Chapitre 37 : La demi-vie

Par Isapass

Chapitre 37 : La demi-vie

 

Venzald

 

Pendant les heures qui suivirent l’arrivée des fugitifs à Tiahyne, Venzald fut assailli par des accès de fièvre, entre lesquels il grelottait. Ensgarde craignit d’abord une infection, mais l’amputation était propre. Le choc seul causait son état. L’inflammation s’apaisa peu à peu, ne laissant qu’une douleur irrégulière. Malgré cette nouvelle blessure, il était bel et bien revenu parmi les vivants.

À moins d’une lieue de Tiahyne, vers le sud, les vagues n’achevaient plus leur course en petits remous placides sur la plage, mais se fracassaient sur les anfractuosités de roche rouge qui remplaçaient le sable du rivage. C’est là que Pique-Cerle avait emmené Venzald, Alix et Ensgarde quand les pélégris s’étaient éloignés. L’entrée de la grotte où ils étaient installés n’était visible que depuis la mer. Il fallait connaître la région comme sa poche pour avoir l’idée de la visiter. Pique-Cerle para au plus pressé : il leur fournit des vivres, de l’eau et tout ce que demandait Ensgarde pour soigner Venzald. Puis, comme il risquait à tout moment d’être interrogé de très près par les pélégris, il ne remit plus les pieds au village. Intimidé comme la première fois par son petit-fils — et par la demoiselle de presque aussi noble naissance —, il était pourtant irrésistiblement attiré par sa présence et ne le quittait plus. Son penchant pour le vin d’ajonc s’était atténué.

Les traces bleues sur le cou et le visage d’Alix s’estompèrent. Les journées s’écoulèrent à attendre l’arrivée d’Albérac, sans s’éloigner de la caverne, car ils ne doutaient pas que les pélégris se trouvaient toujours dans le coin.

 

 

Le sixième jour, Venzald était assis devant la grotte avec son grand-père. Le garçon fixait l’endroit où les vagues s’écrasaient, se fragmentaient en milliers de gouttelettes qui montaient vers le ciel en panaches avant de retomber en crépitant sur la roche rouge. Le fracas diminuait, laissant place aux cris des mouettes qui tournaient au-dessus d’eux, puis reprenait inlassablement. Le spectacle apaisait Venzald. Pique-Cerle, qui avait perdu l’air ébahi des premiers jours, ne lâchait pas son petit-fils des yeux.

– J’ai cru comprendre que t’avais pas été très bien, petit, demanda le pêcheur d’une voix timide. Est-ce que ça va mieux maintenant ?

Venzald sourit aux vagues.

– Je ne sais pas. Je ne ressentais plus rien. Aujourd’hui, je goûte enfin la présence d’Alix, par exemple. Elle s’est montrée d’une gentillesse et d’une patience incroyables.

– Elle me plaît cette petite, oui ! Un rayon de soleil !

– J’ai pris conscience du dévouement d’Ensgarde, aussi. Et de la chance que j’ai de vous revoir, ajouta-t-il en posant sa main blessée sur celle du vieil homme.

Ce dernier se troubla. Il sourit de travers.

– Mais je m’inquiète pour elles, pour Albérac, poursuivit Venzald. Pour les sœurs d’Alix, à Terce. Et pour tout le royaume. Et bien sûr, je pense à mon frère. Je ne sais pas s’il est réveillé, ni même vivant. Quelque chose me dit que je le sentirais s’il était mort, mais ça n’a aucune logique.

– Moi j’y crois. La mère de ta mère, ma défunte épouse, avait une jumelle. Je l’ai pas connue, mais ma femme m’en parlait beaucoup. Les liens entre les jumeaux sont très forts. Encore plus pour vous qu’avez été attachés pour de bon.

Venzald regarda le vieil homme avec reconnaissance, puis il baissa les yeux.

– Quand j’ai perdu Alix dans la forêt, juste avant qu’elle soit attaquée par les pélégris, c’était la première fois que je me trouvais seul. Je n’ai jamais été seul, sans personne à mes côtés. J’ai eu si peur que j’ai cru en mourir. Je ne suis pas préparé à vivre séparé de Themerid. Je suis sûr que je ne saurai pas. Et surtout, je ne veux pas de cette vie. J’ai l’impression d’avoir perdu la meilleure partie de moi.

Il fit un geste vers la grotte.

– Je crois qu’ils attendent tous de moi des choses que je suis incapable d’entreprendre. Ils me surestiment. Quand j’étais allongé à côté de Themerid aux Cimiantes, Maître Elric m’encourageait à trouver des solutions pour le royaume. Mais je n’ai eu aucune idée. Sans mon frère, je ne suis rien. C’est moi qui devrais dormir. Lui, il saurait comment sauver Cazalyne.

Pique-Cerle se rapprocha de lui, entourant ses épaules de son bras.

– Lui non plus — ton Maître Elric — il a rien trouvé. Pas encore. C’est pas si simple ! Et tu devrais peut-être demander à la petite de te dire ce qu’elle en pense. Elle serait plus là si tu savais pas te débrouiller tout seul. Peut-être que tes idées à toi, elles viennent pas en réfléchissant.

Venzald lui adressa un pauvre sourire. Il appréciait les encouragements de son grand-père, mais ils ne suffisaient pas à le rassurer.

 

Le soir même, alors qu’ils s’allongeaient sur leurs lits de fortune, ils entendirent des pas sur les rochers menant à la caverne. Venzald dégaina son épée et Alix banda le petit arc que Pique-Cerle lui avait procuré en visant l’entrée. Une silhouette se découpa sur le ciel bleu de la nuit.

– C’est moi, Albérac ! annonça l’aventurier en découvrant les armes pointées sur lui.

Alix bondit sur ses pieds et se jeta sans façon dans ses bras, lui arrachant un rire.

– Maître Elric, quel soulagement ! s’exclama Venzald en se levant pour le saluer.

Même Ensgarde se déplaça pour lui tapoter l’épaule sans se départir de son air bougon.

– Comment vous en êtes-vous tiré ? interrogea Alix avec ferveur.

– J’ai pu m’échapper de la cellule où j’étais retenu. Comme elle donnait sur un à-pic, ils n’avaient pas jugé utile d’y fixer des barreaux. J’ai pris des risques, j’ai même failli y laisser ma peau, mais à force d’acrobaties, j’ai pu atteindre le bas de la falaise. Ensuite j’ai volé une monture, puis j’ai fini à pied.

– Quel courage ! s’écria Alix admirative.

– J’ai surtout eu de la chance.

– En effet, il a dû vous en falloir pour descendre une paroi rocheuse avec vos carnets, jeta Ensgarde en désignant la besace sur le flanc de l’aventurier.

