Chapitre 3 : Les prisonnières de la route

Par Fenkys

Saalyn avait rangé son arme. Elle rejoignit le petit groupe.

— Utiliser les bawcks était très bien joué, remarqua-t-elle.

— Et vous, vous êtes habile avec une épée, renvoya Rifar, vous n’êtes pas une simple chanteuse.

— J’ai été guerrière autrefois, l’éclaira-t-elle.

— Et plus maintenant ?

— Non, j’ai quitté la corporation il y a quelques années.

Devant la répugnance de Saalyn à en parler, il changea de sujet.

— Si nous nous occupions des prisonniers, proposa-t-il.

Elle hocha la tête.

Il n’eut même pas le temps de parcourir deux pas en direction du chariot que Meghare fondit sur lui.

— Mais vous êtes inconscient ! s’écria-t-elle, provoquer les bawcks, vous êtes malades.

— Il avait raison, intervint Saalyn, il n’y avait pas d’autre solution.

— Mais nous pouvions les vaincre.

— Non ! Nous étions en sous-effectif. Et les Oscardiens ont beaucoup de défauts, mais ils savent se battre.

— Mais lui là, reprit Meghare en désignant Rifar du bras, il est accompagné de seize mercenaires.

— Cinq seulement, corrigea l’interpellé. Le reste n’est constitué que de conducteurs, des marchands et un palefrenier.

— Oh ! Et vous voyagez avec une escorte si réduite.

— La route est sûre, se défendit Rifar, surtout pendant la traversée de la Nayt.

— Ça suffit, intervint Ksaten, maître Rifar est un professionnel. Il a pris la meilleure décision qui soit pour nous tirer d’affaire. Maintenant, allons nous occuper de ces pauvres gens qui sont enfermés dans cette prison depuis on ne sait combien de temps.

Sous la réprimande, Meghare se calma. Restant quelques pas derrière eux, elle les suivit jusqu’au chariot. Saalyn était déjà en train d’ouvrir le cadenas qui le verrouillait. Très primitif de conception, il ne nécessitait pas l’usage de sa clef pour se débloquer. Elle n’eut pas besoin de fouiller l’officier.

Le premier à sortir fut l’homme : un Naytain âgé d’un peu moins de la vingtaine. En descendant du marchepied, il adressa un sourire à Saalyn.

— Quitter l’enfer pour être accueilli par un ange, déclara-t-il.

— Un ange exterminateur, cette épée et la façon dont elle l’a maniée n’incitent pas à la plaisanterie, ajouta la femme qui le suivait.

— Certes. Mon âme de poète ne peut qu’admirer cette association de la beauté et de la vigueur, le mariage de la féminité et de la puissance guerrière.

Son activité de chanteuse avait plus habitué Saalyn à imaginer de tels compliments qu’à en recevoir. Elle ne put s’empêcher de rosir.

Elle ne fut pas la seule sur qui ces paroles firent de l’effet. L’attention de Rifar avait été éveillée. Il détailla davantage ce couple. L’homme était jeune, mais il avait quitté l’adolescence depuis longtemps. La femme semblait un peu plus âgée. Les Naytains étaient très traditionalistes, il y avait donc peu de chance qu’elle soit son épouse. Mais ils devaient être proches sinon ils n’auraient jamais voyagé seuls ensemble. À moins qu’ils aient perdu leur escorte. Leur tenue, si elle avait souffert du séjour dans ce fourgon cellulaire, dénotait une certaine aisance. Ils devaient être assez riches pour s’offrir cette escorte. Mais où était-elle passée ?

Dès qu’elle eut remarqué la présence de compatriote parmi les prisonniers, Meghare rejoignit Saalyn.

— Je suis heureuse et surprise de rencontrer des gens tels que vous, les accueillit-elle. Que faites-vous dans ce si étrange équipage ?

— Ah, une domestique, nota la femme. Juste ce qu’il me fallait. Vous pourriez…

Saalyn fit passer la leur compagne de voyage derrière elle.

— Meghare n’est pas à votre service, l’interrompit-elle, j’ai bien peur que vous deviez vous débrouiller seule.

La prisonnière lui renvoya un regard noir.

