Chapitre 5

Par Dan

Toute la nuit, Freddie s’était emmêlée dans ses draps en se demandant si elle parviendrait à affronter Lindhal après ça. Il fallait qu’elle découvre par quel moyen il avait appris tant de détails au sujet de sa sœur, il le fallait ; alors la confrontation serait inévitable : il avait des comptes à lui rendre et son malaise ne devait pas la freiner. À l’aube, pourtant, en prenant le plateau des mains d’un Alfred scrutateur, Freddie se sentait tout à fait prête à faire semblant que rien de grave ne s’était produit.

L’androïde avait retenu son geste juste une seconde de trop, ses vieux doigts noués sur les anses, le café débordant de la tasse dans la secousse causée par leurs poignes opposées, et les entrailles de Freddie avaient formé le même nœud qu’à la découverte du portrait. Alfred était-il au courant du « cadeau » de Lindhal ? Savait-il d’où lui venait cette lubie et de quel droit il se permettait d’envahir son intimité, de salir la mémoire de Romie, alors que personne ne lui avait rien demandé ?

Était-ce une menace voilée que Freddie avait perçue dans les yeux froissés du majordome ? Pour la dissuader de s’interroger ?

Freddie n’avait pas déjeuné et, finalement, elle n’avait pas non plus reçu de convocation. Elle ignorait si c’était une façon pour Lindhal de fuir ou de la ménager. Elle était soulagée de l’éviter aujourd’hui, en tout cas, et honteuse de constater que le silence pesant d’Alfred avait suffi à la décourager.

Ne restait plus qu’à profiter du sursis pour réfléchir.

Un échec, ce jour-là : à chaque fois que Freddie observait le tableau, la panique l’emportait dans un tourbillon de questions qui ne permettaient aucune analyse sensée de la situation. Le regard fixe de Romie n’aidait pas : depuis la toile qui expirait des odeurs de peinture fraîche, l’adolescente – la vraie – semblait vouloir dissuader son aînée de s’inquiéter. « Ça va aller », répétait-elle lorsque la fin approchait. « Ça ira mieux ». Sur sa figure, une expression de chagrin mêlée de gratitude – la dernière qu’elle eut jamais affichée.

Mais rien n’allait. Lindhal avait lu son dossier, d’accord, et peut-être retenu plus d’informations qu’il ne voulait l’avouer, mais son dossier ne mentionnait pas leurs errances nocturnes dans les quartiers enfouis, brossées ici par une mousse d’aquarelles, ni la texture particulière des lumières souterraines exprimées en croûtes épaisses et craquelées.

Freddie espéra que la nouvelle nuit démêlerait ses idées, quand l’épuisement l’emporterait de force vers un univers où son subconscient pourrait décortiquer les choses à sa place.

Aucune révélation ne la frappa au réveil et toujours aucune convocation ne l’attendait.

 

Les jours passèrent sur le même modèle, et en plus des angoisses infernales dans lesquelles ce tableau l’avait plongée, l’absence prolongée de Lindhal en ajouta progressivement aux tourments Freddie. Avait-il attendu quelque chose de sa part en lui offrant le portrait de Romie ? Une réaction immédiate, un remerciement ? Était-ce un défi ? Un défi raté, et lui, déçu, décidé à la punir en se tenant à l’écart ? Pouvait-il être fou et culotté au point de se vexer ?

Les jours passèrent et la colère se mêla à la peur, laissant Freddie éreintée au terme des heures creuses qu’elle passait à se torturer de doutes et d’incompréhensions. Lindhal n’avait pas davantage le droit de la priver de travail que de dessiner sa sœur décédée ; ils avaient signé un contrat, la vie de Freddie en dépendait et elle ne pouvait pas laisser son esprit dérangé gâcher tout cela.

— Le professeur est occupé.

— Ça fait trois semaines ! s’exclama Freddie, à bout de nerfs, quand elle retint Alfred par la manche ce matin-là.

Trois semaines pour eux, trois années pour son enveloppe. Freddie n’aurait pas su décrire les changements qu’elle observait à chaque aube, subtils, parfois suggérés, mais elle avait vingt ans, désormais, et son reflet s’était très légèrement creusé.

— Le professeur est très occupé.

Freddie avait arpenté toutes les pièces dont l’accès lui était autorisé, tenté de retrouver des chemins devenus passages secrets, fait les cent pas dans toutes les dimensions de sa chambre. Alfred lui avait conseillé de prendre son mal en patience et avait même accepté de lui prêter du matériel de peinture pour tuer l’ennui. La simple perspective de humer les éthers lui avait donné la nausée.

— Si c’est avec la préparation de la fresque qu’il est occupé, il avait dit que ça ne nous retarderait pas.

Freddie avait réussi à maquiller son mensonge : à moins d’explications rationnelles et de plates excuses, elle ne peindrait jamais rien pour Lindhal. Elle n’était pas parvenue à exprimer ses reproches sans flancher, en revanche : au regard perçant qu’Alfred lui renvoya, elle sut que ses capteurs avaient décelé toute sa frayeur refoulée.

— Si la procrastination vous inquiète, je vous suggère d’explorer la bibliothèque, répondit Alfred. Nous y conservons quelques archives qui pourront vous permettre de compléter vos transcriptions d’ici à ce que le professeur soit de nouveau disponible.

Partagée entre révolte et soulagement, Freddie laissa Alfred s’échapper sans s’en apercevoir. Ainsi donc, la disparition de Lindhal n’était que temporaire. Et il possédait une bibliothèque foisonnant de documents susceptibles d’étoffer les mémoires ? Pourquoi n’en avait-il pas informé Freddie plus tôt ?

