CHAPITRE 24
1.
Il faut bien le dire, il y a du génie dans l’industrie de la serviette hygiénique. Je n’en ai jamais eu besoin, donc je n’ai pas suivi ses progrès. Mais au 21eme siècle, leur pouvoir d’absorption tient de la magie !
Libby, recroquevillée sur le petit divan, grimace de douleur et rit en même temps. Sans son puissant calmant, elle serait sans doute déjà en pleine léthargie et il me faudrait trouver moyen de quitter le bâtiment avec un corps donnant toute l’apparence d'être sans vie. Des images de films où les personnages transportent un cadavre dissimulé dans un tapis roulé me traversent l’esprit. Heureuse d’éviter ça.
Après un nettoyage sommaire, j’appose les serviettes sur la plaie et ses abords. Dans les tiroirs du bureau de Libby, j’ai trouvé des ciseaux et un rouleau de “duct tape”, un large ruban adhésif gris réservé pour les constructions et les projets de travaux manuels. Une pile de T-shirts blancs au logo de l'église est posée sur une chaise. J’en découpe un, le transforme en longues bandes de tissu. Puis, je demande à Libby de s’asseoir, ce qu’elle fait en grimaçant. J’enroule les bandes de tissu autour de son torse le plus serré possible, elles maintiennent les serviettes à l’endroit où je les ai posées. Ensuite, je scotche les bandes les unes avec les autres avec la duct tape.
- On dirait que ça tient ? dis-je en faisant un pas en arrière.
- Tu es pleine de ressources, souffle Libby. Milo m’avait bien dit que je m’amuserais avec toi.
- Tu connais Milo ?
- Bien sûr, nous sommes Africains tous les deux… Et très anciens tous les deux…
Elle reste silencieuse un moment, cherchant à réguler sa respiration. Elle sait que nous n’avons pas de temps à perdre.
- Je suggère que tu remettes ta robe pastorale directement. A moins que tu n’aies un corsage ici qui s’ouvre sur le devant ? Sinon, un T-shirt va te faire souffrir le martyr. Joli soutien-gorge, au fait. Un peu de dentelle mais tout simple…
Du regard, elle me montre la robe noire. Je l’aide à l’enfiler. Chaque mouvement est une douleur.
- Si Amy t’entendait parler de mon soutien-gorge, elle serait folle ! dit-elle, s'efforçant de rester dans la légèreté.
- Pourquoi ? Amy n’aime pas tes soutien- gorges ?
Libby sourit et me tend la main pour que je l’aide à se mettre debout.
- Non, explique-t-elle tandis que lentement, nous arrivons ensemble à la redresser.
Elle étouffe une plainte et poursuit, comme si de rien n’était.
- Non, elle craint la compétition ! Depuis le premier soir, elle a peur que je ne tombe sous ton charme … tu sais, le soir… avec les perruques…
Libby marche à tous petits pas, accrochée à mon bras. Il nous faut de longues minutes pour simplement arriver à la porte du bureau. Libby est épuisée, son visage luisant de sueur. Une décision s’impose.
- Je vais te porter, comme à l’aller.
Elle ne proteste pas. J’ouvre la porte, entend au loin la cérémonie qui se poursuit. Emilie, près de l’escalier, me sourit et me fait signe de la rejoindre.
- Est-ce que ta Familière va nous aider ? demande Libby.
- Ma… quoi ?
- Ta Familière ! Tu as bien un ou une disparue qui te donne un coup de main de temps à autres ?
- J’ai ma petite Sainte, oui. Tu peux la voir ? Elle est là-bas. Comment tu l’appelles ? Ma Familière ? Attention, je te soulève.
J’ai rapidement rempli un sac en papier brun du T-shirt ensanglanté et de tout ce qui peut montrer que beaucoup de sang a été répandu dans cet espace où Libby ne pourra pas revenir avant plusieurs jours. Une fois Libby dans mes bras, je l’attrape du bout des doigts. Je m’en débarrasserai à la maison.
- C’est fou, tout ce que tu ignores, remarque Libby.
Sa voix a plus d'énergie depuis que je la porte. Je la regarde du coin de l’œil.
- Des remarques désobligeantes ? Et-ce bien le moment?
Elle sourit, émettant un petit son qui doit être un rire. Emilie me fait signe, c’est le moment. Nous descendons l’escalier, je fais attention à chaque marche, ce n’est pas le moment de trébucher, je veux aussi minimiser les secousses, si douloureuses pour Libby. J'espère que nous serons vues par le moins de monde possible. Emilie a probablement choisi ce moment dans ce but.
Quelques minutes plus tard, nous sommes dans ma voiture. Nous avons croisé quelques adolescents qui nous ont regardées avec curiosité, et que j’ai salués d’un air dégagé, comme s’il était tout à fait normal d’emporter leur pasteure dans mes bras. Libby leur a fait un petit signe de main, et, rassemblant ses forces, a réussi à lancer à l’un d’entre eux, avec une voix presque normale :
- Je me suis fait une entorse… impossible de marcher ! Jimmy, tu peux nous ouvrir la porte ? Pas celle-là, la petite qui donne sur le parking… Merci mon grand !