— Mais nous ne nous sommes pas encore présentés, reprit la stoltzin. Je suis Saalyn et ce jeune homme est mon frère, Dercros. Quant à cette femme là-bas, c’est une guerrière libre qui nous accompagne.

Saalyn avait remarqué le regard dont la femme avait enveloppé Dercros. Mais un coup de coude de son compagnon l’avait ramené à la réalité.

— Ma chère, il est trop jeune, même pour toi, remarqua-t-il.

— Va savoir avec les stoltzt, il pourrait être plus âgé que nous deux réunis.

— Mon frère va sur ses cinquante ans, indiqua négligemment Saalyn. Et en effet, il est trop jeune pour vous.

— Par contre, reprit l’homme, la femme qui se tient à ses côtés correspond parfaitement à mes goûts, même si je le trouve un peu petite.

— C’est vrai qu’elle est magnifique, ajouta sa compagne.

Saalyn sourit en imaginant la façon dont il se ferait recevoir s’il tentait quelque chose.

— Contrairement à mon frère, Ksaten se situe dans la bonne tranche d’âge.

— Ksaten ! En fait, elle n’est pas si belle que cela.

— Allons, le rabroua la femme, ce n’est pas parce que sa réputation te fait peur qu’elle est laide. Regarde-moi ce visage. Et ce corps. Tu n’aurais pas envie de couvrir de ses seins de baisers ? Ou de laisser courir tes doigts sur des jambes aussi parfaites. Les aèdes s’enflammeraient pour une telle silhouette.

Il porta son attention sur les détails que sa compagne avait évoqués.

— Tu as raison, avoua-t-il enfin.

Ksaten tourna le visage dans leur direction. Rifar se demanda un instant si elle avait entendu leur discussion. Il savait que les stoltzt voyaient des couleurs invisibles aux humains, percevaient des sons plus aigus. Il n’aurait pas été surpris que leur ouïe soit également plus sensible. La guerrière libre se dirigea vers eux. L’homme s’attendait à passer un sale moment. Mais c’était autre chose qui la préoccupait.

— Êtes-vous sûrs que ce soit le meilleur endroit pour papoter ? Vous empêchez les autres prisonnières de descendre et les bawcks s’impatientent.

— Vous avez raison, acquiesça la femme. Nous procédions aux présentations

.— Aux présentations ? Vraiment ? Je propose que nous accélérions les choses. Je m’appelle Ksaten, voici Saalyn et lui c’est Dercros. Nous venons de l’Helaria. Cette jeune femme s’appelle Meghare. Nous la ramenons de Sernos chez son père à Burgill. Quant à cet homme qui vous a sauvé la vie, c’est Rifar et il vient de Miles. Et que mes seins passent de mon corsage à votre bouche a peu de chance de se produire. À vous maintenant.

Pendant que l’homme piquait un fard, la femme reprit la parole.

— D’accord, voici mon jeune frère Nillac. Et moi, je suis Bayne.

En entendant ce nom, Meghare sursauta.

— Quel dieu servez-vous ? demanda-t-elle.

— Pas un dieu, une déesse, Nertali.

— Nous avons une prêtresse à nos côtés ! Le reste de ce voyage ne peut que bien se dérouler.

Bayne dégagea le passage, laissant les deux dernières prisonnières descendre. D’un pas vif, elle rejoignit Rifar.

— J’ai beaucoup aimé la façon dont vous avez joué ces imbéciles, dit-elle.

— Merci, je…

Il n’eut pas l’occasion d’en dire plus. Elle lui encercla le cou de ses bras et l’attira contre elle, lui offrant un baiser langoureux. Rifar, surpris par le geste, mit un moment à y répondre. Les réactions de l’assistance furent diverses, allant de l’étonnement à la gêne. Seule Meghare semblait ne pas y accorder d’importance.

— Logique, se contenta-t-elle de dire.

Les deux dernières prisonnières avaient quitté le fourgon et regardaient le spectacle. Contrairement aux deux précédents, elles étaient oscardiennes. Pour elles, les privations et les mauvais traitements avaient commencé avant qu’elles montent dans cette carriole. Elles étaient maigres et vêtues de haillons. Les Oscardiens ne comportaient pas tous cruellement, mais celui qui se chargeait de ces deux-là les considérait certainement moins que ses animaux. C’est ce qui expliquait qu’elles se soient enfuies.