Il sembla à Venzald qu’Albérac s’était crispé, mais à la lueur vacillante du feu, il n’en aurait pas juré.

 – J’ai tenté le sort, c’est vrai, répliqua l’explorateur avec une moue de dérision. Je ne pouvais pas me résoudre à les abandonner.

Il désigna la main bandée du prince.

– Votre trajet n’a pas été facile, à ce qu’il semble.

Ils s’installèrent autour du feu. Alix et Venzald racontèrent la suite mouvementée de leur voyage, interrompus de temps à autre par les grognements d’Ensgarde.

– Veuillez m’excuser d’avoir mis autant de temps à vous rejoindre, dit l’aventurier à la fin du récit. En arrivant à Tiahyne, j’ai pris le risque de m’introduire chez le bourgmestre, après avoir observé le village pendant quelques heures. J’ai constaté que le bonhomme n’appréciait pas la présence des pélégris. Il m’a parlé de ces rochers, ici, où la mer a creusé des grottes. Il soupçonnait que vous vous cachiez là.

– Vous avez eu du nez, approuva Pique-Cerle. Il est brave, le bourgmestre, il dira rien de votre visite.

– Il va même nous aider. Il m’a aussi appris ce qui se passait dans le pays.

Il leur parla des décrets sur la chasse aux bouchevreux, les restrictions de sortie pour les femmes, l’usage des livres et des écrits réservé aux seuls hommes de la noblesse, le couvre-feu, les arrestations par centaines et toutes les nouvelles mesures imposées depuis qu’ils avaient quitté Terce. Venzald sentit d’abord l’abattement le gagner. Abzal avait donc permis tout cela ? Son mentor, qu’il avait admiré depuis toujours, soumettait le peuple de Cazalyne à cette tyrannie ? Comment avait-il pu changer à ce point ?

– Pourquoi le bourgmestre doit-il vous aider ? demanda-t-il.

– Pour nous fournir des provisions pour le départ en mer.

– Je vous accompagne, prononça Ensgarde d’une voix qui ne souffrait aucune objection.

– Nous trouverons quelqu’un qui vous escortera à Terce, dit Albérac à Alix. Je suis certain que vous ne risquez rien : une fois que nous serons en mer, vous pourrez même leur révéler où nous sommes, ils ne nous rattraperont plus.

La jeune fille devint cramoisie, croisa les bras sur sa poitrine et tapa du pied.

– Je pars avec vous ! Je ne rentrerai pas à Terce. Vous venez vous-même de nous apprendre que les femmes étaient privées de sortie et de lecture. Et vous voulez me renvoyer là-bas. Pas question !

Elle s’assit en boudant ostensiblement.

– Avec quel bateau allons-nous prendre la mer ? interrogea Venzald.

Albérac se tourna vers Pique-Cerle.

– Justement, j’espérais que nous pourrions utiliser le vôtre, Monsieur.

– Avec plaisir, seigneur ! répondit le pêcheur.

Albérac lui serra la main pour le remercier.

– Alors nous partirons dans deux jours.

 

***

 

Le manteau bleu

 

Il n’avait pas souvent fixé d’entrevue, préférant les messages écrits pour des soucis de discrétion. Toutefois, après des années à être lui-même convoqué, cette occasion le grisait. Certes, il devrait se contenter de commander dans l’ombre encore quelque temps, mais son rôle s’étoffait. Le jour se rapprochait où il exercerait le pouvoir. En plein jour, sur le trône.

Il avait choisi le faubourg des corneries, pour le symbole. Son invité n’avait pas dû y revenir souvent et le souvenir qui y était associé devrait tuer dans l’œuf toute velléité de rébellion. Une étoffe sur la bouche pour filtrer l’odeur des abattoirs, il s’assura que le capuchon de son long manteau bleu le dissimulait bien et parcourut une nouvelle fois la place pour vérifier qu’elle était déserte. En principe, le couvre-feu le mettait à l’abri des curieux, mais il ne pouvait se permettre une erreur. Il revint ensuite se poster sous le cèdre. Une silhouette apparut, enveloppée d’une cape et coiffée d’un chapeau. Malgré l’habit, il reconnut sans hésiter la taille élancée, le pas souple d’Abzal Kellwin.

Le régent en personne réduit à devoir accepter un rendez-vous nocturne dans ce quartier puant... Il retint un rire de satisfaction.

– Pourquoi ici ? demanda Abzal d’une voix dure quand il arriva près de lui.

Il n’y a pas si longtemps, le petit frère du roi aurait sué de peur. Il aurait tremblé en jetant des regards affolés autour d’eux. La régence l’avait habitué à commander, semblait-il. Il se comportait comme s’il accordait la faveur de sa présence.

– Eh bien, Régent, seriez-vous contrarié par ce rendez-vous ? Pourtant, lorsqu’on dirige un royaume, il faut en connaître tous les aspects, les riches comme les plus pauvres. Je devine que vous n’avez pas visité ce faubourg depuis très longtemps, non ?

– Épargnez-moi vos sarcasmes, voulez-vous. Ce qui me contrarie, ce sont ces décrets que vous me contraignez à signer. Ces persécutions, ces privations de droits qu’exige l’Ordre. Comment pouvez-vous admettre ça ? Je vous connais suffisamment pour savoir que vous n’y souscrivez pas.

– C’est vrai, je n’y tiens pas, mais c’est bien peu pour accéder à son destin. Il nous faut contenter nos alliés. Si votre conscience vous taraude, faites comme moi, regardez ailleurs.

– Ailleurs ? s’impatienta le régent. Mais où ? À chaque coin de rue, une troupe de pélégris sans visages surveille tout, les prisons débordent, les miséreux crèvent devant leur porte ! Je ne supporterai pas longtemps ces abjections !

Abzal tremblait de rage et semblait sur le point de le frapper.

– Bien sûr que si, vous supporterez, asséna-t-il d’une voix sifflante en dardant ses yeux dans ceux du régent. Dois-je vous rappeler pourquoi ?

Le frère du roi recula d’un pas.

– Parce que vous êtes un de ces monstres, continua-t-il en avançant sur lui. Parce que si quelqu’un l’apprenait, vous seriez pendu à un échafaud, les paupières arrachées, en réponse au décret autorisant l’arrestation et l’exécution de tous les bouchevreux. Décret que vous avez vous-même signé, d’ailleurs. N’est-ce pas ironique ? Parce que vous êtes lâche et que vous privilégierez toujours votre petite vie plutôt que celles des autres.

Les épaules d’Abzal se voûtaient sous les coups.

– Dois-je vous remémorer que j’ai tué pour vous ? poursuivit-il encore, pour bien lui rappeler qui était le maître. La première fois ici-même, et la seconde en Listène, cette jolie parfumeuse, pour protéger votre répugnant secret. Alors étouffez vos états d’âme et continuez à m’obéir. Vous n’avez pas le choix.