Un nouveau point clignotait sur la carte de la maison, désormais – pas rouge, mais d’un gris pâle. L’ouverture inopinée de cette bibliothèque ressemblait à une nouvelle diversion, mais Freddie n’avait pas le luxe de la refuser : que Lindhal fasse un caprice ou redoute le conflit, elle ne pouvait pas se permettre de lambiner. Et puis, qui sait ? Peut-être trouverait-elle un indice parmi les archives ? Une piste liant Lindhal à Romie ?

 

Sa première réflexion en entrant fut qu’elle n’y trouverait jamais rien. La salle était si vaste que Freddie n’en voyait pas le fond et elle ne pouvait en deviner les recoins tordus qu’aux angles et aux ombres des murs et des allées. Plusieurs chariots autoportés semblaient avoir rendu l’âme après un énième aller-retour au pied des rayonnages, accablés sous le poids des classeurs de stockfiches et des véritables livres en attente de rangement. Dans le lointain, Freddie croyait encore entendre le vrombissement d’un de ces appareils plus récent ou plus vaillant qui poursuivait le tri des milliers d’ouvrages amassés sur les tapis persans comme des taupinières.

« Enfin de la vie », songea-t-elle.

Si c’était là l’étendue du chaos que Lindhal était capable de semer, Freddie comprenait qu’Alfred veille à le circonscrire. Il n’aurait pas fallu que la maison entière soit submergée.

Freddie, elle, ne parvint pas à lutter : en quelques pas, quelques minutes, elle était totalement noyée. Ses mains voulaient tout attraper et ses yeux voulaient tout lire : revues scientifiques, rapports techniques, copies de discours ; même les feuilles d’impôts et les devis des artisans engagés dans la construction de cette maison lui faisaient de l’œil, car il y avait des déductions à tirer des choses les plus infimes. Freddie était la seule à avoir accès à ces coulisses, et bien que Lindhal n’y entrepose sans doute pas ses secrets-défense, cette mine d’informations pouvait au moins servir à le cerner.

Freddie pouffa dans le silence relatif du chariot survivant, des liasses de papiel qu’elle brassait et des tuyaux d’un orgue monumental qui murmurait une sourde mélodie, comme si quelqu’un s’amusait à chanter dans un conduit à l’autre bout de la demeure. Cerner Lindhal, la belle idée.

Elle s’en voulut de réaliser que la colère avait reflué. Cette bibliothèque était un os que Lindhal lui donnait à ronger et Freddie s’y faisait déjà les crocs avec l’enthousiasme crétin d’un bon chien. Elle releva les yeux à temps pour voir les lampes de banquier s’illuminer dans une éclosion de lucioles absinthe ; dehors le soleil se couchait et Freddie était lasse de conclure tous ses dilemmes par la même évidence : elle était piégée.

 

À chaque nouvelle visite, Freddie devait commencer par se refréner : même si Lindhal la rappelait à la tâche incessamment, aucun de ces trésors ne disparaîtrait. Elle ne gagnait rien à se ruer sur la première pile de livres venue, d’ailleurs : si elle espérait tirer quelque chose de cette corne d’abondance, il lui fallait un minimum d’organisation.

Alors elle explorait, cartographiait et inventoriait : apprendre à se repérer dans les rayons et à manipuler les tables de consultation était indispensable pour trier et recouper les renseignements. Son transcripteur lui servait de pense-bête tandis qu’elle accumulait les éléments intéressants et qu’elle établissait les premières concordances : ici la délibération du conseil qui avait décerné le prix Nobel à Lindhal en 2019, là l’interview « intime » de son père et de ses sœurs venus l’acclamer. Freddie s’efforçait de dompter sa curiosité : l’heure de tout éplucher sonnerait bientôt.

Au bout d’une semaine, elle avait dressé un plan cohérent des lieux et des liens, usant de certains codes – stockfiche en saillie, étagère marquée par un cadavre de chariot ou rappel audio – pour se repérer rapidement. Elle était prête à s’attaquer à un premier sujet.

Se pencher sur l’enfance de Lindhal avait été tentant, mais Freddie savait que ce n’était ni le plus urgent ni le plus crucial. Son choix s’était alors porté sur la puce Juven, évidemment ; mais Lindhal ne conservait pas de brevets dans la bibliothèque. Freddie réservait cependant un chapitre aux évolutions de cette technologie, qui avait connu des débuts houleux au vingt-et-unième et vingt-deuxième siècle lorsque l’immortalité n’était ni systématique ni égalitaire.

La cible de Freddie, c’était la Justice, la gérance des Pavillons procéduriers et l’intervention de Lindhal dans la condamnation des gris-morts. Elle n’avait pas oublié ce qu’elle espérait trouver en s’aventurant dans cette mine.

Freddie entra ses mots-clés dans le moteur de recherche local et lança la fonction tri de son transcripteur : tous les ouvrages et toutes les notes traitant du thème choisi se compilèrent automatiquement. Elle réactiva ensuite l’enregistreur vocal du terminal qu’elle plaça dans la poche de poitrine de son uniforme gris, prête à entamer la dissection des archives de Lindhal.

