Chapitre 38 : La souffrance ne meurt jamais

Notes de l’auteur : IMPORTANT : vous allez peut-être lire dans ce chapitre des trucs qui vont vous faire buguer, qui vous sembleront être des incohérences ou des contradictions, pas de panique c'est normal ! Pour ça, je vous demande s'il vous plait de lire ma note de bas de chapitre à la fin de votre lecture (j'insiste sur "à la fin" hein, pas avant pour ne pas vous spoiler x)). Et normalement vos doutes/incertitudes seront levés, voilà. ^^

Sur ce, bonne lecture !

Jade était allongée nonchalamment dans son immense baignoire ivoire. Autour d’elle, sa servante Mayeva s’affairait pour ajouter des senteurs, des plantes et des savons dans l’eau fumante de son bain. La reine soupira d’aise, faisant valser la vapeur chaude dans l’air.

— Finalement, j’en viendrais presque à dire que cet isolement est peut-être un sort plus avantageux que siéger tous les jours à la Table des Dix.

Mayeva releva la tête vers elle, ses yeux noirs reflétant sa perplexité.

— Eh bien, pourquoi pas, suggéra Jade, son hochement d’épaules créant des remous agités dans l’eau. Maintenant que mon ennemi immédiat n’est plus là, grâce à ma chère mère, je me retrouve finalement seule avec mes pensées. C’est peut-être justement ce qu’il me manquait tant, qui sait…?

La servante lui lança un regard circonspect, légèrement inquiet. Puis, devant le sourire béat de la reine, elle choisit de vaquer à ses tâches et entreprit de savonner délicatement le dos de la reine, qui se tint penchée en avant, une main caressant la surface de l’eau. Soudain, elle s’immobilisa, et tourna la tête par-dessus son épaule pour poser son regard sur la vieille dame, qui la fixa avec appréhension.

— Mayeva, je le vois dans vos yeux, murmura-t-elle. Pour vous, rien n’a changé. Je suis toujours Jade, reine d’Indeya, alors qu’en réalité je ne suis…

Elle s’interrompit dans un soupir douloureux, avant de reprendre d’une voix impénétrable.

— Peu importe, finit-elle dans un sourire lointain. Pour cela, je vous remercie.

La servante cligna des yeux plusieurs fois, avant d’acquiescer avec une lenteur hésitante. Un fin rictus déforma le coin de ses lèvres ridées, et Jade ne put que sourire en retour.

Avec la même patience et délicatesse qu’à l’accoutumée – peut-être même décuplées – Mayeva termina de laver la reine, et l’aida à se glisser dans sa robe de nuit. Sans un mot, sa suivante quitta les appartements, l’âme apaisée face à l’air détendu de la reine.

Au lieu de prendre place dans son lit, Jade marcha jusqu’à la commode où s’était perché son corbeau. Dans une moue attendrie, elle laissa ses doigts se promener dans le plumage ébène.

 

— Ce corbeau est un animal spécial.

La reine sursauta brusquement, avant de se tourner vers la source de la voix, le tableau déposé face au lit à baldaquin.

— Cela vous amuse-t-il tant de surprendre les gens ?

Un rire aérien retentit dans la pièce illuminée par la lueur chaleureuse des bougies.

— Qui donc puis-je bien surprendre exceptée vous, ma chère nièce ?

Jade lui rendit son sourire, mais petit à petit le rictus s’effaça de son visage, laissant place à une expression concentrée, soucieuse.

— Dites-moi… Quelqu’un d’autre au palais sait-il que vous êtes capable de parler ?

— Pas à ma connaissance, hélas.

La reine marqua une pause pensive.

— C’est bien ce qu’il m’a semblé comprendre. Mademoiselle Gina n’est pas consciente de son pouvoir…

— Peut-être pourriez-vous abandonner les formalités pour la désigner, à présent. Je crois savoir qu’elle ne vous en tiendra pas rigueur.

Jade jeta un regard piquant en direction de la femme dans la peinture.

— Vous n’aimez pas répondre aux interrogations, je me trompe ? lui demanda Jade, taquine.

— Non, j’ai bien peur que non, répondit l’ancienne reine dans un soupir faussement désolé.

— Que savez-vous des pouvoirs de Gina, Katherine ?

La reine d’Indeya crut apercevoir un éclat triste, éphémère dans les yeux outremer de la femme aux boucles dorées, mais l’étincelle de mélancolie disparut aussi vite qu’elle était apparue, si tant est qu’elle eut un jour existé.

— Comme la plupart des humains sans magie, assez peu, j’en ai peur. Mais je suis sûre qu’il y a au Palais des Lumières bien des personnes assez compétentes pour vous renseigner sur ce sujet…

Katherine lui adressa un clin d’œil, si furtif que Jade ne fut pas certaine de ne pas l’avoir imaginé. Elle s’apprêtait à répliquer quand un voile sombre s’écrasa dans la pièce tel un linceul. La reine tourna sur elle-même, abasourdie, à la recherche de l’origine du courant d’air qui venait d’éteindre les quelques vingt bougies qui décoraient ses appartements.

— Oh, murmura Katherine, son sourire parfaitement audible dans son ton mielleux. Je crois que vous avez de la visite… Je vais prendre congé.

