Alec et Elena ne tardèrent pas à rejoindre le lieu l'appartement de Noah. Il la guida jusqu’à l’intérieur, prenant soin de refermer doucement la porte derrière eux. Elena, sentant l'arrêt soudain, s'agita légèrement. « C'est bon, je peux retirer le bandeau ? »
« Non, pas encore ! » répondit Alec en se précipitant pour maintenir le bandeau en place alors qu'elle tentait de l'ôter. Il rit doucement, attrapant ses poignets pour la stopper. « Tu es incorrigible. Je t'ai dit : une minute de plus. »
Pour la calmer, il déposa un baiser léger sur ses paupières couvertes. « Patiente juste un tout petit peu plus, » murmura-t-il.
Il s'éloigna ensuite brièvement pour allumer la musique. Les premières notes de Harvest Moon de Neil Young emplirent la pièce, apportant une touche de douceur et de nostalgie à l'atmosphère. Alec prit une grande inspiration pour calmer ses nerfs. Il avait mis tout son cœur dans cette surprise et quelque part, il se mettait à nu devant Elena. C'était ses sentiments qu'il exposait et il ne s'était jamais sentie aussi fébrile que ce jour. Il se glissa derrière Elena. « Prête ? » murmura-t-il à son oreille, son souffle chaud la faisant légèrement frissonner.
« Je suis prête depuis des heures, moi, » répliqua-t-elle sur un ton taquin.
Avec délicatesse, Alec dénoua le bandeau, le laissant glisser lentement de ses yeux.
Elena cligna des paupières, ses yeux s'habituant à la lumière tamisée. La pièce était plongée dans une douce obscurité, éclairée seulement par la lueur vacillante de dizaines de bougies réparties çà et là. Sur la table basse trônait une bouteille de champagne plongée dans un seau de glace, entourée d'un plateau garni de mets soigneusement choisis : des fruits, des petits toasts gourmands, des chocolats fins... Chaque détail était pensé pour séduire les sens.
Elle resta immobile, ses lèvres légèrement entrouvertes, comme si elle peinait à trouver ses mots.
Alec, debout derrière elle, observait sa réaction avec une appréhension presque palpable. Il passa une main dans ses cheveux, nerveux, s'humectant les lèvres. Avait-il trop fait ? Ou pas assez ?
« Ça te plaît ? » demanda-t-il enfin, sa voix hésitante, trahissant la nervosité qu'il s'efforçait de cacher.
Elena resta silencieuse un instant, et Alec sentit une boule se former dans sa gorge. Il craignait que ce ne soit trop et trop tôt, qu’elle se referme sur elle-même en lui expliquant qu’ils n’étaient pas un couple et qu’elle ne pouvait pas accepter. Il pensais que son mutisme était le signe d’une déception et qu’elle cherchait les mots pour lui expliquer sans le froisser. Mais, au moment où il s’apprêtait à s’excuser, elle se tourna lentement vers lui. Ses yeux étaient brillants, empreints d'une émotion qu'elle peinait à contenir. Elle porta ses mains à son visage, comme pour empêcher des larmes de couler, et murmura, « C'est... magnifique, Alec. Je... Je ne sais pas quoi dire. Merci. »
Alec sentit un poids immense quitter ses épaules. Un sourire radieux illumina son visage, et il l'attira doucement contre lui. « J'espérais que tu réagirais comme ça », murmura-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
Elena leva les yeux vers lui, un sourire tendre illuminant son visage. « Tu es fou, tu le sais ? Mais c'est parfait. Juste parfait. »
Alec rit doucement, soulagé et ravi à la fois. Il relâcha son étreinte et se dirigea vers la table. « Viens, je nous sers un verre de champagne. On a toute la soirée devant nous. »
Alors qu'il débouchait la bouteille avec un pop discret, Elena l'observa, une chaleur douce envahissant sa poitrine. Tout dans cette soirée, de la musique aux bougies en passant par la nervosité adorable d'Alec, était empreint d'amour et d'attention. Elle comprit alors que, même sans mots, il avait trouvé une manière parfaite de lui dire ce qu'elle savait déjà : qu'elle comptait plus que tout pour lui.