C’est une sortie que je ne connaissais pas, nous voici tout près de ma voiture. Je suppose que les bénévoles et les manifestants qui sont encore là inspectent ensemble les lieux de la confrontation avec les mystérieux perturbateurs ? Rob est peut-être toujours coincé entre Guillain et Linda dans le sanctuaire… Le timing d’Emilie était parfait.
Après un moment d'hésitation, j’installe Libby à mes côtés sur le siège avant, avec le dossier étendu vers l'arrière.
- Je crois que je commence à saigner à travers tes pansements, souffle-t-elle.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Nous n’allons pas loin de toutes façons… A ce propos…. Veux-tu que je te ramène chez toi ? Je pensais plutôt te conduire chez moi. On rentre dans le garage avec la voiture, la porte se ferme, aucun témoin ensuite pour te voir en sortir. C’est le cas, chez toi ?
- Non. Parking en plein air. Chez toi.
Je démarre. Voyant que Libby est toujours consciente, je reprends, essayant de garder le ton léger qu’elle a adopté :
- Pourquoi Amy a-t-elle pu penser que j'étais sa compétition ?
Libby, les yeux mi-clos, sourit.
- Parce que j’ai tout fait pour ça…
Je médite là-dessus, nous restons silencieuses un moment. Quand je lui jette un regard à nouveau, elle s’est évanouie.
2.
Pendant que je roule en silence, je pose ma main sur celle de Libby. Elle est froide. La jeune femme doit être en train de passer de vie à trépas. Elle reviendra à elle dans peu de temps… et les réparations commenceront. Sommeil profond et hydratation…
Stressée comme je viens de l'être, c’est seulement en cet instant que je réalise vraiment… Libby est une Semblable ! Au milieu de mes inquiétudes pour Greg, la présence de Guillain et autres sujets de préoccupations, ça me rend si heureuse ! Ça me manquait, d’avoir une Semblable de bonne composition dans mon horizon. Pouvoir parler à cœur ouvert, échanger des anecdotes, des impressions, c’est merveilleux … Pour peu qu’on ait vécu dans les mêmes villes, on peut faire des comparaisons entre époques… A Paris, avec le restaurant, j’avais l’habitude de bavarder avec des Semblables presque tous les soirs ! Ça me manque… Et apparemment, elle est plus âgée que moi ? J’étais toujours la plus chargée de siècles dans ce genre de réunions. Aemouna est née avant Jésus Christ - ou plus ou moins à la même époque. Libby la connaît certainement, elle a peut-être de ses nouvelles ? Je ne l’ai pas vue depuis deux bons siècles. Et - au fait - sait-elle que Guillain est l’un des nôtres ? Plus on est âgé, plus on connaît de Semblables. Donc, c’est probable… mais elle ne pouvait rien en dire, bien sûr. J’ai hâte de pouvoir lui parler de lui, avoir ses impressions…
Nous voici chez moi. Après un instant d'hésitation, je porte Libby dans mon lit. Les draps sont tout propres, Greg les a changés avant notre départ. Je n’ai pas encore acheté de draps pour le futon de la chambre d’amis, qui est moins large que mon lit taille “king size”. C’est maintenant urgent. Sinon Greg aura besoin d’une explication à la présence de sa pasteure dans le lit qu’il a commencé à considérer comme sien.
3.
En arrivant à St Joe, j’ai beau savoir que Carol n’a pas de raison, un samedi en fin d'après-midi, de parcourir les couloirs de ce qui est toujours son lieu de travail, je suis aux aguets.
Après avoir changé son pansement, j’ai laissé Libby dans mon lit avec deux grandes bouteilles d’eau fraîche à proximité, un verre et des pailles. Ça devrait aller. Tout comme moi, selon les situations, elle a certainement dû boire dans des flaques et transformer des fossés ou des arbres en abris provisoires le temps de se remettre d’une blessure grave.
Je vais directement aux urgences, mais Greg n’y est pas. Le réceptionniste pianote sur son ordinateur et m’apprend que Greg se trouve à l’autre hôpital de Tacoma, Tacoma General Hospital, que tout le monde appelle TG, ‘tidji’ phonétiquement.
En revanche, Amy est toujours à St Joe. Je sais que les hôpitaux américains renvoient leurs opérés très vite chez eux, souvent le soir même ou le lendemain de l’intervention, même lorsque celle-ci a été longue. Ici, il s’agit seulement d’une appendicite. Pourquoi est-elle toujours là ? Je décide de calmer mon impatience à retrouver Greg, et, puisque je suis sur place, d’aller la voir. J’avais en tête de pouvoir ramener de ses nouvelles à Libby en tout état de cause.
Les couloirs sont interminables mais, après avoir demandé mon chemin à deux reprises - Greg ne volait pas son salaire quand il dirigeait les gens vers leur destination - j’arrive finalement à la chambre d’Amy, qui n’est pas grande mais, l'hôpital étant construit sur le sommet de la colline de Tacoma, a une belle vue sur la ville et le Puget Sound. La jeune femme, les yeux clos, le visage tourné vers la fenêtre, respire régulièrement, encore connectée à un goutte-à-goutte.
