Au fond de la bouche, le temps semblait long. Cera avait tenté à plusieurs reprises d'escalader la paroi de sa prison, sans grand succès. Elle n'avait pas affaire à de la terre. Le matériau était plus solide, plus glissant. Impossible à briser.
La jeune femme admirait le ciel sombre. Son ventre souffrait de famine. Une journée qu'elle n'avait rien avalé. Et dire qu'elle se plaignait de son unique repas sur l'île... Elle soupira, résignée. Elle mourrait probablement ici. Seule. Le chasseuse essuya une unique larme sur sa joue. Elle ne s'y ferait jamais à cette vie. Elle n'était pas faite pour l'enfermement, or le traitement qu'on lui réservait sur ce territoire ne se résumait qu'à ça.
Cera renifla avant de se frotter les bras. Si elle ne mourrait pas de faim, elle mourrait très certainement de froid. La température dans ce pays n'avait rien à voir avec le climat tropical de son île. Elle ramena ses jambes contre elle en quête d'un peu de chaleur.
La brune repensa à cette rencontre un peu plus tôt. Cet homme aux yeux orageux. Elle avait trouvé son regard captivant, envoûtant. Sa bouche avait cependant brisé le charme de cette confrontation. Elle se souvenait vaguement des mots qu'il avait employés. Il l'avait insulté puis puni de son attitude. Autant dire que Cera ne possédait pas une haute opinion des hommes qui enlevaient, blessaient et vendaient des êtres humains, des femmes. Elle n'avait vu aucun homme être traité de la même manière qu'elle l'avait été. La chasseuse avait trouvé ça curieux mais elle n'avait pas posé de questions. Ces gens la trouvait déjà suffisamment bête pour qu'elle en rajoute une couche.
Cera aperçut brièvement une tache traverser avant qu'elle ne s'écrase dans le fond d'eau. Un objet à l'aspect suspect remonta à la surface.
- Mange. C'est du pain, lui expliqua Dix à l'entrée du puits.
- Quand est-ce que je sors d'ici ? Demanda-t-elle en réponse.
Le visage de Dix disparut presque aussitôt. La prisonnière soupira avant de s'emparer de ce drôle d'aliment qui n'était ni un fruit ni un morceau de viande. Cette sensation à la fois moelleuse et rugueuse ne lui inspirait pas confiance mais la faim l'obligea à croquer dedans. Elle trouva le goût plutôt fade comparée à ce qu'elle avait l'habitude de manger mais pas déplaisant. Cera appréciait beaucoup le texture et la simplicité du met en bouche.
A la fin de son repas, la jeune femme ferma un instant les yeux. Elle espérait que le temps passe plus vite. Il lui tardait de goûter à cette liberté qu'on lui avait promise. Elle n'avait pas oublié les mots de son Maître. Elle devrait se battre. Contre qui ? Ou plutôt contre quoi ? Ces questions lui importaient peu. La brune avait une promesse à tenir envers Luna. Elle avait une vengeance à mener contre ces barbares.
*
L'homme noir vint la chercher le lendemain matin. Cera n'avait presque pas fermé l’œil de la nuit. L'association du froid et de l'eau l'avait tenu éveillée des heures durant. Son corps ne cessait plus de trembler. Elle peina beaucoup à attraper la courte échelle de cordes. Cependant, sa volonté la poussa à s'y agripper fermement. La chasseuse ne voulait pas mourir de cette manière. Elle ne pouvait pas.
- Je pense que tu vas te tenir tranquille maintenant, lança Brill en lui tendant une couverture.
Cera ne parvint pas à constituer une réponse adéquate. Ses dents s'entrechoquaient entre elles. Elle suivit docilement l'homme bâti comme un arbre. Arrivés à la maison, ils retrouvèrent Dix qui les attendait.
- J'espère que cette nuit t'a servie de leçons. S'il y a bien une seule chose que tu dois retenir pour vivre ici, c'est d'obéir.
Brill s'éclipsa après un signe de tête envers Dix et cette dernière invita la jeune femme à la suivre dans le dédale de couloirs. La brune garda la tête baissée, vaincue pour aujourd'hui. Elle voulait juste s'endormir dans un cocon de couvertures.
- Je vais te montrer le dortoir où tu pourras te doucher. Tu sens le chien mouillé.
Si Cera en avait la force, elle aurait lever les yeux au ciel. Cette femme ne s'arrêtait donc jamais de critiquer.
Dix poussa une nouvelle porte : une dizaine de lits de pauvres qualités se succédaient les uns aux autres. Une fenêtre, encadrée de barreaux, était l'unique point de lumière de cette pièce. Une petite boîte qui diffusait une lumière rouge, disposée près de cette fenêtre, suivait le moindre mouvement humain. Des piles de vêtements s'empilaient au bout des lits. Les murs de la pièce côtoyaient davantage le jaune de la moisissure que le blanc d'antan.
- C'est ton lit, dit-elle en désignant la couche la plus proche de la porte.
Cera s'apprêtait à se jeter sur le matelas quand elle fut retenue par une paire de main qui l'invita à passer une autre porte. Deux pommeaux de douche étaient accrochés au mur, s'opposant à l'unique lavabo de la salle d'eau. Un miroir, maquillé de griffes, surmontait le robinet
- C'est comme ça que tu actives l'eau.
Dix appuya sur un bouton et de l'eau s'échappa du mécanisme.
- Tu ne peux pas régler la température mais elle finit par chauffer un peu. Tu peux utiliser cette bouteille pour te laver les cheveux et le corps.
Cera regarda sa camarade s'éloigner, une bouteille en plastique dans les mains. Elle se déshabilla et actionna le système de douche. L'eau n'était pas aussi chaude que les lacs de son île mais elle était déjà plus chaude que celle du puits. La jeune femme se frictionna les mains de mousses avant de s'en mettre un peu partout sur le corps. Elle s'occupa de ses cheveux en dernier, soupesant sa toute nouvelle coupe au passage.
Son quotidien avait tellement changé... De là où elle venait, il n'y avait de pas de telles innovations. Il n'y avait pas ces matériaux étranges qui constituaient les murs et les sols. La brune se massa le cuir chevelure avec la mousse et laissa cette dernière disparaître sous l'eau. Elle se sentait déjà mieux.
En rejoignant le dortoir, Cera croisa une nouvelle femme. Les cheveux courts, elle l'avait presque prise pour un homme.
- Treize ? Je suis Six, en charge des tâches ménagères de la maison.
La trentenaire l'invita à enfiler ses nouveaux vêtements, des vêtements identiques à la précédente. La bonne femme l'aida même à verrouiller le soutien-gorge dans son dos. La chasseuse l'appréciait déjà plus que Dix.
- On m'a demandée de t'amener à la salle d'entraînement.
Cera fronça les sourcils. Elle avait à peine mangé et n'avait pas dormi. Et maintenant, ces gens voulaient qu'elle s'entraîne ? Le jeune maître en avait fait l'allusion. Elle allait devoir gagner sa liberté.
- Je suis trop faible physiquement pour entreprendre la moindre activité.
- C'est un ordre.
Elle se tut. La brune ne tenait pas à revivre la nuit qu'elle venait de passer. Si elle voulait survivre, elle devait obéir.
Elles quittèrent la demeure pour rejoindre une bâtisse en métal. Des fenêtres longeaient la façade, laissant quiconque avoir une vue d'ensemble sur l'intérieur de la salle. Cera remarqua plusieurs hommes tandis qu'elles rejoignaient la porte d'entrée. Le bruit des coups se répercutait entre les murs de l'immense espace. Un jeune homme blond vint à leur rencontre.
- La nouvelle ?
- Oui.
L'échange était froid. Glacial même.
- Son nom ?
- C'est la Treizième.