— Non attendez, ma tante, chuchota Jade, cherchant des yeux le tableau à l’aveugle. Je ne…

 

Et toutes les bougies se rallumèrent dans une bourrasque de lumière. Jade plissa les yeux, à temps pour apercevoir Wanafer qui trottinait en direction de la coiffeuse. Perplexe, la reine jeta un œil à son corbeau qui semblait tout aussi décontenancé qu’elle, et suivit le mouvement du loup noir, assit, tête relevée en direction du miroir. En s’approchant de la petite coiffeuse, elle se rendit compte qu’une épaisse couche de fumée bleue recouvrait le miroir comme un lac de brume. Elle décrivit un pas, deux pas…

Et s’immobilisa parfaitement, main en l’air.

Sur la chaise venait de se matérialiser une silhouette toute vêtue de noir, des pieds jusqu’à la tête. Lorsqu’elle aperçut dans le reflet les lèvres violettes qui lui offraient un rictus provocant, elle se détendit quelque peu.

— Saphira ? Que me vaut le plaisir de votre visite ? s’enquit-elle, sa voix calme et contrôlée.

Le sourire pourpre devint éclatant. Une longue main plus blanche que la mort caressa la tête de Wanafer, qui ferma les yeux de plaisir.

— Figurez-vous que je cherchais mon compagnon. Cela fait presque deux jours qu’il ne revenait plus… Mais je n’ai eu qu’à suivre l’odeur pestilentielle de la souffrance pour le retrouver, aussi vite qu’il avait disparu.

Jade fronça les sourcils.

— Voulez-vous dire que ce n’est pas vous qui l’avez envoyé à mes côtés ?

— Non. Wanafer a atteint une forme d’existence qui lui laisse une grande autonomie. Il a acquis une conscience propre qui lui permet de prendre des décisions par lui-même, en écoutant son instinct notamment. Et son instinct…

La Magicienne Sans Cœur s’arrêta et leva la tête vers elle, mais pas assez pour que son visage ne soit découvert. Jade ne put apercevoir qu’un nez squelettique aux contours grisâtres.

— … l’a mené droit vers vous.

La reine d’Indeya ne sut que répondre, alors Saphira pencha la tête pour observer le corbeau toujours perché sur le meuble, qui paraissait extrêmement curieux, mais nullement apeuré. Saphira tendit une main et l’oiseau s’y posa sans attendre dans un petit croassement bienheureux.

— Il faut dire que le poids de la douleur dans cette pièce rend l’air irrespirable. N’est-il pas, cher corbeau ?

De sa main libre, Saphira tapota le crâne de l’oiseau avec délicatesse. Interdite, Jade suivit son geste et à son tour posa les yeux sur le corbeau. Sa bouche s’ouvrit comme un puits béant, puis se referma.

— Non… Non, ce n’est pas possible… Neven…

— Que se passe-t-il, Votre Majesté ? minauda Saphira, son rictus visible sous sa capuche.

Au coin de ses yeux, Jade sentit comme un sel amer, nocif, s’installer, brouiller sa vision. D’un geste prompt, elle passa une main sur ses paupières.

— Neven est un dolma, souffla-t-elle.

Il ne s’agissait ni d’une question ni d’une exclamation, seulement l’affirmation désespérée, brisée de celle qui regarde enfin ce qu’elle avait toujours refusé de voir.

— Mon dolma.

Saphira hocha simplement la tête tandis qu’elle glissait ses doigts dans les plumes de Neven qui gloussa de contentement.

— J’ai su dès que je vous ai vue que nous avions quelque chose en commun, déclara-t-elle, sa voix résonnant dans toute la pièce comme une sentence, solennelle et irrévocable. Mais peut-être avons-nous bien plus d’une chose en commun, après tout…

Jade demeura coite face à la vue de la Magicienne Sans Cœur qui caressait son dolma avec autant de révérence, et pensa avec amertume et une pointe d’amusement qu’elle venait quant à elle de passer deux jours à cajoler le sien.

— C’est un gâchis de vous avoir écartée de la Table des Dix, continua-t-elle d’un ton anodin, comme si elle menait une conversation de pure politesse. Juliette en est très affectée. Elle m’a demandé de vous libérer.

La reine d’Indeya ouvrit de grands yeux.

— Pardon ?

— Oui, confirma Saphira, en lui décochant un regard rapide avant de retourner dans sa contemplation du corbeau. Je lui ai expliqué que les querelles diplomatiques des royaumes ne me concernaient pas, et que ce n’est pas ma place de libérer une prisonnière politique.

Jade haussa un sourcil, avant de prendre une longue inspiration empreinte de lassitude.

— Je ne suis pas réellement une prisonnière politique, vous savez…

Les lèvres de la Magicienne se soulevèrent dans un rictus cynique.

— Si vous le dites. Toujours est-il que je ne peux pas vous libérer. Ou plutôt, je le peux, mais je ne le ferai pas.

— Eh bien, je vous remercie pour votre sollicitude, railla Jade.

— Parce que je suis persuadée que vous parviendrez à vous libérer vous-même, et ce assez facilement.

Jade fronça ses sourcils de feu, peu convaincue.

