CHAPITRE 5 :
PRESENT : ELIJAH
Le jeune adulte entra dans la chambre sans politesse, claquant la porte derrière lui, au comble du bonheur. Il secoua ses deux amis qui dormaient encore d’un profond sommeil.
- Allez, on se réveille ! Vite !
- Au nom de l’omniscient Elijah, ne nous force pas à nous lever tôt seulement parce que toi tu es matinal ! gémit Jio en s’enfonçant un peu plus dans son oreiller.
Nethan émit un borborygme qui semblait révélateur du fait qu’elle soutenait les paroles de Jio. Mais Elijah ne l’entendait pas de cette oreille. Non. Aujourd’hui était un jour merveilleux.
- Allez, bon sang ! Vous passez votre temps à dormir, vous devriez être las de dormir autant ! Il faut que vous vous leviez !
- Mais pourquoi ?! demanda Jio, au comble du désespoir.
Elijah sourit.
- Parce qu’il n’y a plus rien à manger dans les placards ! chantonna-t-il.
Le silence s’abattit sur la pièce, à la fois comique et troublant. Jio consentit enfin à sortir de ses couvertures, un sourcil levé, en l’attente d’une explication plus précise. Il avait meilleure mine qu’il y a une semaine, lorsqu’ils étaient arrivés au foyer. Il semblait plus serein, comme le prouvaient ses traits détendus et ses cheveux en bataille qu’il ne prenait pas la peine de coiffer avec maniaquerie, comme il avait pris l’habitude de le faire.
- Tu comptes me fixer avec cet air bovin pendant encore longtemps ou tu vas enfin me dire ce qui te rends heureux dans le fait qu’il n’y ait plus à manger ? demanda l’adolescent, interrompant ses pensées.
Elijah sursauta, piqué au vif par l’expression « air bovin », mais consentit tout de même à expliquer la cause de sa gaieté à ses amis.
- Hé bien s’il n’y a plus rien à manger, il va falloir aller faire les courses ! Et c’est nous qui allons y aller !
- Ah non ! Non, non, non ! s’exclama Nethan, catégorique.
Elle s’était levée et s’était approchée d’Elijah jusqu’à lui faire face, à seulement quelques centimètres de lui.
- Non, répéta-t-elle, je refuse.
- Et pourquoi ça ?
- Parce qu’il pleut averse, dehors, et que je n’ai pas envie d’aller attraper une maladie en faisant les courses ! Je veux rester au chaud, moi !
- S’il te plait, Nethan ! Tu ne peux pas dire non ! On s’abritera, si tu veux, mais passons un moment juste tous les trois, sans Nilt, sans les enfants qui veulent toujours qu’on joue avec eux. Je n’ai plus d’intimité avec ces gosses, je suis sûr que Jio est du même avis !
Il jeta un appel à l’aide silencieux à Jio, en espérant que l’adolescent prendrait son parti. Les enfants du foyer éraient, certes, charmants, mais Elijah avait besoin de s’écarter, de passer un moment au calme. Il avait besoin d’explorer, de découvrir. Une semaine qu’ils étaient arrivés, et ils n’avaient pas bougés. Ils s’étaient bien reposés, mais ils ne pouvaient pas rester ici en permanence ou il allait devenir fou. Le mage de soins était presque certain que Jio était du même avis. Lorsque les enfants venaient les chercher pour aller jouer, il souriait, bien sûr, mais Elijah n’était pas dupe, il voyait dans les yeux du jeune homme que sa patience était, depuis longtemps, épuisée. Il n’était pas doué avec les enfants, il s’était surpassé, ces derniers jours, mais il arrivait à bout. L’avant-veille, il lui avait confié qu’il ne pouvait plus supporter d’être suivi par ses trois admiratrices, ces fillettes qui s’étaient entichées de lui et qui le retrouvaient, où qu’il soit.
Jio soupira, ébaucha un sourire complice, et hocha la tête. Il éleva la voix.
- Je pense que ça nous ferait du bien de sortir un peu, Nethan. Se réapprovisionner représente une occasion parfaite.
- Mais il pleut ! plaida la fillette qui n’était pas friande des temps frais et humides.