Le regard sombre de l'inconnu analysa la silhouette de Cera. Cédric la trouvait plutôt bien bâtie pour une femme. Elle avait les épaules carrés et une silhouette svelte. Il y voyait un certain potentiel. La guerrière, qui lui faisait face, possédait plus de masse musculaire que ses prédécesseures. Un bon point pour le programme qu'il s’apprêtait à constituer.
Cédric avait déjà préparé des lionnes à la fosse. Beaucoup même. Mais peu étaient parvenues à survivre suffisamment longtemps pour espérer en sortir. L'homme avait fini déçu plus d'une fois. Il s'était attaché à plusieurs de ses pupilles, entretenant des sentiments plus qu'amicaux avec ces femmes plus jolies les unes que les autres. La Treizième n'y faisait pas exception. Son teint des îles et ses yeux sombres la rendaient charmante aux yeux des hommes comme lui, à la recherche de la perle rare dans ce monde sanguinaire. Mais cette fois-ci, l'homme était déterminé à ne plus se laisser guider par ses sentiments. Il ne pouvait plus s'attacher à toutes ces créatures qu'il côtoyait... Son poste au sein de la Maison en dépendait.
- Est-ce que tu comprends ce que je dis ? Demanda-t-il lentement.
Son accent du Nord pouvait parfois déboussolée ces femmes venues d'ailleurs. Comme bon nombre d'hommes, son langage pouvait paraître presque étranger pour certaines personnes.
- Oui, répondit-elle, les sourcils froncés.
S'il n'avait pas articulé chaque syllabe, Cera aurait presque eu du mal à la comprendre. L'inconnu avait la même sonorité que ses bourreaux l'ayant arrachée à son île. Elle s'en méfia immédiatement.
- Tu vas commencer sur cette machine.
La « machine » en question se découvrait être un tapis roulant. Un mécanisme pour la chasseuse qui avait l'impression de courir sur place. Cinq minutes suffirent à l'épuiser. Elle haleta, se retint aux bras de la machine et finit par y descendre, fatiguée et assoiffée.
- Je ne t'ai pas demandée d'arrêter.
Les poings sur les genoux, Cera tenta de reprendre son souffle. Elle n'avait pas l'habitude de courir en continu, sur un rythme soutenu. Quel était le but de cet exercice ? Fuir l'ennemi ? La jeune femme releva la tête pour aviser le visage de l'homme face à elle. Elle rencontra le regard bleu de l'homme qui ne semblait pas s'émouvoir de son état.
- Pourquoi je fais ça ? Quel est le but ?
- Tu n'as pas d'endurance. Et pour gagner, il faut tenir.
Gagner mais à quel prix ? Qu'attendait-il d'elle ? Si pour gagner, elle devait éliminer ses concurrentes alors elle n'en était pas capable. Cera pouvait tuer des bêtes au prix d'ultimes efforts mais des femmes ? Elle s'imagina un instant transpercer de sa flèche le corps d'une d'entre elles, et déglutit aussitôt à cette idée. Le visage de Luna se superposa à sa victime et son envie de fuir cet endroit lui comprima le ventre.
- Je ne peux pas faire ça.
- Faire quoi ?
- Tuer.
- Et pourtant, c'est ce qu'on attend de toi. Fais trente squats.
Cédric fit le mouvement et Cera copia une trentaine de fois. L'exercice fut douloureux pour ses cuisses. L'homme lui somma de faire diverses activités qui finirent presque de l'achever. Elle avait fait des tâches quotidiennes sur le camp, comme ramener de l'eau, chasser les oiseaux, pêcher les poissons, mais elle n'avait jamais fait d'activités physiques à proprement parler.
Elle avait l'estomac vide et pourtant, elle n'avait plus faim. La gorge serrée par l'effort ne réclamait rien d'autre que de l'eau. Cera accueillit le contenant transparent avec félicité et but le liquide avec entrain.
Cera vit arriver le jeune maître à travers les baies vitrées de la salle. Son visage était toujours aussi inexpressif. Il ne lui accorda qu'un bref regard avant de rejoindre Cédric qui rangeait les poids et la barre de musculation.