Un pli amer barrait la bouche d’Abzal. Bien. Il revenait à la raison.

– Pourquoi vouliez-vous me rencontrer ? interrogea le régent.

– Parce que je me demande si vous ne savez pas où est le prince qui a disparu de façon si mystérieuse sur la côte de Landeterre. À Tiahyne, pour être précis. Les pélégris ont retourné le coin sans rien trouver. Si vous avez la moindre idée de l’endroit où il se cache, vous avez tout intérêt à vous en souvenir. Si vous n’étiez pas si pleutre, je vous soupçonnerais d’avoir vous-même organisé sa fuite.

– Bien sûr que non ! cracha Abzal. Pourquoi voudriez-vous que je l’aide ? Je vais donner l’ordre de poursuivre les recherches.

– Bien. Et promettez-moi que vous allez rester sage.

Une ultime étincelle s’alluma dans les yeux du régent. N’était-il pas encore maté ? Il soutint un instant le regard de son maître, puis baissa le front.

– Rentrez donc au château, jeta ce dernier avec un sourire de mépris, et fermez les rideaux sur ce qui vous dérange. Vous trouverez bien une soubrette qui vous distraira.

Sur un geste de lui, Abzal partit sans demander son reste. Il savoura le goût de la victoire. Le régent ne se rebellerait plus.

 

***

 

Elvire

 

Les jours traînaient, identiques, mornes. Celui-ci venait à peine de commencer, mais Elvire soupirait déjà d’ennui. Elle avait renoncé à sa broderie qui gisait à ses pieds.

Elle contemplait Themerid, immobile comme un mort. Elle s’approcha de lui et s’assit sur le lit. Elle s’installait souvent à ses côtés quand elle était seule avec lui. Elle tendit la main vers sa joue. Sa pâleur était telle que la tiédeur de sa peau la surprit. Il ne donnait jamais de signes de vie. S’il mourait pendant qu’elle était dans la pièce, s’en rendrait-elle compte ?

Il avait changé depuis qu’il était allongé là. Il avait beaucoup maigri. Son visage s’était creusé, étiré. Il paraissait plus vieux. Peut-être à cause de la barbe naissante ? Les servantes ne le rasaient pas tous les jours.

– Un mouvement, Themerid, murmura-t-elle à son oreille, un tout petit, pour que je sache que je ne veille pas pour rien, je t’en prie.

Elle n’y croyait pas vraiment, pourtant elle ne put s’empêcher d’être déçue quand sa supplique resta sans réponse. Elle regagna son fauteuil et reprit son ouvrage.

Flore et Renaude la rejoignirent.

– Tu devrais aller faire quelques pas dans la grande cour, suggéra Flore. L’air est très doux, c’est agréable.

– Votre sœur a raison, Elvire. Ne vous enfermez pas ici.

Elvire acquiesça sans ardeur. Elle allait sortir, quand un hoquet de Flore l’incita à se retourner. Themerid s’était dressé, assis, les yeux grands ouverts braqués dans sa direction. Il inspirait de grandes goulées d’air comme s’il reprenait son souffle après avoir nagé sous l’eau. Les trois femmes, figées par la stupeur, n’avaient pas esquissé un geste. Tout à coup, des larmes coulèrent sur ses joues.

– Venzald ! appela-t-il d’une voix éraillée. VENZALD !

Elvire, retrouvant ses esprits, se précipita vers lui tandis qu’il forçait sur sa gorge en suppliant :

– Non, non, non, non... 

Avant qu’elle parvienne jusqu’à lui, il retomba sur l’oreiller, paupières closes. La jeune fille plaqua une main fébrile sur sa poitrine.

– Renaude, cria-t-elle, paniquée, je ne sens plus son cœur !

La nourrice accourut, souleva la chemise du garçon, cherchant le pouls à son tour.

– Il ne bat plus, souffla-t-elle.

 

***

 

Venzald

 

La côte s’éloignait. Elle se transformait en un long ruban, rouge du côté de la caverne, blanc à la hauteur de Tiahyne. Entre Venzald et elle, les flots gris fer de la mer de Tornaille.

Il quittait Cazalyne pour la première fois et découvrait la force du lien qui l’y attachait. Le vent l’éloignait de sa terre et de ceux qu’il aimait. Et de Themerid. Il se sentait si vide, si vain. Où était la colère qui l’avait ranimé ? Anéantie par toute cette eau profonde et froide qui l’attirait. Il lui suffisait de se pencher, de se laisser basculer...

Le bras d’Alix se glissa sous le sien.

– C’est beau, n’est-ce pas ? dit la jeune fille en inspirant l’air marin.

Avoir obtenu gain de cause la mettait d’excellente humeur.

– Je sais que c’est très dur pour toi, ajouta-t-elle, soudain grave. Mais c’est temporaire. Moi aussi je veux revoir mes parents et mes sœurs, et Arc-Ansange. Nous suivrons le plan de Maître Elric ! Et nous reviendrons, tu pourras chasser le Haut-Savoir.

 Quelle exaltation, quelle confiance... Elle ne doutait pas un instant que les beaux jours seraient de nouveau là. Du haut de ses douze ans, elle semblait capable de sauver le royaume à elle seule. Venzald sourit malgré lui, il entoura de son bras les épaules de sa jeune compagne. Déjà, la situation lui paraissait moins sombre.

Ensgarde, enveloppée d’une cape de chouvre, contemplait le rivage qui perdait de sa netteté, et s’effacerait bientôt. Albérac aidait Pique-Cerle à hisser la voilure. Un élan de reconnaissance soulagea les pensées tourmentées du prince. Alix avait raison, il fallait réussir pour revoir ceux qu’ils aimaient, ce en quoi il croyait. Ce n’était pas la colère qui le porterait, mais l’espoir. Ils trouveraient le remède contre le blé de cendre. Ensuite, ils lèveraient une armée pour chasser l’Ordre. Pour retrouver son frère, Flore et Elvire. Pour que Cazalyne redevienne le paisible royaume de son père, de la reine Blanche et d’autres souverains avant eux.

– Merci, Alix, murmura-t-il.

Elle se tourna vers lui et plongea son regard dans le sien.

– C’est à moi de te remercier. Tu m’as sauvée l’autre jour. Tu as oublié ta douleur pour me...

Elle s’interrompit et son sourire s’effaça tout à coup.

