Chapitre 4

Notes de l’auteur : La suite, la boucherie des catacombes commence !!

Le Guerrier du Désert jaillit de la forêt au triple galop, le village se dessina à l’horizon, la colline de la crypte se trouvait un peu plus loin à l’ouest. Oull descendit des cieux en piqué et se reposa sur l’épaule de son maître, le Djinn ne tarda pas à se matérialiser à son tour.

« Alors ? Demanda l’Épéiste, à l’esprit.

- Ils sont déjà dans la crypte.

Le Guerrier du Désert jura et talonna Braise, filant droit vers la colline du cimetière. Le cheval était fourbu, l’aventurier le savait, mais il l’encouragea à faire un dernier effort et ce fut à bout de souffle que Braise déposa son cavalier à l’entrée de la crypte. Le Guerrier du Désert envoya sa monture se cacher dans la forêt loin du danger.

Sans perdre une seconde, l’Épéiste s’équipa : arc et flèches, sachet d’arômes pour masquer son odeur, son cimeterre, son Katar et son bouclier, tout était là. Il alluma sa lanterne, et entra dans la crypte au pas de course, épée au clair et bouclier au bras, Oull toujours perché sur son épaule.

Au début du dédale, le Guerrier du Désert n’eut aucun mal à remonter la piste du groupe. Mais lorsque les dépouilles de gobelins se firent rares, il dut envoyer Oull et Sable en éclaireurs afin de retrouver leur piste dans ce labyrinthe sépulcral. Il avait compté quinze gobelins morts depuis l’entrée du tombeau. C’était déjà un nombre suffisant pour constituer un danger sérieux pour les aventuriers.

Mais le Guerrier craignait fort que ces morts ne soient que l’avant-garde, et qu’en plus de la menace qu’il avait vu en rêve, il n’y ait une horde de peaux vertes bien trop importante pour un groupe de débutants.

Le Djinn et le hibou ne mirent pas bien longtemps à revenir.

-On les a trouvés ! S’exclama le spectre.

Le Guerrier du Désert accrocha son bouclier dans son dos, et se remit à courir à pleine vitesse. Suivant Sable avec Oull à ses côtés, le Guerrier du Désert traversa la crypte à toute allure. Il ne tarda pas à entendre les échos du combat, qui se déroulait à l’étage inférieur de la crypte. Le tournant suivant, le fit déboucher sur un couloir menant droit sur une terrasse. À présent, il distinguait clairement les cris bestiaux des gobelins des paroles du groupe d’aventuriers, apparemment, ils n’étaient pas en position de force.

La terrasse était maculée de sang et de plusieurs cadavres de petits démons, le Guerrier du Désert se précipita sur la barrière de marbre, et observa la situation. Une quarantaine de gobelins encerclait les aventuriers, plusieurs peaux vertes avaient déjà trépassé, mais les monstres demeuraient en supériorité numérique. Le groupe d’aventuriers s’était placé en cercle, afin de couvrir tous les angles morts. Mais cela ne leur permettrait pas de tenir éternellement.
Le Guerrier du Désert réfléchit à toute allure, mais bien vite Oull et Sable l’interpellèrent :

    -Ils vont se faire canarder, gamin ! »

S’exclama le Djinn, tandis qu'Oull tirait l’oreille de son maître afin d’attirer son attention. L’épéiste tourna la tête et vit le problème : sur une autre plateforme, légèrement plus haute que celle des aventuriers, deux gobelins s’apprêtaient à cribler le groupe de projectiles, un avec une fronde et le troisième avec un arc grossier. À cette distance et sans casque les aventuriers serait mis hors-jeu avant d’être massacrés par la meute de peaux-vertes.

Sans réfléchir davantage, le Guerrier du Désert dégaina son Katar et visa les deux tireurs. Les lames en croissant de lune fendirent l’air en tourbillonnant, décrivant un arc de cercle parfait au-dessus du vide. Le Katar trancha net la jugulaire du premier monstre, avant de transpercer le crâne de son camarade. Ce dernier tomba de la plateforme et s’écrasa en contre bas sur l’un de ses comparses.

Plusieurs petits démons tournèrent alors leur regard vers la plateforme. Profitant de ce moment de surprise, l’épéiste n’hésita pas et se jeta dans la mêlée, sabre et bouclier en main. Oull s’envola dans les airs et prit de la hauteur afin de repérer l’ennemi pour son maître. Déboulant dans l’escalier, le guerrier trancha la gorge du premier gobelin à sa portée, avant de transpercer celui à sa droite en plein cœur.

