Chapitre 4

Encore une fois, Dracoca-cola nous a fait perdre tout notre temps avec cette stupide histoire. Et sans que j'y fasse attention, Draca venait de disparaître je ne sais où. Peut-être même qu'elle est partie avant la fin de l'histoire. Après tout, ça se comprend... J'aurais peut-être dû en faire de même. Tiens, Drakuler aussi est parti. Pourquoi je suis resté ?

Culadra semble complètement émerveillé par l'histoire de Dracoca-cola, tellement qu'il a du mal à fermer sa bouche.

— T'as vu comme c'est fascinant mon histoire ! se vante le soda sur pattes.

— Ouais... Mais c'est chiant de fermer la bouche. Ça fatigue les muscles palin-dentaire.

— Ah ouais c'est vrai !

Et ils rigolent.

— Mais ça n'existe même pas palin-dentaire ! les contredis-je.

Ils s'arrêtent soudainement de rire et se tournent vers moi, l'air béat, tandis que Culadra a encore la bouche ouverte. Puis ils se regardent de nouveau et éclatent encore de rire.

— Ce n'est pas drôle !

Cette fois-ci, ils m'ignorent totalement. Franchement, j'en ai marre de ces deux abrutis.

Ces festivités commencent déjà très mal et je me doute qu'elles pourraient être bien pire, après tout, Dracula n'a pas encore pointé le bout de son nez. Et encore, j'en ai plein d'autres des cousins tous plus insupportables les uns que les autres. A priori, nombre d'entre eux n'étaient pas invités.

J'abandonne alors les deux zigotos pour rejoindre la cuisine. Drakuler semble alors passionné par un livre de cuisine.

— Que dirais-tu de faire une ratatouille ? me propose-t-il tout naturellement, un grand sourire sur les lèvres.

— Euh... Ça aura un goût de terre, t'es au courant de ça ?

— Une ratatouille ensanglantée bien sûr.

— On peut pas se contenter de verser le sang dans des verres et le déguster ?

— Absolument pas ! Ce n'est pas comme ça qu'on le déguste ! Et si c'en est ainsi, je vais me charger de la cuisine !

Il ouvre brusquement un placard de la cuisine. Suffisamment brusquement pour en arracher la porte. Il me regarde. Je le regarde. Il me regarde. Et je vais m'énerver. Il balance la porte par la fenêtre. Ce qui fait désormais une deuxième fenêtre de cassée pour aujourd'hui...

— Oups, mon doigt a glissé, se justifie-t-il d'une voix niaise et faussement crédible.

— Est-ce qu'il serait possible de ne pas détruire mon manoir pour ce soir ?

— C'était un accident.

Il le dit avec tellement de conviction que j'ai envie de le croire. Ou du moins, je sais qu'il sera suffisamment convaincant pour me faire croire que cette porte ne recherchait – en vérité – que la liberté. Malheureusement, je devais reconnaître qu'il était vraiment doué...

Il commence alors à sortir de nombreux plats et se rend bien évidemment compte que le frigo est vide. Et qu'en plus, il n'est même pas branché. Il en ressort un pot qui était coincé au fin fond... et qui puait. Vraiment. D'habitude, mon odorat a du mal à percevoir ce genre d'odeurs plutôt nauséabondes, mais cette fois-ci, c'est comme si ce poison faisait revivre mes poumons.

— Mais c'est quoi cette merde ? m'écrié-je.

Culadra arrive alors en courant et s'empare du flacon en faisant comme s'il était un joueur de rugby professionnel, mais nous connaissons tous le peu de délicatesse de Culadra et celui-ci s'écroule au sol avec son pot puant.

— C'est à toi cette merde ?

— Ce ne sont pas des merdes ! Ce sont mes amies les plantes vertes !

Il caresse son pot comme si ce truc était vivant... Et peut-être que c'est bel et bien vivant vu l'odeur.

— Dégage-moi ça de là ! Ça pue !

— Bah en même temps, elles ont pété et personne n'a jamais aéré ce pot depuis l'année dernière ! Tu t'attendais à quoi ? Tu crois que tes pets ça sent la rose c'est ça ? lance-t-il en se levant d'un bond et en me pointant du doigt.

— Mais... Je pète pas.

— Tu n'es pas une princesse ok ?

— Bah je le sais ça ! Parce que je suis un vampire ok ?

— Qui te dit que t'es vraiment un vampire ?

Ok, il est complètement ailleurs. Ce n'est visiblement pas la peine de discuter avec lui.

— Vous voulez manger bio ?

— Si c'est pour nous fourguer tes plantes immondes, c'est mort, rétorque Drakuler.

— Vous ne savez vraiment pas ce qui est bon...

Il caresse de nouveau son pot.

On entend alors quelque chose tomber à plusieurs reprises et le vacarme retentit dans tout le manoir. On se regarde tous mutuellement un bref instant puis on se précipite en direction du bruit.

Dans le salon, nous découvrons alors Draca écrasée au sol en compagnie d'un sapin en plastique.

— C'est quoi ça ? demandé-je en pointant le machin vert du doigt.

— C'est mon nouveau meilleur ami bro ! s'exclame Culadra, les yeux pétillants et au bord des larmes. Il est tellement beau... Et il est si vert... Oh la la ! Quel beau petit !

— Il est en plastique ! annonce Draca en se relevant. Et je me suis dit que ça pourrait être une excellente décoration.

— Ceci est une décoration de Noël... Et jamais, au grand JAMAIS, on ne célèbre Noël ici !

— Et pourquoi ? C'est encore une histoire de part de gâteaux avec le père Noël cette fois-ci ? lâche-t-elle d'un ton moqueur en croisant ses bras.

— Eh bien... D'une certaine manière oui.

— Mais c'est quoi le problème avec ces gâteaux enfin ?

Avant même que je n'ai le temps de lui répondre quoi que ce soit, on entend quelqu'un sonner à la porte.

— Mais qui ça peut bien être ? demande l'allemand.

— J'en ai aucune idée, répliqué-je.

— J'espère qu'il a ramené des plantes vertes en tout cas bro...