— Mesdames, annonça Ksaten, vous êtes maintenant libres de vivre comme vous l’entendez. Deux choix s’offrent à vous : rester avec nous ou rejoindre les bawcks.

Rifar s’avança alors. Ksaten avait adopté une voix douce pour les rassurer, il continua de même.

— Les bawcks ne sont pas de mauvais maîtres. Avec eux, vous disposerez de plus de liberté que dans vos anciens foyers. Vous serez logées, nourries, protégées, et quand vos tâches du jour seront achevées, ils ne se préoccuperont pas de la manière dont vous occuperez votre temps libre. En plus, vous pouvez être sûr qu’ils n’abuseront pas de vous. J’ai connu des gens qui ont vécu chez eux, ils y ont été plus heureux qu’au milieu leurs semblables humains.

Les deux jeunes femmes hésitaient. Elles avaient connu l’enfer chez leur père ou leur mari. Mais ils étaient humains. Les bawcks semblaient si effrayants.

— Vous devriez vous décider, insista Saalyn, les bawcks sont très patients, mais même eux ont leurs limites. Il vous attend.

— Elle, corrigea Rifar.

— Elle ?

— C’est une femelle.

Saalyn regarda le fier guerrier solidement campé sur ses jambes musclées. Il tenait sa hache à la main. Il illustrait l’incarnation de la virilité. Une femelle ?

— Comment le savez-vous ? objecta Saalyn. On n’a jamais réussi à distinguer les mâles des femelles. On ignorait même s’ils avaient des sexes séparés.

— J’ai vécu quelque temps parmi eux autrefois. J’ai appris à les connaître.

— C’est une femme ? demanda l’une des deux prisonnières dans un naytain hésitant.

Cette dernière affirmation la décida. Elle parcourut la distance qui la séparait du fier guerrier… guerrière. Sa compagne, avec une légère hésitation, l’imita. Escortant les deux anciennes prisonnières, le groupe de bawcks s’éloigna dans la plaine.

Rifar les suivit du regard jusqu’à ce qu’une ondulation du terrain les masquât à sa vue. Il se tourna alors vers les deux Naytains tous juste libérés.

— Vous allez avoir besoin d’habits neufs, remarqua-t-il.

— Ce ne serait pas de refus, confirma Nillac.

— Et d’une bonne douche également, ajouta Bayne.

— J’ai peur que vous deviez attendre Massil pour cela. L’hygiène dans ce pays laisse à désirer.

Pendant qu’ils discutaient, Ksaten et les hommes de Rifar avaient fait monter les soldats oscardiens survivants dans leur ancien fourgon cellulaire.

— Qu’allez-vous faire d’eux ? demanda Dalbo.

— Les livrer à l’inquisition naytaine, répondit Saalyn. Ils se sont rendus coupables d’un crime en s’attaquant à des voyageurs dans un refuge.

Le capitaine oscardien se retourna face aux deux stoltzint.

— Vous ne pouvez pas ! s’écria-t-il. Je ne faisais que respecter les ordres de mon roi et la loi du pays.

— Eh bien, vous n’aurez qu’à présenter cette excuse à l’inquisiteur et on verra ce qu’il en pensera, riposta Ksaten.

— Les lois locales ne s’appliquent pas sur cette route, précisa Saalyn. Elle dépend de traités internationaux.

— De toute façon, votre pays ne tiendra plus longtemps, même si j’ignore quel élément décisif provoquera son effondrement, continua Ksaten. Seront-ce les bawcks qui vous anéantiront, les Naytains, ou aurez-vous droit à une révolte de vos femmes ?

— La pureté des mœurs l’emportera toujours, protesta le capitaine.

Cette sortie n’eut pour effet que de déclencher un rire sarcastique chez Ksaten. De la pointe de son épée, elle incita l’Oscardien à continuer sa marche vers le fourgon.

— Les mœurs sont une affaire personnelle, reprit-elle. Si une femme veut s’envoyer en l’air avec toute une garnison, je défendrai son droit à le faire. Si au contraire, elle veut se consacrer à des activités plus intellectuelles, je la défendrai aussi. À chaque fois que quelqu’un, homme ou femme, décidera de ce qu’une femme doit faire, au lieu de la laisser procéder à ses propres choix, il me trouvera sur son chemin. Maintenant, avance !