— D’après la une du Washington Wave du douze juin 2212, il semblerait que Lindhal ait lui-même posé les bases du principe de grise-mort et activement participé à l’instaurer à grande échelle, disait-elle à la salle déserte, aux cascades de poussière dorée qui coulaient des fenêtres à croisillons, aux lampes éteintes courbées sur les bureaux comme des étudiants appliqués. Apparemment, les gouvernements ne parvenaient plus à gérer les populations carcérales immortelles, les condamnés à perpétuité surtout, et de plus en plus de chefs d’État commençaient à militer pour le retour de la peine de mort censée libérer de la place et soulager les contribuables…

« Les ingérences de Lindhal dans ce nouveau système judiciaire ont commencé dès l’intégration officielle de la peine de grise-mort à tous les tribunaux des mondes habités. Si l’arrangement proposé et par la grise-mort – un service civique rendu par le coupable avant de mourir comme prévu – a été largement acclamé et et unanimement appliqué et, les libertés prises par Lindhal pour en tirer un profit personnel ont causé nombre de protestations, en particulier face à son silence et ses secrets : Lindhal a toujours refusé d’expliquer à quelle fin il embauchait les gris-morts sauvés de leur sentence finale. »

Freddie tentait de maîtriser les trémolos de sa voix. Elle ignorait si l’idée de n’être qu’une énième rescapée parmi des milliers d’autres devait la rassurer ou l’inquiéter davantage.

Elle fit halte à une table connectée, nichée dans une alcôve de lecture derrière des rideaux de brocart brun et vert-de-gris, afin d’étudier quelques sauvegardes de journaux infosphère. Invariablement, l’encart des commentaires débordait d’indignation et de reproches : les premiers spectateurs des intrusions politiques de Lindhal critiquaient cette forme de détournement obscur : impossible pour les citoyens de surveiller les criminels et donc de s’assurer de la dette acquittée. À quoi œuvraient-ils s’il ne nettoyaient pas les rues et ne nourrissaient pas les pauvres ? Comment Lindhal pouvait-il prouver que leur emploi secret équivalait bien à la peine prévue ? Pourquoi certains gris-morts ne réapparaissaient-ils jamais ?

Et pourquoi faire tant de mystères autour de postes aussi anodins que celui de mémorialiste ?

Plus les années avaient passé, moins les gens s’étaient offusqués. Après quelques manifestations sans ampleur ni conséquences, tous avaient fini par se résoudre à l’idée que l’influence et l’argent de Lindhal lui octroyaient le droit de s’élever au-dessus de la Justice, ou en tout cas de se hisser à ses côtés.

— Ce qui est étrange, reprit Freddie, c’est qu’il n’y a aucun registre des gris-morts que Lindhal a sélectionnés jusque-là. Il ne les a sans doute pas tous fréquentés lui-même, je suis peut-être la seule dont il s’est servi directement, mais il n’y a pas non plus de trace d’accords avec des cotraitants ou sous-traitants ou de contrats parallèles et je…

Freddie s’interrompit quand son terminal afficha la réception d’un message. D’abord fébrile, elle se rembrunit en constatant qu’il provenait de l’intérieur de la demeure – évidemment, rien ne filtrait d’ici, pas même une connexion infosphère. Puis elle se crispa, nerveuse et excitée à la fois : était-ce une manière sournoise de saboter ses investigations ? Alfred tentait-il de la détourner de ce chemin, de la distraire ?

Enfin, la franche fureur déferla : il s’agissait de notes enregistrées envoyées par Lindhal.

« M’attendez pas pour bosser », signait-il.

Mais pour qui se prenait-il ? Pourquoi la traitait-il ainsi après lui avoir fait tant de mal avec le portrait de Romie ? Freddie avait à peine eu le temps de se remettre du choc et, depuis, Lindhal ne lui avait laissé aucune opportunité de tirer les choses au clair. Pensait-il vraiment qu’ils allaient poursuivre leur collaboration de cette façon ? Elle cloîtrée dans une pièce, à attendre qu’il lui jette des miettes ?

Freddie se leva en bousculant sa chaise et sortit à grands pas. Les semelles souples de ses chaussures grises ne faisaient presque pas de bruit sur les lames, les dalles, les carrelages, mais parfois son poids extravagant faisait trembler un vase sur un guéridon ou un lustre au plafond. Elle ouvrit à la volée la porte rouge de l’atelier ; personne. Dans la salle de bal ; personne. Le passage dérobé était scellé et quand Freddie fit volte-face avec la ferme intention d’écumer toutes les pièces de la maison, Alfred se tenait devant elle.

— Puis-je vous aider, mademoiselle ? Il est un peu tôt pour le dîner, mais…

— Où est-il ? Lindhal, où est-il ?

— Le professeur est…

— Il se moque de moi ! J’ai fait tout ce que j’ai pu sans lui et maintenant il m’envoie des courriers comme si j’étais sa petite correspondante ! Le contrat est truqué ! Il s’en fiche complètement de savoir si je meurs avant de terminer, hein ? Il n’a aucune intention de me rendre ma puce !

Alfred ferma brièvement les paupières comme pour invoquer la patience, ce qui ne fit qu’attiser la rage de Freddie.

— Le professeur est…

— Et vous aussi vous vous moquez de moi ! Occupé, mais occupé à quoi ? Sa fresque stupide ? Ou encore une nouvelle lubie artistique ? Qui va-t-il espionner pour son nouveau chef d’œuvre ? Mon père ? Mes grands-parents ? Pourquoi a-t-il peint ma sœur, à la fin ?!

Elle combla brusquement la distance qui la séparait du majordome et entreprit de lui marteler le torse. Alfred ne broncha pas.

— Comment il la connaissait ?!

Le métal protesta sous ses poings, dans un couinement étouffé par l’épaisseur de fausse chair que Freddie rouait de coups brutaux.

— Est-ce que c’est à cause d’elle qu’il m’a…

Seulement le bruissement de la chemise amidonnée.

— Est-ce que c’est à cause de ce que je lui ai fait…

Puis plus rien. Freddie, ployée, rompue, cramponnée au costume d’Alfred, se noyait dans le silence qui l’envahissait soudain. Il lui griffait les tympans ; il lui griffait le cœur.