Elle n’est pas seule : Jackson et sa grand-mère Vilma sont à son chevet. Jackson sourit à l’instant où il me voit, ce qui fait plaisir après le soin qu’il a pris à m’ignorer pendant la plus grande partie du barbecue de jeudi. Mais la réaction de sa grand-mère me surprend davantage. Elle se lève et m’embrasse comme si j'étais une de ses petites-filles. Je ne lui ai parlé que deux fois ! Elle pose la main sur ma joue un instant. Je lui souris, touchée et un peu étonnée. Peut-être a-t-elle apprécié mon enthousiasme quand j’ai appris le mariage heureux de Ayita ?
Jackson me donne une “hug” rapide et, dépliant une chaise posée derrière la porte, m’invite à m’asseoir entre eux deux. Vilma garde sa main dans la mienne. Je demande :
- Comment va Amy ?
- Oh, ça va… répond Jackson. Elle se réveille, marmonne quelque chose et se rendort … Ils continuent de lui donner des antibiotiques en intra-veineuse. C’est pour ça qu’ils l’ont gardée ici. Apparemment, elle couvait une sacrée infection là-dedans…
Il fait un mouvement de tête et lève les yeux au ciel pour bien signifier l’ampleur de l'irresponsabilité de sa sœur.
- Maman était là tout a l’heure, poursuit-il.
Vilma intervient.
- Katherine avait amené du travail et son ordinateur portable, et elle s’est installée sur la petite table, là-bas… La pauvre Amy se réveille, l’appelle, vous savez, on appelle toujours sa mère dans ces cas-là, sur un champ de bataille, ou d’un lit d'hôpital… Amy l’appelle et Katherine, levant à peine le nez de son écran, se contente de répondre : “oui, chérie, maman est là, rendors-toi.”
C’est à son tour de faire un mouvement de tête accablé. Jackson rit.
- Alors, on a fait un échange. Maman s’occupe de mes enfants, et moi, je veille sur Amy avec Nana. En fait, elle aime bien jouer avec eux, surtout Aly. Je pense qu’elle lui offrira son premier attaché-case pour ses 3 ans… Tu sais, elle ne déteste pas que je la surnomme la Reine de Haute Egypte dans mes spectacles. Hier, elle a trouvé des hiéroglyphes sur google. Elle les a imprimées et les a données à Aly qui aime colorier. Et bien sûr, elle a regardé la signification de chaque symbole dans des articles d'Égyptologie et elle commence à les apprendre à mes enfants ! Baby Greg, c’est un peu tôt pour dire, mais Aly est hyper-intelligente, elle absorbe tout comme une éponge ! Je te dis, dans quelques années, quand elle commencera à avoir des devoirs à faire pour l'école, elle les traduira en hiéroglyphes pour mettre un peu de piment. Moi, je ramerai derrière, essayant d’apprendre moi aussi, je ne vais pas laisser ma petite fille seule en tête à tête avec Anubis, le dieu funéraire de l’Egypte antique... Elle sera là, regardant par-dessus mon épaule, “mais Papa, combien de fois je t’ai dit, quand le scarabée est au participe passé, il prend toujours un serpent !”
Vilma et moi éclatons de rire. Jackson observe notre réaction avec satisfaction, puis sort son iPad pour vite noter ce qu’il vient de dire.
- Tu vois, tu vois ? s’exclame-t-il, prenant sa grand-mère à témoin. Elle est là depuis cinq minutes, et ça y est, elle me donne des idées pour mon prochain spectacle ! Ça faisait deux jours que j'étais à sec.
Vilma tapote ma main.
- Ça ne me surprend pas du tout, assure-t-elle.
Je les regarde tous les deux et fais un geste d’ignorance. Ce n’est pas comme si j’avais fait des suggestions à Jackson !
- Max ?
Amy vient d’ouvrir les yeux. Je lui souris et m’avance sur le bord de ma chaise pour réduire la distance qui nous sépare.
- Bonjour, Amy ! dis-je surprise par l’émotion qui soudain me traverse.
Je n’ai pas eu le temps de m’en rendre compte, mais moi aussi, j'étais inquiète pour elle.
- Libby… pas là ?
Aïe, je sens venir un de ces dialogues où je vais essayer de mentir le moins possible sans pour autant dire la vérité.
- Tu sais, la cérémonie de ce groupe n’est pas finie… Tout le monde est encore à l'église…
Elle hoche la tête lentement puis demande :
- Ça s’est bien passé ?
- Ma foi, le début a été haut en couleurs… mais rien de trop grave.
- Barbara… elle a dit… un problème avec Libby ?
Jackson me dit à mi-voix que Barbara est venue voir Amy un moment avant mon arrivée.
- Ecoute, Libby te racontera elle-même. Tout s’est arrangé, et je dois dire que Barbara a été très secourable.
Amy hoche la tête et ferme les yeux à nouveau. Je me tourne vers Jackson.
