Chapitre 28

Par AliceH
Notes de l’auteur : Je suis de retour !
Pour un chapitre super court !

Si vous vous demandez pourquoi il y a une absence de réaction totale vis-à-vis des événements du double chapitre précédent : ce sera expliqué. À peu près. En fait, y'a une explication mais elle n'est claire pour personne.

Delphine regarda les chocolats d'un air circonspect. Son nez avait bleui depuis la semaine précédente et elle ne savait pas quoi penser du fait qu'on venait de lui offrir une boîte de chocolats soit disant pour « avoir fait une super prise de judo. » Après un moment de réflexion, elle décida d'en manger quelques uns puis de proposer les autres à ses futures collègues. Madeline l'avait prise à part dès le lundi pour lui assurer deux choses : qu'elle ne devait jamais parler de « l'incident » et qu'elle serait embauchée dès la fin de son stage. Delphine soupçonnait fortement l'existence d'un lien entre ces deux faits. Camille accepta un chocolat tout comme Véronique, Nour, Françoise, Kévin et Maria. Madeline et Isabelle étaient parties chercher leurs repas tandis que Noémie déjeunait avec sa sœur.

– Camille, j'ai un truc pour toi, annonça Véronique.

Celle-ci frissonna. Personne n'avait abordé le sujet de l'autisme ou du lesbianisme de la matinée or, le ton de sa collègue annonçait rien de bon. Celle-ci revint vers elle avec un feuillet en papier rigide qu'elle lui tendit. On y voyait l'agent Cooper et le shérif Truman de Twin Peaks entourés de petits cœurs aux couleurs du drapeau lesbien ainsi que de brocolis. Il y était écrit : « Tu es l'agent Cooper de mon shérif Truman (en tout aussi gay)(mais pas avec moi). » Quand elle nota le sourire goguenard de Véronique, elle se mit à rire aux larmes.

– C'est moi qui ai fait le montage, lui apprit Kévin.

– J'apprécie cette douce intention de votre part, lança-t-elle d'un ton faussement snob.

– C'est beau toute cette sororité et fraternité et probablement d'autres trucs en « -é ». Surtout après une tentative de meurtre, d'un meurtre tout court, suivi d'une dissimulation de corps, lança Nour d'un ton étonnamment léger.

– Rien de mieux pour souder une équipe qu'un bon meurtre accompagné de mensonges à la police, glissa Maria.

– Clairement. Le lancer des haches, ça passe en deuxième position. Désolée Camille, ajouta Véronique.

– Et en troisième ?

– Le paintball ?

– Les cours de méditation avant l'ouverture officielle des bureaux ? Les trucs d'happiness manager ? lança Kévin.

– Ma sœur bosse dans une entreprise qui organise des ateliers de yoga tous les lundis et jeudis matin à 7 heures 45. Puisqu'elle ne voulait pas y aller car elle préfère dormir comme tout être humain normalement constitué, elle se faisait engueuler par sa supérieure, dit Delphine.

– Dur. Elle a fait quoi alors ?

– Elle a bossé plus efficacement comme elle dormait mieux et maintenant, elle est la supérieure de sa supérieure.

Madeline arriva sur ces entrefaites, accompagnée par Isabelle et d'une personne que personne ne reconnut, à l'exception de Camille. Tout le monde dévisagea la nouvelle venue qui les regardait d'un air patient, comme si elle allait leur apprendre très généreusement à compter jusqu'à trois. Elle portait une blouse écarlate, un rouge à lèvres rouge sang et tenait un sac griffé rouge vif. Une odeur de parfum au patchouli lui monta au nez, de même que celle du kebab supplément oignons de Kévin. Avant même que Madeline ne puisse terminer de leur présenter leur nouvelle partenaire, Bérengère Wojnaz, Camille vomit sur ses escarpins.

Rouges aussi.

 

_____

 

Camille crut un instant que Noémie allait faire quelque chose qu'elle allait regretter. Scier les freins de la voiture de Bérengère. Jeter des œufs sur sa voiture. Lui faire dévaler tous les escaliers de la station Porte des Postes sur les fesses. Lui couper les cheveux en un carré plongeant. Se couper les cheveux en un carré plongeant (ce qui lui sembla aussitôt être une chose difficile à faire, puisque Noémie avait les cheveux très courts). Mais non. Noémie se contenta de passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant de dire ce simple mot, qui n'était même pas vraiment un mot mais juste deux pauvres lettres :

– OK.

OK ? répéta-t-elle sans croire ce qu'elle entendait.

– OK. Si c'est elle qui succède à Jeansson à la tête de l'entreprise de pompes funèbres, je vais devoir faire avec elle. Il était celui vers qui vous redirigiez toutes les familles endeuillées, je m'attends pas à ce que vous rompiez cette relation du jour au lendemain, comme ça. Et pour Bérengère... Je ne peux pas l'accuser publiquement d'être la connasse qu'elle est car je n'en ai aucune preuve écrite. Je ne peux pas fuir à l'étranger sous une fausse identité non plus.

– Pourquoi ?

– Faire faire un faux passeport, c'est long. En tout cas, merci.

– C'est de l'ironie ou pas ? demanda Camille qui ne savait pas toujours quand les gens étaient sarcastiques.