— Je ne suis pas autorisé à divulguer les détails de l’emploi du temps de monsieur Lindhal, dit Alfred. Je ne suis pas non plus apte à juger votre attitude, ni à vous donner des conseils. Je peux simplement vous servir un dîner.

Le silence sous le tissu ; pas de battement, pas de respiration. Elle saisissait finalement. Le portrait n’était pas une attaque, mais une leçon ; un rappel, pour que Freddie, la criminelle, la fuyarde qui cherchait à échapper à sa punition, n’oublie jamais ni sa place, ni son statut.

Lindhal l’avait choisie à cause de Romie, des circonstances de sa mort et de la faute de Freddie. Elle ne comprenait pas pourquoi, en quoi elles faisaient d’elle une candidate prometteuse. Elle ne comprenait pas non plus comment il s’était procuré leurs images fraternelles et leurs fragments de souvenirs pour les peindre. Mais elle comprenait le message.

Ici, Freddie n’était qu’un instrument. Un outil que Lindhal aimait bien, comme un joli stylo ancien, ou un gadget sophistiqué. Rien de plus qu’un objet soumis à l’obsolescence programmée. Si Alfred avait eu un cœur, il aurait compati.

— Et si vraiment la situation vous est trop pénible, reprit le majordome, le professeur vous fait savoir que nous pouvons affréter une navette retour vers Nueva Antigua quand vous le souhaitez.

Nueva et ses dessins de nahuals que Freddie aurait pu reproduire au flanc du palais de Lindhal, pour lui faire plaisir, pour laisser sa trace, pour lui raconter sa vie pendant qu’il lui racontait la sienne. Nueva et ses chariots ambulants après lesquels Romie courait en s’emmêlant les jambes dans son baudrier. Nueva. Leur père digérant une orgie de pepián devant la tridi.

— N… non… supplia-t-elle, toujours effondrée sur Alfred. S’il vous plaît, je ne peux pas partir maintenant… Je veux… Je dois rester là…

Rester là, écrire ces mémoires, ne surtout pas mourir. Parfois, Freddie se demandait d’où lui venait cette envie. Pourquoi cette hargne, pourquoi cette lutte, et à quoi bon ? Était-ce un simple réflexe de survie ? Une mécanique bien huilée, comme celle qui animait Alfred, actionnée envers et contre tout sous un vernis d’humanité ?

— Est-ce que vous rêvez, Alfred ?

Dans ses cauchemars, Freddie renonçait, entraînée au fond du grand puits par une partie de son âme déjà défaite et emportée avec Romie. Dans ses songes, toutes les nuits, elle forait le noir des cheminées du crématorium, et au lieu de simplement regarder Romie tomber en souriant, elle coupait sa propre corde et la rejoignait en soufflant « merci ». Plus complice, ni meurtrière, mais libérée elle aussi.

— Je n’ai pas cette chance, non, répondit Alfred.

— Avez-vous envie de mourir, parfois ?

Tout aurait été plus simple si le spectre de Romie criait assez fort pour attirer Freddie même dans la réalité.

Alfred la saisit par les coudes et l’écarta.

— Que diriez-vous d’un rafraîchissement, pour commencer ?

Freddie sonda les yeux bleus de l’androïde, momentanément hypnotisée par les reflets qui y dansaient, la délicatesse des cils qui les bordaient, le tracé précis des rides qui les irriguaient. Il lui sembla étrangement familier l’espace d’une fraction de seconde ; l’impression se dissipa en même temps que ses dernières défenses cédaient :

— Vous avez quelque chose d’alcoolisé ?

