Dans les rues de Kentrony
Arthur et Vikthor avait passé la journée de la veille à réfléchir. L’annonce de la résurrection de Manon les avait mis en émoi. Cependant, maintenant sans nouvelles d’elle ni de Sonfà, ils gardaient la tête froide. Ils avaient à faire à un ennemi redoutable et ils n’étaient que deux à le combattre.
_ J’ai toujours su que ma sœur était spéciale, Vikthor. J’ai eu l’impression de tout perdre quand je l’ai senti mourir. Ta révélation d’hier a tout changé pour moi. Avec Manon dans l’équation on pourra se battre plus facilement. On doit bloquer nos interactions car je n’arrive pas à joindre son telsman. C’est étrange que tu ais réussi avec Sonfà mais Manon est puissante, elle pourra nous aider quand nous serons avec elle. Il faut juste pouvoir l’atteindre, réfléchissait Arthur en arpentant les rues de la capitale à l’aube.
_ Il faut déjà pouvoir se rapprocher d’elle. Selon Manon, la seule façon de rentrer chez le ministre c’est entant que prisonnier. Il nous faut trouver une autre solution mais le temps presse…
_ Vikthor, je suis désolé pour ton amie, le coupa Arthur en lui tendant la coupure de journal qu’il avait ramassé.
_ ‘‘La tête de Sonfà Karmir sera présentée sur la place du trône demain à 8heures’’, lu Vikthor avec de la haine dans le regard.
Silencieux, l’Elu des physés n’arrivait pas à se résoudre d’avoir encore perdu quelqu’un proche de lui. Il espérait que l’exécution de Sonfà n’avait pas encore eût lieu et qu’il pourrait intervenir.
_ La parution date d’hier, on parle donc d’aujourd’hui ! Nous devons nous y rendre au plus vite ! Je ferais tout pour lui éviter la mort, Arthur. Elle n’a que quatorze ans. Ce n’est qu’une enfant ! Je ne peux pas… S’offusqua Vikthor.
_ Les exécutions ne sont pas publiques. Seule leur confirmation. S’ils ont prévu de déposer sa tête ce matin, c’est qu’elle a déjà été… tenta Arthur.
_ J’ai besoin de le voir de mes yeux ! C’est impossible, je ne veux pas y croire.
Les heures qui les séparaient de l’annonce fatidique semblaient interminables. Tous deux, les visages enfoncés dans leur blouson, une gavroche vissée sur le crâne, ils attendaient patiemment en cette fin d’été. L’air était morose à l’instar de la pluie qui battait le pavé humide. Retranchés derrière un recoin d’immeuble, à l’abri des gouttes, ils regardaient les vas et viens sur la place du trône. D’immenses statues habillaient son centre, celles des six premiers ministres soulevant bien haut le code de justice du Nouveau Monde.
_ C’est bientôt l’heure, Vikthor. Quoiqu’il se passe, promets-moi que tu ne feras pas de folie. L’injustice est grande en ce monde mais elle le serait encore plus si tu mourais bêtement aujourd’hui.
Là devant eux, une foule commençait à s’amasser. Tel des vautours à l’affut d’une carcasse ou d’une sangsue affolée par le sang, tous se regroupait pour voir la sentence. On se serait dit au spectacle, la foule le sourire aux lèvres, les yeux aux aguets.
_ Ils me répugnent ! s’emporta Vikthor en les pointant du doigt.
D’un coup les commérages laissèrent place à un silence pesant. Des dizaines de miliciens étaient alors apparu au centre de la place, juste devant les statues. C’est la mine déconfite qu’Arthur et Vikthor virent alors le ministre Asage et le commandant de la milice sortir de nulle part. Ce dernier tenait un sac de jute précieusement.
_ Peuple du Nouveau Monde, Citoyens de Kentrony, nous sommes ici pour un moment si particulier. Ces derniers jours ont marqué un tournant dans notre histoire. Je viens vous annoncer aujourd’hui que nous avons dû défaire les Yeghes de leur fonction. En effet, ils se sont joués de nous et ont organisé de nombreuses rébellions Siréliennes. Ils ont même essayé de faire évader l’une de leur camarade, la légendaire meurtrière !
A ses derniers mots, la foule hua avec conviction. Elle avait soif de sang, de vengeance. Le ministre Asage se délectait de le voir dans leurs yeux. Il avait réussi.
_ Oh ne vous inquiétez pas mes amis ! Nous ne les avons pas laissés faire. Mon frère Loris est là pour vous le prouver ! Il a bien réalisé son travail de bourreau, ne vous inquiétez pas.
Le commandant de la milice dénoua alors son sac de jute pour en sortir son triste trésor. Galvanisé par la foule, Loris brandissait la tête de Sonfà à tout va dans les airs. L’innocente avait été sacrifiée pour la réalisation de terribles desseins.
_ Je vous la mets sur le piquet ! Admirez, Admirez notre réussite ! Criait Loris.
_ Loris, articulèrent en cœur les deux amis choqués par la scène.