Alec avait méticuleusement préparé le décor. Le sol du salon, habituellement si simple, était recouvert d'une multitude de coussins moelleux, transformant l'espace en un cocon de confort. La lumière tamisée des bougies dansait sur les murs, donnant à la pièce une ambiance intime et chaleureuse. Ils s'étaient installés à même le sol, accoudés contre le canapé, un verre de champagne à la main et un plateau de gourmandises entre eux. Ils partageaient un plateau dînatoire en buvant et discutant sur un fond de vieux rock.
Alec observait Elena avec un sourire sincère, ravi de la voir aussi détendue. Elle était à genoux sur le parterre improvisé, son visage illuminé par une euphorie palpable. Chaque bouchée qu'elle prenait semblait être une découverte merveilleuse, et elle ne se gênait pas pour s'exclamer avec enthousiasme, « Mon Dieu, mais où tu as trouvé tout ça ? C’est tellement bon ! »
Alec éclata de rire. « C’est pas grand-chose mais, je suis heureux que ça te plaise. »
Les joues d'Elena étaient légèrement rosées, signe qu'elle commençait à être un peu pompette. Ses yeux brillaient d'une lueur espiègle tandis qu'elle jouait distraitement avec une mèche de ses cheveux.
« Dis-moi », lança-t-elle soudainement, sa voix adoucie par la chaleur du moment. « J'ai l'impression que toi et Noah, vous êtes vraiment très proches. Comment vous vous êtes rencontrés ? »
Alec, surpris par la question, posa son verre. Il se gratta l'arrière de la tête, hésitant sur la façon de répondre. Il bu une gorgée de sa coupe avant de répondre. « On s'est rencontrés dans un bar, pendant ma première année ici. C'était à une période… compliquée »
Elena sentit aussitôt que ses mots portaient un poids. Elle se rapprocha doucement, ses yeux pleins de sollicitude. Sa main se posa sur son bras, effectuant des cercles apaisant avec ses doigts pour l'encourager à parler.
Alec baissa les yeux, jouant nerveusement avec son verre. « C'était la date d'anniversaire de la mort de ma mère. »
Elena retint son souffle. Elle savait à quel point cet événement restait une plaie vive pour lui, malgré les années.
« Comme tu t'en doutes, j'étais pas vraiment dans le meilleur des états. Ce soir-là, j'avais décidé de me bourrer la gueule. Comme tous les ans, à cette date. Je voulais juste oublier, tu vois ? Et peut-être finir dans le lit de la première fille qui aurait pitié de moi. »
Elena esquissa un sourire triste, toujours attentive. Elle connaissait cette façade cynique qu'il utilisait pour masquer sa douleur.
« Harry était malade, alors je suis sorti seul. Le bar était bondé. Beaucoup de bruit, beaucoup de monde, exactement ce qu'il me fallait pour me noyer dans l'anonymat. Et là, je me suis retrouvé à côté de ce type avec un humour complètement absurde. On s'est mis à discuter. On aimait la même musique, il avait une passion un peu flippante pour les flingues, et il était... » Alec marqua une pause, cherchant ses mots. « ...vraiment marrant. »
Elena haussa un sourcil, intriguée. « Et ? »
« Et... il y a eu un peu de grabuge. Un groupe de mecs emmerdaient deux nanas qui, je dois dire, étaient plutôt canons. Noah et moi, on a décidé d'intervenir. On leur a mis une bonne correction. Rien de bien méchant, mais suffisante pour leur faire passer l'envie de recommencer. »
Elena éclata de rire, imaginant la scène. « Les chevaliers servants en action. J'espère que les filles étaient reconnaissantes. »
Alec haussa les épaules avec un sourire en coin. « Oh, elles l'étaient. Suffisamment pour ne plus nous lâcher de la soirée. »
Le sourire d'Elena s'agrandit, un brin moqueur. « Ne me dis pas que ça a fini comme je l'imagine... »
Alec laissa planer le suspense, aux aguets d’un éventuel signe de jalousie avant de révéler, « Si. On a fini tous les quatre. C'était... disons, une soirée très torride. »
Elena éclata de rire, « Même moi j’ai jamais tenté ce genre d’expérience, t’as vraiment pas de limite ! »
Alec haussa la épaules, à la fois amusé et rassurée par sa réaction. « Je t'avais dit que Noah et moi étions proches. Disons que partager ce genre d'intimité crée des liens assez uniques. »
Mais alors qu'il parlait, son regard s'égara un instant vers un coin de la pièce, et Elena suivit instinctivement ses yeux. Elle comprit aussitôt. « Attends... Tu veux dire que cette fameuse soirée s'est terminée ici ? Dans l'appartement de Noah ? »
Alec, pris en flagrant délit, grimaça en haussant les épaules, un sourire gêné sur le visage.
« Hey ! » s'écria Elena, feignant l'indignation. « Tu pourrais au moins avoir la décence de ne pas repenser à ces nanas quand je suis là ! » Elle lui donna un léger coup de poing à l'épaule.
Alec rit, attrapant doucement ses mains pour stopper ses protestations. « C'est de ta faute, c'est toi qui m'as demandé d'en parler, je te signale. »
« Oui, mais comment j'aurais pu deviner que te demander comment tu avais rencontré Noah allait conduire à une histoire de partie carrée, gros malin ? »
Il porta ses mains à ses lèvres, déposant un baiser tendre sur ses doigts avant de les poser sur sa propre nuque. Plongeant son regard dans le sien, il reprit, plus sérieux cette fois, « Écoute-moi bien, chaton. Aucune femme, et je dis bien aucune, n'a jamais pu me faire ressentir ce que je ressens pour toi. Avec toi, tout est différent. À tes côtés, j'ai l'impression de comprendre ce que signifie le mot "paradis". Je t'ai... »
Mais avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, Elena l'embrassa. Elle se hissa sur lui, s'installant à califourchon, et ses mains se mêlèrent à ses cheveux alors qu'elle approfondissait leur baiser. Le moment était suspendu. Tout semblait magique : l'éclairage des bougies, la chaleur de leurs corps, et cette bulle qu'il avait créé, juste pour eux, loin du monde extérieur. Sur ce parterre de coussin, Elena se donna à Alec dans une étreinte langoureuse, le langage du corps remplaçant celui des mots.
***
Le reste du week-end fut à la hauteur de leur soirée magique : intense, complice et loin du tumulte extérieur. Ils passèrent la plupart du temps nus, enveloppés dans la chaleur de leur passion, sans jamais quitter l'appartement. Alec avait tout prévu à l'avance, bien décidé à rendre ce moment inoubliable. Le samedi soir, il s'était lancé dans une entreprise audacieuse : reproduire le fameux rôti de Jenny, celui dont Elena vantait souvent les mérites. Mais, comme il devait s'y attendre, ses talents de cuisinier n'étaient pas à la hauteur de ses ambitions. La viande ressortit trop cuite, presque immangeable. Elena ne fit cependant aucune remarque désobligeante. Au contraire, elle sourit tendrement à Alec, amusée par son effort maladroit. « Alors, c'est ça ton plan pour me forcer à cuisiner pour toi ? M’affamer jusqu’à je prenne le relais ? » plaisanta-t-elle.
Alec grimaça, coupable. « On peut toujours commander une pizza, tu sais. »
« Pas question », répondit-elle avec un clin d'œil. « C'est notre dîner, et rien que pour l'effort, je vais savourer chaque bouchée. » Et elle le fit, grimaçant à chaque morceau un peu trop sec, alors qu'Alec se promettait intérieurement de ne plus jamais s'éloigner de la recette originale.
Le véritable clou de la soirée arriva cependant au dessert, lorsque Alec, visiblement nerveux, posa deux petits paquets joliment emballés sur la table.