— Si je dois vous remercier pour la confiance que vous placez en moi, j’ai peur de vous décevoir. Avant le procès, je n’ai aucune chance de pouvoir sortir de ces appartements. Encore moins depuis l’assassinat du Général Ighnar.

— Sauf si vous prouvez que vous êtes innocente avant même la tenue de votre procès… glissa la Magicienne, son sourire se faisant mystérieux.

— Prouver mon innocence ? rit Jade. Oh, mais le problème est que je ne suis pas innocente, justement. Je suis bel et bien la Panthère Noire, et je suis à l’origine de l’ensemble des actes de rébellion des Panthères. Si le mouvement était à visée pacifique, il est vrai qu’avec le temps, la frustration et la haine, il y a peut-être eu quelques débordements parfois… et j’ai peut-être fermé les yeux.

Saphira ne broncha pas. Contrairement à tous les autres habitants de ce palais, elle semblait parfaitement indifférente à la menace que représentaient les Panthères.

— Votre culpabilité importe peu, remarqua-t-elle d’un ton assuré. Ce qui importera, ce sera le mensonge, la manipulation commise par celle qui vous a dénoncée. Comment croire à une culpabilité dénoncée par une autre coupable ?

La Magicienne tourna légèrement la tête pour observer la reine d’Indeya par-dessous sa capuche, son sourire disparaissant soudain pour laisser place à un air sérieux, lourd de sens.

— Si vous croyez que je n’ai pas réfléchi à comment confondre ma mère… marmonna Jade, son regard se perdant dans les prunelles brillantes de son dolma. Elle a tout parfaitement calculé. L’absence de preuve, d’indice, le fait que n’importe qui pouvait entrer dans cette chambre – ce que Gina a confirmé par la suite, d’ailleurs, ajouta-t-elle dans un petit rire qui n’était destiné qu’à elle-même.

La Magicienne se figea soudain, mais si elle en fut étonnée, Jade choisit néanmoins de poursuivre, observant de près les réactions de son interlocutrice.

— Sans compter Esma qui, par le plus grand des hasards, était jusqu’à hier portée disparue, et n’a été aperçue par personne. Je l’ai bien vu dans le regard du roi et du Premier Ministre, mon explication concernant Esma était bien loin de les convaincre, et pourtant…

— Et je suppose qu’il n’y avait aucun témoin.

— Hm, soupira Jade, défaite. Aucun témoin…

Alors, Jade s’immobilisa, la main reposant sous son menton et le regard figé sur le parquet. Puis, elle releva la tête lentement et se tourna vers le mur opposé au lit.

— Par Hermine, mais si, murmura-t-elle, ses yeux écarquillés dans un air fou, comme en transe. Il y a bien un témoin !

La reine d’Indeya se planta devant le tableau qui reposait face à son lit, tout sourire.

— Ma chère tante, je crois que je vais avoir besoin de vous.

Dans sa vision périphérique, elle était persuadée d’avoir vu le coin de la bouche de la femme du tableau se soulever dans un sourire fantomatique.

— Vraiment, Votre Majesté ? l’interpella la Magicienne Sans Cœur qui n’avait pas bougé d’un pouce, son ton moqueur. Comptez-vous réellement sur une peinture pour vous innocenter d’un meurtre ?

— Oh, mais ce n’est pas un tableau ordinaire, chère magicienne. C’est un tableau restauré par le pinceau de l’Ange des Sourires, et rien que cela lui donne une importance que vous ne pouvez imaginer…

Un air frais, à l’odeur marine chatouilla ses narines, et ses yeux eurent à peine le temps de distinguer la brume cyan qui flottait autour d’elle que Saphira s’était déjà matérialisée à ses côtés, face au tableau.

— Êtes-vous en train de dire que… Gina a le pouvoir de donner vie aux portraits ? demanda Saphira, sa voix à peine audible.

— Parfaitement, confirma Jade dans un sourire éclatant. Grâce aux pigments qu’elle utilise pour peindre, elle arrive par je ne sais quel miracle à insuffler de la vie aux tableaux qu’elle restaure.

— C’est la magie de la Terre.

Jade hocha la tête d’un air absent.

— J’y pense, commença-t-elle, ses yeux brillants de curiosité se posant sur la femme vêtue de noir, votre pouvoir provient également de la Terre, n’est-ce pas ?

Les épaules couvertes de velours se tendirent imperceptiblement, mais la Magicienne finit par répondre d’une voix lointaine.

— En effet.

Jade lui sourit avec une sincérité désarmante.

— Votre démonstration lors de la Table des Dix fut fort éloquente. Vous semblez avoir un lien particulier avec la Nature, et c’est plutôt magnifique lorsque l’on peut le voir de ses propres yeux.

— Vous êtes bien aimable, répliqua Saphira, son ton froid, les yeux fixés sur le tableau. Malheureusement, tous ne sont pas de votre avis.

La reine d’Indeya esquissa une moue désolée, et sa voix se fit murmure.

— Le roi Richard n’était pas de cet avis, n’est-ce pas ?

La Magicienne Sans Cœur décrivit un violent mouvement de recul, une de ses mains tendue vers l’avant comme posée contre une muraille invisible. Ses lèvres pourpres se muèrent en un désordre de rage et de violence, et Jade ne put empêcher le frisson glacial de dégringoler le long de son dos.