Frappant et parant les coups à toute allure, le Guerrier du Désert ne tarda pas à rejoindre le groupe encerclé. Les aventuriers très surpris de voir le débutant débarquer dans la crypte, n’eurent cependant pas le temps de poser de question, quatre Hobgobelins venaient de sortir du couloir tous armés d’armes d’acier et équipé de cote de maille.

Le premier fut pour la Combattante, le monstre haut de presque deux mètres chargea de son pas lourd et l’Amazone fondit sur son ennemi avec l’agressivité d’une bête sauvage. Elle lui décrocha un violent coup de pied rotatif directement dans la mâchoire. L’os du colosse verdâtre se brisa net tandis qu’il rugissait de douleur.
Le second Hob voulut s’en prendre à l’Amazone à son tour, mais son élan fut stoppé net par la masse d’arme de la Guerrière Sacrée. Le coup le cueillit en pleine poitrine et le fit reculer en arrière sur deux mètres, le séparant de son groupe. La Paladin ne s’arrêta pas et attaqua une nouvelle fois. La peau verte tenta de bloquer la masse à l’aide de son écu en chêne, il y parvint de justesse. 
 

Cependant, l’arme de l’aventurière était de bonne qualité et sa force non-négligeable, le bois du bouclier vola en éclats et la main du gobelin fut broyée. Hurlant de douleur et de rage, le monstre repoussa l’arme de son adversaire de son bras blessé, avant de répliquer à l’aide de sa lourde hache. 

L’acier de l’arme fendit l’air à toute allure avant de s’écraser au sol. La Paladin s’était écartée d’un pas de côté de la trajectoire de l’attaque et d’un puissant mouvement abattit violemment sa masse d’acier sur le crâne du Hobgobelin qui se brisa comme une coquille d’œuf. Les morceaux d’os et de chair giclèrent sur le sol dallé de la crypte.

Le Hob suivant, n’ayant pas vu ses deux camarades trépasser, fonça sur le Mage et ses deux camarades. La Forestière et le Berserker ne lui laissèrent aucune chance, l’Elfe faucha son bras armé d’un coup de hallebarde bien placée avant que le Nain ne lui fende le crâne d’un grand coup de son sabre.
De son côté, le Guerrier du Désert s’employait à briser l’encerclement des gobelins. 

Ramassé sur lui-même, il frappait de tous les côtés, donnait des coups courts et vifs, à tel point qu’on aurait pu le prendre pour une tornade ! L’un des gobelins fonça sur lui, son javelot en avant. Le Guerrier du Désert plaqua la lance au sol d’un puissant coup de pied sur la hampe, la brisa comme une brindille à l’aide de son bouclier avant de trancher la jugulaire de son ennemi. Le monstre se vida de son sang en quelques secondes.

Les gobelins tentaient à nouveau de l’encercler, mais l’Épéiste bougeait trop vite brisant sans arrêt leur formation et lardant la masse de peau-verte à coup de taille et d’estoc, les monstres finissant le crâne percé, égorgés ou encore éventrés.
Face à ce spectacle, le dernier Hob encore debout se mit à bouillir de rage.

« GRAAAOORRGH !! »

Le colosse, armé d’un sabre courbé fonça sur le guerrier et abattit sa lame de toute sa force afin de le couper en deux. Le Guerrier du Désert bloqua le coup à l’aide de sa rondache, le tranchoir frappa le bouclier dans un violent choc métallique. Mais la force du monstre fit reculer l’Épéiste de plusieurs mètres et il ne conserva son équilibre qu’au prix d’une roulade maladroite.

Un rapide coup d’œil sur son adversaire suffit à faire comprendre au Guerrier du Désert, que son bouclier ne lui servirait à rien face à la force brute du Hobgobelin. Alors que le peau-verte s’approchait de lui pour l’achever, l’Épéiste rangea sa rondache et fonça sur son ennemi à la vitesse de l’éclair tenant fermement son sabre à deux mains. Cette nouvelle posture de combat permettait au Guerrier du Désert d’employer toute sa vitesse et sa force. Le Hob tenta de le faucher, l’Épéiste fit un pas de côté, tournoyant sur lui-même, il passa juste sous le tranchoir de son adversaire.

Son cimeterre pivota et d’une simple poussée, il enfonça la lame dans le genou du Hob. L’articulation se brisa alors qu’un flot de sang giclait de l’estafilade. Privé de l’un de ses points d’appui, le peau-verte tomba à genoux, immobilisé. Dans un élan de désespoir et de rage, le Hob tenta une ultime attaque et abattit son tranchoir d’un puissant coup de haut en bas. Mais une fois de plus, le Guerrier du Désert esquiva et le tranchoir ne fendit que du vent.