« Quoi ? Mais Alec, tu as fait des folies... », s'exclama Elena, ses yeux s'écarquillant devant les cadeaux inattendus. « ce week-end c'est déjà largement suffisant, je n'ai besoin de rien d'autre. »
Alec haussa les épaules avec une pointe de timidité. « Attends de les ouvrir avant de me remercier. Peut-être que tu vas vouloir me les jeter à la figure. »
Elena perçu l’appréhension dans la voix et l’attitude d’Alec. Elle essaya de le rassurer en caressant son visage avec tendresse, « Pourquoi tu te prends la tête comme ça ? Tout est déjà parfait, je te l’ai dis et je te le redis encore, j’aime tout. »
Il détourna les yeux, pour cacher son embarra avant d’indiquer,« Ce n'est pas tous les jours qu'on a un week-end rien qu'à nous. Je voulais qu’il soit spécial, que tu comprennes que tu es spéciale pour moi. » Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il n’avait jamais agi ainsi par le passé et n’aurait jamais être amené à le faire. Jusqu’à Elena, l’amour n’était qu’un concept vague dont il se moquait éperdument.
Elle lui sourit doucement avant de l'embrasser, un baiser tendre et rassurant. Puis, impatiente, elle se saisit du plus petit paquet et déchira l'emballage avec un mélange d'excitation et de curiosité.
Lorsqu’elle ouvrit la boîte, elle découvrit un petit pendentif : une perle de culture nichée au centre d'un soleil, ses rayons sertis de minuscules pierres scintillantes. Elena resta figée, émue par la beauté du bijou. « Alec... c'est... magnifique », murmura-t-elle, émue.
Rougissant, Alec se leva pour s'installer derrière elle et lui passer le collier autour du cou. Il se pencha vers elle et murmura doucement à son oreille, « J'ai pensé à t’offrir un chat en médaillon mais, je n’étais pas convaincu et Harry nous aurait certainement grillé. »
« C’est vrai. Pourquoi celui-ci ? »
« Parce que... tu es comme mon soleil, ma lumière dans l'obscurité. »
Elena sentit son cœur se serrer. Alec, gêné par l'intensité du moment, posa son front contre son épaule, ses bras l'enveloppant dans une étreinte protectrice. « J'avais peur que tu trouves ça... trop, et que tu prennes la fuite en courant », ajouta-t-il d'un ton plus léger, essayant de masquer son trouble.
Elena éclata de rire, pour briser la tension grandissante. « Tu oublies que c'est toi qui as les clés de la voiture. Alors pour fuir, ça risque d'être compliqué. »
Alec rit à son tour, sa nervosité se dissipant un peu. « Alors te voilà coincée avec moi. Peut-être que je vais te garder ici jusqu'à ma mort, qui sait... »
Le visage d'Elena se ferma légèrement, et elle resserra ses bras autour de lui. Elle lui répondit d'une voix lourde, « Ne plaisante pas avec ça, Alec. La mort frappe parfois sans prévenir... et si quelque chose t'arrivait, je ne pourrais jamais me le pardonner. » Ses yeux s'embuèrent de larmes silencieuses.
Alec, immédiatement alarmé, se redressa et essuya délicatement ses joues humides du bout des doigts. « Hey, Elena... Je suis là. Il ne m'arrivera rien, je te le promets. »
Il scella sa promesse avec un baiser, doux et chargé d'amour. Lorsqu'ils se séparèrent, leurs regards restèrent accrochés l'un à l'autre. Alec, à nouveau emporté par l'élan de ses sentiments, tenta une fois de plus de se confesser, « Elena, je... »
Mais elle posa un doigt sur ses lèvres, l'interrompant à nouveau avec un sourire triste. « Pas encore, Alec. Je sais ce que tu veux me dire mais, je ne suis pas prête. » Elle porta instinctivement ses doigts au pendentif, l'effleurant comme pour trouver les mots. « Pour le moment... ça me suffit. »
Alec, bien que légèrement déçu, respecta sa décision. Il savait que cet objet, si modeste soit-il, représentait déjà un grand pas en avant pour elle et donc pour leur relation. Cherchant à alléger l'atmosphère, il attrapa le second paquet et le lui tendit avec un sourire malicieux. « Et celui-là, alors ? » demanda-t-il, hésitant. « Tu ne l'ouvres pas ? »
« Un peu gênée, Elena ajouta : « Je n'ai rien pour toi, moi... »
Alec haussa les sourcils avec un sourire en coin. « Ce cadeau, il est aussi un peu pour moi... »
