Chapitre 3

Par Eldir
Notes de l’auteur : Bonjour, il faudra me pardonner, mais je n'arrive à pas créer des puces sous forme de tiret du coup soit les dialogues sont comme le corps du texte, soit c'est des puces carrées et moches...

Pour descendre à la crypte des Honneurs, Jorka et son frère traversèrent un couloir, puis le hall avant d’emprunter une volée de marche.

La grande pièce portait les marques d’une extension récente et quatre ouvriers étaient encore affairés à étayer le bord  de la crypte nouvellement taillé avec un madrier de chêne. Les deux princes passèrent devant les tombes des plus illustres héros de Kardhir, chacune était gravée de l’épopée de son occupant.

La crypte des Honneurs n’est pas qu’un cimetière, c’est aussi un livre d’histoire et un lieu de recueillement car les esprits des honorables, peuvent voyager de leur tombe jusqu’au royaume du dieu ours et aussi en revenir.

Ils s’arrêtèrent devant la tombe de Jorka et deux serviteurs qui s’étaient joint à eux brisèrent les scellés et déplacèrent la dalle gravée avec mille précautions. Jorka sortit pièce après pièce son armure d’acier, agrémenté de décoration d’argent et d’or. Puis il remonta, accompagné de son frère, vers la salle du trône.

Trois jours plus tard, le roi Oddar revenait avec son escorte de cinq cent guerriers. Ils portaient les corps sans vie de onze braves.  Une célébration funéraire fut organisée et une des victimes fut mise dans une tombe de marbre dans la crypte des honneurs. Un grand repas fut organisé pour les familles en deuil dans le hall royal. Oddar présenta ses respects aux familles des morts, mais le buffet funéraire pris un aspect étrange et gênant quand le vieux nain apprit que son fils ainé était vivant. Quelques effusions de joie de la part de la famille et des amis de Jorka débordèrent au milieu des familles en deuil. Puis la famille royale se retira dans les quartiers d’Oddar. Il y eu une première célébration dans le salon où tous les amis de la famille royale furent invités à partager la liqueur du roi. Ludum se précipita vers son ancien élève dès que la décence le permit pour le féliciter et prendre de ses nouvelles, puis les gens du peuple vinrent crier son nom et lui souhaiter la bienvenue. Enfin le père et ses deux fils s’isolèrent dans la chambre de ce dernier.

Jorka raconta son histoire, depuis son départ de la cité jusqu’à ce qu’il trouve une compagnie de mercenaires où il s’engageât, puis son départ précipité et son errance à l’Ouest et au Sud des montagnes Centrales. Oddar avait écouté patiemment son fils et retenu ses questions.

  • Pourquoi as-tu quitté cette compagnie de mercenaires ?
  • On nous a donné un ordre inacceptable. Après plusieurs escarmouches contre des guerriers minotaures, on nous a lancé contre un village, ou plutôt un de leurs campements. Ces gens bien que grands et puissants n’étaient pas des combattants, juste des pauvres hères venus chercher un refuge. Ils ne menaçaient aucunement le territoire du Baron de Vermar. J’ai donc déserté ; je voulais aider ces gens mais je n’ai pas pu. Avant que j’aie pu faire un pas pour les prévenir, les flèches et les carreaux pleuvaient sur leurs tentes.

Jorka chercha dans sa mémoire pour rester le plus précis possible.

  • En quittant cette terre couverte de sang, j’ai croisé d’autres campements de minotaures pour la plupart dans des zones inexploitées et n’appartenant à personne. Je les ai prévenus tant bien que mal de ce qui c’était passé au Nord. La plupart d’entre eux ne parlant pas la langue commune, j’ai eu du mal à me faire comprendre.

Les yeux de Jorka se fixèrent sur l’âtre flamboyant.

  • Alors que je passais une soirée prés du feu avec mes hôtes, un groupe d’éclaireurs de l’armée du baron a surgi des ténèbres, je pense qu’ils s’étaient perdus, car ils ont eu l’air aussi surpris que nous. Cependant, ils se sont vite repris et ont commencé à attaquer - un chevalier à leur tête espérait obtenir une victoire rapide et réclamer la terre pour lui-même. Pris au milieu de la bataille j’ai dû combattre pour les minotaures. Le chevalier a fondu sur moi. J’ai coupé les jarrets de son destrier et quand il est tombé au sol, je lui ai enfoncé le crâne d’un coup de hache.

Le prince soupira, un voile sur ses yeux masquait les sentiments que lui avait inspiré cet acte. Il se concentra donc sur les faits.