Sans perdre une seconde de plus, le Guerrier du Désert prit appui sur l’arme puis le bras du Hob, avant de lui enfoncer son cimeterre dans la gorge d’un coup d’estoc bien placé. Il retira sa lame si vite qu’un simple filet de sang la macula. Tout s’était déroulé si vite que le Hob ne réalisa qu’il était mort que lorsqu’il s’écroula sur le sol glacé de la crypte.

À la vue de leurs chefs massacrés, les gobelins, aussi bien enragés qu’effrayés perdirent toute organisation et le combat tourna à la boucherie. Le son de la chair déchiquetée retentit et l’infâme odeur des boyaux et du sang se répandit dans toute la pièce. Tous les peaux-vertes cherchant à fuir furent tués d’un coup dans le dos. À la fin du combat, une trentaine de gobelins jonchait le sol et l’escalier était recouvert de leur sang et de leurs tripes baignant dans un flot cramoisi. Le Guerrier du Désert rengaina ses armes et récupéra son Katar, après une rapide addition, il compta trente gobelins en plus des quatre Hobgobelins.

Avec les gardes que les aventuriers avaient tués sur le chemin, cela élevait le nombre total à une horde de quarante individus, soit le double des pronostics de la Guilde, ce qui confirmait son rêve.

« Heureusement qu’ils n’ont laissé aucune sentinelle sonner l’alarme, souligna le Djinn. »

Il avait raison, l’Épéiste devait reconnaitre l’efficacité du groupe sur ce point-là. En tuant rapidement chaque sentinelle, ils avaient ainsi pu progresser dans le souterrain sans être repérés. Enfin, jusqu’à cette alarme.

Le Guerrier du Désert se retourna pour parler au reste du groupe et fut surpris de se retrouver nez à nez avec l’Amazone. La jeune fille à la chevelure rousse fixait intensément le guerrier porcelaine de ses yeux vert émeraude. Voulant éviter de montrer son inquiétude, il aborda un air serein avant de demander simplement à la jeune fille :

            « Il y a des blessés ?

Cette question sembla faire mouche. La combattante se retourna vers son groupe. C’est alors qu’elle réalisa que le mage avait reçu un coup de dague dans la cuisse et gisait dos au mur, entouré de ses camarades, le visage pâlissant à vue d’œil. À la vue de la plaie écarlate, le Guerrier du Désert s’empressa de ramasser l’arme rouillée que la Paladin avait jetée au sol après l’avoir retirée de la jambe de son camarade.

Le guerrier huma la lame. Il y décela une odeur ignoble : du poison. L’Épéiste se jeta presque sur le Drow : il l’empoigna par le col, sortit une fiole d’antidote de sa besace, la déboucha  et l’enfourna dans la bouche du mage. L’elfe à la peau sombre se débattit, sans résultat. Si la puissance magique du Drow surpassait de loin celle du jeune humain, le rapport de force physique était inversé.

Il fallait faire vite, le guerrier espérait qu’il n’était pas trop tard. Les mots du Goblin Slayer sur les armes empoisonnées des gobelins lui étaient revenus assez vite, du moins l’espérait-il. Le Mage toussota un peu, mais finit par boire le liquide curatif, le Guerrier du Désert le lâcha. Les autres membres du groupe qui jusque-là étaient restés interdits face à la scène intervinrent. Le Nain et la Forestière Elfe attrapèrent l’Épéiste par les épaules et le tirèrent en arrière. Tandis que la Paladin s’assurait de l’état de son comparse lanceur de sorts.

-Qu’est-ce que tu lui as fait boire ! Hurla le nain en agrippant le guerrier par le col.

-Un antidote. Répondit ce dernier en montrant la dague grossière du gobelin.

L’elfe saisit l’arme et la renifla, avant de renâcler devant la puanteur de la mixture toxique la recouvrant. La Forestière attira l’attention du Berserker et lui fit une rapide explication. Quelque peu déçu de ne pouvoir frapper l’Épéiste, le Nain le lâcha avec un petit grognement.

Le Drow quant à lui essuya les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front et son visage reprit rapidement sa couleur habituelle. Le Guerrier du Désert poussa un soupir de soulagement, l’antidote avait été administré à temps.

Le Mage toussota avant de se relever complétement, utilisant son bâton comme appui. Son regard ambré se posa sur le Guerrier du Désert. Bien qu’il fût reconnaissant à l’humain de lui avoir sauvé la vie, le Mage ne lui faisait pas encore confiance.