Intriguée, elle déballa l'emballage et découvrit à l'intérieur des sous-vêtements à la fois élégants et particulièrement sensuels. Elena éclata d'un rire incrédule. « J'espère que tu ne t'es pas trompé de taille ! »
Alec haussa les épaules, une moue légèrement coupable sur le visage. « Et si ça ne te plaît pas... tu peux toujours les échanger pour des culottes de grand-mère. »
Elle se leva, un sourire mutin aux lèvres, et déposa un baiser rapide sur sa joue. « Pas besoin. Donne-moi une minute, je vais essayer ça. »
Alec la regarda s'éloigner, incapable de dissimuler son excitation. Il lança avec un rire nerveux, « Je bouge pas, chaton... mais je me languis déjà de toi. »
Quelques instants plus tard, Elena réapparut à l’embrasure du salon, vêtue d’un kimono noir en satin entrouvert qui laissait apparaître la lingerie qu'il lui avait choisie : Un ensemble noir et rouge en dentelle raffinée sertie d’une petite pierre brillante en son centre. Sa silhouette, mise en valeur par le tissu délicat, laissa Alec sans voix. Elena ne sachant quoi dire, se mordit la lèvre inférieur, attendant avec excitation une réaction. Alec sentie son cœur rater un battement. Il déglutit, « Tu es absolument splendide... », souffla-t-il incapable de détourner le regard.
Elena répondit par un sourire espiègle puis prit une posture plus aguicheuse, lui faisant signe du doigt de la rejoindre.
« Ce que femme veut... » répondit Alec en se levant pour la rejoindre avec malice.
***
Le dimanche matin arriva trop rapidement. Ni Alec, ni Elena n’étaient prêt briser la bulle qu'ils avaient créé durant cette escapade romantique. Pourtant, leur étreinte matinale, encore empreinte de chaleur et de désir, leur rappela que chaque instant de ce week-end était compté. Alec, le corps encore moite et alangui au-dessus d'Elena, sourit en essuyant une goutte de sueur qui perlait sur son front. « On devrait s'organiser des week-ends comme ça plus souvent », murmura-t-il, sa voix chargée de satisfaction, tandis qu'il déposait un baiser sur le bout du nez d'Elena.
Elle rit doucement, ses doigts glissant le long de son dos. « Tous les week-ends si tu veux. »
Alec rit à son tour, son rire un peu rauque résonnant dans la pièce. « Je suis pas sûr que Noah soit d'accord... mais bon, je peux toujours tenter ma chance. »
Son regard se posa sur le collier qu'il avait offert à Elena la veille, scintillant délicatement sur sa peau. Elle ne l'avait pas quitté depuis qu'il l'avait mis autour de son cou, et le simple fait de le voir là, sur elle, lui fit ressentir une vague de fierté mêlée à une émotion plus profonde. Il effleura le pendentif du bout des doigts avant de l'embrasser tendrement. Son sourire se fana légèrement lorsqu'il souffla, « Ça va être dur de jouer à nouveau la comédie devant ton frère après... tout ça. » Il espérait au fond de lui qu’Elena lui fasse signe qu’elle aussi était lasse de cette comédie. Il caressait l’espoir de pouvoir afficher leur relation, qu’elle l’assume au yeux des autres et surtout auprès de son frère. Il était de plus en plus persuadé que ce dernier comprendrait l’ampleur de leurs sentiments et finirait par accepter leur relation. Après tout, lui aussi était tombé amoureux alors il pouvait comprendre.
Elena détourna le regard, gênée. Elle savait que la situation lui pesait, à elle aussi d’ailleurs. Elle s’était sentie à plusieurs reprise frustrée de ne pas laissé libre cours à ses envies mais, elle n'était pas encore prête à s'y confronter pleinement. « Je sais... ce ne sera pas simple pour moi non plus, mais... » Elle marqua une pause, la gorge nouée. « Je ne suis pas prête, Alec. Je suis désolée, je sens que ça te pèse beaucoup, mais je vais pas te mentir, je... »
Cette fois, ce fut Alec qui l'interrompit, posant ses lèvres sur les siennes avec douceur mais aussi une pointe de tristesse. « On n'a pas besoin de parler de ça », murmura-t-il, ses yeux trahissant un pincement au cœur. Il était prêt à faire toutes les concessions nécessaires pour que leur couple tienne. Cependant, buter systématiquement contre les murs défensifs érigés par Elena n’en était pas moins douloureux.
