J’avais fini par déboucher dans une vaste clairière et j’avais découvert une imposante bâtisse. C’était un manoir, ou du moins ses ruines. Un tiers s’était écroulé, le reste était encore debout et relativement bien conservé. Je ne me souvenais pas en avoir entendu parler dans la région. La porte en bois était surmontée d’un arc brisé. Le contour des pierres de pouzzolane constituants les murs étaient visibles. Deux tours hexagonales aux angles saillants encadraient la porte. A chaque angle des tours, une gargouille se tenait au-dessus du vide.
Comme si mon arrivée l’avait déclenché, il s’était brusquement mis à pleuvoir. Réprimant le frisson qui m’avait parcouru en la bâtisse, je m’étais approchée en quête d’un abri le temps que la pluie cesse. J’avais tiré délicatement la grande porte en chêne et comme dans un mauvais film, les gongs grincèrent trop fort à mon gout. Je m’étais glissée par l’entrebâillement. Autant l’extérieur était sombre et austère, autant l’intérieur était éclatant en comparaison. Le sol bien que poussiéreux était en marbre blanc. L’entrée donnait sur un escalier monumental. Les rambardes étaient décorées de motifs aux lignes courbes. Sur le côté, un vitrail, à moitié cassé, laissait entrer la lumière de la lune.
Je m’étais dirigé vers une porte discrète sur le côté, sûrement un passage pour les domestiques de l’époque. Derrière j’avais découvert un petit escalier, étroit, en colimaçon. Je pouvais descendre ou monter. J’étais soudain devenue curieuse des secrets qui pouvait se cacher dans ces lieux. J’avais donc entrepris de descendre les marches rendues irrégulières par l’usure progressive. Je m’étais rapidement retrouvée dans ce qui semblait être un couloir. Des pierres en obstruaient le passage et il n’était pas possible d’aller très loin, elles semblaient avoir été déposées là. Ma réflexion n’avait pas duré longtemps. Mon regard avait été attiré par autre chose.
J'ai l'impression que tu cherches à créer un style très descriptif mais très bref à la fois et ça fonctionne. Toutefois, il y a un passage dans ce chapitre qui pourrait, à mon avis, gagner en suggestivité visuelle et surtout en pertinence s'il était plus développé. Voici les phrases concernées :
"L’extérieur semblait appartenir au Moyen-âge mais l’entrée datait au moins de la renaissance. Les époques se côtoyaient et donnait l’impression que ce manoir était de tous les siècles et en même temps d’aucun."
J'aime bcp cette idée d'une architecture atemporelle parce qu'elle semble renfermer toutes les couches des époques passées. Et je me dis qu'il serait intéressant d'avoir une description plus précise de ces éléments contradictoires. Tu parles d'une entrée Moyen-Âge mais quels décors, quels matériaux, quels ornements ou symboles renvoient ta narratrice à cette période ? Idem pour la Renaissance, on aurait envie de chopper les signes, les marqueurs temporels. Enfin, pourquoi ne pas citer une troisième époque ? La Renaissance succède au Moyen-Âge donc leur rencontre n'est pas si surprenante et elle est d'ailleurs récurrente dans les architectures des châteaux de la Loire.
Voilà, ce n'est bien sûr qu'une suggestion sortie d'un avis tout à fait subjectif !
Une troisième époque ? Effectivement il va y en avoir une un peu plus loin dans le récit. Bonne lecture.