L'écho de leurs pas résonnait tout autour d'eux. Leur groupe avançait prudemment à travers les couloirs du château.
Le hall était immense et impressionnant. Clave dut se forcer à garder la bouche fermée pour ne pas ressembler à un poisson doré hors de l'eau. De chaque côté du chemin conduisant au large escalier en face de la jeune fille se dressaient de magnifiques colonnes de pierre. Des lustres couverts de poussière pendaient du plafond décoré de peintures et de mosaïques complexes.
– C'est superbe, murmura-t-elle.
Noah, à ses côtés, avait le visage levé vers le décor environnant, tout comme elle.
– Tu as vécu ici, Clave ? s'exclama-t-il. C'est génial ! J'ai envie de tout voir.
Clave sourit et s'amusa devant l'air excité et ébahi de son ami.
– On viendra vivre ici quand tu auras retrouvé la Couronne, continua-t-il.
Clave cligna des yeux, interdite. Elle bégaya, ne sachant plus quoi dire ni comment réagir. Il avait dit cela le plus naturellement du monde, comme si ça coulait de source. Enfin, il disait tout naturellement, de toute façon.
– J'espère juste que tu n'es pas allergique à la poussière, répondit la jeune fille en détournant son regard des yeux saisissant du jeune homme.
– Les gars, on commence l'exploration ? intervint Béatrice.
Clave se demanda si elle était incluse dans ceux que la sœur de Naos nommait "les gars".
Noah hocha la tête, le visage à nouveau sérieux.
– On va faire deux groupes, expliqua-t-il au reste du groupe. Béatrice, tu iras avec Naos et Corentin du côté gauche, et j'irai avec Clave du côté droit.
– Ah non ! protesta la brune. Hors de question que j'aille avec eux deux. Ils vont se tenir la main tout le temps, et moi je me sentirai toute seule.
Son frère jumeau esquissa un sourire penaud tandis que Corentin levait les yeux au ciel.
– Je préfère aller seule en haut des escaliers. Dans tous les cas, si Naos a un problème, je le sentirai, et inversement, affirma-t-elle.
– Comme tu veux, répondit Noah.
– En fait, ajouta rapidement Clave, j'aimerais aller en haut à ta place, Béatrice. Si ça ne te dérange pas.
La jeune femme aux couettes haussa les sourcils, mais elle ne s’y opposa pas.
Le groupe de cinq se divisa donc en trois. Clave montait lentement les escaliers, pas par pas, quand elle entendit Noah derrière elle. Elle s'arrêta et se retourna vers lui. Elle était rassurée qu'il continue de la suivre et de la soutenir.
– Tu as vu quelque chose d'en bas ? demanda le jeune homme, arrivé à la même hauteur que son amie.
– Non…
– Tu as fait un rêve, alors ?
– Je ne sais pas… Mais quelque chose me soufflait de venir ici. Cet escalier m'est vraiment familier. Mon instinct ne s'est jamais trompé, et il ne m'a jamais trompée non plus.
– J'aime bien cette façon de penser. Je te fais confiance, alors, conclut Noah.
– Merci.
Après quelques dizaines de minutes de recherches, les deux amis pénétrèrent dans une pièce légèrement différente des autres. Une pièce à l'atmosphère plus nostalgique.
– C'est ma chambre, souffla Clave.
Les mots étaient sortis tout seul.
Elle s'avança doucement, et comme la pièce était plongée dans la pénombre, elle se dirigea vers les rideaux les plus proches. Elle les tira et illumina la salle.
– Clave, regarde ! l'appela Noah, un peu plus loin.
La jeune fille se tourna vers lui et découvrit, bouche bée, un magnifique tableau. Elle s'en approcha lentement.
Sur le tableau étaient représentées quatre personnes, dont une que Clave reconnut immédiatement. C'était elle, assise, les mains posées sur les cuisses, posant pour la peinture. Cependant, elle semblait avoir moins de quinze ans, plutôt onze ou douze.
Aux côtés de la jeune Mystic se tenait une haute femme, droite et sérieuse. Clave la reconnut comme étant la femme qu'elle voyait régulièrement dans ses rêves. À force, elle avait bien compris qu'elles deux avaient un lien important. La femme du tableau portait une couronne dorée.
"La Couronne d’Éclats" devina aussitôt Clave.
Derrière la femme se tenait un homme d'environ trente ans qui avait les mains tendrement posées sur les épaules de celle qui devait être sa conjointe. Dans les bras de celle-ci dormait calmement un bébé.
"Sans doute le roi et la reine, et leur enfant."
Contrairement à ce à quoi la jeune fille s'attendait, l'ancienne elle ne portait pas son pendentif bleu sur la peinture.
Elle lut ensuite la légende du tableau. “La reine Ruby, son mari, son fils et sa sœur.”
“Ma sœur. C'est ma sœur…”
Puis soudain, sans que Clave ne comprenne pourquoi, les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Des sanglots menaçaient de s'échapper de sa gorge.
– Clave ? Clave… Ça va ? demanda doucement Noah, s'approchant d'elle, l'air inquiet.
– Je ne sais pas… Je… J'ai vu ces personnes… Sur ce tableau et… Noah, ils me manquent… C'est ma famille, et je ne me souviens même pas d'eux…
La jeune fille, tremblante, gémissante, murmurait des bouts de phrase entre deux sanglots. Noah ne savait pas quoi faire. Il écarta les bras dans une proposition silencieuse. Clave n'hésita pas une seconde et se blottit contre lui. Il la serra contre elle et posa son menton sur le sommet de sa tête.
– Je suis là, la rassura-t-il.
"Je te le répéterai autant de fois qu'il te le faudra", ajouta-t-il mentalement.
La blonde resta un moment ainsi à se calmer, le visage enfoui dans le torse de son ami. Puis elle chuchota quelque chose de quasiment inaudible.
– Je peux faire quelque chose ?
Clave releva la tête et s'écarta légèrement du jeune homme. Elle tendit la main vers la joue de Noah, qui avait viré au rouge, et passa son pouce sur ses lèvres entrouvertes.
– Je peux…? répéta-t-elle.
Immédiatement, Noah compris ce qu'elle voulait, car lui aussi, il pensait à cela.
– Toujours, sourit-t-il.
Alors, lentement, dans un mouvement commun, ils se penchèrent l'un vers l'autre et s'embrassèrent, dans un baiser réconfortant.
Le coup de la peinture était bien vu, les émotions de Clave sont bien retransmises et on a de la peine pour elle.
Heureusement que Noah était là pour la réconforter, il a bien fait de l'accompagner finalement. La scène de baiser à la fin m'a pris par surprise, mais quelque part, je m'attendais à ce que ça arrive tôt où tard.
Oui, le tableau était une scène assez importante pour comprendre le ressenti de Clave.
A bientôt !