Elena hocha la tête sans insister, mais l'ambiance dans la pièce avait changé. Une tension flottait dans l'air, une lourdeur qu'ils n'avaient pas ressentie depuis leur arrivée. Alec se redressa et s'assit au bord du lit, ses épaules basses. « Je vais prendre une douche », déclara-t-il d'un ton presque maussade, comme s'il cherchait à échapper à cette conversation qu'il redoutait.
Elena, inquiète de son trouble, se redressa à son tour, glissant son corps nu contre le dos d'Alec. Elle entoura sa taille de ses bras, le serrant doucement, mais fermement, pour l'empêcher de fuir dans cet état. Ses lèvres effleurèrent son épaule, et elle murmura d'une voix douce, « Au fait... on n'a pas encore parlé de ça, mais... où est-ce que tu penses aller l'an prochain ? »
Alec se figea un instant, surpris par la question, puis attrapa la main d'Elena pour la porter à ses lèvres. « Je sais pas encore », répondit-il après une pause. « Avec mon dossier, je devrais pouvoir trouver facilement... mais... » Il hésita, son ton devenant plus incertain. « Je pensais que je pourrais aller là où toi, potentiellement, tu irais l'an prochain. Enfin, peut-être pas, hein, je veux pas t'étouffer ou quoi... » Ses mots trahissaient une appréhension qu'il ne parvenait pas à masquer, une peur sourde que ce présent si précieux ne puisse survivre au-delà de cette année.
Elena, qui avait de son côté paradoxalement réfléchie à la question s’empressa d’ajouter « Je serais heureuse qu'on puisse rester dans la même ville. »
Elle déposa un baiser tendre sur son cou, et Alec, rassuré, serra sa main dans la sienne. « Ce serait chouette, mais on a le temps d'en reparler quand tu aura pris ta décision. Je m'adapterais », conclut-il.
Il se leva ensuite pour se diriger vers la douche. Avant de passer l'encadrement de la porte, il se tourna une dernière fois vers Elena, un sourire taquin sur les lèvres. « Si tu veux me rejoindre sous la douche, libre à toi. » Il ponctua sa phrase d'un clin d'œil complice avant de disparaître.
Elena rit doucement à son espièglerie. Elle détestait voir Alec souffrir et elle savait que son incapacité à officialiser leur relation le blessait profondément. Pourtant, il ne lui reprochait jamais rien. Il se contentait de ce qu’elle pouvait lui donner. Il était parfait pour elle, au-delà de tout ce qu’elle aurait pu espérer. Au fond, elle savait qu’elle devrait se décider pour lui mais, elle vivait ces moments comme un rêve, risquant d’être réveillée brutalement à tout moment pour replonger en enfer. Tout cela lui pesait, la fuite de sa vie lui pesait mais, elle ne savait pas comment faire autrement. Elle essaya de chasser ses sombres pensées, décidée à profiter du moment présent. Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre Alec, le vrombissement de son téléphone la stoppa net. Elle hésita, les sourcils froncés, avant de s'en saisir. Lorsqu'elle ouvrit le message, son visage blêmit instantanément.
Sa main trembla légèrement alors qu'elle portait l'autre à sa bouche, comme pour contenir un cri d'effroi. L'eau de la douche résonnait dans la pièce voisine, mais tout son monde semblait s'effondrer autour d'elle.