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Fannie
Posté le 18/09/2020
Même si Lindhal et Freddie n’ont pas une relation romantique, il me rappelle ces mecs qui te font miroiter une belle relation, puis qui disparaissent quand ils ont eu ce qu’ils voulaient et s’inscrivent aux abonnés absents en te laissant avec toutes tes questions.
Toutes ces questions face au silence et à l’absence. La palette de sentiments que Freddie traverse est bien rendue. Quant à Alfred, bien qu’il ne soit pas capable d’empathie (et pour cause), il exprime de temps en temps une touche d’humanité et c’est troublant.
En fait, Lindhal a violé l’intimité de Freddie d’une certaine manière, et seule la volonté de nouer une relation proche avec elle aurait pu justifier ça. Mais il choisit le moment où elle est dépouillée de toutes ses défenses pour disparaître de la circulation. Il donne pour mieux prendre, et il ne lui donne surtout pas ce qu’elle espère : des réponses à ses questions. Je continue à le trouver égocentrique.
Coquilles et remarques :
— la dernière qu’elle eut jamais affichée [Ça ne peut pas être « eut affichée » ; c’est une confusion avec « eût affichée » (subjonctif plus-que-parfait), mais comme tu n’emploies pas ce temps ailleurs, il faut mettre « ait affichée » (subjonctif passé).]
— l’absence prolongée de Lindhal en ajouta progressivement aux tourments Freddie [de Freddie]
— et bien que Lindhal n’y entrepose sans doute pas ses secrets-défense, [« secret-défense » est invariable]
— Elle s’en voulut de réaliser que la colère avait reflué. [Le verbe « réaliser » est déconseillé dans le sens atténué de se rendre compte. D’ailleurs, elle ne s’en veut pas de comprendre ça ou d’en prendre conscience : elle s’en veut de le ressentir. Tu devrais reformuler la phrase.]
— des débuts houleux au vingt-et-unième et vingt-deuxième siècle [aux (…) siècles / N.B. « vingt-et-unième » est la graphie rectifiée ; la graphie classique n’a pas de trait d’union]
— Si l’arrangement proposé et par la grise-mort – un service civique rendu par le coupable avant de mourir comme prévu – a été largement acclamé et et unanimement appliqué et, les libertés prises par Lindhal pour en tirer un profit personnel [Il y a plusieurs « et » en trop : proposé par / acclamé et unanimement appliqué / appliqué, les libertés]
— À quoi œuvraient-ils s’il ne nettoyaient pas les rues [s’ils]
— Lindhal ne lui avait laissé aucune opportunité de tirer les choses au clair [aucune occasion, aucune chance ; dans cette acception, « opportunité » est un anglicisme]
— Qui va-t-il espionner pour son nouveau chef d’œuvre ? [chef-d’œuvre]
aranck
Posté le 21/09/2019
Encore un superbe chapitre où les sentiments confus de Freddie, sa colère, ses regrets, sa souffrance et sa soif de vivre se mêlent dans un gigantesque maelstrom pour finir sur une peine incommensurable, un sentiment cruel d’inexistence. C’est vraiment très émouvant, presque éprouvant. Je suis vraiment accro à ton écriture, et je te souhaite vraiment de trouver éditeur sur éditeur pour toutes les perles que tu nous offres.
Freddie est un personnage vraiment touchant à la foi par sa fragilité et par sa force et sa puissance de vie.
Lindhal, quant à lui, semble toujours aussi opaque, on ne comprend pas ses intentions, mais ce qu’on apprend sur le pouvoir qu’il s’octroie lui-même par rapport aux condamnés à mort me laisse une drôle d’impression, comme s’il se réservait des petits plaisirs solitaires et voir crever les gris de près (je me trompe ?). Son rapport à la mort est forcément très particulier, sinon, il n’aurait pas cherché l’immortalité, cet abruti (je dis abruti, car je pense qu’il a tort d’avoir fait une chose pareille). En même temps, je me prends à espérer que ce soit une sorte de Zorro des condamnés et que peut-être, il « s’amuse » à en en sauver quelques uns.
Le mystère du tableau reste également entier (merci pour ce sadisme si bien géré…) et Alfred, en bon « non humain » est à battre jusqu’aux rouages.
Une chose m’intrigue aussi : le baudrier de Romie, puis sa chute dont on ne sait pas si Freddie lui à rendu service en la poussant ou pas, mais je ne pense pas que Freddie ait « assassiné » la soeur qu’elle aimait tant par hasard ou pour rien. Bref, je me fais des films, mais c’est entièrement ta faute avec tous ses suspens dans lesquels tu nous noies (sadique, jusqu’au bout des ongles).
J’aime beaucoup les passages sur la peinture. On sent que tu maîtrises ton sujet, et j’aime la façon dont tu transformes la matière de la toile jusqu’à ce qu’elle en devienne presque une sculpture.

QQ minuscules remarques :

« en revanche : au regard perçant qu’Alfred lui renvoya, elle sut que ses capteurs avaient décelé toute sa frayeur refoulée. » idem que dans le chapitre précédent j’aurais mis une virgule à la place des deux points et pour la même raison de rythme à la lecture.
« Freddie n’avait pas oublié ce qu’elle espérait trouver en s’aventurant dans cette mine. » Je remplacerai ce Freddie par « Elle », il y a trois Freddie très rapprochés dans ce paragraphe.
Dan Administratrice
Posté le 02/10/2019
J'ai vraiment toujours peur d'en faire trop dans le mélodrame alors c'est très rassurant de constater que l'émotion peut taper juste, sans devenir indigeste. Merci pour tous tes compliments ♥

Je suis aussi très soulagée pour Freddie que je trouvais moins "définie" que Lindhal (en même temps il est tellement bizarre que c'est presque trop facile de le définir). J'avais peur en tout cas qu'elle soit un peu trop hermétique malgré les émotions qu'on lui voit.

Je serai muette sur les intentions et les motivations de Lindhal ! Mais je suis tes déductions avec grande attention ; c'est clair que Lindhal a un rapport particulier à la mort et qu'il reste très fumeux, donc c'est normal de se méfier de ce qu'il manigance... Tu as tout à fait le droit de le traiter d'abruti :p Je pense qu'il s'adresse des choses encore plus méchante, dans l'intimité de sa tête xD

Concernant Romie et Freddie, idem, mes lèvres sont scellées ! J'espère que t'obtiendras toutes les réponses que t'attendais, sinon n'hésite pas à me signaler un manque ou une frustration !

Encore une fois merci pour les remarques et surtout pour ta lecture et ton retour ♥
Rachael
Posté le 15/09/2019
Il est fort, ce chapitre, avec la confusion, la colère et le désespoir de Freddie, quand elle réalise qu’elle est un sorte d’objet d’étude pour Lindhal, un papillon dans un bocal. Pour le moment, il parait sacrément tordu, le Lindhal, ce qui n’est pas si étonnant pour quelqu’un qui a vécu 600 ans (si j’ai bien compris). D’ailleurs toute l’idée de la grise-mort, c’est glaçant, cette punition horrible de vieillissement accéléré, c’est quand même bien glauque (et bravo pour l’idée !). Que cherche-t-il exactemet, Lindhal ? A sortir de son ennui en jouant avec un/une grise-mort ? ou quelque chose de moins tordu ? En tout cas, cette société a un rapport à la mort qui est hyper intéressant ! A partir du moment où la mort n’est plus inévitable, ça devient fatalement compliqué…
Bref, c’est toujours aussi passionnant, je suis bien contente d’être revenue, et je cours voir la suite !
Détails
A faire semblant que rien de grave ne s’était produit : « faire semblant que », ça me semble bizarre, l’expression correcte pour moi, c’est « faire semblant de rien ».
Si l’accommodation proposée par la grise-mort – un service civique rendu par le coupable avant de mourir comme prévu – a été largement acclamé et unanimement appliqué : acclamée/appliquée. Je suis un peu sceptique sur le terme « accommodation ici »
Comment il la connaissait ! c’est une question non ? il faudrait un point d’interrogation (ou un combo !?)
Dan Administratrice
Posté le 16/09/2019
Recoucou Rach !