  • Tuer un chef ennemi m’a apporté un certain prestige auprès des monstres, et sur ce point au moins nous nous rejoignons. Après la bataille je suis parti vers le Sud-Ouest pour quitter l’empire et vivre la fin de mon exil dans la solitude.

 Jorka finit son histoire et Oddar se laissa aller à l’émotion d’avoir retrouvé son fils en sortant la liqueur de raisin qu’ils burent en discutant des sujets plus légers. Puis tous se séparèrent pour aller dormir.

Au matin suivant, c’est la tête encore embuée des vapeurs d’alcool que les trois membres de la famille royale se retrouvèrent dans le petit bureau où, à l’abri des oreilles indiscrètes, ils discutèrent. Torra fronça les yeux pour masquer ses cernes et déclara :

  • Jorka doit recouvrer son droit d’aînesse.
  • Je ne sais pas, répondit pensivement Jorka, j’ai été absent si longtemps.
  • Ton frère à raison, concéda le roi en se frottant les tempes. Si Torra hérite du trône nous courrons à la catastrophe. Il est associé à tous les malheurs que mes décisions ont entrainés. Il faut un nain nouveau, un nain qui n’ait pas à répondre de ces problèmes.
  • Père, Torra, j’apprécie la confiance que vous portez en moi, mais il y a deux choses qui posent problème dans votre proposition. Tout d’abord la loi. Père tu as engagé ta parole en faisant de Torra ton nouvel héritier. Dans d’autres circonstances, le peuple et les ministres auraient fait preuve de compréhension, mais si les marchands veulent nous nuire autant que vous le dites, ils ne te laisseront pas faire. La deuxième raison qui me pousse à refuser, c’est que changer d’héritier ne résoudra pas notre vrai problème.

Il fit une pause et reprit avec emphase.

  • Il nous faut récupérer les plans qui ont été volés, même s’ils ont déjà été vendus, personne n’a pu les déchiffrer en si peu de temps, notre langue est trop complexe et le cryptage utilisé par les architectes rendra la tache encore plus ardue. Nous avons encore du temps.

Oddar et Torra se regardèrent sans savoir si le prince les prenait pour des idiots ou si sa longue absence de la citadelle avait anéantit sa résistance à l’alcool. D’une voix ils ajoutèrent :

  • Nous avons déjà essayé !
  • Impossible de retrouver la trace du voleur, tous nos groupes de recherches sont revenu bredouilles, termina Torra.
  • Je m’en doute, dit Jorka. Mais je crois que de ces groupes de recherche avaient été exclus les meilleures chances de retrouver le traitre.
  • Que veux-tu dire ? questionna Oddar.
  • Je pense qu’il nous faut libérer un des minotaures, assena Jorka. Je veux qu’il se joigne à moi pour rechercher les plans, capturer le traitre et le ramener ici.
  • Qu’est-ce qui te fait croire qu’il t’aidera ? intervint Torra. Il pourrait tout aussi bien te tuer à trois pas de notre porte et s’enfuir.
  • Oui, renchérit le roi, et qu’espères tu trouver après deux mois de recherches que nous n’aurions pas déjà vu ?
  • Je connais bien le monde extérieur, mes années passées à le parcourir m’ont appris à quel point nous méconnaissons tout ce qui n’est pas un tunnel ou un souterrain. Et si je pense que le minotaure m’aidera, c’est parce que je compte lui faire une proposition qu’il sera forcé d’accepter.

Oddar et Torra décidèrent de faire confiance à Jorka malgré leurs réticences et tous prirent la route des geôles. Un ministre tenta d’intercepter le petit cortège, mais il fut congédié par Oddar. Ils traversèrent la cour et empruntèrent un escalier muni d’une rambarde de fer descendant vers la face Nord de la montagne. Une petite galerie orientée plein Nord se trouvait au bas de l’escalier, suivie d’une porte d’acier gardée par deux nains si jeune que leurs barbes pouvaient à peine être tressées. Derrière la porte, une grille et derrière la grille un couloir sur la gauche duquel s’alignaient des cellules, à droite se trouvait un bureau. Derrière ce bureau, le caporal en charge de la prison salua la famille royale en s’inclinant ; cependant un œil exercé aurait pu voir que la révérence n’était guère sincère. Oddar et Torra n’y prêtèrent pas attention, mais Jorka sentit une vague de  colère le traverser.

Les trois nains se dirigèrent vers la cellule créée à l’intention des minotaures. Il s’agissait d’une vieille veine d’argent parallèle aux premiers couloirs des geôles, vidée depuis longtemps et ouverte sur douze mètres de longueur et deux fois plus de profondeur. Des grilles de fer et des verrous d’acier venaient compléter le dispositif. Les prisonniers y avaient été conduits car c’était la seule assez haute et assez grande pour les accueillir tous ; les cellules individuelles étant toutes conçues pour des nains. Une cinquantaine de monstres déambulaient dans la cellule. Lorsque tous eurent senti la présence des visiteurs, le silence se fit et les gros yeux entourés par de puissantes cornes se tournèrent vers eux.

  • Qui parle pour les minotaures ? demanda Jorka d’une voix chargée d’autorité.

Une créature de presque deux mètres vingt de haut s’avança, il saisit les barreaux de ses mains puissantes et posa le front contre la grille, ses cornes dépassèrent dangereusement dans le couloir. Il avait le corps d’un homme particulièrement grand, et sa tête était celle d’un taureau noir. Il était vêtu de cuir que la captivité avait sali et abimé prématurément. Même sans un geste d’agression le minotaure exsudait le danger et la force brute. Jorka rassembla tout son courage et s’avança vers le monstre en gardant un air impassible.

  • Je suis Jorka, fils d’Oddar. Je souhaite parler avec toi.

Une voix profonde et forte s’éleva dans le cachot :

  • Je suis Magnamon, fils de Negsa, déclara l’intéressé d’une voix grave.

Le prince nota le nom dans un coin de son esprit.

  • Magnamon, l’un des tiens a volé notre plus cher secret alors qu’il était accueilli comme notre invité ici. J’ai besoin de ton aide pour retrouver ce misérable, protéger mon peuple et laver l’honneur des minotaures, souhaites-tu m’aider ?

Magnamon toisa son interlocuteur avant de répondre.

  • Jorka, ton peuple a mis en prison tous les miens, y compris les femmes et les enfants pour le crime d’un seul. Pourquoi ferais-je quoi que ce soit pour toi ?

Jorka sourit intérieurement - la conversation prenait exactement le tour qu’il avait souhaité.

  • Caporal ! appela brusquement le prince sans perdre des yeux son interlocuteur.

Le soldat se précipita pour répondre à l’appel de son seigneur.

  • Faites sortir Magnamon, nous irons nous entretenir dans mes quartiers ajouta t’il à l’adresse du prisonnier.

Le caporal hésita en regardant ses clés et le jeu de chaines accroché au mur, mais un regard impérieux du roi lui fit baisser la tête et il s’exécuta. Il tourna une roue afin de lever la première porte du sas. Magnamon y entra seul, le soldat nain en profita pour refermer la première porte. Il fit passer les mains du minotaure à travers les barreaux et les attacha solidement avec les chaines prises du mur. Puis, pour finir, il leva avec une deuxième roue les barreaux verticaux qui fermaient le sas vers l’extérieur. Les barres glissèrent doucement vers le plafond entre les bras du prisonnier lui laissant la voix libre. Jorka jaugea la créature qui se trouvait devant lui et qui aurait pu en un instant l’écraser contre le mur ou le transpercer de ses cornes. Il ne montra pas une seule seconde sa peur et tourna les talons en invitant Magnamon à le suivre.

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Edouard PArle
Posté le 27/08/2021
Hey !
Ca reste très intéressant, je suis particulièrement intrigué par le personnage du minotaure.
Quelques remarques (la plupart des petits oublis ou erreurs bêtes) :
"pour descendre à la crypte des Honneurs Jorka " je mettrai une virgule après honneurs.
"La crypte des Honneurs n’est pas qu’un cimetière, c’est aussi un livre d’histoire" Pourquoi ne pas le mettre à l'imparfait ? Ca fait bizarre de mettre du présent en plein milieu d'un récit.
"Jorka sorti pièce après pièce son armure d’acier," -> sortit
"que la décence le permis pour le féliciter" -> le permit
"La plupart d’entre eux ne parlant pas la langue commune et j’ai eu du mal à me faire comprendre." soit tu mets "parlaient", soit tu remplaces le "et" par une virgule.
"je lui ai enfoncé le crane d’un coup de hache" -> crâne
"retrouvèrent dans le petit bureau où à l’abri des oreilles indiscrètes ils discutèrent." -> où, à l'abri des oreilles indiscrètes, ils discutèrent.
"recouvrer son droit d’ainesse" -> aînesse
"Oui renchérit le roi" -> oui, renchérit le roi
"Derrière la porte, une grille et derrière la grille un couloir sur la gauche duquel s’alignaient des cellules, à droite se trouvait un bureau." Cette phrase est un peu bizarre, il faudrait peut-être la retravailler.
"Caporal appela brusquement le prince" Caporal ! appela brusquement le prince
Eldir
Posté le 27/08/2021
Merci encore d'avoir prit le temps de signaler les fautes et autre accent manquant.
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