Après quelques instants d'hésitation, elle répondit au message, ses doigts tremblants sur l'écran. La réponse arriva presque immédiatement, et ce qu'elle lut suffit à lui faire monter les larmes aux yeux. Elle posa le téléphone sur le lit, le regard perdu, avant de se recroqueviller sur elle-même, ses épaules secouées par des sanglots silencieux. Lorsqu'elle entendit la douche s'éteindre, elle essuya rapidement ses larmes, essayant de reprendre contenance pour ne rien montrer à Alec. Elle enfila ses vêtements, dissimulant du mieux qu'elle put les traces de son trouble. Quand Alec sortit de la salle de bain, une serviette nouée autour de la taille et une expression détendue sur le visage, il trouva Elena déjà habillée, son sac prêt.
Alec plissa les yeux, perplexe. « Qu'est-ce qui se passe ? J'ai dit ou fait un truc qui fallait pas ? »
« Non, non... » répondit-elle un peu trop vite. « J'avais oublié, mais j'ai un devoir à rendre demain, et il faut absolument que je m'y mette. »
Son ton était pressé et distant. Alec la regarda un long moment, cherchant dans ses yeux une explication plus honnête, mais elle détourna rapidement la tête. Il n'était pas dupe, quelque chose n’allait pas mais, il savait aussi qu'insister ne ferait que la braquer davantage. « D'accord... » déclara-t-il finalement, résigné. « Laisse-moi le temps de m’habiller, faire mes affaires et donner un petit coup à l’appart. »
« Je m’occupe du ménage, j’aimerais autant qu’on ne traîne pas trop si tu veux bien. » opposa-t-elle sèchement.
Face à cette froideur, Alec ne sût comment réagir, il se contenta de répondre par un simple « Ok », la regardant s’éloigner de lui impuissant.
Il s’habilla à la hâte, laissant le poids de son inquiétude s'installer dans sa poitrine.
Mignonne escapade, même si une ombre vient menacer le tableau en cette fin de chapitre. Petit conseil d'ailleurs, ou suggestion, pourquoi ne pas finir sur le cliffhanger du message reçu par Elena ? J'ai trouvé que ça aurait été parfait pour clôturer ton chapitre.
Sinon pour ce chapitre, j'aime l'espace laissé par Harry, et le côté romantique voir vulnérable d'Alec dans son comportement ici. On verrait presque Elena commencer à s'ouvrir à la possibilité de plus, jusqu'à cette fin où elle rétracte si vite ses pétales.
Petites remarques :
"Elle l'aimait, il en était sûr" -> au niveau du développement psychologique, je me demande si cette certitude n'est pas un peu prématurée.
"« Bonne chance, les tourtereaux, » murmura-t-il pour lui-même" -> très mignon, j'aime beaucoup ce développement de Harry
"répondit Alec en se précipitant pour maintenir le bandeau en place alors qu'elle tentait de l'ôter" -> en vrai je compatis avec elle, ça fait long quand même xD
"Cependant, Elena ne fit aucune remarque désobligeante. (...) . « Alors, c'est ça ton plan pour me forcer à cuisiner ?" -> c'est un peu désobligeant, ça, non ? ^^
À bientôt ! ^^
J'ai effectivement beaucoup hésité à coupé ou non au niveau du message reçu pour terminer sur un cliffanger. J'ai finis par opter pour une prolongation parce qu'il me semblait important de pouvoir apercevoir les répercutions émotionnelles directes d'Elena suite au message et la façon dont elle se replie sur elle-même alors que justement, comme tu le soulignais, elle finissais enfin par se projeter dans le temps avec Alec: comme si un après était finalement possible.
Harry est en effet rassuré quant à ses angoisses qu'il est parvenu à identifier grâce à sa petite amie. Du coup, son comportement s'en ressent.
Alec effectivement se livre beaucoup. Il est très amoureux d'Elena et à ce moment de l'histoire, il est convaincu qu'Elena ressent la même chose pour lui: leur complicité, la manière dont elle s'est défendue comme lui face aux sentiments naissants et ce qu'ils partagent physiquement, les regards empreint non pas seulement de désir mais de compréhension et de tendresse le conduise à cette conclusion, les sentiments sont partagés mais elle reste encore défensive.
Je voulais un chapitre qui témoigne du bonheur qu'il touche du doigt avant une suite plus sombre.
Tu as l'air d'avoir apprécier ce chapitre et j'en suis ravie.
Merci pour ton commentaire.