-Que fais-tu ici ? Demanda-t-il.

-Je viens vous éviter une mort certaine au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Répondit l’Épéiste. 
-Comment savais-tu que l’on serait en difficulté ? Dit l’Amazone.

Le Guerrier fixa le sol, embarrassé par la question, il ne voyait pas comment répondre à la question et il y avait plus urgent.

-Pour le moment, je ne peux pas répondre. Il y a autre chose dans cette crypte. Et c’est beaucoup plus dangereux que des gobelins.

Interloqué, le groupe réitéra sa question. Le Drow donna une réponse :

-Je crois savoir comment il sait tout ça.

Les aventuriers dévisagèrent le lanceur de sort surprit.

-De quoi parles tu ? Demanda le Nain.

-Je parle de l’esprit qui l’accompagne. Dit le Drow en plissant les yeux.

Le Guerrier du Désert se raidit. Le Mage n’était pas le premier à pouvoir sentir la présence de Sable, mais il ne pensait pas qu’un rang obsidienne en soit capable.


-Un esprit ! S’exclama l’Elfe des bois. Tu parles sérieusement ?

Le Mage hocha la tête. L’équipe se mit à fixer sévèrement l’Épéiste. Le jeune homme, mal à l’aise, il se mit à transpirer.

-Je pense qu’il vaudrait mieux que je me montre. Dit le Djinn.

Le Guerrier du Désert acquiesça avec un soupir.

-Alors gamin, tu as perdu ta langue ? S’impatienta le Berserker Nain.
C’est alors qu’une voix ancestrale résonna.

-Surveille la tienne le barbu.

C’était comme si le son provenait de partout à la fois. Les mots foutaient l’air avec la force d’une bourrasque. Les aventuriers balayèrent toute la pièce du regard.

L’air sembla se distordre, un tourbillon de poussière se condensa formant peu à peu une silhouette, le Djinn se matérialisa devant les yeux écarquillés du groupe. De son corps, seul son buste était visible, ses jambes étaient remplacées par un nuage de sable. L’esprit avait l’apparence d’un humain, sa peau était de couleur ocre, son crâne était tatoué et son menton arborait une longue barbe noire.

Le Nain et la Paladin portèrent la main à leurs armes, mais l’Amazone et le Mage Drow coupèrent cour et entreprirent de tempérer leurs fougueux camarades.

            -Allons petits mortels, je ne suis pas votre ennemi.

Bien que peu rassuré, le Nain lâcha se lames et la Paladin reposa sa masse. La guerrière sacrée lança un regard interrogateur à son camarade Drow :         

            -Comment as-tu su pour cet esprit ?

-La première fois où on l’a vu à la guilde hier. J’ai senti une présence imprégnée d’une puissante aura magique qui l’entourait. Répondit l’elfe noir.

            -Pourquoi t’a rien dit ? Demanda l’Amazone.

            -Ça ne nous concernait pas.

La chef de groupe hocha gravement al tête, elle comprenait le choix de son camarade, à ce moment-là en effet cette information concernait uniquement le Guerrier du Désert.

-Je ne vois pas en quoi cet esprit explique le fait qu’il savait pour notre situation. Rétorqua le Nain.

-C’est trop long à expliquer pour l’instant, il faut sortir de la crypte avant tout. C’est dangereux de rester là ! S’exclama le Guerrier du Désert.

Le Nain et l’Amazone voulurent répondre quelque chose, mais tout à coup la Forestière leva le bras comme pour couper court à la discussion. Les oreilles frémissantes, elle fixait le couloir situé à l’autre extrémité de la plateforme.

À l’exception de l’Épéiste, tous savaient ce que cette réaction signifiait : l’Elfe à l’ouïe aiguisée avait perçu un danger, des ennemis approchaient.

            -Combien sont-ils ?

Demanda l’Amazone alors que le reste du groupe se mettait en action en dégainant leurs armes.

-Je dirais dix gobelins ordinaires et deux Hobs, et autre chose…plus grand et plus rapide

À ses mots le Guerrier du Désert dégaina son arc et encocha une flèche, se préparant au combat. Il envoya Sable en éclaireur, aussitôt l’esprit s’engouffra dans le boyau sous-terrain sous les regards inquiet des aventuriers.

Puis le jeune homme dit à Oull de prendre de la hauteur. Le majestueux rapace s’envola et fit le tour de la plateforme avant de se poser à l’opposer du couloir. De la sorte il avait une vue parfaite sur le sombre corridor.