– Tes yeux ! s’écria-t-elle. Ils sont bleu pâle ! Comme ceux de Fl…

La fin de sa phrase ne lui parvint pas. Le bateau disparut. Venzald se trouva soudain dans sa chambre, à Terce, assis sur le lit, le souffle court. En face de lui, Elvire, la main sur la poignée de la porte, le dévisageait bouche bée. Il s’entendit crier son propre nom, il vit la jeune fille courir vers lui tandis qu’une plainte s’échappait de sa gorge. Et puis plus rien, le noir, le silence.

 

FIN DU TOME 1

 

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Edouard PArle
Posté le 06/01/2022
Coucou !
Albérac a été libéré par Lancel, j'aime pas du tout ça, c'est ultra louche je vais pas connaître un instant de répit s'ils voyagent ensemble dans le tome 2 (quelle cruauté...)
"Pourquoi ici ? demanda Abzal" Abzal n'est pas le manteau bleu, bon ce n'est clairement pas une grosse surprise de mon pdv mais on prend^^ j'aurai éspéré un indice sur le manteau bleu au vu de la longueur de la scène mais je n'ai rien trouvé
ahhh mais oui il le fait chanter psk il a découvert qu'il était un bouchevreux ça paraît évident mais je n'y avais pas plus pensé que ça. (je me sens si bête^^)
"et la seconde en Listène, cette jolie parfumeuse, pour protéger votre répugnant secret." ahhh c'est lui, le vilain !
"Il ne bat plus, souffla-t-elle." nonnnn t'as pas pu faire ça, j'y crois pas... aïe ça fait si mal, je ne m'attendais pas à ce que tu oses
Enfin, j'aimerais bien un épilogue du pdv de Sara (j'arrive pas à croire qu'elle soit morte xD). La voir manipulée par un antagoniste ce serait tellement ouf. Bien sûr ce n'est pas à moi de décider et ce n'est qu'une suggestion.

Bon pour l'ensemble du livre : c'était GENIAL
Je ne m'attendais pas à lire de telles pépites en lecture numérique, j'ai passé un moment incroyable. J'aimais beaucoup les P1 et P2 mais alors la 3 et 4 quelle dinguerie...
C'était une montagne russe émotionnelle avec des révélations à tout-va qui me forçaient à pousser toujours plus loin ma lecture.
Ton style est très bon, élégant mais sans fioritures ce qui sert ton récit.
La galerie de personnages est de très grande qualité. J'aime beaucoup ton traitement d'Abzal et Iselmar. J'ai du mal à donner un préféré, peut-être Alberac (surtout pour la fin de tome) ou Conrad (la scène où il décapite un pélégri est génial). Les princes ne m'intéressaient pas plus que ça au début mais on s'attache de plus en plus à eux avec l'avancée de la lecture.
Je vais avoir du mal à faire une pause avant le tome 2, la suite m'appelle.. Je serais en tout cas super content de pouvoir découvrir la suite des aventures des princes liés et de Cazalyne...
A très très bientôt !
Isapass
Posté le 07/01/2022
Et oui : Lancel a bien libéré Albérac... et celui-ci ment à ce propos ! (rire d'auteure sadique)
Voilà, c'est officiel, Abzal n'est pas le manteau bleu. Et c'est bien le manteau bleu qui a tué la bouchevreuse du début (celle qui annonce à Abzal qu'il est bouchevreux) et la parfumeuse du marché. Mais qui est-il donc ?! (je sifflote..)

Ton idée de Sara utilisée par l'ennemi est excellente, je l'aime beaucoup ! Je ne sais pas si je pourrais l'intégrer, mais je vais essayer. Par contre, si je colle ça en épilogue du tome, ça risque de faire une fin encore plus dark : l'utilisation des bouchevreux par l'Ordre, ce n'est pas vraiment un bon présage ! Ceci dit, tu verras que j'avais déjà eu l'idée de faire utiliser des bouchevreux par l'Ordre dans le t2 ;) Mais le faire avec un perso connu, ce serait encore mieux !

Rhooo la la, tous tes compliments sur le tome me font rougir ! Je suis vraiment ravie que ça t'ait plu à ce point ! "Une dinguerie" ?! Je... je ne sais pas quoi dire... (je vais verser une petite larme, tiens).
C'est marrant que Conrad fasse partie de tes perso préférés, parce qu'on ne le voit vraiment pas beaucoup. Enfin tant mieux : ça veut dire que je l'ai bien réussi (le pauvre...). Albérac je comprends mieux, et du coup tu vas beaucoup le voir par la suite.
Ca ne m'étonne pas que les princes te passionnent moins au début : ils sont jeunes, et je pense que la partie 2 ne les sert pas très bien. Ton opinion m'intéressera beaucoup d'ailleurs, parce que je n'ai eu jusqu'ici (presque) que des lectrices pour le tome 2. Leurs préférences allaient vers les soeurs de Hénan, mais peut-être que de ton côté, tu t'identifieras plus aux persos masculins.
Tu n'es pas obligé de faire de pause, hein, moi ça me va bien que tu continues ;) Non, je plaisante, tu lis quand tu veux évidemment. J'ai déjà beaucoup de chances d'avoir autant de commentaires (au total, en cumulant les versions et les tomes, la saga a dû recevoir pas loin de 1000 commentaires... je n'en reviens pas O_o).
En tout cas, je te remercie pour tes remarques affûtées, tes idées brillantes et ton enthousiasme qui m'a redonné foi dans ce tome et envie de m'y replonger ! Merci mille fois !

