Chapitre 27 : Souvenirs

        Seb range le dernier sac dans le coffre et le referme. Il contourne son 4x4 pour aller s'assoir à la place du conducteur, à côté de Yann qui pourra lui indiquer quelle est la maison de son ami. Quant à moi, je m'assois au milieu de la banquette arrière, entre Erica et Illiam. L'ambiance est assez tendue, en l'espace d'une heure, tous nos problèmes nous sont retombés sur les épaules. La voiture démarre. Il se passe une heure. Une longue heure pendant laquelle personne ne parle. Dans la voiture, chacun évite de regarder les autres, j'éprouve un certain malaise. Soudain, le père d'Illiam rompt le silence.

- Vous savez, commence-t-il, quand il était petit, Illiam plongeait toujours tête baissée dans les ennuis.

- Pitié papa ne commence pas ! rétorque l'intéressé.

- Quand il avait 8 ans, on s'était disputés car je ne voulais pas lui acheter un nouveau vélo.Et vous savez ce qu'il a fait ?

- Non, et ils ne le sauront jamais ! s'exclame Illiam en plaquant sa main sur la bouche de son père.

La voiture fait une petite embardée, je sursaute. Seb etcarte la main de son fils de sa bouche et continue en souriant.

- Il a fait une fugue. Il a pris les clefs et est parti avec ce 4x4.

- Quoi ?!! nous écrions nous d'une même voix.

- Je m'en suis rendu compte que le lendemain, quand je suis venu le réveiller. Au début, j'ai cru que c'était une blague, je me suis dit qu'il allait revenir tout seul donc je ne l'ai pas cherché.

- Pardon ? je m'étonne.

Je suis surprise que Seb n'ai pas cherché son fils. N'importe quel parent aurait été en panique face à la disparition de son enfant.

- Mais quand j'ai vu qu'il ne revenait pas, j'ai appelé la police. Ils ont mis 3 jours à le retrouver. On l'avait attrapé dans une station essance, en train de faire le plein. Il m'avait aussi pris mon porte-feuilles avec la monnaie qu'il y avait dedans. Et ma carte bleue. Le gérant de la station essance l'avait vu tout seul et avait trouvé ça très suspect. Il avait donc prévenu la police qui a su le ramener chez nous.

Illiam pousse un râle et se tape la main contre le front. Clairement, il ne veut pas qu'on entende cette histoire. Mais son père ne semble pas en avoir fini. Après un petit rire, il reprend son récit.

- Ils l'ont donc ramené à la maison en disant que c'était étonnant pour un gamin de son âge de savoir conduire et utiliser l'argent. Quand les policiers sont partis, j'ai passé un savon à Illiam. Et lui, il m'a juste tiré la langue et il m'a dit : "J'ai faim, fais-moi des pâtes."

Erica n'y tient plus. Elle éclate de rire. Illiam lui adresse un grognement réprobateur. Ma jeune amie essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux.

- Tu lui a vraiment dit ça ? Après avoir disparu pendant trois jours, c'est la première chose que tu lui a dite ?!

- Oui bon ça va hein ! répond-t-il avec agacement : Qu'est-ce que tu voulais que je dise ?

- Un "Désolé de t'avoir inquiété papa" aurait été pas mal. je fais remarquer.

- Et au final... Son vélo, il l'a eu ? intervient Yann.

- Eh bien oui. Si jamais il fuguait une deuxième fois, la police allait faire une enquête alors j'étais bien obligé d'accéder à sa requête...

Ça alors ! Illiam était un as de la manipulation et du chantage depuis tout petit en fait ? Ça ne m'étonne pas de lui finalement. Je jette un oeil sur lui. Il s'est enfoncé dans son siège comme pour disparaître et fusille le dos du siège conducteur des yeux. Si un regard pouvait tuer, ce pauvre siège serait détruit. Je réprime un rire. Seb a réussi à détendre l'atmosphère. Je souffle et renverse la tête en arrière. Je ferme les yeux et doucement, je sombre dans les brumes du sommeil, ressassant l'histoire d'Illiam dans mes rêves.