Le Djinn revint quelques secondes plus tard. Il était visiblement inquiet il se rapprocha de son camarade et avant de redevenir invisibles aux yeux des autres dit ses quelques mots :

            -L’ombre approche.

Le son des pas de l’ennemi résonné déjà dans le couloir, les aventuriers se tendirent. Le Guerrier du Désert visa l’entrée du sous-terrain, le temps sembla ralentir au rythme de sa respiration. Les pas se rapprochèrent lentement, très lentement. Puis tout à coup un œil vitreux brilla dans les ténèbres et Oull poussa un cri ! Aussitôt le Guerrier du Désert banda son arc et décocha sa flèche !

Le trait de bois et de fer siffla dans les airs pour aller se perdre dans le couloir obscur. Un petit cri retentit depuis les ombres et le cadavre d’un peaux-verte s’écroula sur la plateforme, la flèche fichée dans la gorge. Le Guerrier du Désert saisit une nouvelle flèche et l’encocha.

Les autres gobelins jaillissaient déjà du corridor ! Comme l’avait dit l’Elfe, il y avait bien deux Hobs dans le groupe. Le groupe de peaux-vertes se composait donc de deux Hobs en première ligne, six gobelins en armures grossière armés d’armes piteuses au centre et trois archers en retrait.

Sans hésiter, le Guerrier du Désert décocha sa flèche, droit sur le premier archer gobelin, avant de lancer son Katar sur le second. La flèche siffla dans l’air et se planta en plein dans l’œil gauche de sa cible, alors que le Katar décrivait une courbe parfaite qui s’acheva dans le crâne du deuxième gobelin. Les deux archers moururent sans un bruit avant même d’avoir pu tirer la moindre flèche. Il était temps de passer au corps à corps ! L’Épéiste laissa son arc de côté et dégaina son cimeterre et sa rondache puis se jeta dans la mêlée.

Le reste du groupe passa à l’action ! Le Nain Berserker dégaina ses sabres et s’attaqua au premier Hob armé d’une hache en acier à double tranchant. Le choc des armes fit jaillir des gerbes d’étincelles. La Paladin empoigna sa masse d’arme et asséna un puissant coup visant la tête du second Hob. Le monstre eut tout juste le temps de lever son pavois de planche qui se fissura en encaissant la force brute de l’aventurière.

De leur côté, l’Amazone et l’Elfe Forestière chargèrent le reste de la meute de peaux-vertes tandis que le mage Drow, sur leur talons, incantait :

            -Sagita…quelta…raedius ! Flèche, va droit au but !

Les mots de pouvoirs prononcés manipulèrent la logique même du monde et un projectile magique jaillit du bâton du mage avant de se diviser en une volée de flèches d’énergie pure. La rafale de traits mystiques faucha trois ennemis en un seul coup.

La Combattante passa à l’action. D’un coup de pied plongeant bien placé, elle brisa la clavicule du premier peau-vertes à sa portée, avant de faire pleuvoir une pluie de coup sur le reste du groupe. Chaque coup brisant une nuque, une mâchoire ou un bras, les gobelins déstabilisés ne purent porter le moindre coup. Le temps qu’ils reprennent leurs esprits, l’Amazone s’était dérobée et la Forestière attaquait à son tour. Les gobelins qui avaient survécu à l’Amazone n’avaient aucune chance. L’Elfe les décapita tous d’une série de taillades bien placées. Cinq gobelins de plus tombèrent.

Le Guerrier du Désert chargea les deux derniers gobelins. Le premier armé d’une hache de bonne facture tenta de lui faucher la jambe. L’Épéiste se déroba au dernier moment avant de transpercer le crâne de son assaillant de son sabre. Le suivant voulut percer le flanc du guerrier d’un coup de lance, mais ce dernier bloqua le coup à l’aide de son bouclier puis trancha le gobelin de l’épaule au bassin d’un seul coup bien placé.

Le sang coula à flot alors que les runes du cimeterre absorbaient chaque goutte du liquide vital, faisant disparaître les ébréchures de la lame. Sans souffler, le Guerrier du Désert se pressa de porter assistance à la Paladin et au Berserker aux prises avec les deux Hobs.

Le jeune homme fondit sur le Hob faisant face au Berserker, sabre au clair. Attaquant le monstre dans un angle mort de son champ de vision, il lui transperça le genou en plein dans l’articulation. Le sang gicla comme un geyser de la jambe lacérée, le Hob à la hache perdit son appui et tomba à genou. Le Nain n’hésita pas et décapita son ennemi d’un puissant coup de sabre, la tête verte roula sur les dalles crasseuses du souterrain.

