Chapitre 45 : La vie est un cristal dans lequel neige des étoiles

Par Kieren
Notes de l’auteur : J'espère que vous vous portez bien.
Merci de continuer à me lire.
Vous êtes chouettes =)

Le Gamin m'aida pour la préparation de la récolte. Il commençait à faire nuit, nous étions prêt, il ne manquait plus que la petite peste. Entre temps, quoi donc faire ?

Les étoiles étaient hautes dans le ciel, le petit était couché sur le sol, bras étendus et les regardait comme s'il voulait se perdre dedans. Je lui parlai un peu de Cassiopée, de la Cigogne et de la Grande Ourse.

Alkaid, Mizar, Alioth, Megrez, Phekda, Merak et Dubhe. Il ne pourra jamais les réciter autre part que dans sa tête, mais elles seront là quant même. Il ne sera pas seul les nuits étoilées. C'était déjà ça.

Alors que je quittai les astres des yeux et me rendis compte que la fillette était assise au coin du feu avec son frère. Je ne l'avais pas entendu arrivé.

« Te revoilà Gamine, tu vas mieux ? »

« Qu'est ce que ça peut vous faire si je vais mieux Vieil Homme ? » me répondit-elle d'un ton sec.

« Ah, mauvaise humeur habituelle, on va dire que tu vas mieux. » Et je retournais mettre du bois dans le feu en silence.

La petite semblait attendre quelque chose mais comme rien ne venait, elle hésita et puis elle lança :

« Et vous ne voulez pas savoir pourquoi je suis partie tout à l'heure ? »

« Parce que tu me le dirais ? »

« … Non. »

« Bah voilà. Mais peut être que tu veux le dire quant même et que tu n'oses pas ? » Elle ne me répondit pas et finit par détourner les yeux vers le feu. « C'est pas grave, tu le diras quand tu te sentiras prête. D'ailleurs, vous avez jeté un coup d’œil à l'arbre les enfants ? » Ils firent ''non'' de la tête. «Alors allons-y, vous allez voir c'est sympa. »

Ils levèrent la tête, mais sans voir ce qu'il y avait d'intéressant. « Les fleurs ont disparu les gosses : elles se confondent maintenant avec les étoiles. » La Gamine fronça les sourcils et regarda plus attentivement.

« C'est exact. » dit-elle, « Elles ont la couleur du ciel. »

« Absolument : les fleurs de cet arbre prennent la couleur du ciel : il fait grand bleu, les fleurs sont bleus ; il y a des nuages, elles sont grises ; le soleil se lève, elles prennent la couleur de l'or. Et le plus intéressant, c'est qu'une fois celles ci coupées, elles gardent leur couleur et elles produisent de la sève si elles sont exposées à leur ciel correspondant. Et la sève, je m'en sers pour faire des gâteaux. Et le gâteau, il sera pour vous. »

A ces mots, le gosse sourit à pleine dent et tapa dans ses mains ; la Gamine, elle, fronça les sourcils.

« Pourquoi faire ça Vieil Homme ? Vous avez quitté vos moutons et votre chienne toute une journée. Vous n'aimez pas sortir de chez vous. Pourquoi faire ça pour nous ? »

« … Parce que vous méritez vous aussi d'être heureux, comme tout le monde. Enfin je crois. »

« Pour mon frère oui, pour mon frère... »

« Pour toi aussi. »

« Je ne crois pas, non, Vieil Homme, je ne crois pas. »

« Mmmh tu sais Gamine, tu n'es pas la seule à te trimballer avec ton passé, t'es pas la seule. L’innocence n'est pas quelque chose de très courant dans ce monde. »

« Vous n'y comprenez r... »

« Je comprends Petite ! Je sais. J'ai connu. Je connais... »

Le feu pétilla timidement. Le gosse retenait son souffle. Le silence qui s'en suivi était assourdissant.

« Je suis loin d'être innocent Petite, et apparemment toi aussi. Nos erreurs, nous ne les effacerons jamais. Nos fantômes nous suivront toujours. Nos vies seront toujours lourdes sur nos épaules. Et à la fin, jusqu'à la fin de nos existences, nous verrons, et reverrons ce que nous avons fait de mal. De pervers. De perfide. De moche. D'horrible. De malsain...

Mais pas que. Parce que nous ne sommes pas que ça. Parce que nous ne serons pas que ça. Nous pouvons être … tellement différents de ce que nous avons été. Ce qui est fait est fait. Rien ne change le passé. Mais le futur !... Le futur est un monde où l'espoir et les opportunités peuvent s'étendre jusqu'à l'infini. Parce que nous décidons de quoi demain sera, pour nous.

Mais nous ne pouvons pas décider pour les autres. Nous ne pouvons forcer personne à changer sa vision du monde. Nous ne sommes pas impuissants non plus, mais faire renaître … la vie … au cœur d'un cœur qui s'autodétruit, c'est tellement complexe. C'est tellement dangereux... Le retour de flamme peut faire tellement mal... Je connais...

Aussi, malgré les risques, malgré la douleur certaine qui s'en suivra, et malgré la sérénité quelconque à laquelle j'aspirais et qui me passera sous le nez ; je veux, je décide et je ferai en sorte que vous deux, toi le Gamin muet, et toi la Gamine casse couille, vous aillez tous les atouts en main pour que vous puissiez vivre une aventure...palpitante, une existence...riche, une vie...heureuse, pour qu'à la fin, vous vous sentiez...remplis, rassasiés, satisfaits, malgré vos erreurs et vos tristesses. Pour que vous puissiez renaître, avec de l'espoir sur un nouveau chemin, qui ne sera pas fatalement plus beau, mais vous le verrez d'un œil...plus neuf, plus enjoué, plus attentif aux petits fruits du destin et plus indulgent face à ses épines.

La vie, comme vous, se sera jamais parfaite, ne sera jamais nulle à chier. Vous serez...des cristaux, plein de facettes, qui brillent de milles feux ! »

Les larmes qu'ils versaient et le sourire du Gamin me laissèrent penser que mon discours n'était pas si mauvais. D'ailleurs, moi aussi je pleurais un peu.

Dorénavant, je ne pouvais plus faire marche arrière.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez