Chapitre 32 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le trente-deuxième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Elle est encore partie. Elle a fui alors que je pensais qu’on avait dépassé ce problème. Et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle regrette. Son regard ne pouvait pourtant pas traduire autre chose que l’envie mutuelle. Le réveil a été difficile, la place froide à mes côtés avait été le témoin de sa fuite. Pendant longtemps, je suis resté allongé sur le lit. Le regard fixé sur le plafond tentant de comprendre ce qui vient de se passer.

Le déroulé de la soirée me revient. Nos baisers passionnés, la tension entre nous atteignant un point de non-retour. La découverte de son corps, chaque parcelle que j’ai dévorée, embrassée, Il y a tellement de choses que je voulais faire et dont je n’ai pas eu l’occasion.

Putain, elle est encore partie sans un mot, sans rien me dire, sans même un regard en arrière. Sauf que je ne vais pas lui laisser le temps de paniquer et me repousser. Après avoir s’être lancé tête baissée dans cette aventure, il est impossible de retourner en arrière sans la moindre explication. Je ne veux pas, non je ne peux pas faire comme si de rien n’était.

Malheureusement pour elle, je la connais comme ma poche. La vague de confusion m’a saisi à mon réveil, mais je ne vais pas la laisser me submerger. Je suis têtu et je fais tout pour obtenir ce que je souhaite. Et là ce que je souhaite c’est Manon. J’en ai marre d’être patient, de voir qu’elle m’envoie des signaux contradictoires. Si elle ne veut pas de moi, je l’accepterais. Ça fera mal, très mal, mais ça sera son choix et je ferais mon possible pour refouler (une fois de plus) mes sentiments. Je sais où elle se trouve.

Dans sa bulle.

Sa paix où le chaos ne l’atteint pas.

Où son angoisse se tait enfin.

Entourée de ses livres devant sa bibliothèque.

Elle ne m’entend même pas approcher tellement elle est plongée dans son roman. Elle est complètement repliée sur elle-même entourée d’un plaid où il y a une montagne dessinée et l'inscription Velaris brodée au centre. Je reste appuyée sur l’ouverture de la porte pendant quelques secondes. Elle réagit à toutes les phrases, fronçant les sourcils, ouvrant la bouche lorsqu’elle est submergée par la surprise et le ferme brusquement quand la pression est à son comble.

- Manon, je l’appelle doucement pour ne pas lui faire peur.

 

Malgré ma voix douce, je la surprends et elle sursaute avant de mettre une main sur son cœur. Son regard se pose automatiquement sur le roman qu’elle tient toujours et rougit violemment. À cette distance, je vois sans aucune difficulté qu’elle avale difficilement sa salive. Sa main se colle sur le résumé et ne se décolle sous aucun prétexte.

- Owen ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu m’as fait peur bon sang ! Ça ne va pas de surgir chez les gens comme ça ?

- Je voulais te parler après ton départ précipité et surtout la fuite digne d’un film d’espionnage que tu as entrepris.

 

Elle ne me répond pas, elle se contente de me fixer avec sa lèvre inférieure tremblante. Elle va craquer alors que je n’ai même pas commencé. Je déteste la voir pleurer et surtout devoir jouer les insensibles alors qu’une nouvelle crise la menace. Malgré mon intention d’avoir le fin mot de l’histoire, je n’arrive pas à contrôler mes jambes qui s’élancent dans sa direction. Je la prends dans mes bras automatiquement et elle se laisse faire comme une poupée de chiffon. Sa tête se pose contre mon épaule et elle fixe un point invisible. Le silence entre nous n’est pas gênant, mais pourtant je ne peux pas m’empêcher d’y mettre fin.

- Qu’est-ce qui se passe, trésor ? Pourquoi tu es partie si précipitamment ?

 

J’ai pendant quelques instants un doute. Me suis-je bien exprimé à voix haute ? Sa tête n’a pas bougé d’un millimètre, elle ne réagit pas, complètement amorphe et enfouit dans ses pensées. Elle se redresse avant de fixer la bibliothèque et de serrer son plaid toujours posé sur ses genoux. Je me demande si elle voit quelque chose que je ne vois pas, elle fixe sans relâche l’arc-en-ciel présent dans sa bibliothèque. Comme si cela allait lui apporter la réponse à ma question.

- Hmmm. En fait, c’est que…

 

Elle cherche ses mots, comme si elle n’a pas elle-même d’explication concernant son propre comportement. Signe de son état d’anxiété, elle s’arrache les peaux mortes autour de ses ongles.