Le Guerrier du Désert se jeta alors sur le second Hob toujours aux prises avec la Paladin. Le peau-verte tenait toujours son bouclier de planches en piteux état tout en maniant un tranchoir grossier.

Le Hob, contrairement à son confrère, était plus musclé et moins gras. Il esquiva les coups de la Paladin et répliqua d’un coup de taille. La guerrière sacrée bloqua la lame du tranchoir à l’aide du manche de sa masse d’arme, avant d’effectuer une puissante frappe latérale. Le Hob se baissa, le fer de la masse lui siffla au-dessus de la tête. Il se releva alors d’un bond et s’engouffra dans la garde grande ouverte de la Paladin, son tranchoir levé bien haut, prêt à fendre en deux le crâne de l’aventurière.

L’Épéiste se rua alors entre le gobelin et sa cible en poussant un cri bestial avant de bloquer le tranchoir de son bouclier puis il trancha le bras armé du Hob d’un coup de sabre. Le monstre hurla de douleur, mais son cri ne dura guère longtemps. La Paladin revint à la charge, et d’une puissante frappe descendante enfonça la tête du Hob entre ses épaules. Les yeux et la cervelle giclèrent du crâne broyé avant de se répandre sur le sol.

Alors que les aventuriers pensaient pouvoir souffler, le Guerrier du Désert se campa devant l’entrée du tunnel et cria :

            -Ce n’est pas terminé ! »

À ces mots, un hurlement strident monta des profondeurs enténébrées de la crypte. Le groupe se mit à nouveau en mouvement, un silence de plomb s’installa. Postés en arc de cercle devant le souterrain, la pression était telle que les aventuriers croyaient être broyés par un rocher. Un courant d’air glacé, porteur d’une puanteur sépulcrale montait des entrailles de la terre. C’est alors qu’ils entendirent des pas feutrés et vifs sur le sol de pierre, et virent dans la pénombre la pâle lueur d’yeux globuleux.

Une forme sombre et élancée jaillit du tunnel comme un diable de sa boîte  et percuta le Nain de plein fouet, l’envoyant s’écraser contre le mur du fond ! Le Guerrier du Désert vit quatre membres longs et musclés munis de longues griffes.

Face aux six aventuriers, au centre de la plateforme se dressait une créature à la forme grotesque vaguement anthropoïde. Son visage, du moins ce qui s’en rapprochait, était en partie dissimulé par une capuche en haillons qui semblait avoir fusionné avec la peau de cuir noir du monstre. Le Guerrier du Désert distinguait plusieurs yeux briller dans l’ombre de la capuche. L’ombre avait une queue nue à mi-chemin entre le lézard et le rongeur. Ses membres antérieurs et postérieurs étaient munis de puissantes griffes semblables à des serres. Sur ses épaules et avant-bras, des ergots d’os sortaient de sa chair, tels des dards. Chaque fibre de son cuir était tendue, révélant une musculature de prédateur.

« C’est quoi ça ? S’exclama l’Amazone.

            -En tout cas ce n’est pas un gobelin, ironisa l’Elfe.

La Paladin confirma :

            -C’est une Nécro-Ombre, un démon des cryptes ! Dit-elle.

Comme en réponse, le démon se ramassa sur lui-même et bondit sur le groupe comme un fauve sur sa proie en poussant un hurlement. L’Amazone se jeta sur le côté en criant :

            -On se déploie !

Ses coéquipiers et le Guerrier du Désert se mirent aussitôt en action juste avant que le monstre ne soit sur eux. Les griffes acérées de la Nécro-Ombre fendirent les dalles de pierres comme si elles étaient en porcelaine.

La Forestière tenta d’embrocher le monstre d’un estoc de sa hallebarde, mais vif comme un fauve ce dernier se dégagea d’un salto pour atterrir avec la légèreté d’une plume quelques mètres en arrière.

Tentant sa chance, le Guerrier du Désert lança son Katar. L’arme s’envola une fois de plus dans un arc, plongeant droit vers le crâne de la Nécro-Ombre. Cette fois encore avec une vivacité surnaturelle il repoussa le Katar d’un revers de ses griffes acérées. Entre temps, le Nain s’était relevé, fidèle à sa profession de Berserker il saisit ses lames et se jeta sur le monstre en poussant un rugissement bestial.