- Barbara a-t-elle dit quelque chose à propos de Greg ? Est-ce qu’elle l’a vu ? On m’a dit en bas qu’il était à Tacoma General …
- Elle le cherchait elle aussi, dit-il. Elle voulait l’interviewer. Elle t’a raconté ? Un vrai héros, mon grand frère ! C’est tout lui, s’interposer comme ça…
Sa fierté me fait chaud au cœur.
4.
A TG, enfin, je trouve Greg. On lui a fait une radio du crâne et les résultats sont ambivalents.
- Il a reçu un choc significatif, me dit l’infirmière qui s’est occupée de lui. Ce n’est pas une blessure du cerveau caractérisée mais quand même à surveiller, d’autant qu’il a reçu un coup il y a deux jours avec brève perte de connaissance. On va le garder pour la nuit.
Je revois le coup de poing de Leroy que Greg n’a pas cherché à esquiver. Je souris à la jeune femme qui désigne sa chambre où je me dirige aussitôt.
Greg est allongé dans le lit, un pansement blanc sur son front qui descend sur sa tempe gauche. Il porte une de ces blouses vert pâle que les hôpitaux fournissent, qui ferment mal et s’ouvrent dans le dos. Mais il ne se soucie manifestement pas de son apparence en cet instant : il ronfle.
Ce bruit, devenu si familier dans mon quotidien, me fait immédiatement sourire. Quelque chose en moi se détend, se relâche. J’ai craint le pire et le plus absurde (par exemple de ne pas le retrouver, allant de couloirs en couloirs sans jamais le rejoindre) jusqu’à cet instant où il est sous mes yeux. Endormi.
- Il va bien. Il dort depuis tout à l’heure.
La voix grave me fait sursauter. Tanner était si immobile, dans son fauteuil, que je n’ai pas enregistré sa présence. Pourtant la chambre est petite et on ne peut pas le manquer, en théorie. Nous rions tous les deux.
- Je ne voulais pas vous faire peur ! dit-il. Sam, je crois ?
- Max. Merci d’être là, de l’avoir accompagné !
- C’est bien normal. Vous savez, il a pris le coup qui m’était destiné. Etant donne la taille du pavé et ma position, je serais dans un sale état sans lui. J’ai toujours senti que c’était un mec bien, Greg. Même à St Quentin.
Je souris à Tanner. Son commentaire me fait plaisir. Quelques minutes plus tard, je quitte la chambre de Greg, réconfortée. Tanner m’a affirmé qu’il resterait près de lui jusqu’au matin. Le policier explique qu’il a senti une malveillance telle, chez les hommes qui ont fait irruption, qu’il ne veut pas laisser Greg seul, dans l’état vulnérable ou il se trouve. Mon boy-friend est entre de bonnes mains. Je décide de retourner auprès de Libby.
Quand le ciel commence à s’obscurcir, j’ai eu le temps d’acheter les draps dont j’avais besoin, de les laver et sécher en deux heures de temps, merci les sécheuses qui sont standard aux USA, de faire le lit de la chambre d’amis. J’y ai porté Libby. Elle ne s’est même pas réveillée. Ensuite, j’ai changé les draps dans ma chambre. Je suis en nages, mais soulagée d’avoir eu le temps de transférer Libby d’une chambre à l’autre, ce qui permettra d'éviter des explications compliquées.
Et puis je me mets au lit. Quand Greg reviendra de l’hôpital, je veux être dispose.
5.
Une cloche sonne, sonne… sa voix d'écho en écho… dit au monde qui s'étonne...
Le dimanche après-midi, seul moment de liberté dans mes semaines de travail, j'allais me promener au parc des Buttes-Chaumont quand le temps le permettait. Quand j’avais de la chance, Edith m’y retrouvait, nous nous installions au soleil, nous racontant mutuellement notre semaine, savourant une cigarette commune. Nous riions souvent aux éclats dans ces conversations. Elle était à la fois drôle, truculente, timide et pleine d’audace, toujours curieuse de la vie de ses amis. Elle me questionnait, avec un intérêt qui n’était pas feint, sur ma vie de cuisinière auprès d’une famille fortunée rue de Sontay. Ces rencontres étaient traversées par des moments de joie pure qui s’offrent par surprise à ceux qui vivent dans le présent. Parfois, on ne peut pas faire autrement. Le passé est une succession de moments de survie chaotique, peu propices à la réminiscence, et le futur un gouffre d’incertitude.
S’il faisait froid, nous trouvions refuge dans un bar voisin où nous buvions un ballon de rouge. Edith gagnait sa vie, selon les jours, en petits boulots ou en chantant aux coins des rues.
Quand je rêve d'Édith, qui ne s’appelait pas encore Piaf, nous sommes au soleil dans le parc, comme nous l'étions autrefois, nous rions aux éclats en partageant une cigarette.
Une cloche sonne, sonne… sa voix d'écho en écho… dit au monde qui s'étonne…
Réveille-toi ! C’est le carillon de ta porte d’entrée !
Je galope dans l’escalier, encore un peu dans le Paris des années 30 mais m'engouffrant à la hâte dans ma vie du 21eme siècle à Tacoma, à l’aube d’un jour nouveau.
