Chapitre 3 : Insecte et amitié

Dans le bosquet du dernier hameau avant le royaume des chameaux deux marmots suivaient les panneaux. Au sein du jardin de sapin, entre les lapins, les marcassins et les romarins, loin des citadins deux gamins étaient accroupis près d’un rondin et quelque chose semblait avoir captivé leurs cristallins.

— Et Vaan c’est quoi ce truc qui brille ? demanda le garçon à la chevelure sombre mi-longue en tapotant un insecte avec une brindille.

— Je crois que c’est un démon ambré, répliqua l’enfant à la courte toison brune qui partait dans tous les côtés.

— « Démon » c’est que c’est dangereux non ?

— D’après ce que j’ai pu trouver dans les livres pas vraiment, d’ailleurs celui-ci est assez petit, il doit encore être jeune. Ce n’est pas dangereux, enfin surtout pas ici, ces choses sont capables de stocker une assez grande quantité d’eau dans leur ventre.

— Mais c’est bien non ? Et elles vivent dans le désert aussi ?

— Oui et c’est surtout là qu’elles sont inquiétantes, généralement elles ne sont pas agressives, mais avec l’aridité du désert les hommes ont commencé à les chasser pour survivre à la traversée de Batalla-Batalla. C’est pour cette raison que les démons ambrés du désert sont plus agressifs, ils savent que l’écart de température entre l’eau dans leur corps et la peau des hommes dans le désert est suffisante pour provoquer un évanouissement, c’est pour cela que le plus souvent les mères se sacrifient pour protéger leurs enfants.

— Wow, tu en sais des choses Vaan.

— Ben je t’ai dit que je voulais devenir un grand cowboy, chassez les bandits et protéger le plus de monde possible, alors je dois un minimum me renseigner sur le désert si je veux y survivre plus tard, s’exclama l’enfant avec la tête en pétard.

— D’ailleurs tu viens d’où toi Vaan et tu ne m’as toujours pas dis pourquoi tu vivais dans la forêt ?

— Je viens du ciel !

— Hum….

— Je rigole, reprit-il en fixant un rossignol, Je viens aussi de la ville portuaire à l’est du continent, la fameuse ancienne capitale, Puerto Andreas. Et je n’ai plus de parent, ils sont morts durant l’assaut des Lames de la rédemption sur la ville, « La amonestación ».

L’autre gosse semblait ailleurs, il avait le regard vide, les mains livides, le corps rigide tant est si bien qu’aurait dit qu’il avait perçu Thanatos.

— Yo Kobin ça va ?

— Ma….Mam…Ma….man…

Il essaya de sortir sa ventoline de sa poche, toutefois cette dernière glissa de ses mains tremblantes. Vaan attrapa l’objet et la pose dans la paume de son camarade avec une allure confiante, après une inspiration et une expiration avec l’appareil retrouver une respiration constante.

— Ma…Ma mère aussi est morte sous mes yeux durant l’assaut il y a de ça 3 mois…

— Je suis désolé, si j’avais …

— Non ce n’est pas ta faute, et toi tu as perdu tes deux parents…Alors que moi il me reste mon père…Enfin il n’a jamais été le même depuis ça, je me demande si finalement je n’ai pas perdu mes deux parents ce jour-là…. Hum…On ferais mieux de rentrer, le soleil est en train de se coucher.

— L’énantiodromie, chuchota Vaan en admirant le maitre de la cosmogonie.

— La quoi ?

— Énantiodromie ou « la course vers le contraire », au fil du temps, tout ce qui existe évolue vers son opposé. De la vie naît la mort, de la mort naît la vie ; de la jeunesse la vieillesse, de la vieillesse la jeunesse ; de la veille le rêve et du rêve la veille. Le flux de création et de destruction ne s’arrête jamais.

— Une course en direction de l’opposé, comme le soleil qui se lève et brille puis se couche, s’éteint avant de recommencer encore et encore. Enfaite le mot est un peu compliqué mais en soit c’est facilement compréhensible.

— Tant mieux si tu as compris, je pense qu’on va vraiment bien s’entendre toi et moi ! lâcha le curieux en posant ses mains sur les épaules de son ami tout en affichant un sourire aussi éclatant que celui qui toujours tournoie.

Un tohubohu provenait d’un des buissons dans le dos de Vaan, il se tourna et regarda la touffe, un hurlement résonna et un lourd sanglier sortit des bois. Sur ces entrefaites c’était la fin de la fête, un frisson parcourut la chair des rejetons à l’unisson.

— Par la divine gourgandine ! jura l’orphelin en regardant Kobin.

— On y va…va…Vaan !

— Ok…Alors à trois on court ok ? Un, deux…Eh attends-moi !

Son acolyte n’avait pas attendu le départ pour filer en direction de la bourgade dans une course tonique, et lui ne tarda pas à faire de même. Dans le village de Panette, c’est le mal à l’âme qu’un quidam tallait le bois, toutefois il leva les yeux un instant pour admirer les statues à l’entrée avec un air mélancolique.

— Comment une chose et son contraire peuvent être considérées comme une seule et même chose, l’introduction et l’occlusion, le fini et l’infini ? marmonna-t-il avec sa la longue barbe et avec une cicatrice sur le front en sculptant un ruban à l’effigie de l’infini.

Vie, mort, amour, haine

C'est l'énantiodromie

Raison ou folie

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