— Pourquoi parlez-vous soudain de ce monstre ? cracha-t-elle.

— Je suis navrée, Saphira, s’excusa Jade, exposant ses mains paumes ouvertes comme pour attester de sa bonne intention. Je ne voulais pas vous froisser. Je repensais seulement aux Années Sombres, aux documents d’histoire que j’a consultés, à l’ouvrage du Dévoué Valmec, et…

— Ce minable n’a pas dit une seule chose sensée depuis qu’il usurpe sa place sur cette planète, l’interrompit la Magicienne, sa voix grondante d’une haine sourde.

Un flot de fumée bleu recouvrait le parquet de la chambre de la reine, mais cette dernière choisit de ne pas baisser les yeux.

— Je sais, répondit Jade avec une douceur excessive, prudente. Je sais que les Années Sombres qui ont provoqué la ruine de Percée n’ont pas eu lieu après votre… soit-disant « réapparition », mais au contraire, pendant que vous étiez portée disparue. Et je me demande si peut-être…

Jade marqua une pause, hésitante face à l’agressivité de la Magicienne, qui semblait néanmoins diminuer au fur et à mesure qu’elle déconstruisait le tissu de mensonges de Valmec.

— Peut-être que si les Années Sombres ont engendré autant de catastrophes naturelles dans le Royaume de Percée et dans le monde entier, c’était peut-être justement parce que vous aviez « disparu »… C’est tout de même étrange que tous ces phénomènes naturels se produisent exactement lorsque vous disparaissez, n’est-ce pas ? Parce que vous n’avez jamais passé un accord avec le roi Richard, contrairement à ce que prétend Valmec. Je me trompe ?

— Jamais, gronda la Magicienne.

Jade hocha le menton avec lenteur, prenant garde à chacun des mots qui quittait sa bouche serrée. Cependant, lorsque Wanafer apparut sur sa droite et se coucha à ses pieds, enroulant sa queue autour de ses jambes, elle crut voir dans ses yeux jaunes un encouragement, une supplique.

 

Continue.

 

Dans un sourire triomphant, Jade poursuivit, sa voix de plus en plus assurée, les mots coulant à flot de ses lèvres sans plus aucune hésitation.

— Et pourtant, vous avez disparu… Mais pas de votre plein gré, évidemment. Le roi Richard vous a enlevée. Il vous a retenue prisonnière probablement. Et votre captivité vous a maintenue loin de cette Nature que vous chérissez tant. Et sans doute est-ce votre souffrance qui a donné naissance à Wanafer.

La reine d’Indeya baissa le regard sur le loup, les prunelles jaunes et la mâchoire détendue de la bête paraissaient lui offrir un sourire soulagé. Soudain, un rire glacial transperça l’air, et Jade écarquilla les yeux de surprise. Les lèvres violettes étaient désormais déformées par un rictus dédaigneux, hideux.

— Cet idiot a apporté la ruine à son propre royaume.

— Oui, bien sûr… acquiesça Jade, plongée dans ses pensées. En vous éloignant de la Terre, le roi Richard a créé comme une sorte de dérèglement.

Saphira ricana de plus belle, avec arrogance et dissonance.

— Il ignorait que mon rôle était justement d’équilibrer la Source de la Terre. Il a commis une grave erreur en privant la Terre de son Equilibre, et il l’a payé très cher.

— Par la mort, j’imagine, en effet. Je n’ai jamais connu le roi Richard, reprit Jade d’un ton plus calme, mais sa réputation le précédait tristement. Je suis heureuse de savoir qu’il n’a jamais réellement appartenu à notre dynastie. Mais tout de même, je m’interroge. À quoi bon séquestrer quelqu’un pendant…

— Vingt-huis ans, la coupa Saphira, sa voix tranchante ne parvenant à dissimuler un tremblement profond.

Jade sembla manquer une respiration, puis elle se reprit en poussant un soupir épuisé. Elle décrivit un pas prudent en avant, en direction de la Magicienne qui se tenait droite, imposante, intransigeante face à elle.

— Saphira, je…

La Magicienne tendit une main dans sa direction, la reine d’Indeya eut comme la sensation de heurter de plein fouet une paroi de verre invisible et intouchable. Elle était parfaitement incapable de placer un pied devant l’autre, et elle n’était pas certaine de pouvoir esquisser un seul mouvement quel qu’il soit.

— Je ne veux pas de votre pitié, grogna Saphira, sa main squelettique toujours tendue vers elle. Pensez-vous sincèrement qu’elle me soit d’une quelconque utilité ?

Jade se racla la gorge avec difficulté, avant d’ouvrir la bouche lentement.

— Je… Je ne vous tiens pas en pitié, finit-elle par dire, soulagée de constater qu’elle pouvait toujours parler. Je voulais simplement vous témoigner de mon soutien, voilà tout. Mais si vous n’en voulez pas, eh bien soit. Je ne vous donnerai pas ce que vous ne souhaitez pas. C’est, je crois, ce qui me distingue des personnes comme le roi Richard, ne croyez-vous pas ?

Le haut des lèvres de Saphira s’enroula dans un rictus de pur dégoût, mais elle finit par baisser la main et Jade put reprendre une position plus naturelle, mais non moins rigide.

