable qui parcouru son corps. Alec, les yeux fermés, laissa échapper un râle tandis qu'il mordit ses lèvres, s'interdisant tout mouvement pour ne pas laisser la situation dégénérer davantage.

Enfin, elle déposa un baiser plus chaste sur sa joue, à peine plus qu'un effleurement, avant de reculer, « Fais de beaux rêves Alec... » ajouta-t-elle en s'éloignant, ses pas feutrés disparaissant dans le couloir.

Alec resta planté là, luttant pour reprendre son souffle. Il passa une main tremblante sur son visage, essayant de calmer le feu qui brûlait sous sa peau. Le bruit doux mais définitif de la porte de la chambre d'Elena se fermant résonna dans le silence. La cuisine sembla soudainement immense et étrangement vide sans elle.

Il soupira profondément, laissant sa tête tomber en arrière contre le placard. Entre l'envie, la frustration, l’amour et la douleur, il ne savait plus où il en était, ni où ils se dirigeaient. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle venait de bouleverser son monde d'une manière qu'il n'avait absolument pas prévue.

Finalement, il se détourna et rejoignit sa propre chambre, où il s'effondra sur son lit. Tandis qu'il s'enfonçait sous les draps, ses pensées tournaient en boucle, revenant sans cesse aux mêmes souvenirs de la soirée, aux mêmes questions. La légèreté qu'ils partageaient auparavant, allait-elle disparaître après tout cela ? Harry découvrirait-il la vérité ? Elena allait-elle continuer à jouer avec lui ? Arriverait-il à lui résister et au fond en avait-il vraiment envie ?

Malgré tout, alors que ses paupières s'alourdissaient, un sourire involontaire naquit sur ses lèvres. Il ne pouvait s'empêcher de penser à elle, à la façon dont il lui avait fait l'amour dans ce bureau et aux sensations qu’il avait éprouvé. Le chaos était total, mais peut-être y avait-il encore de l’espoir.