– Quoi ? Non, non. Merci de lui avoir vomi dessus, sourit-elle. J'aurais bien voulu voir sa gueule, tiens.

– C'était quelque chose.

Elles étaient à la terrasse d'un bar dans le Vieux-Lille où elles sirotaient des sirops de cerise. Camille s'était trouvé une passion pour le sirop de cerise, ainsi savourait-elle lentement son Graal rafraîchissant. Elle prit la main de Noémie et lui adressa un sourire. Alors qu'elle se penchait pour l'embrasser, elle entendit quelqu'un leur cracher :

– Pédées.

La seconde chose qu'elle entendit, ce fut un long cri de douleur tandis que l'homme qui venait de les insulter à grands coups de postillons gisait sur les pavés. Celui qui venait visiblement de lui fracasser les parties génitales se retourna vers elles avec un sourire qui aurait eu sa place dans une publicité pour dentifrice ainsi qu'un pouce en l'air, pouce couvert d'une tache de naissance très reconnaissable :

– Cadeau de la maison. Dites pas qu'on a jamais rien fait pour vous.

Il fallut quelques secondes à Camille avant de le reconnaître et de pouvoir le remercier correctement :

– Merci... Miro ?

– Miroslav pour être précis.

– Ce mec me fait peur, murmura Noémie une fois que Miroslav/Miro/Red right hand eut traîné le salopard homophobe un peu plus loin.

– Il a l'air sympa pourtant.

– C'est justement ça qui est terrifiant. Tiens, le revoilà.

– C'est pour bientôt ? s'enquit Miroslav comme s'il connaissait Camille depuis des années.

– Le mois prochain.

– Ah, un p'tit Cancer. Un bon signe ça, les Cancer.

– Vous êtes Cancer ?

– Non, Balance.

– Super, dit Noémie qui ne voulait pas se lancer dans une étude du plan astral du Death giver.

– Vous êtes très cute ensemble. Et- Qu'est-ce que vous foutez ?

Camille s'était redressée avec fracas. Son sirop de cerise fut renversé, de même que sa chaise. Elle venait de voir Timothée au milieu de la foule de flâneurs : elle reconnaîtrait ses fichues boucles n'importe où. Alors qu'elle s'apprêtait à le poursuivre, elle fut retenue par Miroslav qui lui saisit le poignet. Tandis qu'elle se débattait, quelqu'un hurla :

– UN AUTRE MEURTRE DE DEATH GIVER ! FUYEZ !

– Mais je viens tuer personne ! se défendit vivement Miroslav.

– On vous a vu éclater les couilles de l'autre gars ! lui répondit-on.

– C'est pas la même chose que de buter quelqu'un ! Bidule, vous allez pas vous taper un sprint après je-ne-sais-qui. Surtout enceinte jusqu'aux yeux comme vous l'êtes. Surtout pas dans le Vieux-Lille : les pavés sont traîtres.

– Il a raison.

– Mais c'est Timothée !

– C'est qui Timothée ? demanda le Death giver tandis que le reste des badauds s'éloignait le plus vite possible de lui ou se cachait sous des tables.

– Le mec qui m'a mise enceinte et qui est supposé être mort.

– Un zombie ?!

– On peut dire ça.

– Je peux essayer d'aller le choper. Je risque pas de le tuer par accident si c'est un zombie.

– Vous feriez ça ? releva Camille qui en eut des étoiles dans les yeux.

– Non, je vous le propose juste pour vous donner de faux espoirs. C'est le bouclé en bleu ?

– Le bouclé en bleu.

– Alors, j'y vais. Prenez-moi une bière en attendant, je reviens.

Quinze minutes plus tard, Miroslav revint à bout de souffle, sans Timothée. Tandis qu'il s'asseyait entre les deux femmes, il expliqua qu'il l'avait poursuivi jusqu'aux Quais du Vault où il avait perdu sa trace. Pendant qu'il engloutissait sa bière quasi cul sec, il leur dit que pour un zombie, il avait une sacrée endurance, quand même.

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Bleiz
Posté le 31/07/2023
Re-salut Alice !

"J'apprécie cette douce intention de votre part." --> autant je suis toujours fan de l'excès de politesse et de langage soutenu en toutes circonstances, autant je suis étonnée que Camille dise ça ! Je ne la voyais pas trop utiliser ce genre de langage, mais je n'ai peut-être pas fait assez attention lors des derniers chapitres.

"Elle portait une blouse écarlate, un rouge à lèvres rouge sang et tenait un sac griffé rouge vif." --> Tu parlais d'Hannibal dans le chapitre précédent, et maintenant tu nous sors le sosie de Freddie Lounds… Tu n'aurais pas revisionné la série récemment ? X)

Chapitre court mais aussi sympa que les précédents. Je poursuis :)
AliceH
Posté le 31/07/2023
Pour Camille, c'est dit de manière plutôt ironique, mais c'est vrai que je devrais le préciser...
Et oui, je fais un rewatch d'Hannibal... Je suis grillée...
Bleiz
Posté le 31/07/2023
Oui justement, comme Camille a d'habitude du mal avec le sarcasme, ça m'a surpris venant d'elle ! Cela dit ça peut aussi dénoter une évolution du personnage.
T'en fais pas, la seule raison pour laquelle j'ai remarqué c'est parce que j'ai moi-même fini de revoir l'intégrale ya pas trois semaines xD
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