Ksaten savait qu’elle n’avait pas convaincu l’homme, mais cette sortie lui avait du bien.

 

Le retour de Bayne et de Meghare retint l’attention de Rifar. La jeune femme avait emprunté une tenue de voyage de sa compatriote. Elle portait maintenant un pantalon ample en cuir brun serré aux chevilles et tunique écrie en lin maintenu fermé par un lien de cuir. Elle avait aussi donné un coup de brosse à ses bottes d’équitation qui brillaient maintenant du plus effet. Les deux femmes ayant à peu près la même silhouette, l’ensemble lui allait parfaitement. Rifar apprécia le changement.

— Quelle transformation ! s’écria-t-il, cela vous va bien mieux que les haillons que vous aviez à votre arrivée.

— Ces vêtements sont plus confortables que ceux que j’ai l’habitude de porter. Je me demande si le peuple n’a pas raison en revêtant des habits plus simples, moins tape-à-l’œil.

— C’est possible. En Yrian, les nobles qui voyagent adoptent les mêmes vêtements que leurs gens. Et regardez Ksaten, c’est l’une des plus fameuses guerrières libres et pourtant rien ne la distingue d’un paysan.

— Ne me parlez pas d’elle. Même habillée d’un sac, elle nous écraserait toutes de sa beauté. Comment une femme aussi magnifique a-t-elle pu s’orienter dans le métier des armes ?

— Cela fait presque deux douzains que je voyage avec elle, et j’ai cru comprendre que c’est justement à cause de sa beauté qu’elle a choisi ce métier, intervint Meghare. Elle a été enlevée autrefois pour être vendue comme esclave. Elle s’est arrangée pour que cela devienne impossible.

— Guerrier aurait suffi, remarqua Bayne, pourquoi guerrière libre ?

— Pourquoi plutôt ne pas se mettre en couple avec un homme capable de…

Le regard méprisant que lui adressèrent les deux femmes dissuada Rifar de finir sa phrase.

— Cela n’a rien d’amusant d’être obligée de dépendre d’un homme pour sa sécurité, lâcha Bayne. J’envie les Helariaseny qui reçoivent une formation à l’autodéfense, quel que soit leur sexe.

— Et c’est pour cela qu’elle a choisi guerrière libre, compléta Meghare, pour aider celles qui ne peuvent pas se défendre et se retrouvent dans le même cas qu’elle autrefois.

Un claquement métallique ramena le trio à la réalité. Les soldats oscardiens survivants étaient maintenant tous enfermés dans le fourgon. Ils n’en menaient pas large. Ils savaient qu’ils avaient violé la loi qui régissait cette route. Mais voir ces trois femmes dans leur tenue indécente et sans homme les avaient mis en colère. Ils ne pouvaient que réagir. Il était de leur devoir de promouvoir la rectitude morale.

Du regard, le caravanier chercha Ksaten. Dès qu’il la trouva, il la rejoignit.

— Ce qui s’est produit risque d’arriver à nouveau tant que nous serons dans ce pays. Je propose que nous voyagions tous ensemble.

— Ce n’est pas de refus, nous vous suivrons jusqu’à Massil. J’ai cru comprendre que vous continuiez sur Lynn alors que nous raccompagnons Meghare à Burgill.

— Ce n’est pas une obligation. On peut atteindre Burgill en passant par Lynn. Et ce n’est pas plus long.

— C’est vrai. Et je n’ai pas eu l’occasion de visiter cette ville. Mais je préfère rester sur la grande route le plus longtemps possible. Et puis Saalyn a quelque chose à faire à Ambes.

— N’ayez pas de regret. Les Naytains ont transféré leur capitale l’année dernière, mais elle est loin d’être achevée. Il y a encore beaucoup de travaux. Je vous recommande d’attendre quelques années.

— Je suivrai votre conseil. Mais dans l’immédiat j’ai affaire. Les Oscardiens nous ont interrompues dans nos préparatifs. Mais n’ayez pas peur, cela ne prendra plus beaucoup de temps.