- Je suis désolée, dit-elle en conservant sa voix tremblante.

 

Elle soupire avant de lever les yeux pour enfin me regarder.

- C’était une erreur, continue-t-elle.

 

Il me faut quelques secondes pour comprendre la signification de sa phrase. Ce n’est pourtant que trois petits mots. Simple. Efficace. J’ai l’impression de me prendre un métro en pleine gueule. Mon cœur se serre. Une erreur. Une putain d’erreur. Elle résume notre précédent échange avec ce mot. Le calme me quitte doucement.

- Une erreur, je répète bêtement, espérant un bouchon d’oreille qui me ferait avoir des hallucinations.

 

Le masque impassible que je me force de porter lors des matchs n’arrive pas cacher mon niveau de frustration. Je bouillonne, je pense que de la fumée pourrait sortir de mes oreilles. Ma rage est alimentée par toutes les frustrations accumulées depuis des jours, le stress des matchs, des championnats… Je serre les dents, une veine battant sur mon front. Le regard perdu de Manon montre que je ne me contiens pas si bien que ça.

Elle déglutit avant d’ouvrir en grand la bouche :

- Une erreur de partir ! dit-elle précipitamment.

 

Elle saisit le pan de mon sweat pour me forcer à ne pas la lâcher du regard.

- Oh mon dieu, tu pensais que je disais qu’hier soir était une erreur. Pas du tout, je ne regrette rien, absolument rien. Si ce n’est mon départ précipité, j’ai été nulle, je le sais et tu aurais tous les droits si tu décidais de ne plus jamais me parler. J’ai merdé, vraiment, mais j’avais besoin de faire le point. Enfin, le point… Pas vraiment. Je ne savais pas comment gérer et ma manière a été de me reculer.

- Et de fuir, je complète.

- Comme une voleuse. Je m’en veux tellement si tu savais, mais j’avais besoin de… Aaaaaaaaaa. Je ne sais pas !

- Respire Man-Man.

 

Elle ne m’écoute pas, elle est lancée dans son monologue :

- En plus, je devais de toute manière retourner dans ma chambre, tu imagines si mon père était venu me voir. Et c’était tellement compliqué, entre ce que je voulais faire et ce que je me permettais.

- Ce que tu voulais faire ?

- Je voulais juste retourner dans tes bras, dit-elle en perdant tous ces moyens.

 

Je m’approche doucement d’elle après sa déclaration, en prenant toutes mes précautions. Je ne veux pas la pousser davantage, je sais que mes sentiments vont rapidement sortir.

- Juste retourner dans mes bras ? J’ajoute en haussant des sourcils et en la prenant par la taille.

 

Elle rougit automatiquement, mais ne nie pas. Au contraire, elle fixe une nouvelle fois mes lèvres et j’ai l’impression de faire un retour en arrière, à l’instant qui a troublé mon existence bien plus que ce que je ne voulais l’admettre. Le coach avait eu la bonne idée de nous demander de ranger les équipements, seulement tous les deux. Et dans ce petit espace, mal éclairé, où les poteaux sont rangés. Un endroit qui n’a pourtant aucun sex appeal. Pourtant, c’est la première fois où j’ai pu déceler avec certitude qu’elle avait de l’attirance pour moi. La frontière a été franchie une fois et rien ne m’empêche de le faire de nouveau. Elle est une putain de drogue pour moi. À cet instant, mon cerveau vrille. Je cherche mes mots, je veux paraître aussi confiant que possible. Parce que je n’aime pas me montrer faible. Parce que ce n’est pas dans ma nature. Ça ne l’est plus.

- Sérieusement, on a pas eu l’occasion de parler hier soir.

- Dis celui qui ne veut jamais parler de ses sentiments et pourquoi il pique des colères d’un seul coup.

- Dis celle qui ne veut pas que je dise à son père pour ses crises de panique et qui ne veut pas m’expliquer la cause, je rétorque.

- Ok, on est des causes perdues, mais je n’ai pas envie de parler de ce que l’on a fait hier.

- Du sexe, on a couché ensemble, tu sais que tu peux le dire, ça ne va pas te transformer en gargouille.

- Je sais qu’on a couché ensemble et je t’ai dit que je ne regrette pas, je ne veux juste pas de blabla sur les sentiments.