Il est pas resté sympa longtemps, hein, Lindhal ? :p Oui effectivement il a dans les 600 ans, ce qui explique et excuse peut-être certaines choses, et d'autres moins... Merci en tout cas, je suis contente que l'idée de fond te plaise ! En fait j'avais un peu peur que le format novella suffise pas du tout à traiter le sujet, qui est quand même vaste et complexe. Du coup c'est un soulagement si ça semble pas trop survolé.

Quant aux motivations de Lindhal, je serai muette comme une tombe ! Mais c'est très intéressant de voir ce que t'en déduis ^^

Merci aussi pour le relevé des fautes et des maladresses !
Rachael
Posté le 16/09/2019
Novella, oui, mais tu es vraiment à la limite du roman, en matière de nombres de mots.
Pour le moment, non, ça ne me semble pas survolé (ouh là, j'avais lu survolté ! ^^), mais je te dirai après avoir fini si je reste frustrée sur certains aspects du sujet...
Dan Administratrice
Posté le 16/09/2019
En fait le compteur de mots fait des caprices, c'est indiqué 44k ici mais le vrai total c'est 32k, donc d'après les découpages habituels ça oscille entre la grosse novella et le tout petit roman court ^^

Hésite pas à me faire part de toutes les frustrations (et les incompréhensions potentielles...) !
Rachael
Posté le 16/09/2019
Ah bah alors, si le compteur nous enfume ! Oui, je crierai mes frustrations, ne t'inquiète pas :-)
Flammy
Posté le 21/08/2019
Coucou !

J'en profite aussi pour reprendre les Mémoires Grises, que je compte bien terminer cette fois-ci ^^

Lindhal est quand même euh... J'aurai envie de dire un bel enfoiré, mais en fait, je suis sûre que c'est beaucoup plus complexe que ça. Typiquement, le yoga, montrer la verdure, c'était clairement pour essayer de mettre Freddie dans le bon état d'esprit pour recevoir le tableau, il ne voulait pas qu'elle le voit trop tôt, mais du coup, je me demande ce qu'il voulait faire avec ça, quel était son but. Bon, sur le comment il a pu le peindre, je suppose que dans une société pareil, avec assez de sous, tu dois pouvoir pister tout le monde comme tu vais à l'aide de caméra et autre (et peut-être même directement avec la puce), donc en vrai, ça ça me choque pas du tout ^^

Mais du coup, je me demande si Lindhal a pas juste un rapport très très très compliqué avec la mort, et que vaincre la mort n'a fait que d'amplifier ça. Et qu'il est curieux de voir comment une personne réagit à la mort d'un proche et face à sa futur mort. Parce que bon, la mort grise, ça fait un peu "Faisons du voyeurisme en mode télé réalité pour voir comment les gens régissent face à la mort". J'ai l'impression que Freddie, ainsi que les précédents à sa place, sont un peu là comme des cobayes, des objets de curiosités, et c'est pas cool ='D

Sinon, on en sait un peu plus sur la mort de Romie. Elle est tombée de haut visiblement. Volontairement ou c'est un accident ? Parce que d'office, j'ai pensé à un accident où Romie finie en mauvais état et où Freddie est obligée d'abréger ses souffrances. Mais avec la vision de Romie qui chute avec un sourire, je me demande si c'était pas un suicide. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas le faire toute seule et ne pas impliquer Freddie ? Bref, des questions. Et ça donne encore plus envie de lire la suite !

Sinon :

"Pour la dissuader de s’interroger ?" C'est vraiment pour la dissuader de s'interroger, auquel cas, c'est un peu beaucoup trop tard, ou c'est pour l'empêcher d'interroger Lindhal ?

"fait les cent pas dans toutes les dimensions de sa chambre." Je l'imagine faire les 100 pas sur le mur et le plafond, c'est génial xD

Brefouille, j'ai toujours envie de continuer, ça m'intrigue de plus en plus !

Pluchouille zoubouille !
Dan Administratrice
Posté le 21/08/2019
Flammouuu tu es partout 3 ♥

Bon alors du coup vu que t'as fini entretemps (grande folle) y a beaucoup de choses sur lesquelles je vais pas faire de suspense inutile, hein x'D On peut quand même conclure que Lindhal est un bel enfoiré :p

Y a effectivement pas mal de lecteurs qui ont cru que c'était potentiellement par la puce qu'il avait pu récolter des informations sur Romie et je trouve ça super intéressant ! Ça donne des idées ehehe.

C'est marrant ce que tu dis sur Lindhal et son rapport à la mort. Cette histoire s'est complètement "imposée" à moi, les personnages de Freddie et Lindhal aussi, et finalement j'ai commencé à écrire sans les connaître : j'ai eu l'impression de me laisser manipuler et de découvrir leur histoire au fil de l'écriture (oui je vais bien merci) ; du coup je les ai très peu analysés et j'ai l'impression de ne pas si bien les connaître que ça. Ce que tu dis tombe complètement sous le sens et c'est très vrai qu'il aborde la mort d'une manière particulière et sans doute assez malsaine. Je crois juste que j'avais jamais formulé les choses aussi clairement et je trouve ça passionnant et précieux d'avoir ce genre de retours ♥ Comme Lindhal apparaît dans d'autres novellas du recueil (SPOILERS) ça me donne matière à réflexion !