J'ai juste une remarque pour finir : je suis étonnée que tu n'ai rien dit sur la toute fin du chapitre. Il me semblait pourtant que le scoop était de taille ! Mais je sais qu'il n'est pas très clair et que tout le monde n'a pas compris. Ou alors tu t'en doutais déjà ?
Edouard PArle
Posté le 07/01/2022
"mais peut-être que de ton côté, tu t'identifieras plus aux persos masculins." pas sûr pas sûr xD Mais j'ai parfois des goûts de personnages un peu à contre-courant, donc on verra ce que donne le t2...
Par rapport à la toute fin de chapitre, oui c'est un élément intéressant d'introduire un pouvoir à Venzald qui ouvre beaucoup des possibilités. Mais en toute franchise, je ne suis pas un immense fan de magie (sans la haïr non plus^^) et j'aime bien le fait que tu ne l'utilises pas trop dans le tome. Mais bon, ce sera sans doute nécessaire pour renverser la situation qui paraît bloquée. Tant que ce n'est pas du deus ex machina à la pelle, ça ne me dérange pas. Mais je te fais pleine confiance à ce niveau-là, tu as dû préparer un très bon scénario. Est-ce que je m'y attendais ? Bah en fantasy on s'attend souvent à ce qu'un peu de magie s'invite oui donc ce n'est pas le gros scoop de mon pdv^^ Mais c'est vrai que ça a dû surprendre beaucoup de lecteurs.
"ton enthousiasme qui m'a redonné foi dans ce tome et envie de m'y replonger !" Ca me fait super plaisir de lire ça, si tu veux me faire découvrir des chapitres de ta nouvelle version n'hésite pas, ce sera avec plaisir (=
Fannie
Posté le 02/09/2020
Et tu nous plantes là, en nous laissant nous demander si Themerid est vraiment mort. Tu es trop cruelle !  ;-)
Venzald est encore plus fort que les bouchevreux : non seulement il ne touche pas Themerid, mais il est loin de lui quand il établit la connexion télépathique.
Bon, Abzal n’est pas le manteau bleu, mais il est sous sa coupe ; c’était une de mes hypothèses. Pour autant, ça ne rattrape pas le mal qu’il a fait. C’est quand même lui qui s’est compromis avec ce sinistre personnage.
Si Abzal est le père biologique des princes, comme pensent certaines commentatrices, ça voudrait dire que la gentille petite reine a elle aussi trahi son mari. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Abzal soit capable d’une telle chose, mais Almena semblait aimer sincèrement Einold et j’ai de la peine à l’imaginer avoir une aventure extraconjugale.
On sent bien que le problème du blé de cendre est déterminant. Venzald pense qu’en ramenant l’antidote, il va réussir à vaincre l’Ordre. Mais maintenant que ses suppôts ont pris le pouvoir dans tout le royaume et qu’ils le tiennent par la force, ça ne va plus changer grand-chose (puisque ceux qui se rebellent sont emprisonnés ou tués). Donc à moins qu’un ou plusieurs personnages clés de l’organisation retournent leur veste, je vois mal comment ils pourront s’en sortir. Tu as tellement bien verrouillé la situation qu’elle paraît sans issue.
— La première fois ici-même, et la seconde en Listène [ici même / je ne mettrais pas la virgule avant « et »]
C’est tout ce que j’ai trouvé…
Si je fais abstraction des scènes que ma sensibilité exacerbée rend pénibles, c’est une très belle histoire, dans laquelle je ne me suis pas ennuyée une minute. L’intrigue est complexe sans qu’on s’y perde, les personnages, bien campés, ont des personnalités diverses, ils sont émouvants et attachants, même si par moments certains d’entre eux peuvent être agaçants. S’il y en a certains auxquels on ne s’attache pas, on aime les haïr.
Faire de deux frères siamois les héros de ton histoire était certainement un pari risqué, mais tu l’as relevé magistralement. D’une certaine manière, ce sont des antihéros. Bien que ton récit se déroule dans un monde médiéval, tu t’affranchis des rôles habituels, notamment avec ces personnages féminins qui ont du caractère et s’imposent naturellement.
J’espère vraiment que ton roman remportera le succès qu’il mérite, aussi hors de PA.
Voilà. Bien que le tome 2 soit déjà disponible, j’attends que tu déclares ouverte la chasse aux virgules et je découvrirai la suite de l’histoire en même temps.  ;-)
Isapass
Posté le 02/09/2020
Oui, comme je te le disais, certaines plumes m'ont reproché cette fin de tome en forme de grooooos cliffhanger... et d'autres ont adoré. Je crois qu'il n'y a pas de règles (et qu'on ne peut décidément pas plaire à tout le monde !)
Les pouvoirs de Venzald, bien sûr, on va en savoir plus dans le tome 2, tu penses bien !
En effet, tu avais émis très tôt l'hypothèse qu'Abzal n'était pas le manteau bleu, mais son pion. Je crois même que personne n'avait compris plus tôt que toi : la plupart des lecteurs pensaient encore que c'était lui jusqu'au point de vue du manteau bleu, dans ce chapitre.
Comme dans ma réponse précédente, je ne confirmerai évidemment aucune hypothèse, mais je note avec plaisir que tu te creuses la tête pour comprendre ;)
Je note aussi avec plaisir que tu n'as pas trouvé beaucoup de coquilles ! Hourra !
Quant à ton commentaire global, il me touche beaucoup ! Je suis flattée et ravie de t'avoir fait passer quelques bons moments de lecture. Ravie aussi que tu te soies attachée aux personnages (ou que tu aies aimé les haïr XD, certains sont là pour ça !).
Je me rends bien compte que le choix de deux siamois comme héros est original, j'espère juste avoir bien exploité l'idée. Je ne voulais pas que ça ne tourne qu'autour de ça, mais ça n'aurait pas d'intérêt non plus si cette particularité ne faisait aucune différence avec d'autres héros. Ça me va bien, si tu penses que ce sont des antihéros ! Et en effet, mes personnages féminins ont pris de la place ! Plus exactement : je leur ai fait de la place parce que ça m'intéressait aussi. Particulièrement les trois sœurs de Hénan qui prennent toutes leur ampleur dans le tome 2.
Merci beaucoup pour tes vœux ! C'est vrai que j'aimerais vraiment que la saga puisse trouver un éditeur, mais ça reste mon premier gros projet, alors ce serait vraiment beaucoup de chance.
Je ne manquerai pas de te prévenir quand le tome 2 sera prêt pour ton œil de lynx ;) Il faut cependant que je te prévienne : il risque d'y avoir encore quelques scènes qui te feront grincer des dents.
Encore une fois, je te remercie chaleureusement pour ta lecture, le partage de tes ressentis et hypothèses de lectrice, et tes relevés de coquilles digne d'une correctrice professionnelle !
Merci !
ludivinecrtx
Posté le 05/07/2020
Fini ^^

Bon je pense pas qu'il soit mort.. du moins je l'espère ?
Bon alors finalement Abzal n'ets pas le manteau bleu mais il le craint. Dis moi, c'est héréditaire d'être bouchevreux ? Dans ce cas les jumeaux peuvent être les fils d' Abzal... ^^ quelques théories lâchées comme ça lol
Isapass
Posté le 05/07/2020
J'aime lire les théories, tu fais bien de me les partager ;)
Et non, Abzal n'est pas le manteau bleu ! Il faudra attendre la fin du tome 2 pour savoir qui c'est, ou alors deviner toi-même ;) (enfin, si tu as envie de lire le tome 2, bien sûr, pas d'obligation).
Pour le côté héréditaire des pouvoirs, c'est une question très pertinente... à laquelle je ne répondrai pas , bien sûr XD
J'espère que cette lecture t'aura fait passer de bons moments. En tout cas je t'en remercie beaucoup et pour tes commentaires aussi !
A bientôt !
Notsil
Posté le 22/06/2020
Tiens tiens, Albérac, de retour si facilement ? Hum, même s'il a une certaine expertise avec les falaises, je crois qu'Ensgarde a raison d'être soupçonneuse...

Albaz n'est donc pas le manteau bleu, mais le craint, tiens tiens tiens.... sera-t-il vraiment maté, ou honorera-t-il son serment ?