_ C’est le prénom qu’à donner Solenne. C’est lui qui a enlevé mes sœurs… c’est le bras de droit de Garnel Asage, souffla Arthur.
_ C’est son frère. Ils ont tué Sonfà… Ils l’ont décapité Arthur. C’est eux deux depuis le début. Depuis tout ce temps, gronda Vikthor en fermant son poing à s’en faire mal.
_ Pour tous les rebelles nous avons également trouvé la solution ! Tous les Yeghes, tous les Siréliens et tous les humains qui ont participé de loin ou de prêt à cette tentative de coup d’état seront appréhendés et déportés dans des camps prévus à cette effet ! Les terres australes les accueilleront et leur permettront de se repentir. Nous avons déjà mené avec succès une opération à Byan ! S’enthousiasma Garnel devant la foule en délire.
Le reste du discours, Arthur et Vikhtor ne l’entendirent pas. Choqués par toutes ses annonces, le regard posé sur la tête sans vie de Sonfà, ils restaient plantés là sans rien faire.
_ J’aimerais lui foncer dessus, lui montrer que je suis là, que je sais tout ! gronda Vikthor.
_ J’aimerais leur effacer leur sourire niais de leurs mines affreuses ! J’aimerais… lui répondit Arthur avant de continuer dans son telsman. Vikthor, il faut qu’on parte maintenant ! A droite, on nous regarde avec insistance de plus en plus. Nous devrions nous méfier.
_ Très bien, allons-y ! J’en ai assez vu de toute façon ! Répliqua Vikthor en crachant sur le pavé avant de partir à grandes enjambées derrière Arthur.
Cette fin d’été était amère. Les innocents devaient se terrer face à cette montée du pouvoir extrémiste. L’air humide avait une odeur de suspicion et de morts. On se serait cru aux lendemains d’un combat sur un champ de bataille. Un charnier ardent tenter d’avaler Vikthor et Arthur. Ils devraient se battre de toutes leurs forces pour y survivre.
_ Avec ce que je viens de voir, je donnerais tout ce que j’ai pour sauver tes sœurs d’un destin funeste.
_ Il me faut contacter mon père au plus vite. Maintenant, avec tout ce qu’on sait il va se révolter. Avec son aide nous serons plus fort.
Ils leurs fallut tout le reste de la journée pour trouver un endroit sûr où séjourner quelque temps. Depuis des semaines, la plupart des établissements réclamaient pièce d’identité et signatures de registre pour pouvoir s’établir chez eux. Vikthor et Arthur, qui devaient à tout prix se soustraire aux contrôles d’identité inopinés, avaient du mal à rester dans la capitale. Ce fût donc le cœur rempli de courage qu’ils trouvèrent un aubergiste peu regardant et aux mœurs douteuses.
_ Nous aurons besoin d’une chambre et un accès au téléphone s’il vous plait, demanda Arthur.
_ Très bien, cela fera cinquante pour vous deux. Pour trente nams de plus je vous mets une fille avec, à moins que vous n’ayez besoin de personne d’autres pour vous tenir chaud les amoureux ? proposa l’aubergiste en secouant ses dreadlocks.
_ Hein, mais on n’est pas… rougie Arthur.
_ Juste une chambre suffira, le coupa Vikthor en lui tendant les cinquante nams en pièces.
Les nams étaient la monnaie du Nouveau Monde. Les billets représentaient chacun une particularité régionale, le lac de Mÿrre, les plaines verdoyantes de Zorrèce, les mines des Hylés, les plaines enneigées des terres australes ou encore le cratère ministériel. Les pièces d'or, quant à elle, étaient simplement frappés par un chiffre.
_ Très bien alors je vous encaisse et le téléphone se trouve juste là. Il faudra le créditer.
A peine après s’être installé, Arthur redescendit pour téléphoner à Paskhal.
_ Père, c’est moi Arthur.
_ Bon sang ! Où es-tu ? Cela fait des mois que je n’ai pas de nouvelles.
_ Je suis dans la capitale, j’ai des informations importantes.
_ Rentres sur le champ, il en va de ta vie !
_ C’est Garnel Asage qui les détient. C’est son propre frère qui…
_ Arthur, cette discussion ne peut avoir lieu. C’est trop dangereux.
_ Mais père ?
_ Raccroche et rentre. J’en sais suffisamment pour savoir que si tu ne le fais pas maintenant, il sera trop tard. Ta vie et celle de ta famille est en jeux en ce moment même. Rentres, gronda Paskhal avant de raccrocher.
C’est le cœur lourd qu’Arthur regagnât sa chambre où l’attendait Vikthor. Il s’était repassé l’échange en boucle en remontant les escaliers. C’était comme si une partie de l’histoire lui manquait. Serait-il possible qu’en partant il avait mis encore plus sa famille en danger sans le savoir ?
_ Alors ? le questionna Vikthor.