— Tout de même, je me demande bien pourquoi vous avez souhaité me rendre visite, si vous n’acceptez pas de discuter avec moi…

— Toutes les discussions ne sont pas bonnes à avoir.

— Certes, admit Jade à contre-cœur. Mais je me demande encore : pourquoi essayez-vous de m’aider, Saphira ?

La Magicienne ouvrit la bouche, puis se ravisa. Finalement, elle pivota sur ses talons et tourna le dos à Jade pour retrouver la présence de Neven qui n’avait pas bougé de son perchoir sur la petite coiffeuse de bois sculpté. Les petites billes noires qui lui servaient d’yeux brillaient d’une manière égale et paraissaient, contrairement aux deux femmes, dénuées de toute appréhension.

— Il semblerait que nous ayons des affinités en commun…

— Ah, la reine Juliette, bien sûr, acquiesça Jade.

— Juliette, en effet. Mais pas seulement.

D’un mouvement brusque la Magicienne Sans Cœur se détourna de Neven et fit face de nouveau à la reine. Elle disparut du champ de la réalité pendant un très court instant, et réapparut moins d’une seconde plus tard, droite, debout de toute sa hauteur, à moins de quelques centimètres du visage de Jade.

Sans crier gare, elle posa une main sur le torse de Jade, ses doigts osseux, aussi pâles que la mort glissèrent très rapidement sur son ventre. La reine d’Indeya suivit ses mouvements, les yeux exorbités.

— Que…

— Le monde est cruel envers les femmes qui se battent, souffla Saphira, sa respiration glaciale s’écrasant sur le front de la reine. Personne n’a su, personne n’a pu me libérer lorsqu’il était encore temps… Mais vous, je peux vous libérer. Il ne suffit que d’un seul mot.

— Je vous demande pardon ? Je…

Alors, une chaleur intense s’immisça à l’intérieur de son ventre et tourbillonna à l’intérieur comme un serpent fou, incandescent. Elle poussa un gémissement de douleur, sa main se portant naturellement contre son ventre brûlant, effleurant la main glaciale de Saphira.

La froideur de la Mort contre la chaleur de la…

Vie.

 

Et elle comprit.

 

Ses yeux s’ouvrirent en grand, deux puits d’horreur et d’angoisse, immenses. Sa bouche muette forma un trou béant, et elle se plia en avant, son corps coupé en deux. Elle se laissa reculer lentement jusqu’au lit où elle se laissa tomber comme une poupée de chiffon. Saphira suivit son mouvement et la soutint d’une poigne ferme, ses mains offrant un appui jusqu’à ce qu’elle atteigne une position assise, prostrée.

— Non…

Elle murmurait aux âmes qui n’étaient plus et qui n’étaient pas encore, mais les vivants peut-être n’étaient pas destinés à l’entendre.

Mais Saphira, elle, l’entendit.

— Non… Non, c’est impossible. Ce n’est pas…

— C’est tout à fait possible, intervint la Magicienne, se dressant haute devant elle. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Mais je peux vous en débarrasser.

Jade cligna des yeux plusieurs fois, et leva un visage hagard vers elle.

— Vous… Comment ?

— Un seul mot de vous, et je vous débarrasse de cet enfant.

La reine d’Indeya tressaillit à l’écoute du mot qu’elle ne voulait pas entendre.

— Je… Je ne sais pas. Attendez, je vous en prie. Attendez…

Elle dressa une main vers Saphira, comme pour la supplier, puis la main finit par recouvrir son visage.

— Je pensais que la souffrance était finie. La souffrance de l’âme, jamais, ajouta-t-elle, lançant un regard voilé en direction du corbeau, mais la souffrance du corps… Tout de même, peut-être, un jour…

— La souffrance ne meurt jamais, mais elle peut être atténuée.

Jade suivit le regard – ou la direction qu’il semblait prendre – de Saphira, qui se posait sur son ventre.

— Je… Je ne peux pas décider de cela. Pas maintenant, pas…

Elle s’interrompit soudain.

— Je dois en parler au roi.

Les lèvres de Saphira formèrent une ligne droite, mécontente, qui tendirent les traits du bas de son visage.

— Le roi ne comprendra pas. Nul ne le peut.

— Si, insista Jade dans un hochement de tête obstiné. Christian le comprendra, il le doit. Maintenant… Maintenant, j’ai une preuve.

De nouveau, le rire froid, inhumain retentit et résonna contre les murs, se répercuta contre le parquet et sur les tentures.

— Une preuve ? répéta Saphira, sa voix devenant graveleuse, bestiale. Oh, ma pauvre petite reine… Mais les hommes ne voient pas les preuves. Vous voulez des preuves ? Eh bien, soit. Je vais vous offrir des preuves.

D’un mouvement brusque, Saphira abaissa sa capuche, et Jade ne trouva pas le courage de crier. Ce ne fut pas la vue qui s’offrit à elle qui lui donna envie de hurler, mais la déchirure de la vérité qui crevait ses yeux.

Du haut de son front au bas de sa joue, traversant son œil droit de part en part, une immense cicatrice sinueuse , grisâtre créait un sillon profond dans la peau blafarde de la Magicienne Sans Cœur. L’œil semblait avoir été vidé de son souffle de vie, de sa force. Tandis que l’œil épargné était d’un bleu profond, l’autre était d’un bleu absent, mort.