Le guerrier barbu abattit ses sabres dans un ouragan d’acier sur la créature sépulcrale. La Nécro-Ombre, sembla surprise et plutôt que d’esquiver à nouveau, s’engagea au corps-à-corps avec le Nain. Les griffes de la créature et les sabres de l’aventurier s’affrontèrent dans un fracas qui se répercuta dans toute la crypte. Des étincelles jaillissaient entres les deux adversaires sous la puissance des coups échangés. Le Berserker maniait ses lames avec une fureur aveugle en apparence, mais le Guerrier du Désert y décelait une maîtrise et une pratique de l’art du combat évidente. Chaque coup était puissant, vif et précis, visant les points vitaux de la Nécro-Ombre.

Le monstre parait et répliquait à l’aide des griffes de ses bras et de ses membres antérieurs. Tout comme l’aventurier qui lui faisait face, il attaquait avec la ferme intention de tuer. Puis au cœur de l’affrontement, le monstre tenta de balayer le Nain d’un coup de queue. Ce fut une erreur, d’une passe d’arme habile le Berserker trancha net le membre postérieur. La Nécro-Ombre, poussa un hurlement avant de repousser son ennemi d’un puissant coup de patte circulaire qui balaya le Berserker.

L’épéiste n’y tenant plus se jeta sur le démon sabre et rondache en main ! Une danse macabre s’engagea alors entre les deux adversaires. La Nécro-Ombre faisait pleuvoir une averse de griffes sur l’aventurier ! Ce dernier vif comme un félin esquivait, bloquait, ripostait, poussant obligeant le monstre à stopper ses offensives.

Tel un tourbillon d’acier, le cimeterre du Guerrier du Désert fendait l’air à la rencontre des serres de la créatures d’outre-tombe. Aux yeux des autres aventuriers ébahis, leur camarade et le démon étaient semblables à deux courants d’eau opposés qui se mouvaient dans un maëlstrom mortel.

Finalement la Nécro-Ombre commit une grave erreur : se sentant acculée face à ce mortel qui se révélait étonnamment coriace, elle tenta de le repousser de la même manière que le Nain. Sa patte arrière fendit l’air comme un fouet, voyant le coup arriver le Guerrier du Désert eut l’impression que le temps ralentissait. Il réfléchit à toute allure ! Il savait que si la créature l’envoyait au tapis, elle le mettrait en pièce dans la seconde, et s’il esquivait il s’exposait à une contre-attaque mortelle ! L’épéiste réalisa alors qu’il n’avait qu’une chose à faire.

Il se baissa légèrement, plaça sa rondache au-dessus de lui, se campa sur ses positions et au moment de l’impact d’une impulsion de tout son corps il repoussa la griffe de la Nécro-Ombre ! Déséquilibré par le choc, le démon se retrouva totalement exposé ! Le Guerrier du Désert engouffra son cimeterre dans la défense brisée de son ennemi. Le sabre transperça la jambe du montre et le lacéra du mollet à la cuisse !

Un sang violet gicla de l’estafilade, les runes du cimeterre le burent avidement. La Nécro-Ombre poussa un hurlement de douleur qui fit vibrer les murs de la crypte et manqua de rendre sourds les aventuriers.

Deux fois. Elle une créature de plusieurs siècles issue d’un autre plan, venait d’être blessée deux fois par des mortels ! La Nécro-Ombre était folle de rage !

Usant de cette rage pour faire fi de la douleur, elle bondit par-dessus le Guerrier du Désert en usant de sa jambe valide. Elle atterrit près d’une dizaine de mètres derrière lui.

L’épéiste fit aussitôt volte-face, campé sur ses positions. Le démon se ramassa alors sur lui-même tel un ressort et alors dans un éclair de réflexion, l’aventurier comprit! Il n’aurait pas le temps d’esquiver la charge de la créature et cette fois son bouclier ne l’aiderait pas, il n’avait pas la force physique nécessaire. La voix de Sable lui parvint alors :

-C’est le moment pour un peu de magie.

Voyant ce que son inestimable camarade voulait dire, l’épéiste se prépara et resta où il se trouvait. Il récita intérieurement chaque syllabe du sortilège qu’il s’apprêtait à lancer. Il n’avait pas le droit à l’erreur, en aucun cas la Nécro-Ombre ne devait esquiver, il en allait de sa vie.

Ne voyant pas sa proie se sauver comme il s’y attendait, le démon n’hésita plus. D’une poussée phénoménale qui fit voler en éclat les dalles du sol, la Nécro-Ombre se jeta sur l’aventurier.

Ce dernier concentré comme jamais, compta les mètres qui le séparaient du montre et lorsqu’il le jugea bon, hurla ces mots :

-Ô toi, prédateur des Dunes dévore mon ennemi...Morsure des sables !