_ Les temps sont difficiles mais mon père fera en sorte de nous aider. Avec les arrestations ce n’est pas simple mais quand nous auront retrouvé mes sœurs et qu’on sera en sécurité, il pourra agir, menti Arthur.
_ Très bien ! Alors renseignons-nous pour l’atteindre ce foutu ministre !
Arthur tenta tant bien que mal d’aider son ami à trouver des pistes. Cependant, il avait la tête ailleurs. Son père avait utilisé un ton si grave comme si un glaive ou une corde l’attendait derrière le combiné. Soudain il avait peur pour sa femme et ses jumeaux laissés derrière lui. Il tremblait pour sa dernière sœur, sa mère et son père qui l’attendait de pied ferme alors qu’il ne reviendrait pas. Pas tout de suite, pas s’en avoir vraiment essayé de sauver ses sœurs.
Si Paskhal avait l’air de tant craindre le ministre c’est qu’il y avait beaucoup à perdre. Il avait l’image d’un père qui ne craignait rien ni personne, un être fort et bon. Pourtant, lui aussi il reculait face au ministre, lui aussi il tremblait. Arthur avait peur, peur que ce soit illusoire qu’a deux, avec son ami, ils pourraient un tant soit peu se battre contre les frères Asage.
Pardon... Ben, je ne sais pas quoi dire mis à part les deux lignes du dessus... Ils n'ont pas intérêts à se foirer car sinon c'est la catastrophe puissance 10...
Bon, ça fait du bien de retrouver le bellâtre XD
Même si c'est pas folichon, hein... Et puis Arthur, non !!!! Pourquoi mentir ? Il ne faut pas, raaahhh.... ces persos qui font toujours les mêmes bourdes, c'est pas croyable !
A leur place, je changerais d'établissement... J'ai peur qu'ils aient été suivi ou que le coup de téléphone soit tracé.
Arthur a honte de son papa, il assume pas !
Et oui hein, je les comprends pas pourquoi !
Tu verras ce que l'établissement leur réserve ;) Si tes intuitions sont les bonnes ou pas !
PS du début : pense à la vieille de la première phrase mdr
Bon c’est clairement pas la grosse ambiance dans ce chapitre (sauf le passage avec l’aubergiste !!! <3) N’empêche après des mois de galère c’était pile poil au niveau timing… ils sont arrivés juste au bon (ou mauvais ?) moment… j’ai eu trop de peine pour Vikthor là T_T Et j’ai très sincèrement eu envie de l’aider à tuer Garnel sur place, mais c’est con il m’entendait pas l’encourager à foncer.
Juste pour revenir au passage avec l’aubergiste, outre le fait que je l’adore, c’est normal qu’il y aie pas d’unité de monnaie ? Et histoire de chipoter, tu as mis « 50 » en chiffres et « trente » en lettres, choisis l’un ou l’autre c’est moins bizarre à lire ^^
Mdr pas aimable le Paskhalou hein… D’où il lui raccroche au nez comme ça ? C’est encore moi qui ai zappé des trucs ou il se passe un truc pas net du tout ?
« _ Les temps sont difficiles mais mon père fera en sorte de nous aider. Avec les arrestations ce n’est pas simple mais quand nous auront retrouvé mes sœurs et qu’on sera en sécurité, il pourra agir, menti Arthur. » => nominé au plus gros mytho de l’année, bravo Arthur.
« _ Très bien ! Alors renseignons-nous pour l’atteindre ce foutu ministre ! » LANGAGE VIKTHOR ! Non mais espèce de petit mal élevé…
Et comme toujours, les dernières phrases de tes chapitres sont toujours hyper poignantes T_T
Oui, enfin !
Je vais le faire juste après.
Oui mais je te promets qu'à partir du 4O, les chapitres seront plus joyeux ;).
Oui, l'aubergiste.
Bah je crois que c'était calculé pour qu'ils arrivent trop tard mais juste pour Manon ahaha.
Oui Garnel... son jour viendra.
C'est vrai je n'ia pas rajouté d'unité.. je vais y songer. Merci pour la remarque.
Ils se passent un truc pas net.. Réponse dans le prochain chapitre où on aura le point de vue de Paskhal :).
Ahaha, et oui tout le monde peut mentir.
Ahaha il a une belle gueule mais l'éducation laisse à désirer.
J'y met un point d'honneur à chaque fois ;)
Pour trente nams de plus je vous mets une fille avec, à moins que vous n’ayez besoin de personne d’autres pour vous tenir chaud les amoureux ? proposa l’aubergiste en secouant ses dreadlocks.
_ Hein, mais on n’est pas… rougie Arthur.
_ Juste une chambre suffira, le coupa Vikthor en lui tendant les cinquantes nams en pièces.
Les nams étaient la monnaie du Nouveau Monde. Les billets représentaient chacun une particularité régionale, le lac de Mÿrre, les plaines verdoyantes de Zorrèce, les mines des Hylés, les plaines eneigés des terres australes ou encore le catère ministériel. Les pièces d'or, quant à elle, étaient simplement frappés par un chiffre.