Bon, le titre du chapitre, les allusions au lieu de jumeaux.... que Themerid meure ne fut pas vraiment une surprise (pourquoi si tard, pourquoi nous laisser espérer ^^). Enfin, son coeur pourrait repartir avec un massage éventuel, ou avec les pouvoirs du frérot, mais mais.... est-ce qu'un choc émotionnel débloque les pouvoirs, du coup ?

L'Ordre qui tue tous les bouchevreux, ça les écarte définitivement, en plus.

Une belle conclusion qui donne envie d'attaquer immédiatement la suite ^^

Que de révélations, ce livre c'est les montagnes russes émotionnelles ^^
Isapass
Posté le 22/06/2020
Et non, en effet, Abzal n'est pas le manteau bleu... Du coup, il va falloir trouver qui c'est dans le tome 2 ;)
L'Ordre tue ceux qu'ils croient être bouchevreux, hein. Mais comme ils pensent que ce sont ceux qui ont les yeux bleus, alors que nous on sait que non, ils ne tuent pas les bons, en fait. Parce que à part les bouchevreux eux-mêmes, personne ou presque ne connait le truc de la ligne dans la main.
Encore une fois, un énorme merci pour ta lecture et tes commentaires. Je suis ravie de t'avoir fait passer un bon dimanche :)
J'espère que tu aimeras aussi le tome 2, mais il faudra que tu soies indulgente : autant celui-ci a fait l'objet de plusieurs vagues de corrections, autant le tome 2 est encore un premier jet.
A bientôt !
Notsil
Posté le 22/06/2020
Avec plaisir ! J'aime pouvoir m'embarquer dans une histoire prenante ^^ Et pas de souci pour le tome 2, je m'y attaquerai prochainement, et je verrai si je note une différence ^^
Luna
Posté le 07/06/2020
Ça y est, je suis au bout du tome 1 !!! J’ai lu en mode fantôme durant le mois qui vient de s'écouler, mais comme je te l’avais dit, je tenais à te faire un retour global, une sorte de bilan de lecture pour te donner mes impressions. Je ne sais plus trop si cette version-là est la version finale, il me semble que tu m’avais dit que tu y avais encore apporté des modifications depuis, donc je ne vais pas rentrer dans des considérations techniques sur le style (je serai bien en peine de te faire des remarques là-dessus de toute façon, ta plume est déjà tellement belle !) ou des remarques très précises sur le fond, car je ne veux pas chambouler quoi que ce soit ou te donner des doutes par rapport aux envois que tu as fait. De toute façon, j’ai eu le sentiment d’avoir sous les yeux un texte déjà très abouti. Je pense que je l’aurais dévoré en quelques jours s’il ne m’était pas si difficile de lire sur un écran (dès que je le pourrai, à moi la liseuse !).

Je me suis régalée du début à la fin, vraiment ♥ tu m’as fait rêver, tu m’as fait voyager, tu m’as fait rire, tu m’as même fait pleurer parfois ! Et me voilà au bout, extrêmement attachée à chacun de tes personnages et surtout admirative pour le travail que tu as accompli jusque-là.

D’abord en termes de style et de rythme (oui j’avais dit que je n’allais pas faire de remarques, mais je veux absolument souligner ce que j’ai aimé), je sens effectivement une différence avec les autres écrits que j’avais pu lire de toi. J’ai encore assez bien en tête cette petite pépite qu’est Walter Cobb et ça me frappe d’autant plus. Tu as une patte spécifique qui fait qu’on te reconnait (notamment dans les descriptions et les introspections, on sent que c'est toi quand on connaît ta plume), mais tu parviens à changer de registre en explorant une autre histoire, dans un autre univers et dans un autre genre, ce qui fait qu’on découvre de nouvelles facettes à ton écriture et on comprend à quel point elle est riche. Pour autant, je crois que je rejoins un peu le constat de certaines plumes (il me semble) partagé avec des retours de ME concernant le rythme sur la première moitié de ton roman. En soi, moi j’adore les histoires qui prennent leur temps, les descriptions et les introspections qui durent, surtout que tu as un talent particulier pour cela. Mais j’ai aussi conscience que d’autres lecteurs attendent d’un roman jeunesse des rebondissements plus marqués, plus réguliers et surtout plus d’action (même si moi je ne suis pas forcément d’accord avec ça). Je trouve cependant que tu es parvenue pour le moment dans Walter Cobb à trouver ce « bon » dosage, cet entre-deux qui permet à tes descriptions et tes introspections d’être vraiment mises en valeur parce qu’elles ressortent d’autant plus. Après je serai bien en peine de te dire ce qu’il faudrait « mettre de côté » ici, car j'aime tellement tes descriptions et tu sèmes tellement d’indices que j’aurais la sensation de rater quelque chose si tu enlever quoi que ce soit. Je n’en dirai pas plus à ce sujet parce que je sais que tu attends encore des retours de tes envois, mais si tu veux en parler, ce sera avec grand plaisir ! Et une dernière chose, j’ai été émerveillée par ton inventivité sur les noms, autant de personnages que de lieux ou d’animaux.

Concernant les focales, wahou, juste WAHOU. Je ne sais trop quoi dire d’autre, je suis impressionnée que tu parviennes à jongler avec autant de personnages et de points de vue. Je sais que d’autres auteurs le font, mais ça m’impressionne toujours quand ça fonctionne aussi bien ! Je me suis simplement fait une petite réflexion à la deuxième moitié du roman, il me semble que c’est proche de la fin de la troisième partie, quand il y a une irruption des pensées écrites à la première personne dans l’un des POV de Venzald. Il me semble que l’on n’en trouve pas avant (sauf peut-être une ou deux fois dans le POV d’Abzal, mais je dis peut-être une bêtise) et j’ai donc été un peu surprise de les voir apparaître. J’ai compris après leur importance et je les trouve très intéressantes dans la mesure où elles donnent une consistance particulière à la relation entre les princes.