Merci aussi pour les maladresses x'DD Je vais repasser un coup sur tout ça.
itchane
Posté le 11/06/2018
Ha, enfin, j'ai lu ! : D
Bon, je me sens bête à répéter ce qui a déjà été dit, c'est ça d'arriver toujours en retard sur les batailles. Mais c'est tellement bien écrit ! Et puis avec des zeugmes en plus, non mais, j'en reviens pas. Je me pose souvent la question, est-ce qu'un style « poético-recherché » peut tenir sur un roman entier - sur une nouvelle c'est cool mais sur 200, 400 pages ce serait pas lourdingue ? Et puis je lis du Danah et j'ai ma réponse : oué, ça peut passer graaaaaave ! ♥
Bon après gros pavé, mais c’est parce que je fais un message pour 5 chapitres : P
Pour répondre à d'autres commentaires - histoire de faire une moyenne entre les lecteurs ( : P ) - perso j'avais bien perçu que Freddie était typée latino d'Amérique du sud. Et en ayant lu les 5 chapitres d'affilé j'ai bien réussi à suivre qui était Lindhal pour la société. (Peut-être aussi que tu avais fait des corrections intermédiaires ?). Sinon je n'ai pas été perturbée par la séance de yoga, en fait je l'ai plus vue comme une confrontation physique qu'une attirance. Et quand je dis physique, même là, je l'ai plus perçu d'un point de vue évolutif que sensuel. Genre comme si un homo sapiens se tenait à poil et bien droit devant un néanderthal... j'ai d'ailleurs adoré que l'on se rende compte sur le tard que Freddie dominait en fait complètement Lindhal d'un point de vue carrure. C'est génial.
La description pour la première fois de Lindhal ne m'a pas gênée, ni déçue, on aurait dit un peu un « dieu » que l'on entend d'abord par sa voix, et qui ensuite s'avère être grand (enfin pour des terriens comme nous), avec les cheveux et la barbe en boucles blondes, pas trop jeune mais quand même beau, et doué du talent « créatif » (confirmé par le tableau de Romie, presque trop réel et trop juste pour être peint par un humain lambda), bref, même si c’est vrai que je n’ai pas été spéficiquement transportée ou éblouie, je n’ai pas été déçue non plus.
Ha, en parlant du tableau, je me suis demandée quel pourrait-être un grand courant artistique du futur. Ce serait peut-être rigolo d'en rajouter un qu'on ne connaît pas, nous les ancêtres de Freddie... le style serait un mélange de pointillisme, de cubisme et de truc-en-isme-qui-n-existe-pas-encore-et-qui-force-l-imagination. Sauf s'il est fait exprès que le personnage soit entièrement perdu dans le passé, mais auquel cas ce n'est pas ce que l'architecture laisse à penser… enfin c’est une idée à la con en passant ce n’est pas très utile xD 
Il y a un seul et unique truc qui m’a fait un peu bizarre ; et j’ai enfin réussi à comprendre quoi d’une façon un peu bête, quand Alfred explique à Freddie qu’elle mangera mieux que les autres gris-morts, j’ai pensé cette phrase “elle ne saura même pas le goût que ça a les rations grises”. C’est bête hein, mais le fait qu’elle ait été extirpée de sa condition avant même d’y avoir goûté - à sa condition, je fais pas une fixette sur les rations xD - m’a fait un peu bizarre. Le chapitre 5 vient remettre tout cela en perspective, car justement elle est rappelée à sa condition par le tableau, mais quand même, je sais pas... ce personnage est comme dans une bulle depuis le début : la prison, chez son père, chez Lindhal. En fait sociologiquement parlant elle n’est jamais confrontée à la société en tant que grise-morte. Ok elle est habillée en gris, mais il n’y a personne pour le voir alors ce n’est pas si avilissant finalement. Je ne sais pas, chez moi cela crée comme un petit manque. On ne sait même pas ce qu’il y a au final dans cette fameuse stockfiche de 7 pages car elle n’en aura même pas besoin Après c’est peut-être aussi car nous n’en sommes qu’au chapitre 5 ! D’abord son passé nous en apprendra sûrement plus sur la société dans laquelle elle vit, et par ailleurs, c’est encore plus aliénant et excluant de ne vivre rien en commun avec personne, même pas les autres gris-morts, donc cela pourra peut-être fragiliser plus tard sa force mentale. Mais en tout cas voilà, à 5 chapitres du départ, j’ai comme un petit goût de non-vécu sur la langue, comme si elle avait été “sauvée” un peu vite, avant même d’y avoir goûté à la grise-vie ^^” Mais ce n’est pas une chose à changer forcément dans ce qui a déjà été écrit, ce serait plus une question de, à partir de ça, comment s’en servir par la suite pour que ce manque devienne utile voir beau, je dirai, et pas juste “oui je sais mais je voulais un huis-clos”.
Mais voilà, pour le reste, bravo vraiment, quel plaisir de lecture ! : D
(Alfred ! ♥)
itchane
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Dan Administratrice
Posté le 11/06/2018
Coucou Tchanou ! Désolée pour le temps que je mets à répondre, mais il fallait bien que j'atteigne les vacances promises pour trouver l'occasion de faire un retour convenable à cet impressionnant commentaire !
Je vais donc commencer par te remercier touplein ♥ Pour ce qui est du style poético-recherché, je t'avoue que je me suis aussi posé la question xD J'avais tendance à écrire comme ça sur des romans interminables et franchement c'était pas terrible, puis j'ai fait une cure de désintoxication forcée et là je voulais m'y ressayer sur un petit projet. Je suis ravie que tu en soies arrivée à cette conclusion, mais n'aie crainte, ça ne fera pas 200 pages ! :p