- Alors ?
- Elle a physiquement du potentiel. Je ne connais pas son niveau en matière de combat.
Ses mots s’enchaînèrent si rapidement que Cera n'en comprit pas leur sens. Son regard glissa jusqu'à Priam. La chasseuse le trouvait très beau. Son nez arborait une petite bosse. Un grain de beauté était inscrit sous son œil.
- Elle a le potentiel d'aller loin ?
- Il est trop tôt pour le dire.
La jeune femme perçut quelques sons sans pour autant former le moindre mot. Son attention était davantage concentrée sur les nouveaux venus qui avaient investis ces curieuses machines. Tandis que certains soulevaient des barres d'acier, d'autres courraient sur des tapis roulants. Leur masse musculaire impressionna la chasseuse qui n'avait alors jamais vu de corps masculins aussi développés. Ces hommes lui apparaissaient gigantesques.
- Je la veux prête pour la semaine prochaine.
- Elle ne le sera jamais, affirma Cédric catégorique en avisant la sauvage.
- Je veux juste qu'elle survive suffisamment longtemps.
Priam ne précisa pas jusqu'à quand exactement et l'entraîneur ne lui en fit pas la remarque. Ce dernier reconnaissait l'intelligence qui brillait dans le regard de son maître. Jamais il n'oserait se mettre en travers de sa route. La femme serait prête, quitte à récolter quelques égratignures au passage.
*
Cera aspira goulûment la soupe qu'on lui proposa. Son corps criait de détresse. Elle ne l'avait jamais autant malmené. Elle but bruyamment son bol avant de se faire sermonner par Dix.
- Même les cochons se comportent mieux.
La sauvage leva les yeux au ciel. Depuis qu'elle était entrée dans cette maison, les gens ne cessaient de la comparer aux bêtes, comme si elle n'avait pas des jambes et des bras comme eux. Elle croisa le regard d'une femme à la chevelure rousse. Des taches de rousseur recouvraient une bonne partie de son visage, lui assurant un charme certain.
- Tu t'appelles comment ? Demanda Cera la bouche pleine.
Cette femme lui rappelait vaguement l'une de ses camarades de l'île. Léna n'avait pas été aussi belle que sa voisine de table, mais elle avait arboré des boucles similaires. Cera reposa son bol vide et s'essuya la bouche de sa main.
- Trois.
- Ne t'adresse pas à elle comme ça. Elle est hiérarchiquement plus haute que toi, la sauvage.
La chasseuse lui adressa un regard curieux. Hiérarchiquement. Qu'est-ce qu'il pouvait bien signifier ? La brune reconnaissait volontiers qu'elle n'était pas aussi cultivée que ces gens qui avaient vécue toute leur vie ici, mais elle n'aimait pas la manière dont on la traitait, comme une vulgaire sauvage. En d'autres circonstances, l'associer à un animal sauvage l'aurait comblé de joie : quid de plus magnifique qu'un animal sauvage, errant dans son habitat naturel ? Cera en avait admiré des dizaines avant de tous les abattre d'une flèche.
- Elle ne ressemble pas du tout aux filles qui l'ont précédée.
- Excusez-la de son comportement. Elle n'a pas l'habitude de vivre en société.
La Treizième arqua un sourcil. C'était bien la première fois qu'elle entendait Dix s'exprimer de cette manière. Cette femme devait vraiment être importante.
- Le Maître est au courant de sa venue ici ? Poursuivit-elle, un brin de curiosité dans son regard.
- Il a des oreilles partout, ce vieux croûton. Ça ne m'étonnerait pas qu'il vienne la voir d'ici quelques jours, avoua la rousse, le ton morne.
- Trois... Tu ne peux pas-
- Ça devient difficile de le supporter. Je veux juste qu'il se lasse et passe à une autre malheureuse.
Le silence se fit à table. Cera vit les mines se fermer, les visages se gorger de haine pour cet horrible personnage. La jeune femme voulût en savoir plus.