Au niveau de l’intrigue, je suis vraiment soufflée. Le manteau bleu est une superbe trouvaille. La manière que tu as de le faire intervenir à certains moments mais pas à d’autres, de lier ses apparitions avec l’évolution d’autres personnages et de certains rebondissements, fait qu’on ne cesse de se dire qu’on a compris qui il était pour finalement se dire au chapitre suivant que non, ce n’est pas possible. Bref, je te tire mon chapeau parce que c’est très bien mené et c’est l’un des éléments clés qui font qu’on a envie de continuer à lire et à lire encore ! Ensuite, le nombre de tes personnages entraîne un certain nombre de sous-intrigues que j’ai toutes trouvées extrêmement bien menées. On finit par comprendre à quel point elles sont toutes très entremêlées les unes aux autres, notamment le blé de cendre qui va constituer l’une des clés pour le second tome si j’ai bien compris. Le Haut-Savoir fait froid dans le dos. Je les trouvais relativement louches dès le début, mais la manière dont ils prennent enfin le pouvoir est terrifiante ! Tout ce que tu as construit également autour des bouchevreux est vraiment chouette. L’idée du préjugé sur les yeux bleu clair en particulier est super, car ça résonne avec la triste réalité du racisme en en prenant justement le contre-pied. Ça permet à des lecteurs aux yeux bleus comme moi de vraiment réfléchir à ce que ça serait de marcher dans les bottes de victimes de racisme au quotidien et finalement de faire un parallèle avec la réalité en se rendant compte de ce que peut être le quotidien d’autres personnes victimes de préjugés, voire de violences racistes ou de xénophobie.

Enfin, les personnages. Tu as une galerie impressionnante de personnages qui sont tous superbement dépeints et caractérisés. Au début j’ai eu tendance à m’emmêler un peu les pinceaux avec les personnages secondaires (notamment les ministres), mais honnêtement ça ne m’a pas gênée dans ma lecture. J’ai une affection particulière pour les trois sœurs d’Arc-Ansange, je me suis demandée pourquoi tu nous en présentais trois dans l’histoire et à la fin on comprend vraiment l’importance de chacune d’elles. Elles sont à la fois chacune unique et pourtant semblables sur bien des points (leur attachement profond pour les princes, leur courage, leur loyauté…). Évidemment comme beaucoup d’autres de tes lecteurs j’ai vraiment adoré le personnage d’Abzal, j’avais lu dans une de tes réponses à un commentaire que tu étais assez fière de lui et tu peux l’être, il est incroyable : à la fois on le déteste et on l’adore, je ne sais pas comment tu fais xD les personnages en teintes « grises » sont difficiles à créer je trouve et ici tu t’en sors à merveille. J’ai bien ma petite théorie le concernant, je pense qu’il y a un rapport avec son père en plus de ses motivations pour sa propre vie, mais bon, remarque je n’en sais encore rien hé hé ! J’ai vraiment hâte de découvrir le tome 2 pour en apprendre plus à son sujet. Einold ensuite. Même s’il y a eu des moments où j’avais sérieusement envie de lui donner des baffes (désolée xD), c’est un personnage qui m’a énormément touchée et qui m’a même arrachée des petites larmes. Je suis vraiment heureuse qu’il ait réussi à s’ouvrir à ses fils avant la fin. Ensgarde, ah la la, qu’est-ce que je l’aime elle aussi ! Il me semble que tu ne comptais la garder autant au début mais qu’elle s’est un peu invitée d’elle-même et je suis bien contente que tu lui ai laissé de la place, c’est encore un autre personnage que j’adore ! Je pressens une relation très chouette se construire entre elle et Alix, je sens qu’elles se comprennent mutuellement. Et évidemment je ne pourrai pas parler de tous tes personnages, mais je ne pas finir ce pavé honteusement long sans parler des princes ♥ qu’est-ce qu’ils sont touchants tous les deux. Quelle magnifique idée tu as eue de mettre en scène ces héros atypiques et si attachants. J’avais pressenti qu’ils finiraient séparés à cause du titre de la troisième partie et je redoutais ce moment. Même en y étant préparée, j’ai vraiment trouvé ce moment déchirant. Je comprends pourquoi tu m’avais prévenue que certaines plumes te qualifiaient de sadique xD et pourtant, bien que ce soit absolument horrible, j’ai la sensation que cette séparation va leur permettre de cheminer chacun de leur côté (non je refuse de croire que Themerid soit mort, je fais peut-être un déni, mais tant pis xD). Ils étaient déjà chacun très bien caractérisés et j’imagine que cette épreuve va leur construire une nouvelle sorte d’identité. Ce qui en fait un roman initiatique sur la quête d’identité de l’adolescent vraiment intéressant, loin de tout ce que j’ai pu lire de semblable auparavant en littérature jeunesse. J’aime aussi beaucoup cette idée de mettre en scène des héros « différents ». Tu parviens à nous montrer que ce qu’on considère comme « normal » dans l’apparence physique est une construction sociale qui peut être parfois durement vécue lorsqu’on sort enfin de son cocon et qu’on est confronté à des regards peu bienveillants. Alors quand survient la déchirure, comme les princes, j’ai eu l’impression que les séparer était ce qui était vraiment « contre-nature ». Je pense aussi que ce sont des héros nécessaires, on a tellement besoin de nouveaux symboles de ce genre-là dans nos représentations ! Je suis peut-être un peu naïve, mais je crois foncièrement que la littérature, comme tout autre forme d’art, contribue à l’évolution des représentations et à la diminution des comportements discriminants. Mais au-delà de tout ça, ce que j’ai aussi beaucoup aimé, c’est leur relation qui est extrêmement touchante.

Bon je pense que j’oublie de dire dix mille trucs que j’ai également aimés, mais ce commentaire commence à être beaucoup trop long, donc je te ferai part de mes hypothèses pour la suite lors de ma lecture du tome 2 ;) et pour finir, je te tire une fois de plus mon chapeau et je me jette vraiment la pierre pour ne pas être allée découvrir plus tôt ce très beau roman. Je vais entamer sans tarder le tome 2 et cette fois-ci je commenterai chapitre par chapitre, puisqu’il me semble que tu en es au premier jet.

À très bientôt Isa et merci de nous avoir partagé cette très belle lecture ♥
Isapass
Posté le 09/06/2020
Comme je te l'ai dit, j'ai lu ton commentaire avec délice et je te remercie pour ça ! Je ne sais même pas ce que je vais te répondre parce que c'est tellement positif que j'ai du mal à y croire ! Ca fait beaucoup de bien, d'autant que les derniers chapitres du tome 2 ont du mal à sortir parce qu'après le rush du confinement, j'ai une bonne crise de doutes pour la fin.
Cette version est à peu près la dernière, à quelques passages près (j'ai eu la flemme de reporter tous les changements mineurs sur FPA), mais depuis les retours des ME (ceux de Gallimard, notamment), j'ai apporté des améliorations, surtout dans la partie 2. Par exemple, la scène où les jumeaux rencontrent Sebast qui est devenu pélégri n'existait pas, ni celle où Flore rencontre Sara. Et j'ai tout redécoupé pour faire de meilleurs cliffhanger parce que c'est vrai que la partie 2 était un peu trop molle. C'est renforcé par mon parti pris de raconter la naissance, en fait, qui pourrait n'être qu'un prologue. C'est comme si le roman avait deux débuts, puisqu'on change complètement de décor ET de personnages au début de la partie 2. Tant mieux si tu n'as pas eu de problème avec le rythme, parce que j'y ai beaucoup travaillé ! D'ailleurs tu verras que le tome 2 a un rythme beaucoup plus rapide. J'espère quand même que tu y retrouveras le ton qui t'a plu.
"Je me suis régalée du début à la fin, vraiment ♥ tu m’as fait rêver, tu m’as fait voyager, tu m’as fait rire, tu m’as même fait pleurer parfois ! Et me voilà au bout, extrêmement attachée à chacun de tes personnages et surtout admirative pour le travail que tu as accompli jusque-là." : je fonds ! rien que cette phrase me suffit à être heureuse !