Une fois sa surprise dépassée, Jade parvint à offrir un faible sourire à la Magicienne Sans Cœur, un sourire tout aussi déchiré que le visage qui la regardait.

— Je suis désolée, tellement désolée, murmura-t-elle. Vous avez payé pour les vices, les monstruosités d’une dynastie qui n’a jamais appris qu’à posséder et détruire pour survivre. Sa malédiction est sans doute de n’avoir jamais pu se contenter d’asservir que ses semblables. Néanmoins, ajouta-t-elle, levant des yeux scintillant de détermination, je crois que vous ne devriez pas cacher ces cicatrices. Jamais.

— Oh, vous croyez ? grinça Saphira. Vous croyez peut-être que quelqu’un les trouvera gracieuses ?

— La grâce n’est pas toujours beauté, répondit Jade avec un grand calme, son sourire effacé. Parfois, l’horreur a plus de beauté à offrir, plus d’histoires à conter. Ce n’est pas aux cicatrices de se cacher, mais à ceux qui les ont enfantées.

Un ricanement court, guttural s’échappa de la gorge de la magicienne.

— J’espère que vos doux mensonges berceront au moins vos nuits.

Dans une moue contrite, la reine d’Indeya chercha les yeux vairons de la magicienne, et lorsqu’elle se laissa happée par cet iris bleu-gris, une décharge d’électricité transperça son corps avec une puissance incommensurable.

 

Cet orage déchaîné, toujours à la recherche de la perdition, jamais au repos.

 

— Par Hermine.

— C’est cela, railla la Magicienne, faites donc appel à vos dieux. Je suis certaine qu’ils viendront vous sauver. Pardonnez-moi seulement si je n’ai pas la patience d’attendre pour y assister.

Alors que la Magicienne levait les bras vers le ciel, Jade eut le réflexe de crier pour interrompre son geste.

— Attendez ! Veuillez m’excuser, je vous prie, continua-t-elle, sa voix légèrement chevrotante. Je n’avais pas compris, alors que c’était évident.

Les bras de la magicienne retombèrent de chaque côté de son corps fin. Elle fronça ses sourcils indisciplinés, alors que la reine Jade poursuivait.

— Voilà pourquoi vous désirez tant m’aider. Ce n’est pas uniquement parce que la reine Juliette m’apprécie, non.

Elle marqua une pause, déglutit et reprit d’une voix enrouée.

— Nos affinités, ce sont nos souffrances.

Elle posa ses yeux sur Wanafer, dont les prunelles jaunes ne lui avaient jamais paru si dorées, puis sur Neven, qui s’envola dans un croassement pour venir se poser sur sa cuisse. Dans un sourire tendre, elle entreprit de le caresser avec dévotion.

— Nos souffrances, nos malédictions, poursuivit-elle d’une voix éteinte, son regard tombant sur son ventre.

Puis elle leva les yeux pour se plonger à nouveau dans les iris vairons.

— Le roi Richard vous a fait un enfant contre votre gré.

Le corps tout entier de la Magicienne Sans Cœur sembla être secoué par la foudre, avant de se figer parfaitement comme une statue de marbre.

— Vous auriez voulu que cet enfant ne naisse pas…

De longues secondes passèrent dans un silence agonisant. Puis, Saphira acquiesça, les lèvres serrées, son œil bleu-gris illuminé d’un éclat irréel qui paraissait appartenir à un autre temps.

— J’aurais tant aimé que cette enfant n’existe jamais. Mais quand elle est née, elle était. Et il me l’a arrachée.

— Et… tenta Jade, la voix rauque, qu’est-elle devenue ?

— Je l’ai crue morte jusqu’à il y a quelques années seulement. Malheureusement, c’était bien pire que cela. Il n’a jamais pu me briser, alors il tenté de la briser elle. Il en a fait une de ses esclaves à la Bastille Noire.

Jade prit une profonde inspiration, tremblante et saccadée. Elle quitta les prunelles d’acier de la Magicienne Sans Cœur pour plonger ses yeux dans le regard réconfortant de Neven. Les deux petites perles noires posées sur elle et elle seulement

Le fantôme d’un sourire hanta sa bouche, et dans un geste mélancolique, elle porta la pulpe de ses doigts contre ses lèvres asséchées.

— Celle qui dessine les plus beaux sourires est celle qui a connu les plus grands martyrs…

Dans un long soupir, léger, libéré, elle laissa la goutte d’eau amère, cruelle, couler sur sa joue, et glisser sur son sourire éteint.