Merci pour toutes les précisions que tu apportes à la lecture des autres commentaires ! C'est vrai que c'est jamais facile de savoir jusqu'où enfoncer le clou pour être sûr que c'est clair, mais je suis aussi assez têtue et il y avait certaines choses sur lesquelles je voulais pas particulièrement insister davantage. Pour le type de Freddie en y réfléchissant ça pourrait effectivement manquer de précision vu que techniquement, c'est pas parce qu'elle habite dans une copie de ville latino-américaine qu'elle est forcément typée latino-américaine elle-même ; mais j'espérais que l'usage de l'espagnol donnerait un petit indice. Au pire, très franchement, qu'elle soit très bronzée ou noire, on s'en fiche.
Tant mieux pour Lindhal et tant mieux pour le yoga. Effectivement j'étais encore dans la phase de confrontation et d'observation entre eux ; je crois que si je tombais sur un mec six fois centenaire j'aimerais savoir à quoi il ressemble en détails. Ca me dérange pas tant que ça qu'on y voit une potentielle attirance physique d'ailleurs, au contraire, je reste volontairement floue pour que chacun puisse interpréter comme il le souhaite. Freddie est humaine et sexualisée et quand elle voit un mec à moitié nu et pas trop mal fichu, elle réagit, aussi :p
C'est rassurant pour l'apparition de Lindhal (et j'avais pas fait le rapprochement avec l'image de Dieu mais maintenant que tu le dis c'est assez vrai !). J'espérais pas vraiment surprendre ou choquer avec sa description, physiquement c'est un type tout à fait normal, pas à moitié cybord ou bardé de cicatrices, donc forcément si on s'attendait à quelque chose de renversant on peut être un peu déçu xD Mais comme je le disais, c'était aussi pour que la bizarrerie puisse venir d'ailleurs.
C'est super intéressant le truc-en-isme ehehehe ! Il va falloir que je réfléchisse à ça. C'est vrai que ça serait un moyen simple de rappeler que du temps a passé entre notre présent et celui de Freddie, merci pour la suggestion !
Pour en venir à l'absence de confrontation réelle avec le quotidien des gris-morts, je comprends ta frustration. C'est vrai que j'aurais pu laisser à Freddie un tout petit peu plus de temps au début pour se familiariser vraiment à la fin de vie qui l'attendait. En fait c'est très bête mais c'était juste pour pas que le début de l'histoire traîne encore, du coup j'ai préféré expliquer de façon extérieure en quoi aurait consisté sa peine si Lindhal n'était pas intervenu (les rations, les travaux d'intérêt général, etc) et sous-entendre qu'elle aurait été plutôt mal reçue et mal vue par le reste de la population quand je parle des journalistes au tout début, au moment de sa sortie. Ca fait très léger, j'en conviens, parce que même si du coup c'est pas le propos, je comprends que ça puisse être un manque pour qu'on saisisse bien en quoi sa situation chez Lindhal est différente (ou pas). Je ne sais pas encore comment je vais arranger ça, soit en rallongeant un peu le début (ce qui me convient pas bien) soit en tournant certaines autres choses différemment, mais en tout cas je garde bien ta remarque en tête pour la suite et/ou une très certaine reprise. J'avais déjà quelques pistes pour revenir sur cette grise-vie à la fin de l'histoire, j'espère que tu me feras part de ton avis à ce moment-là, si tu poursuis ta lecture, pour me dire si ça te semble convenable et suffisant !
Un grand merci en tout cas pour ce commentaire très complet, et je suis très heureuse que tu aies apprécié ! ♥ A bientôt j'espère !
Tac
Posté le 06/06/2018
Mamma mia... Si c'est pas de l'émotion, ça... Je suis tendue c'est pas croyable ! Je me suis tout pris en pleine poire : la confusion, la frustration, la colère, le désespoir... Jpeux avoir un rafraîchissement moi aussi ?
Cette phrase "Rien de plus qu’un objet soumis à l’obsolescence programmée." m'a juste tuée.
Bon on sent que ça ne va pas être un commentaire constructif, mais voilà, félicitations. Tu me dis d'aller à droite, je vais à droite : ton texte me happe plus sûrement qu'un filet à papillons (en admettant que je sois un papillon pour que la comparaison fonctionne). Aussi, je trouve ça chouette que Romie soit la soeur et non un.e petit.e ami.e.
Je ne sais juste jamais sur quel pied danser avec Alfred, je ne saurais pas décrire, il me perturbe. Des fois je le vois en robot, des fois en humain, mon cerveau a du mal.
Brefouille. J'ai hâte d'avoir la suite <3
Dan Administratrice
Posté le 06/06/2018
Coucou Tacounette et merci beaucoup pour ton commentaire ♥ Je suis vachement soulagée du coup, j'ai écrit ce chapitre en fractionné sur un temps assez long et je craignais un peu qu'il manque de liant ou de cohérence au final ; donc bon, tant mieux si l'éventail d'émotions à fonctionné et tiens, une p'tite gnôle *hips*
C'est bon de savoir que je peux te trimballer partout huhuhu et ouf pour Romie ! A la base je voulais même que ce soit un petit frère parce que je me disais que "Romie" allait davantage orienter vers une fille, mais bon ça me faisait trop de personnages masculins.
C'est parfait si Alfred a l'air encore difficile à cerner, j'espère que je ferai pas n'importe quoi avec cette partie de l'histoire... En tout cas je suis ravie si on n'arrive pas à se décider sur humain ou robot ^^
Merci tout plein encore une fois, j'espère que la suite te plaira !
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