Les pensées en italique, on en trouve un petit peu avant, mais c'est vrai que je n'ai pas vraiment le réflexe. Je n'en ai mis que pour préparer le dialogue imaginaire entre les jumeaux, mais c'est vrai que ce n'est peut-être pas assez... Je note ta remarque.
Gallimard m'a un peu reproché le nombre de focales. Mais je n'ai pas voulu en démordre : la toute première version des PL était en narration omnisciente et ça tenait trop éloigné des personnages pour qu'on s'y attache. Du coup j'ai tout réécrit en point de vue interne, mais pour autant, je ne voulais pas me priver de certains personnages, que j'ai même étoffé. Malgré le titre, je voulais raconter l'histoire du royaume et pas seulement des princes. Dans le tome 2, il y a un peu moins de focales car j’ai gardé les mêmes, mais comme certains personnages sont morts… Le tri s’est fait de lui-même XD
Isapass
Posté le 09/06/2020
L'intrigue... alors elle est effectivement très complexe, à tel point que j'ai dû me résoudre à faire un plan ultra détaillé (ce qui était contraire à mes principes XD), pour ne pas me perdre. J'ai eu peur qu'elle soit trop compliquée, mais quelques lecteurs.trices particulièrement attentifs aux détails et aux indices m'ont confirmé grâce à leurs impressions qu'à condition de chercher la petite bête, on pouvait deviner des choses. C'est le plus difficile : trouver le bon niveau d'informations à donner pour ne pas tout dévoiler trop tôt, mais donner quand même aux amateurs de quoi se forger leurs propres hypothèses !
Du coup, oui, tu as bien cerné l'un des enjeux du tome 2 : le blé de cendre et son antidote. Il y aura aussi la lutte contre l'Ordre et l'identité du manteau bleu, mais également les petits secrets des uns et des autres.
Quant au manteau bleu, figure-toi qu’il est longtemps resté sans nom. C’était juste « il » mais ça portait parfois à confusion. C’est d’ailleurs pour pouvoir le nommer que j’ai carrément décidé d’écrire le nom du point de vue à chaque changement, et finalement, ce n’est pas plus mal.
Pour être honnête, j’aurais pu prévoir trois tomes pour développer certains aspects comme le fonctionnement de l’Ordre, les préjugés contre les bouchevreux et les yeux clairs, et d’autres choses que tu rencontreras dans le tome 2. Mais bon, j’ai fait le choix de n’en faire que deux et de favoriser le développement des personnages par rapport à celui de la géopolitique…

Les personnages… Ah, si tu aimes les trois sœurs, tu vas être servie dans le tome 2 parce qu’elles passent au premier plan (je me suis fait plaisir parce que je les adore).
Abzal, je suis impatiente de découvrir ta théorie à propos de lui ! Et c’est vrai que je me suis bien éclatée avec ce perso ! Il a un rôle un peu moindre dans le tome suivant, mais il y a un autre personnage intrigant (un autre beau gosse XD).
Quant à Einold, je crois que tu partages le même sentiment que tout le monde : on a envie de le secouer même si on peut le comprendre 😊 En ce qui me concerne, je ne l’ai jamais autant aimé que quand il meurt : sa mort est ignoble, j’ai pu laisser libre court à mon sadisme XD
Et ce que tu me dis sur les princes me fait très plaisir, car j’ai beaucoup retravaillé pour leur donner une personnalité différente à chacun. Au début, ils étaient un peu assimilés, comme si ce n’était qu’un seul personnage, du coup ils n’étaient pas très attachants. Je ne sais pas si j’exploite suffisamment leur particularité, mais je ne voulais pas que le roman ne soit centré que là-dessus. Par contre, je voulais qu’on ressente leur séparation comme tu l’as ressentie : comme une injustice plutôt que comme un soulagement.

Je suis très fière et très touchée de t’avoir fait passer un bon moment, en tout cas. J’espère que le tome 2 te plaira aussi.
Un énorme merci pour ce commentaire si positif et boostant !
Des bises !
Cocochoup
Posté le 19/04/2020
Mais les jumeaux seraient des bouchevreux alors ?? Ce qui confirme ma théorie qu'abzal est leur père...
Et abzal... Donc il n'est pas le manteau bleu. Je le savais ! Il a peur pour sa vie. Mais je suis certaine qu'il va trouver le courage de se rebeller !
Je peux pas croire qu'un des jumeaux soit mort... Ou alors son esprit a rejoint le corps de venzald
Bref, j'ai pris beaucoup beaucoup de plaisir à te lire. Je reste sur une frustration de ne pas avoir plus de réponse à mes questions 😅
Vivement la suite ❤️
Isapass
Posté le 19/04/2020
Ta foi en Abzal est à toute épreuve, dis donc ! A ce stade, la plupart des lecteurs le déteste XD En tout cas, je m'éclate bien avec ce personnage : comme il est assez clair dans ma tête malgré ses ambiguïtés, ses réactions s'imposent d'elles-mêmes et je peux "jouer" avec ce que je montre de lui tout en restant cohérente. J'aimerais que tous mes persos soient aussi coopératifs !
Merci beaucoup pour ta lecture aussi rapide qu'attentive. Tes déductions m'ont permis de vérifier qu'un.e lect.eur.rice peut saisir pas mal de choses grâce aux indices que j'ai laissés (mais tout le monde ne les voit pas ;) ).
Rien ne peut me ravir autant que de savoir que tu as pris beaucoup de plaisir à me lire ♥ !
Quant à ta frustration et à la suite : le début du tome 2 est déjà sur FPA jusqu'au chapitre 13. Je suis en train d'écrire le 14. J'ai essayé d'y maintenir un rythme assez soutenu, les trois sœurs prennent de l'importance, il y a quelques scoops, et bien sûr, avec un peu de patience (quoique j'avance relativement vite en ce moment) tu auras toutes les réponses à tes questions ;)
De mon côté, j'ai lu en fantôme les deux premiers chapitres de la Chuchoteuse du roi. Je passerai te commenter et lire la suite.
Encore un grand merci ! A très vite !
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