Zorg arrive face à sa femme.
Zorg. — Chérie je suis rentré, le temps est magnifique. Tu ne trouves pas ?
Moïra. — Ciel, mon mari ! Non, c'est un rat ou bien une fouine, je ne sais plus qui m'a laissé pourrir ici.
Zorg. — Tes mots sont si blessants et pourtant tu as l’air d’être à ton aise.
Moïra. — Ce n’est certainement pas grâce à toi !
Zorg. — Tu crois que je ne savais rien des petites livraisons de Cordélia.
Moïra. — Si tu étais au courant pourquoi n’as-tu rien fait ?
Zorg. — Je n’ai jamais tenu un fort courroux à ton encontre et je ne suis pas rancunier.
Moïra. — Tu te fiches de moi ! Pourquoi suis-je toujours ici ?
Zorg. — C’est pour ton propre bien. Tu ne veux pas enterrer la hache de guerre ?
Moïra. — Je préférerais t’enterrer.
Zorg. — Tu m’en veux encore !
Moïra. — Après tous tes sales coups, la réponse est oui.
Zorg. — Je t’ai apporté quelque chose.
Moïra. — Au moins tu ne viens pas les mains vides, c'est déjà ça.
Zorg. — Un bon mari doit savoir surprendre sa femme. Je t’ai apporté une de mes meilleures bouteilles.
Moïra. — Pardon ! As-tu dit un bon mari en parlant de toi. Parce que à part si tu as une autre femme, tu n’es pas un bon mari.
Zorg. — Tu sais que depuis notre mariage je n'ai eu d’yeux que pour toi.
Moïra. — Tu as ce don pour toujours tourner les choses en ta faveur, ton esprit est tordu.
Zorg. — Tout comme le tien. Je dirais que nous sommes assortis. J’ai commis des erreurs et toi aussi, c’est la vie. On gagne une chose, on en perd une autre, il faut savoir se tenir en équilibre si on ne veut pas dégringoler.
Moïra. — Qu’as-tu perdu ? Dit moi si je me trompe mais tu as ton palais, ton titre d’empereur et personne ne t'a exilé.
Zorg. — J'ai d’abord perdu mon sang froid, ce qui m'a conduit à perdre ma famille.
Moïra. — Tu voulais seulement gagner le respect de tous, ce n’était pas malin mais ça je l’ai compris.
Zorg. — Il t’en aura fallu du temps pour me comprendre.
Moïra. — Tu n’es pas drôle ! Tu devrais me respecter au lieu de vouloir toujours me dominer.
Zorg. — C’est toujours une question de respect avec les femmes, elles n’ont que ça à la bouche. On ne vit pas dans un conte de fée, la vie est faite de difficultés, c'est dominer ou se faire dominer.
Moïra. — Tu n’as pas eu la vie trop dure, monsieur l’empereur !
Zorg. — Si ce n'est que le titre qui te gêne, ce n'est plus un problème.
Moïra. — On t’a renversé ?
Zorg. — Qui aurait fait cela selon toi ?
Moïra. — Des démons en colère.
Zorg. — Tous ces incapables n’ont jamais fait le poids face à moi.
Moïra. — Tu es toujours aussi humble à ce que je vois. Si tu m'expliques ce qui s’est passé, qu’on gagne du temps.
Zorg. — Mon poste d’empereur avait une durée limitée de trente années, je les ai même appelés mes trente glorieuses.
Moïra. — Qu’est-ce que tu racontes ! Ce poste est comme un mariage, jusqu’à ce que la mort nous sépare et tu n’es pas mort.
Zorg. — Évidemment, qui d’autre que toi voudrait me tuer !
Moïra. — Toute personne qui veut ta place, pour commencer et ceux qui te côtoient si je me rappelle bien.
Zorg. — J'ai épousé une dramaturge.
Moïra. — Pourquoi n’es-tu plus sur ton trône ?
Zorg. — Parce que son ancien propriétaire n'a pas envie de le partager.
Moïra. — Il n’est pas mort !
Zorg. — Qui t’as fait croire cela ?
Moïra. — Toi, bougre d’imbécile !
Zorg. — Depuis quand me fais-tu confiance ?
Moïra tourne le dos à Zorg et s’éloigne de lui.