- Jeït a commencé : c’est la saison des pluies. Si on attend qu’il s’arrête de pleuvoir, on peut en avoir pour des mois. On ne peut pas savoir quand le soleil reviendra. J’avoue que, moi aussi, j’ai envie de sortir un peu.
Les deux garçons jetaient des regards insistants à Nethan. Ils attendaient son approbation. Et la jeune fille dut le remarquer car, finalement, elle soupira et, plongeant les mains au fond de ses poches, maugréa :
- Bon, allons demander à Nilt, dans ce cas.
Elijah poussa un cri de joie, Jio sortit de son lit et s’étira. Ils sortirent de la chambre.
Nilt manqua de s’étouffer lorsqu’ils lui firent part de leur envie d’aller faire les courses.
- En ville ? Tous seuls ?! s’exclama-t-il, au bord de la crise de nerfs.
- Je ne vois pas où est le problème, fit Jio, tout à fait calme.
Nilt recracha sa gorgée de tisane. Jio avait le don de proférer calmement des choses qui ne pouvaient qu’énerver les gens. Le frère de Soö se leva. Il était grand. Plus que Jio.
- Vous ne pouvez pas y aller seuls. Kerron est une ville dangereuse. Vous êtes encore des gosses. Bien idiot serait celui qui vous laisserait vous promener seuls alors que vous attirez tous les trois les ennuis comme le miel attire les abeilles.
- Elijah est un adulte. Ce sera notre chaperon.
L’intéressé empêcha le rire qui lui montait aux lèvres de sortir et, à la place, se contenta de hocher la tête avec ferveur. Nilt soupira, se détourna d’eux.
- Vous ne comprenez pas. Vous êtes en sécurité, ici. Je ne vois pas pourquoi vous voudriez partir à l’aventure. Je refuse que des gens aussi jeunes que vous aillent risquer leur vie à l’extérieur en se mêlant à des affaires d’état.
- On parle d’aller faire des courses, là, rappela Jio, pas de monter une rébellion contre l’assemblée des neuf mages.
- Bien évidemment ! On commence par aller faire des courses et ça finit en bagarre générale. Je vous connais, vous êtes le genre de personnes qui attirent l’attention sans le vouloir. Ce serait vraiment dommage de vous faire capturer.
- Capturer par qui ? intervint Elijah : On restera discrets, on fera attention. Jio et Nethan sont surpuissants, il ne nous arrivera rien !
- Jio et Nethan ne sont pas surpuissants, Elijah, et c’est justement parce que tu dis que vous serez discrets que je m’inquiète. Et puis Nethan est trop jeune.
- Nethan a le même âge que les enfants les plus vieux du foyer.
Nilt s’apprêtait à répliquer mais Nethan l’attrapa par le bras.
- Vous permettez qu’on parle, un instant ?
Décontenancé, l’homme accepta et ils se mirent à l’écart, dans la pièce voisine.
Elijah et Jio ne surent jamais ce qu’ils s’étaient dit mais, lorsqu’ils revinrent, Nilt était d’accord pour les laisser partir à condition qu’ils fassent leurs courses et reviennent immédiatement après. Non sans soulagement, ils se dirigèrent tous trois vers l’entrée de la maison, enfilant des capes pour se protéger de la pluie, et sortirent, accompagnés de deux des enfants les plus puissants du foyer qui allaient les escorter jusqu’à l’orée de la forêt. Trente minutes furent nécessaires pour atteindre la fin du bois. La pluie battait, le chemin était boueux. Nethan maudit Elijah de les avoir entraînés dans cette histoire. Lorsqu’ils furent en dehors de la forêt, ils retrouvèrent la carriole que Nilt avait déplacé il y a trois jours et montèrent dedans. Il n’y avait pas de toit pour la protéger et les sièges étaient humides. Mais les jeunes gens s’en contentèrent. Au moment où ils allaient se mettre en route vers Kerron, Elijah se tourna vers ses deux amis, les fixant avec un air dépité.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Jio.
- On a oublié le cheval.
Un temps mort accueillit sa déclaration. Ce fut Nethan qui prit parole la première.
- On n’a plus qu’à retourner au foyer, alors.
- Certainement pas !
- Tu comptes y aller en marchant alors ? C’est déjà à une heure d’ici en charrette lorsqu’il fait clair, alors j’imagine même pas combien de temps on va mettre en marchant sous la pluie battante !
- J’irai faire les courses, quitte à y aller en marchant ! Je ne suis pas venu jusqu’ici pour rien !
- Pas besoin d’y aller en marchant. Intervint Jio tranquillement.
- Oh. Et tu as une idée pour y aller alors ? répliqua Nethan avec un peu trop de brusquerie : Parce que moi, je ne vois pas comment on peut y aller autrement.
- Laisse-moi faire.
Il ferma les yeux. Pendant un moment, il ne se passa rien. Nethan se renfrognait, on aurait dit que Jio s’était endormi mais, de temps en temps, il poussait un gémissement. Et enfin, après dix minutes d’attentes, il apparut. C’était un grand cheval noir qu’on aurait dit fait de brume. Ses muscles puissants semblaient prêts à endurer une journée au galop. Il ne hennissait pas, ne faisait aucun bruit. Il émettait un vague sifflement. Inquiétant, mais cela restait un joli travail, Elijah le reconnaissait. C’était la deuxième création de ce genre de Jio. Il s’était superbement amélioré, depuis qu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois.
- Ce cheval est plus puissant et plus rapide. On devrait être à Kerron dans quarante-cinq minutes, environ. fit l’adolescent.
Elijah poussa un sifflement épaté, Nethan ne pipa mot, et ils attelèrent le cheval au véhicule qui, bientôt, se mit en marche.
Jio n’avait pas menti. Le destrier allait vite. Très vite. Si vite qu’ils arrivèrent à la ville une quarantaine de minutes après être partis. Ils donnèrent quelques sous à un gamin pour qu’il garde la charrette et entrèrent dans la ville. De jour, Kerron avait presque l’air d’une citée comme une autre. Presque. Car il subsistait encore, au coin des rues, des criminels qui lorgnaient sur les passants dans l’attente de trouver un pigeon assez riche à dépouiller ou un gamin naïf qui se laisserait facilement capturer. Et le tout dans une atmosphère des plus étranges, à mi-chemin entre l’inquiétude qui émanait de cette ville à la tombée de la nuit et le dynamisme de la ville de Poralguar. Mais Kerron était aussi une ville très bruyante. Dans toutes les rues, ça jacassait, ça beuglait, ça braillait. Elijah en avait mal à la tête et il voyait que ses compagnons ressentaient la même chose. Il s’arrêta, se tourna vers ses amis, et, criant pour se faire entendre, il demanda :
- Où est-ce qu’on doit aller ?
- Qu’est-ce que j’en sais ? lui répondit Jio sur le même ton : Je ne suis pas d’ici ! Il va falloir qu’on demande notre chemin à quelqu’un ou alors qu’on se débrouille !
- On ne va pas passer des heures à tourner en rond en espérant trouver un endroit où s’approvisionner en nourriture ! rétorqua Nethan avec mauvaise humeur : Tiens, allons demander à ces gens !
- Euh… Tu es sûre ? fit Elijah en avisant le groupe de personnes qu’elle venait de pointer du doigt.
Ils devaient tous avoir entre vingt et trente ans et se tenaient là, à l’entrée d’une impasse, comme s’ils marquaient leur territoire. Ils jetaient des regards ouvertement agressifs aux passants et fumaient ce qui devait être une drogue du coin. De temps en temps, ils s’amusaient à faire un croc-en-jambe à un promeneur et se moquaient de lui lorsqu’il tombait. Elijah reporta son attention sur Nethan. Elle hocha la tête avec conviction.
- Évidemment que je suis sûre ! Ils doivent connaître la ville comme leur poche ! Et s’il y a un problème, je me servirai de ma magie !
Sur quoi, elle prit les deux garçons, chacun par un bras, et les entraina à sa suite jusqu’au groupe de jeunes gens qui, quand ils les virent arriver, leur jetèrent des regards mauvais.
- Quoi ? aboya l’un d’eux, qui était le seul à porter une cape, lorsque Nethan l’interpella.
- On cherche un endroit où acheter de la nourriture. Vous n’en connaîtriez pas un, par hasard ?
- P’t’êt bien qu’oui. Dépend d’qui v’z’êtes.
- Juste des voyageurs. On a déjà cherché dans la grand-rue mais il n’y a pas d’épicerie, ni aucun autre commerce où acheter de quoi manger.
- On prend beaucoup d’précautions ‘vec la graille. Les voleurs ne manquent pas, ici. Z’êtes pas au courant ?
- On n’est pas du coin. Insista Nethan : On veut juste se réapprovisionner. Il n’y a jamais de voyageurs qui viennent acheter de la nourriture, ici ?
- Que’qu’fois, si. Mais y payent pour savoir où est la bouffe.
- Quel est le prix ?
L’homme eut un sourire malsain et jeta un regard envieux sur Nethan. Elijah le remarqua et, aussitôt, posa la main sur l’épaule de son amie.
- Viens, s’interposa-t-il, on s’en va. Il est clair que ces gens ne vont rien nous dire.
Il esquissa un pas en arrière pour faire demi-tour mais l’encapé l’interpella.
- Hé, attends ! J’savais pas qu’elle était déjà à toi, la p’tite. Veux bien t’la racheter en échange de l’info pour la nourriture ! Qu’ess’t’en dis ?
- Tu te fiches de moi ? répliqua-t-il en haussant la voix : Pour quoi est-ce que tu la prends, exactement ?
Il commença à s’avancer furieusement vers l’homme mais une main se tendit devant lui, lui barrant la route. Jio. L’adolescent s’avança à son tour pour faire face à leur interlocuteur, le masquant à moitié à la vue de ses amis. Elijah ne pouvait pas voir son expression, il était de dos, mais les poings du jeune homme étaient serrés, prêts à frapper, si nécessaire. Il contenait sa colère à grand-peine. Il voulait régler cette histoire discrètement, dans provoquer un bain de sang. Sa voix parvint à Elijah, claire et audible, calme mais tremblante de fureur, au fond.
- Cette fillette n’est pas une marchandise. J’ai de l’argent, je peux vous payer pour l’info.
- Bah… D’l’argent, on en a assez. Des mioches par contre…
- Vous allez m’écouter attentivement. Je vous le répète une dernière fois : Mon amie n’est pas à vendre. Puis il se détourna d’eux et rejoignit ses amis : On bouge. Il n’y a rien à obtenir de leur part.
Il les prit par la main et se mit en marche d’un pas qu’il voulut rapide. Mais avant qu’il n’ait pu en faire trois, la clique de l’encapé les avaient encerclés, faisant tourner des têtes parmi les passants curieux qui n’avaient pas fait attention à eux, avant. L’homme à la cape s’avança dans le cercle jusqu’à Jio, les bras croisés. L’adolescent restait de marbre, même dans cette situation. Elijah l’envia. Les choses allaient mal tourner, si ça continuait.
- Où qu’tu vas, comme ça ? N’a pas fini d’causer, tous les quatre.
- Je ne vois pas ce qu’on pourrait se dire de plus. répliqua Jio : Vous ne pouvez pas nous renseigner, c’est navrant, mais nous allons nous débrouiller. Maintenant, si vous voulez bien nous laisser partir… Nous sommes pressés.
- Pressés ?! l’homme éclata de rire : Pressés, qu’y dit, l’aut’ gosse ! Pas bon, ça, d’êt’ pressé dans une ville comme Kerron. Ouais, ça attire des ennuis.
La voix d’Elijah s’éleva sans qu’il ne l’eût voulu. Et il se maudit d’avoir parlé dès que le premier mot sortit de sa bouche, d’un ton presque suppliant.
- Pourquoi ne pas se calmer un peu, hein ? On ne peut pas vous céder la petite. Mais on peut juste partir. Chacun sa route, on fait comme si on ne s’était jamais rencontrés.
Du coin de l’œil, Elijah voyait Jio qui, d’un regard, lui enjoignait de s’approcher. Il le fit.
- On est encerclés, murmura le jeune homme, je ne sais pas quoi faire.
- Moi je sais. Répondit Elijah : Dans cette situation, il n’y a pas de meilleure option que fuir !
Et sur ce dernier mot, il attrapa chacun de ses camarades par une main et, profitant de la confusion du groupe due à son geste, il passa au travers de leurs rangs. Ils mirent deux secondes à se rendre compte de ce que faisaient leurs proies. Ce furent deux secondes de trop. Ce laps de temps avait permis à Elijah d’entraîner ses amis un peu plus loin. Ils n’étaient plus encerclés, au moins. Seulement poursuivis. Et fuir des poursuivants, Elijah savait le faire grâce à ses expériences auprès des chasseurs de prime.
- Mais qu’est-ce que tu fais ?! lui hurla Jio, un peu derrière : On n’a aucune chance de les semer !
- Je le sais bien ! Mais on va passer par les toits, ça deviendra plus facile ! Toi et Nethan, ralentissez-les avec votre magie, je m’occupe de trouver un accès aux toits de la ville !
L’adolescent hocha la tête et se tourna vers Nethan. Il lui dit quelque chose qu’Elijah n’entendit pas et tous deux ralentirent un peu leur course. Une poignée de secondes plus tard, Elijah entendit des sifflements, puis des cris de douleur, des jurons, des bruits de chute. Le mage de l’ombre et celle de la lumière étaient passés à l’action. Elijah regardait de tous les côtés espérant voir un escalier où un bâtiment dans lequel ils pourraient entrer pour accéder aux toits et permettre leur fuite, mais il y avait trop de monde partout, cela les ralentirait. Ils avaient déjà assez de mal à se frayer un chemin parmi la foule pour distancer leurs poursuivants. Au diable cette ville ! Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué d’aller faire ses courses tranquillement sans rencontrer le moindre problème ?! Le mage de soins commençait à s’épuiser. Il avait un point de côté. Son endurance, sans être mauvaise, restait dans la moyenne de l’endurance qu’une personne normale pouvait avoir. Son cœur battait à tout rompre, ça lui rappelait le jour il avait porté Nethan dans les bras, en fuyant le LERM pour la première fois. Soudain, au détour d’une ruelle presque vide, une porte ouverte. Elijah voyait distinctement des escaliers se dessiner à l’intérieur. Il se retourna pour le dire à ses comparses et son cœur rata un battement. De la trentaine de personnes qui les poursuivaient il y a cinq minutes, il n’en restait à présent qu’une quinzaine, voire vingt, tout au plus.
- Je vous avais demandé de les ralentir ! s’exclama-t-il : Pas de les décimer !
- Le meilleur moyen de ralentir un poursuivant, c’est de faire en sorte qu’il ne puisse plus nous poursuivre ! rétorqua Jio : Personne n’est mort, de toute façon !
- Encore heureux ! Enfin, ce n’est pas le sujet, suivez-moi, j’ai trouvé un passage !
Les jeunes gens désactivèrent leur magie et accélérèrent pour courir au niveau d’Elijah. Ils étaient Jio était à peine essoufflé, il avait une bonne condition physique, mais Nethan, comme lui, était à bout de souffle. L’usage de sa magie et cette course effrénée l’avaient lessivée. Elijah attrapa sa main et, d’un mouvement agile qu’il ne soupçonnait pas de pouvoir faire, la souleva pour la caler sur son dos. Jio restait derrière, en soutient, pour ralentir les poursuivants. Ils approchaient de la porte. Lorsqu’ils l’atteignirent, ils sautèrent à l’intérieur de la bâtisse et la refermèrent derrière eux dans un violent claquement. Ils s’empressèrent de grimper les escaliers. Jio prit la tête et, une fois au dernier étage, il aida ses deux comparses à monter avant d’en faire de même. Les toits de Kerron étaient plus bas et plus rapprochés que ceux de Nirim. Il allait être relativement aisé de se déplacer de l’un à l’autre, même sans le pouvoir de télékinésie d’Ethan. Par ailleurs, une chute, même si elle serait douloureuse, ne s’avérerait pas mortelle. Cela minimisait la peur que ressentaient les trois jeunes gens à l’idée de continuer leur course poursuite en hauteur. Elijah fut le premier à reprendre ses esprits. Il posa Nethan par terre.
- Désolé, mais je ne vais pas pouvoir te porter plus longtemps. Tu peux encore courir ? On finira bien par se débarrasser de ces gens et par trouver une boutique…
Nethan hocha la tête, ils se mirent en route. Et lorsque leurs poursuivants arrivèrent sur le toit après avoir compris comment Elijah et ses deux amis avaient pu disparaître de leur vue, les trois voyageurs étaient déjà loin. En dessous, dans la rue, une ombre disparut dans la foule.