Greg est sur le seuil, le large pansement proéminant sur son visage. Il a remis ses vêtements de la veille, du sang a coulé et séché sur son T-shirt blanc. Je le prends dans mes bras.
- Comment te sens-tu ce matin, mon chéri ?
- En bon état de marche, répond-il avec un petit rire. Tanner est resté avec moi, toute la nuit, tu te rends compte ? C’est lui qui vient de me déposer. Il s’est endormi dans le fauteuil de la chambre, c’est d’ailleurs lui qui m’a réveillé, il ronflait, un bruit !
Que c’est bon, dans la lumière du soleil levant, de sentir ses bras chauds, plein de vie, autour de moi. Il me serre tout contre lui, ça me fait quelque chose....
6.
Nous avons beaucoup à nous raconter mais la joie de le savoir enfin à mes côtés, après toutes ces heures, me submerge. Je l’embrasse avec un tel enthousiasme que, de fil en aiguille, nous partageons sans attendre un long moment délicieux.
Greg m’aime si bien. Il m’est arrivé de me sentir seule, certaines nuits, avec des hommes dont j'étais pourtant proche. Leur quête, ce moment de plaisir qui apparemment transcende tout le reste, était si impérative que ce voyage se faisait sans que je me sente vraiment y participer autrement qu’en fournissant le véhicule pour les y conduire. Avec d’autres, au contraire, nous sommes ensemble, ma présence et ma joie au centre de toute l’aventure. Bien des moments de plaisir, plus discrets et imprévus, se rencontrent dans cette exploration à deux et on arrive de toutes façons à la destination souhaitée. Greg, avec sa façon si subtile de percevoir ce que je ressens, excelle dans cette deuxième catégorie.
Ensuite, étendus l’un près de l’autre, nous parlons. Il me raconte qu’il a cru que sa tête explosait quand il a été frappé avec cette grosse pierre, comment Tanner, plein de reconnaissance, l’a accompagné aux urgences de TG, les examens qu’on lui a faits. Ce matin très tôt, un médecin est passé et a constaté que son état lui permettait de sortir. Une analyse sanguine avait été faite à son arrivée, une routine quand un patient prévient qu’il est séropositif. Le médecin l’informe que les résultats le désignent comme séronégatif.
Je me redresse.
- Comment est-ce possible ?
- Je ne sais pas… Elle m’a dit d’aller voir mon médecin traitant, de refaire des analyses pour confirmer. Ça arrive parfois, selon les médicaments qu’on prend… je ne demanderais pas mieux que de ne plus être séropositif, évidemment.
Il sourit et joue avec mes doigts un instant.
- Peut-être pourrais-je avoir un enfant, finalement ?
Une sensation de froid se répand en moi.
- Peut-être… mais pas avec moi, tu te souviens ?
Greg, confus d’avoir oublié, s’excuse abondamment.
- Si ce n’est pas avec toi, ça ne m'intéresse pas, assure-t-il.
Il se laisse retomber à plat sur le lit et regarde le plafond quelques instants. Fury grimpe pour le rejoindre. Alpha le suit du regard avec attention. Le lit est son territoire. Les chatons dorment dans un panier molletonné posé à terre. Fury vient renifler le visage de Greg, s’attardant sur le pansement.
- Et toi, qu’est-ce qui s’est passé ? dit-il
Je passe ma main sur son visage ensommeillé. Je n’ai pas envie de mentir à cet homme que j’aime tant et qui vient de passer la nuit à l’hôpital. Pas maintenant.
- C’était quelque chose, dans un genre tout différent. Nous sommes fatigués tous les deux, dormons un peu ? Je te raconterai tout devant un bon petit déjeuner….
Greg sourit et essaie de ne pas trop montrer son soulagement. Fury s’installe dans le creux de son cou. Alpha me regarde avec indignation : je devrais remettre le chaton à sa place, le poser à terre ! Elle est une Reine dans l’âme, elle pourrait donner un coup de patte à son fils pour qu’il descende mais elle ne veut pas agir elle-même. Je suis son Majordome, dans le fond. Déçue par mon inaction, elle me tourne le dos et s’enroule au pied du lit pour la nuit. Je ne perds rien pour attendre, c’est sûr. Nous éteignons les lumières. Je m'étends tout près de Greg. Il dort déjà.
7.
Huit heures du matin. Je sors de mon lit, et, à pas de loup, marche sur le palier jusqu’à la chambre d’amis.
A ma surprise, Libby n’est pas endormie. Assise sur le bord du lit, penchée sur le côté, à cause de sa blessure, en une oblique très ‘tour de Pise’, elle a son téléphone à la main qu’elle effleure pour composer un message. Elle lève les yeux vers moi et d’un geste de la main, m’encourage à la rejoindre.
- Voilà, dit-elle. Message envoyé à Rob pour le prévenir que je ne serai pas à l'église ce matin. Ce n’est pas mon tour de prêcher, ça tombe bien…
- Je pensais que tu en aurais encore pour… deux ou trois jours de sommeil profond !
- Oui, moi aussi ! Bon, déjà le Dilaudil aide. La douleur crée des toxines dans le corps, et une des fonctions de notre sommeil est de les éliminer. Quand on arrive à atténuer la douleur avec ce genre de médicament, le processus est plus rapide. Je crois aussi, dans mon cas, que la blessure était plus superficielle qu’il n’y paraissait. Cela dit, il me faut encore une bonne journée dans un lit.
- Tu veux dormir ici ? Ou je peux te ramener chez toi...
- Chez moi, si ça ne t’ennuie pas. Amy va revenir de l'hôpital tout à l’heure. Elle ne comprendrait pas que je ne vienne pas la voir, en étant si près. On se parlera au téléphone.
Je l’aide à se lever, lui prête une petite robe qui se boutonne tout du long.
- Greg est rentré ? demande Libby.
- Oui, à l’aube. Il était à l’hôpital, ils l’ont gardé pour la nuit par précaution. La, il dort. Je voulais justement qu’on se mette d’accord pour donner la même version d'événements …
C’est ce que nous faisons dans la voiture. Mais nous ne parlons guère d’autre chose. Libby est encore trop fatiguée pour la conversation que j’aie hâte d’avoir avec elle… Elle somnole pendant le trajet et apprécie mon soutien pour arriver jusqu'à son appartement. Comme on peut la voir des fenêtres des appartements voisins, elle préfère marcher appuyée sur moi en dépit de la douleur, plutôt que d'être portée.
Son appartement est un “one bedroom”, ce qui signifie une seule chambre à coucher en plus du salon dans lequel on pénètre directement en venant de l'extérieur. Le living room est clair, moquette crème, divan blanc, je note rapidement sur les murs et une étagère la présence d’objets en bois sombre, dont la forme évoque immédiatement l’Afrique, auprès desquelles je vois les taches colorées de photos placées ici et là.
- Tu veux boire quelque chose ? me demande-t-elle, une question courtoise dont l'absurdité me fait sourire.
- Non. Va vite dormir. On s’appelle plus tard…
- OK. Regarde juste ce que tu as sauvé…
Elle me montre une photo. C’est probablement un selfie, on voit seulement son visage tout proche de celui d’Amy, le même sourire de bonheur.
- Tu m’as vraiment sortie du pétrin… commente-t-elle. Mourir officiellement et quitter la région, ça aurait été affreux, bien plus douloureux que ce coup de couteau. Quand Amy était encore avec son fiancé, cet imbécile, je souffrais mais j’avais de l’espoir… d’ailleurs, c’est pour ça que je tenais tellement ta main le soir du spectacle de Jackson.
- C’est moi qui m’accrochais à toi, non ? A cause des talons hauts ?
- Oui, mais dans la voiture, au retour, je tenais ta main et je voyais qu’elle nous regardait dans le rétroviseur. Je voulais lui montrer l’effet que ça fait. Elle a vu. Elle était dans tous ses états.
Elle se tait un instant, reprend son souffle, puis ajoute :
- Bref, tu m’as aidée plus d’une fois.
- C’est bien. C’est ce que les Semblables sont censés faire les uns pour les autres, non ?
- Oui… sauf le cinglé d’hier, avec son couteau… on en reparlera. A plus tard, ma belle.
Je me dirige vers la porte d'entrée. Au moment de la franchir, Libby se penche vers moi, m’embrasse rapidement sur la bouche, et sourit malicieusement devant mon air surpris avant de fermer derrière moi.
8.
Greg saute du lit en poussant une telle exclamation épouvantée que je sursaute. Il se tourne vers moi.
- Il est presque 2 heures de l'après-midi ! s’exclame-t-il.
- Oui, je sais…
- Tu te rends compte, 2 heures ? Ce n’est même plus une grasse matinée ! C’est… C’est… C’est un gras dimanche !
Je ris et me lève à mon tour.
- Mon chéri, tu t’es mis au lit à 5 heures du matin, nous avons parlé, nous… n’avons pas fait que parler... tu as dormi quelques heures à l’hôpital, mais ce n’est pas pareil ! Cette matinée, c’était ta nuit !
Greg en convient mais il reste choqué qu’il soit si tard.
- Quelle drôle de journée, hier… dit-il presque rêveusement en se laissant retomber un instant sur son oreiller.
Il reste immobile un instant puis me jette un regard.
- Ça sent bon… qu’est-ce que c’est ?
- Une tarte à la tomate. Elle devrait être prête dans 10 minutes. Tu vois, j’allais te réveiller en douceur…
- Tu es sortie du lit ? Et revenue ensuite ?
- Oui, deux fois. J’adore me recoucher. Surtout quand un homme superbe dort dans le lit…
Greg, toujours étendu, prend une pose comme s’il était un mannequin. Nous rions. Il a faim, nous nous levons, et c’est un peu plus tard, alors qu’il vient de boire une mug de café et qu’il attaque une part de tarte que je lui raconte la rencontre fortuite avec “mon frère”, alors que je tentais d’aider Libby, (“ne lui dis pas que j’ai mentionné ses règles…”) et il rit devant ma description de la si secourable et encombrante Molly.