— Gina…

 

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*IMPORTANT, N.B. : je me suis rendue compte grâce à une lectrice fort maligne que j’avais fait une grave erreur de calcul dans ma généalogie. Cette révélation sur le lien entre Saphira et Gina amène à la conclusion que Gina serait la cousine de Jade (Richard étant le frère du père de Jade), évidemment l’idée d’une relation consanguine ne me convient pas du tout, et ce n’était pas du tout volontaire. xD Donc j’ai prévu de corriger cela : considérez donc à partir de maintenant que Richard est en réalité un bâtard, et donc pas réellement le frère de Léon et Katherine, ce qui expliquerait par ailleurs sa peau mate (et celle de Gina). Voilà, voilà ! Navrée pour le dérangement, c’est vraiment tout un bazar, ahah (la bourde n’empêche). :’)

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Edouard PArle
Posté le 21/09/2022
Coucou !
Je comprends la difficulté que ça a dû être de faire "marcher" cette révélation tout en évitant de la consanguinité et en faisant une révélation sur les origines de Gina, j'ai souvent été confronté à ce genre de galères xD
Mais sinon wow ! Quel chapitre ! Deux grosses révélations d'un coup ! Ne faudrait-il pas les mettre dans deux chapitres différents ? Ca permettrait d'avoir deux grosses chutes consécutives, après à voir si c'est faisable.
Par quoi commencer... Bah déjà l'enfant de Jade ! Je ne l'ai pas du tout vu venir et pourtant c'est un élément extrêmement intéressant. Le dilemme de le garder. Si oui, la difficulté d'une maternité non désirée. Eventuellement un bébé à élever dans des conditions difficiles. Cette révélation ouvre des tonnes de possibilité, j'ai hâte de voir ce que tout ça va donner.
Et pour l'ascendance de Gina, c'est pas forcément aussi intéressant pour la suite du scénario mais ça permet d'apprendre et de deviner 2,3 trucs sur le passé du personnage. Esclavage, jeunesse difficile, lien familial avec la magicienne. Bref, beaucoup d'éléments supplémentaires... Ca change un peu ma vision du personnage, je suis curieux d'en apprendre plus sur son passé (il faut des réminiscences Gina^^).
Mes remarques :
"Et toutes les bougies se rallumèrent" soudain, tout à coup au lieu de "et" ? "mouvement du loup noir, assit, tête relevée" -> assis
"s’enquit-elle, sa voix calme et contrôlée." -> d'une voix calme et contrôlée ?
"la tête de Wanafer, qui ferma les yeux de plaisir." il y a peut-être mieux comme expression que fermer les yeux ici
"vous témoigner de mon soutien," "de" en trop ?
"C’est, je crois, ce qui me distingue des personnes comme le roi Richard, ne croyez-vous pas ?" j'ai un peu du mal à expliquer pourquoi mais j'ai tiqué en lisant cette phrase, ça m'aurait plus naturel que Jade s'arrête à "souhaitez pas" "Ce n’est pas aux cicatrices de se cacher, mais à ceux qui les ont enfantées." super phrase !!!
Un plaisir de te lire,
A bientôt !
Contesse
Posté le 01/10/2022
Re re !

Ahahah, ne me parle pas de ça ! J'ai voulu m'enterrer quand je me suis rendue compte de la bourde que j'ai faite dans ma généalogie xD Bon, finalement l'idée que j'ai trouvée pour pallier cette erreur me plait pas mal, et va me servir à mieux caractériser le personnage de Richard (dans une autre histoire) donc c'est nickel ahah ^^

Contente que tu aies apprécié le chapitre et ses révélations ! Quant à les séparer, je ne pense pas que ce soit opportun, parce que l'une est dépendante de l'autre finalement :) C'est parce que Saphira révèle l'existence du bébé à Jade que cette dernière comprend les origines de Gina... Donc oui, très difficile de les séparer xD

Effectivement, je pense que l'apparition de la question du bébé va apporter beaucoup d'enjeux pour Jade, et tu verras ça par la suite ;) En revanche, la question de la grossesse (en tant qu'expérience de mère etc.) en elle-même ne sera pas traitée en tant que sujet principal parce que j'avoue, c'est un sujet qui ne m'intéresse absolument pas ahah ^^ En revanche les débats autour d'un bébé non désiré ça ça m'intéresse :)

Et oui, sur les origines de Gina, le but est vraiment d'apporter pas mal d'explications sur son caractère, son comportement, et son passé effectivement :) Ahah les réminiscences, oui j'avais cru comprendre que tu étais assez fan de ça xD Moi je suis moyen fan des flashbacks en général donc je n'en mets pas j'avoue ^^ mais j'espère que les informations et les évènements du présent raconteront assez bien son passé :)

Trop contente que tu aies aimé la phrase des cicatrices, j'avoue que j'avais été heureuse de la trouver sur le moment ahah ^^

Merci pour tes remarques et coquilles je vais corriger ça :D

Merci pour ton commentaire ! Encore une fois navrée pour mon délai de réponse astronomique :/
Et à tout bientôt sur LADD ;)
Edouard PArle
Posté le 02/10/2022
LADD, j'aime bien l'abréviation xD
Et pas de soucis pour le délai de réponses, tu prends le temps de les développer donc c'est normal !
Contesse
Posté le 02/10/2022
Ah tant mieux que t'apprécies l'abréviation, j'aime bien en mettre partout moi xD

Merci de ta compréhension :)
Sklaërenn
Posté le 10/05/2022
Plop! C'est moi que v'louille !

" Je crois savoir qu’elle ne vous en tiendra pas rigueur." Je suis de son avis :D

"Elle m’a demandé de vous libérer." Hell, yay !!!