- Et si j’en ai envie ? Si j’ai envie d’un blabla sur les sentiments ou de te dire que j’ai envie de construire quelque chose avec toi ? Que la nuit dernière a été putain de magique et que ça me fusille de ne pas savoir si j’ai le droit de t’embrasser maintenant, je m’emporte.

 

Et une petite colère pour confirmer ses dires. Je ne supporte pas quand elle fait l’autruche et fuit le conflit, les situations qui peuvent la mettre mal à l’aise ou la vie en général. Surtout quand je suis au centre de l’équation. Mon cœur bat à tout rompre alors que j’attends sa réponse. J’ai besoin d’une réponse nette. Arracher le pansement une bonne fois pour toutes pour au pire des cas faire une croix définitive sur l'obsession qui grandit en moi depuis des années. Et même si pour cela, ses mots doivent percer mon cœur comme des lames d’un couteau. Comme sur le terrain, je ne perçois qu’un léger filet de la réalité fonçant vers mon objectif et oubliant ce qu’il a autour.

- Ah.

 

Un mot, un seul mot. Putain, c’est quoi cette réponse digne de Denis Brogniart. J’ai l’impression que tout l’air de la pièce a été aspiré. Je me suis préparé à entendre n’importe quelle réponse, mais pas celle-là. Est-ce que j’aurais dû garder mes sentiments pour elle ? Elle reprend alors que mon agacement commence à prendre le dessus :

- C’est compliqué pour moi de te répondre. Je serai plus à l’aise d’avoir cette conversation par SMS, mais je ne pense pas que l’option soit envisageable alors que tu es à deux doigts de me faire passer sous la guillotine.

- Je ne te…

 

Je n’aime pas ce que j’entends. Je déteste ça même.

- Si, tu me lances le même regard que lorsque tu te retiens de sauter à la gorge d’un adversaire. Je disais donc que cette conversation serait plus confortable par SMS parce que je ne sais pas vraiment comment t’expliquer ce qui se passe dans ma tête. Avec toi, tout est simple, limpide. Ça met mon cerveau en pause et toutes les questions qui se bousculent à chaque fois cessent. Et ça me terrifie de penser aux possibilités de plus que tu as évoquées parce que je me connais je ne vais avoir en tête que les points négatifs et les pires situations. Et je n’ai pas envie de ça, pas avec toi.

 

Pendant toute sa tirade, elle n’ose pas lever les yeux vers moi. Sa principale occupation repose sur la torture délicate de son plaid reposé délicatement sur ses genoux. Des tresses sont formées par les franges dépassant de celui-ci. Inlassablement, elle continue avant de les déformer par un mouvement rapide.

- Moi non plus, je ne veux pas te torturer, mais il faut quand même qu’on parle. Qu’on sache où on met les pieds, qui nous sommes ?

- Est-ce que pour l’instant on pourrait juste être Manon et Owen ? Avancer pas à pas, pour m’éviter de faire l’autruche ?

 

Manon est face à moi. Elle me fixe avec ses yeux bleus qui sont toujours aussi profonds et me troublent autant. Est-ce qu’il y a un seul jour où je pourrais lui dire non ? Si elle me demandait de lui décrocher la lune, je deviendrais un putain d’astronaute pour elle.

- Pour l’instant, ça me va.

- Un pas après l’autre, dit-elle en se rapprochant de moi.

- Un pas après l’autre, je répète bêtement en ne pouvant pas quitter ses lèvres roses du regard.

- Et j’ai oublié de répondre à une de tes questions, d’un seul coup elle se débarrasse de son plaid et passe sa jambe autour de la mienne pour s’asseoir à califourchon sur moi.

- Ah oui, je racle ma gorge en tenant de me concentrer sur ce qu’elle dit.

- Tu as le droit de m’embrasser, dit-elle en serrant mon t-shirt dans son poing et en attirant ma bouche contre la sienne.

 

Ma main se glisse par automatisme dans son dos, s’aventurant sous son t-shirt voulant toucher le moindre centimètre carré de sa peau. Sa chaleur m’impressionne toujours, sa main se glisse dans les mèches de mes cheveux, intensifiant notre baiser. Encore une fois, la frénésie nous prend et le monde disparaît autour de nous. Si bien que nous n’entendons pas la porte s’ouvrir. Ni même le coach qui passe le pas de la porte. Pourtant, on entend bien le juron qui s’échappe de sa bouche lorsqu’il nous surprend en plein échange de salive. 

 

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