Ensuite, j’explique que j’ai proposé à Libby, encore très secouée, de venir passer la nuit à la maison.
- Elle a étrenné le futon ! C’est une forme de bénédiction, non, une pasteure la première à dormir dans ce lit ?
Greg, la bouche pleine, hoche la tête avec énergie pour approuver.
- Je l’ai déposée chez elle ce matin. Tu dormais comme un ange…
Le ciel est gris, avec des moments de soleil. Nous décidons d’aller nous promener sur le waterfront, le long du Puget Sound. Le waterfront est interminable : plus de trois kilomètres le long d’une route qui mène vers le vieux centre-ville de Tacoma, un espace avec des arbres, des pelouses, des fontaines et des bancs le long des eaux profondes du Sound. Des restaurants de qualité s’y sont installés, le plus souvent sur pilotis pour être au plus près de l’eau. Parfois, le museau d’un phoque apparait entre deux vagues. Les mouettes, avec leurs cris lancinants, me rappellent des souvenirs des plages de Normandie. On peut aussi apercevoir des rapaces, aigles, faucons, ou des cormorans survolant les eaux salées pour y chercher leurs prochains repas.
Nous marchons lentement, Greg a son bras autour de mes épaules. Sa tête ne lui fait plus mal mais il n’a pas réussi à ôter le pansement qui protège la plaie, refermée avec des sutures adhésives.
- Je suppose que tu en as toujours besoin, c’est pour ça que tu n’as pas pu l’enlever ? C’est un pansement qui se colle ?
Il secoue la tête avec un air de doute.
- Je ne sais plus, j'étais un peu dans les vap’ quand ils m’ont posé ça…
Pendant la promenade, il me questionne sur ma famille, mes parents, mes frères. Il est stupéfait que l’un d’entre eux ait pu surgir ainsi.
- J'étais étonnée aussi, crois-moi…
Je lui parle de la Suisse, de Guillain avec lequel je m’entends si difficilement, et de mon autre frère, Akira, dont je suis proche.
- Il est au Japon, pour le moment. Il aimerait que je vienne le voir…
- Tu devrais ! C’est un pays magnifique ! J’ai vu un documentaire…
- Mais… je n’ai pas envie de te quitter, même pour deux ou trois semaines…
Greg rit, et gentiment, m’encourage à voyager, « c’est important, la famille ». Une idée m’illumine.
- Viens avec moi ! Tu es entre deux boulots, et j’ai suffisamment pour nos billets d’avion ! Oh, dis oui, j’adorerais te présenter mon frère et…
Je m'arrête net devant l’expression triste de son visage.
- Max, ça me fait plaisir que tu veuilles que je t’accompagne. Mais je ne peux pas passer la frontière. Je ne pourrais même pas aller au Canada. Je n’ai pas de passeport.
- On peut attendre que tu fasses la demande ? Ça prend combien, cinq, six semaines ?
Nous avons cessé de marcher, il baisse les yeux, embarrassé. Il dit à voix basse.
- Max, ma chérie, tu oublies que ton boy-friend est un félon… Je suis en conditionnelle. Je n’ai pas le droit de quitter les USA. Même si j’en fais la demande, ils ne me donneront pas de passeport.
Je suis tout à la fois désolée de l’avoir obligé à me donner cette explication, et déçue, égoïstement, que ce soit impossible. J’ai très peur en avion et sa présence aurait été un réconfort. Il insiste.
- Mais toi, va au Japon, Max. Raconte-moi tout ce que tu vois, ton frère, ce que tu visites… Permets moi de voyager par procuration !
Nous reprenons notre lente promenade.
- Tant de choses sont arrivées juste en 24 heures, dis-je pour changer de sujet. Tu te rends compte ? A cette heure-là, hier, tu….
Nous réfléchissons tous les deux.
- Nous en étions encore à distribuer des bouteilles d’eau !
Je réalise aussi que les menaces de Carol sont devenues très lointaines dans mon esprit. Il aura fallu toutes ces heures de stress et de surprises, mais je ne peux pas le nier, c’est un soulagement.
9.
Lundi. Premier jour de chômage pour Greg. La proposition de Libby lui est revenue à l’esprit et il est très tenté.
- Je me demande si Rob a lui aussi pensé à moi, ou si c’est surtout Libby, me dit-il songeur, en buvant son café matinal. Rob, je le connais à peine…
Je lui suggère d’attendre quelques jours avant de contacter Libby.
- Elle a été secouée physiquement, moralement aussi, je crois. Ce n’est peut-être pas plus mal de lui laisser le temps de reprendre ses marques…
- Et puis comme ça, je n’aurai plus ce pansement sur le front, soupire Greg qui a encore essaye de l’enlever sous la douche, n’y a réussi que très partiellement et se demande s’il a affaire à de la Superglue.
Nous visitons Amy, de retour dans sa chambre, un lieu qui me fait revivre ma rencontre impromptue avec Greg et la façon dont il m’a embrassée pour la première fois. Le lit d’Amy est jonché de livres et de magazines. Dans son pyjama rose qui fait ressortir sa peau sombre, elle se dit fatiguée mais impatiente d’en terminer avec sa convalescence. Nous lui racontons nos aventures. Elle nous apprend, parce qu’elle a parlé avec Libby, que la cérémonie s’est terminée sans autre incident. Rob a fini par assister à tout l'événement.