— Ne vous pressez pas, nous n’atteindrons pas la Nayt aujourd’hui.

Le visage de Ksaten s’éclaira d’un sourire tel qu’on aurait aimé en voir plus souvent. Rifar le lui rendit. Malheureusement, ce n’était pas à lui qu’il s’adressait. Du menton, elle désigna quelque chose derrière le caravanier, juste avant de faire demi-tour et de disparaître dans le refuge. Obéissant à la requête de la guerrière libre, Rifar se retourna. Une des deux femmes libérées était revenue. Femme, un bien grand mot. Elle n’avait pas plus de neuf ans, dix au maximum. Elle n’était pas adulte selon les lois de l’Yrian.

— La vie chez les bawcks ne t’inspire pas ? demanda-t-il.

— Ils me font peur, dit-elle, je préfère venir avec vous.

— Cela ne présente pas de problème pour moi. Comment t’appelles-tu ?

— Daisuren.

— Eh bien Daisuren, tu voyageras avec nous vers la Nayt et au-delà si tu le désires.

Elle lâcha un sourire timide.

— Ksaten reste un moment en Nayt, reprit-il, mais elle retourna en Helaria tôt ou tard.

— Je veux aller en Yrian.

— Beaucoup de femmes en fuite préfèrent l’Helaria. Elle…

— L’Yrian est un pays administré par les humains.

Elle avait des préventions contre les stoltzt. C’était pour cela que Ksaten l’avait laissée s’en occuper. Cela ne le surprenait pas. Si dans les grandes villes de l’Yrian, le racisme contre ce peuple s’était bien atténué, il existait toujours dans la campagne. Et dans un pays aussi arrière que l’Oscard, il se montrait extrêmement vivace. Heureusement pour eux, les stoltzt ressemblaient suffisamment aux humains pour se fondre parmi eux. D’ailleurs, il n’aurait pas été surpris que les soldats oscardiens ne se soient pas doutés que toutes leurs prisonnières n’étaient pas humaines.

— D’accord, dit-il, nous te trouverons un coin où te caser. Tu es la seule femme de la caravane et la plus jeune. Même notre palefrenier est plus vieux.

De la main, il désigna un adolescent. Il n’était pas très grand, mais tout indiquait qu’il aurait une forte carrure une fois adulte. C’était celui qui avait réussi à inviter Ksaten sur la piste de danse, la veille. Son jeune âge y était certainement pour quelque chose.

— Sais-tu monter à cheval ?

— Non.

— Tu voyageras donc dans un chariot. Sais-tu faire quelque chose d’utile ?

— La cuisine.

— Sais-tu lire ?

— Non.

Évidemment, pensa Rifar, qu’attendre d’autre d’un Oscardien que de limiter les femmes aux travaux domestiques ?

Dalbo rejoignit Rifar.

— Nous sommes prêts, dit-il.

Le caravanier jeta un coup d’œil sur la route. Les chariots étaient alignés, attelés, leur conducteur à leur place. Même les femmes étaient prêtes sur leurs chevaux. Il poussa l’adolescente devant lui jusqu’au véhicule de tête.

— Maître Posasten, cette demoiselle va voyager avec nous, annonça-t-il.

— Je suppose que vous l’avez engagée.

— Je ne me permettrai pas d’empiéter sur vos prérogatives. Mais je pense qu’elle ferait une bonne cuisinière.

Le marchand examina l’enfant.

— Un quart de cels par jour. Tu es nourrie et logée, mais tu achètes tes vêtements toi-même. Maintenant, grimpe.

Rifar aida leur nouvelle recrue à monter à l’arrière du véhicule.

— J’espère que vous savez ce que vous faites, remarqua Posasten. On n’emmène jamais de femmes dans les caravanes. Cela évite les problèmes.

— Ce n’est qu’une enfant, protesta Rifar.

— Une enfant bien développée, et indécente avec ses vêtements déchiré.

— Vous ne vous plaigniez pas quand c’était Bayne qui exposait ses formes dans des haillons, riposta Rifar.

Le marchand ne répondit pas. Au lieu, il donna le signal du départ. Rifar ne put retenir un éclat de rire avant de prendre sa place en tête du convoi.

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