En un éclair, un nuage de sable jaillit du sol dallé entre le démon et l’aventurier. Le sable se modela alors en une mâchoire ophidienne qui telle un prédateur affamé fondit sur la Nécro-Ombre et se referma sur elle dans un choc qui fit trembler la plateforme !

Aussi puissante qu’était la Nécro-Ombre, elle ne put rien contre la magie, permettant de plier les lois de la nature. Sa charge fut stoppée net  et son bras droit fut broyé !

 

À moitié écroulé sur le sol, la Nécro-Ombre ne put esquiver le coup suivant. La Paladin armé de sa masse d’arme, fonça sur le démon et invoqua un miracle :

-Ô dieu de la justice, donne-moi la force de combattre les ténèbres ! Flammes Solaires !

La prière de la guerrière sacrée fut entendue, le fer de la masse s’enveloppa d’un halo de flamme blanche. Investi de la puissance du dieu de la justice, la Paladin asséna un puissant coup circulaire à la Nécro-Ombre.

L’impact du coup provoqua une déflagration et le bras droit de la créature fut complétement arraché. Les flammes blanches brûlèrent la Nécro-Ombre, lui arrachant un nouveau hurlement strident. Le démon se releva, son cuir noir était couvert de brûlures et d’entailles, son sang pourpre coulait de sa cuisse et du moignon de son bras tranché.

L’Elfe Forestière tenta une nouvelle attaque, cette fois-ci avec la ferme intention de décapiter le démon. Mais celui-ci n’avait pas encore dit son dernier mot, la Nécro-Ombre esquiva d’une roulade avant de se remettre sur pied. Elle darda ses yeux pâles sur l’elfe, les globes blanchâtres luirent alors d’une lueur écarlate.

Le Mage Drow, sentit le danger et cria à sa collègue :

            -À terre !

L’aventurière eut tout juste le temps de suivre le conseil de son camarade pour avoir la vie sauve : une déferlante d’énergie pourpre jaillit des yeux de la Nécro-Ombre. Le rayon frôla l’Elfe, avant de percuter le mur adjacent, la pierre fondit comme neige au soleil !

Profitant que son adversaire était au sol, le démon voulut porter le coup de grâce. Mais son attaque fut stoppée net, l’Amazone lui asséna un coup de pied directement dans l’articulation de sa jambe valide ! Son articulation ploya sous la force de la Combattante aux muscles d’acier.

L’aventurière de rang acier n’allait pas s’arrêter en si bon chemin : sans laisser le monstre se ressaisir, elle enfonça son coude sur le sommet de son crâne, avant de poursuivre avec un coup de genou en pleine face ! Pour conclure avec un coup de pied sauté dans la mâchoire du démon. À défaut d’égaler la puissance physique de son ennemi, la Combattante appliquait une règle basique mais fondamental du combat rapproché : concentrer les dégâts sur la tête de l’adversaire pour plus d’efficacité.

La force centrifuge et la puissance musculaire de l’Amazone repoussèrent la Nécro-Ombre de trois bon mètres en arrière. Poussant un feulement digne d’un félin la créature voulut une fois encore user de son rayon oculaire.

            -Iacta…skolv…dashra ! Dissipe-toi énergie !

À peine ces mots sortirent ils de la bouche du Mage Drow, une onde invisible déferla sur le démon et l’énergie de son rayon sembla disparaître ! Le sorcier avait utilisé un sort de dissipation, empêchant ainsi le démon d’utiliser sa magie.

Poussant un rugissement bestial, le Guerrier du Désert se jeta sur la créature. Il avait rengainé sa rondache et mettait à présent toute la puissance de ses bras dans son sabre. La Nécro-Ombre esquiva le cimeterre d’un cheveux, tenta de répliquer de son bras valide. Mais l’aventurier, trop rapide, se mit à voleter, tourbillonner autour du démon et commença à le larder d’estocs et de taille avec la vivacité de la foudre.

Le démon ne pouvait que se défendre, ses blessures antérieures l’empêchait de se déplacer correctement. Les assauts de l’aventurier s’approchaient dangereusement de ses points vitaux.

Dans un élan de désespoir, elle utilisa sa jambe valide comme appui et tenta un nouveau coup de pied circulaire, espérant ainsi faire reculer son ennemi. Mais une fois encore, l’épéiste se déroba d’un pas de côté et trancha le genou de la jambe valide du démon !

La Nécro-Ombre tomba à genou et en levant les yeux elle vit la mort. Le Guerrier du Désert abattit son cimeterre sur la nuque de la créature, un bruit spongieux de chair tranchée retentit. L’instant d’après la tête sans bouche apparente et couverte d’yeux roula sur le sol.

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