- Peut-être que ça lui a donné des idées, commente Greg en souriant. Il va faire des suggestions audacieuses pour les prochains services…
Nous rions et Amy lui emboîte le pas.
- Du genre “nous devrions nous aussi être armés, regardez ces perturbateurs, j’aurais très bien pu nous en débarrasser avec mon P 38 tout neuf !”
Quand nous retournons à la maison, je propose à Greg de m’accompagner pour faire des courses. Je ne veux pas qu’il pense trop à son licenciement.
- Comme ça, tu me diras ce que tu as envie de manger dans les jours qui viennent…
Il acquiesce aussitôt. Le temps de prendre mon sac à main, de lui tendre les clefs, il commande l’ouverture de la porte du garage.
Un policier, un homme blond avec une moustache, se tient de l’autre côté. Trois autres sont près de deux voitures de police qui viennent de se garer devant la maison.
Le sang se retire de mon visage.
- Vous êtes Gregory Williams ? demande l’homme en uniforme.
- Oui, c’est moi, Officier, répond Greg, laissant tomber les clefs et levant déjà les bras.
Veulent-ils simplement lui poser des questions ou….
- Gregory Paul Williams, vous êtes en état d’arrestation. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous…
Greg s’avance docilement, attentif à ne faire aucun mouvement brusque. Je le suis. Il me jette un regard et je comprends qu’il me demande de ne pas faire un pas de plus. Je m’immobilise. Une fois le monologue du policier terminé, il dit calmement :
- C’est certainement une erreur. Mais je vais vous suivre, je ne ferai pas de difficulté.
- Oui, c’est ça, une erreur, dit le policier sur un ton goguenard qui me hérisse.
Il tire des menottes de sa poche et Greg se tourne, mettant les bras derrière son dos dans la position requise. Pourquoi des menottes quand il a dit qu’il ne résisterait pas ?
Greg me sourit et son regard veut m’encourager. Malgré la gravité du moment, je suis frappée par la beauté de son expression, il est tout entier concentré sur moi, souhaitant me donner espoir et force en cet instant alors que c’est lui qu’on entrave.
Je suis une Semblable, solide, pétrie d'expérience. Tout mon vécu et mes revers de fortune m’ont habituée à être confrontée à des situations injustes, voire violentes quand je m’y attends le moins. Je ne vais pas m'effondrer. Et en même temps, je suis emplie des émotions de la femme que je suis ici, Max, amoureuse d’un homme qu’on arrête alors qu’il est innocent. Des larmes me montent aux yeux.
- Appelle ma mère, s’il te plaît, ma chérie, dit Greg calmement.
Il articule “I love you” sans proférer le moindre son. Je fais de même.
Puis il se tourne vers les deux voitures de police et se laisse emmener sans résistance, comme il l’a annoncé.
Aie, effectivement la fin fait vraiment mal. Evidemment que ça allait finir par mal tourner, même si on ignore encore pourquoi. La première chose qui vient à l'esprit c'est Carol évidemment, mais peut-être est-ce une autre raison, je suis curieux de voir ! Le passage sur le Japon fait aussi assez mal au coeur, je me suis vraiment attaché à Greg et j'aimerai bien qu'il puisse se libérer de son passé... Le passage où il essaie par le regard de donner du courage à Max est génial !
Libby est assez surprenante, elle a l'air d'en savoir beaucoup plus que les autres. On va peut-être enfin avoir des explications sur la "petite sainte" grâce à elle. Attention tout de même à ce que son petit jeu avec Max ne vienne pas à être aperçu (et éventuellement rapporté à Greg).
Sympa aussi le passage sur Edith Piaf !
Mes remarques :
"Et-ce bien le moment?" -> est-ce
"Elle les a imprimées et les a données" -> imprimés donnés ?
"Etant donne la taille du pavé et ma position," -> donné
"Je suis en nages," -> nage ?
"Quand je rêve d'Édith," parfois tu mets l'accent sur le prénom parfois non
"La, il dort." -> là
"qui a encore essaye de l’enlever" -> essayé
Un plaisir,
A très vite !
J'ai du mal avec les accents, comme tu l'as remarque. Je me sers d'un clavier americain, donc je rajoute les accents apres coup, parfois j'en oublie, parfois le correcteur orthographique detecte que c'est du francais et en propose, parfois non... Merci de les relever, ce n'est pas toujours facile de les detecter, l'oeil a tendance a harmoniser !
En ce qui concerne Libbye, je suis vraiment curieuse d'en apprendre plus sur elle. Cela reste encore assez vague puisqu'elle était dans les vapes. Je suis contente que Max ait pu l'aider. Amy aurait été dévastée.
Commentaire plutôt court, mais je prends toujours plaisir à te lire. Cela fait du bien un récit où l'on suit le quotidien de quelqu'un que ce soit la partie passée ou présent. Quoi qu'il en soit, hâte de connaître la suite ! :-)