"Ou plutôt, je le peux, mais je ne le ferai pas." Whut ? Why ;-;

"
— Je suis navrée, Saphira, s’excusa Jade, exposant ses mains paumes ouvertes comme pour attester de sa bonne intention. Je ne voulais pas vous froisser. Je repensais seulement aux Années Sombres, aux documents d’histoire que j’a consultés, à l’ouvrage du Dévoué Valmec, et…" que j'ai* consultés
J'ai envie de faire un calin à Saphira >.<

"Cependant, lorsque Wanafer apparut sur sa droite et se coucha à ses pieds, enroulant sa queue autour de ses jambes, elle crut voir dans ses yeux jaunes un encouragement, une supplique." Moh, Wanou-chou, je t'aime <3

"
— Je ne veux pas de votre pitié, grogna Saphira, sa main squelettique toujours tendue vers elle. Pensez-vous sincèrement qu’elle me soit d’une quelconque utilité ?" Choupette, je ne suis pas sûre que ce soit de la pitié là...

"
Sans crier gare, elle posa une main sur le torse de Jade, ses doigts osseux, aussi pâles que la mort glissèrent très rapidement sur son ventre. " OMG O.O NON ! Ne me dis pas que...

"Et elle comprit.' ARGH >O<

"La reine d’Indeya tressaillit à l’écoute du mot qu’elle ne voulait pas entendre." Moi, je ne voulais pas le lire ;-; Oh ma Jadou >O< Ne peux-tu pas être un peu tranquille TuT ?

"— Je dois en parler au roi." Pas sûre que ça soit une bonne idée ;-;

"— Le roi ne comprendra pas. Nul ne le peut." Ou en tout cas, très peu le pourrons... Oh magad, la bombe de ce chapitre TuT

"
Du haut de son front au bas de sa joue, traversant son œil droit de part en part, une immense cicatrice sinueuse , grisâtre créait un sillon profond dans la peau blafarde de la Magicienne Sans Cœur. " Un espace en trop avant une virgule ( oui, je chipote xD )

"— La grâce n’est pas toujours beauté, répondit Jade avec un grand calme, son sourire effacé. Parfois, l’horreur a plus de beauté à offrir, plus d’histoires à conter. Ce n’est pas aux cicatrices de se cacher, mais à ceux qui les ont enfantées." Ohla, c'est si beau, si bien dit <3

"— Le roi Richard vous a fait un enfant contre votre gré." Wholà, mais on de révélation en révélation !

"Il n’a jamais pu me briser, alors il tenté de la briser elle." Il a tenté ?

"— Celle qui dessine les plus beaux sourires est celle qui a connu les plus grands martyrs…" Oh MA GAD !!!!!!!!!!!!!! Mais non, mais non, mais non !!!! Tu peux pas arrêter le chapitre sur une telle révélation là >O< Déjà que Jadou soit enceinte, mais Gina ?! qozjfnmozusghrpsmùiefp et je fais comment pour dormir moi, hein ? Oh mon dieu, je l'avais tellement pas vu venir '-'

( j'ai lu la note en fin de chapitre, effectivement, il fallait rectifier le tir ahah, bien vu ! )

Du coup, j'hésite entre dire que je te hais pour couper à ce moment ou je t'aime pour m'avoir rendu encore plus accroc à ton histoire alors que je ne pensais pas ça possible O.O Tu es géniale <3 #needlasuite #définitivement!!!! #prêteàteharcelerpourçalimite #jet'aime
Contesse
Posté le 14/05/2022
Hey Skla, enfin je te réponds ahah x)

Et vraiment : merci merci merci pour ton commentaire, ça m'a fait si plaisir, t'avais l'air si à fond, tu imagines pas à quel point ça me touche *_* koeur koeur sur toi <3

Toutes tes réactions m'ont tuée, j'avais l'impression que t'étais à l'intérieur de l'histoire à discuter avec les personnages ahah xD j'adore !

Mais sinon, oui, pauvre Jade, plus ça avance plus les mauvaises surprises se multiplient :/ mais promis ça va s'arrêter (peut-être ?) mouahahahah 😈
Mais ouais, cette surprise-là en tout cas ça craint :/ À voir ce qu'elle va décider par la suite !

Et sur Gina, ahah ouais on s'y attendait pas hein ? :P c'était fait exprès ! Mais contente que ça t'ait autant choquée, c'était le but xD Effectivement maintenant le regard sur Gina va un peu changer, y compris celui de Jade sans doute :)

Et pour Saphira, ouais... vraiment pas un passé sympathique hein ? :/ Comme elle l'a dit elle-même "le monde est cruel envers les femmes qui se battent" je crois qu'elle en est la preuve vivante :/

Merci beaucoup pour tous tes compliments sur les petites phrases et toussa <3

Et oui, j'ai bien fait de préciser dans ma note qu'il y avait un p'tit problème de généalogie parce que sinon ça risque de faire bizarre à certains, s'ils font le lien xD mais ouais j'ai pas été maligne sur ce coup-là, va falloir que je modifie quelques trucs du coup ^^

Merci de m'avoir relevé ces coquilles, mais wow à croire que je me relis pas, y en a plein aaaah 🥲

Encore merci beaucoup pour ce commentaire, et je crois que je préfère la seconde option : que tu m'aimes xP
#jesuisgentillejetepromets

A bientôt sur Tempest ;) Bisouilles <3 #jtmaussi
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