Chapitre 5 - Cerise

Le récit que me fit Carlise de sa soirée avait de quoi me foutre les jetons : un vieux cinglé qui assassine des jeunes filles pour un complot qui me dépasse (j’avoue que je n’ai que peu d’intérêt pour ce qui ne me concerne pas et les affaires du monde magique, si elles peuvent rester loin de moi, je ne m’en porterais pas plus mal). La liste ramenée par la magicienne me servit grandement : en recoupant les noms et leurs adresses trouvées sur le Minitel, nous parvînmes à déterminer la nouvelle victime. Le soir, je rejoignis donc Carlise et nous nous séparâmes dans le quartier à la recherche de la fille qui devait mourir ce soir. Nous étions déterminées à la protéger à tout prix. Les inconnus m’indiffèrent, mais j’ai un minimum de sens de la justice. Je m’assis sur un banc sur une place et observai les gens. Carlise entreprit de faire le tour de la zone.
Cela ne me prit que quelques minutes pour repérer la cible : une grande blonde de 17 ou 18 ans, elle marchait en titubant soutenue par un homme un peu plus petit qu’elle, je reconnus le dénommé McTrigger d’après la description faite par Carlise. Je conclus qu’il emmenait la fille dans un lieu plus tranquille pour accomplir ses sombres desseins.
Mon amie n’était nulle part en vue, il me fallait donc agir seule. Mais agir ? Que pouvais-je faire ? Si il pouvait m’arracher le cœur par magie (en tout cas, c’est ce que j’avais compris), comment pourrais-je m’en défendre ? Mais il fallait faire quelque chose, j’espérais retrouver Carlise sur le chemin. Pour une fois, je regrettais que les téléphones portables soient aussi rares et chers à cette époque. Je finis par me lever, j’arrangeai mes cheveux roux sous ma casquette pour avoir l’air plus discrète, remontais le col de ma veste et entrepris de les suivre. Ils marchaient lentement, le tueur soutenant à moitié sa victime, cela m’arrangeait, je pus progresser avec ma jambe abîmée sans les perdre de vue. Ils tournèrent dans une ruelle et si elle avait porté un nom, il aurait sûrement été « la ruelle qu’est le mieux si tu veux faire des trus louches ou tendre un piège à un type inconscient ». J’avais l’avantage de savoir à peu près à quoi m’attendre alors, je n’étais peut-être pas un type inconscient, non ? Je passais ma tête dans l’allée, aucune trace d’eux, je m’avançais petit à petit, regardant de tous les côtés, rasant le mur pour éviter les angles morts.
Je sentis ma casquette s’envoler. Alors que mes cheveux cascadaient dans mon dos, je me retournai : l’homme était là, je ne l’avais pas vu, ni entendu, ni même ressenti sa présence. Bordel, et Carlise qui n’était pas là. Il fit quelques pas vers le fond de la ruelle, ajustant par défi mon chapeau sur sa tête.


« Et bien, et bien, n’est-il point impoli de suivre les gens, mademoiselle (En Français dans le texte, si le texte n’avait pas déjà été en Français) ? »
Je fus stupéfaite de sa voix, douce et empreinte de raffinement, mais il ne fallait pas me laisser abuser : ce type était un tueur psychopate et surnaturel. Je ne devais pas rester là. Je lui répondis en tâchant de garder mon sang-froid :
« Vous avez bien raison, mon cher monsieur. Sur ce, je vais me permettre de prendre congé. »
Je commençais à me tourner vers la place dont j’apercevais au loin les lumières rassurantes.


« Non, non, non, ma belle amie. Je serais honoré de profiter un peu plus de ta compagnie., fit-il en se mettant sur mon chemin. »
Sans que je le vis, il avait remis ma casquette à se place. Je déglutis et enchaînai :
« Il me semble que vous étiez déjà accompagné, je ne voudrais pas m’imposer. Je ne vois pas votre compagne. Où est-elle, d'ailleurs ?
- Qui sait ? Cela n’a que peu d’importance. A vrai dire, c’est toi que je voulais. J’avais remarqué que tu m’observais. Tu disposes peut-être de nombreux talents mais la discrétion n’en fait pas partie.
- Vous me vouliez. Comment cela ?
- Je suppose que tu t’en doutes. La petite Rose a dû t’en parler, je suis sûr. »
Il faisait allusion à l’intrusion de Carlise dans son usine. Je murmurai :
« Me vouloir ? Mais mon nom n’est pas sur la liste… »
Il m’avait entendu et répliqua :
« Ah, cette liste ? C’est amusant, il suffit de quelques noms pris au hasard dans l’annuaire pour brouiller les pistes et attirer les idiots. »

Connes, il n’y a pas d’autre mot (j’espère que Carlise ne m’en voudra pas), nous avions vraiment été connes de penser qu’il aurait pu laisser la liste de ses cibles sur une table comme un mauvais méchant de films d’espionnage.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Saphir
Posté le 30/03/2022
Oh non, c'était une fausse liste ?! J'espère qu'il ne va rien arriver à Cerise... Un seul moyen de le savoir, cliquer sur "suivant" ! Allons-y !
En tout cas, je vous félicite pour ce chapitre encore une fois génial !
A bientôt !
Fanderomance
Posté le 30/03/2022
Coucou,
Merci de ton commentaire, je suis contente que cela te plaise toujours autant.
J'espère que la suite te plaira !
Bleumer
Posté le 31/03/2022
Mille mercis de ta fidélité!
Vous lisez