- Qu'est-ce que tu fais dans cet maison ?
- Je suis responsable de ses plaisirs, Trois frémit en prononçant le dernier mot.
La brune se retint de lui en demander plus. Le regard froid de Dix l'en empêchait furieusement. Quand l'une utilisait son corps pour se battre, l'autre l'utilisait pour aimer. Mais était-ce seulement de l'amour ? La rousse ne semblait pas éprouver le moindre sentiment positif envers le Maître.
- Mon Maître joue avec toi ?
- C'est son père, le Grand Maître de la Maison. Priam n'est que son héritier pour l'instant. Il ne dirige qu'une poignée d'entre nous. Pour Maître Thomas en revanche... Il ne reste qu'à prier qu'il ne pose jamais les yeux sur toi.
Le ton qu'elle employa lui refila la chair de poule. Cera n'était pas du genre à se laisser impressionner par les mots mais le regard hanté de son interlocutrice révélait plus que n'importe quelle parole. La jeune femme comptait désormais sur les Déesses pour la guider dans l'ombre des pas de cet horrible personnage. Elle reposa son bol et s'adossa à sa chaise. Elle appréhendait dorénavant les possibles révélations qui pouvaient s'ensuivre.
- Elle est sous l'entière responsabilité de Maître Priam. Il ne lui arrivera rien, lança Dix pour couper court au silence.
Personne n'osa s'opposer à ces belles paroles. Priam était bien le seul homme capable de s'opposer au Grand Maître des lieux. Et Cera s'en retrouva soulagée. Malgré ses airs dédaigneux, Dix pouvait se montrer indulgente, presque bienveillante.
- De toute façon, elle ne possède pas un physique attirant.
Au lieu de se sentir offenser, la brune sourit de sa remarque. Elle l'avait trouvé un peu trop gentille pour le coup.
- Tu viens d'un accord ou d'une transaction ?
- De mon î-
- Du Paradis perdu, la coupa Dix. L'endroit a bien changé depuis la dernière fois que je l'ai vu !
Le « Paradis perdu ». Un nom approprié pour toutes ces personnes emprisonnées contre leur volonté. Derrière les barreaux, les victimes n'avaient plus aucun espoir de retrouver leur liberté. Ce paradis qu'elles convoitaient n'existait plus.
Cera serra les dents en repensant à son île, à sa vie d'avant. Elle n'abandonnerait pas. Elle parviendrait à s'échapper. Elle le devait à toutes celles qui n'étaient plus capable de se battre. Aussi longtemps qu'elle se tiendrait debout, elle se promit d'essayer.
- Vendue par tes parents ? Demanda une femme aux cheveux courts, les yeux remplis de compassion.
- Par ton copain ? Rajouta une autre, la voix pleine de colère.
- Je dirais plutôt enlevée à mon île.
- C'est une femme LUX. Une sauvage, ne put s'empêcher d'ajouter Dix.
- Ça explique beaucoup de choses en tout cas.
Cera essaya d'ignorer les regards pour se concentrer sur ses mains abîmées. Ses origines, sa manière d'être étaient la source de beaucoup de jugements, des jugements dont elle ne comprenait pas la teneur. Elle acceptait l’appellation Sauvage. En revanche, le dédain qui l'accompagnait ne passait pas.
La jeune femme abandonna sa place pour se réfugier sur son lit, assigné plus tôt dans la journée. De sa place, elle pouvait sentir la fraîcheur provenant du couloir. Elle ferma un instant les paupières et essaya de revenir à des jours plus heureux, entourée de ses amies. Elles lui manquaient beaucoup. Leur simple souvenir suffisait à raviver la flamme dans son cœur et à alimenter son désir de vengeance.
Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre le monde ses songes, la chasseuse ressentit une étrange sensation dans son cou. Elle se redressa pour entendre une étrange voix s'adresser à elle :
- Viens dans la salle d'entraînement.
Cera souffla bruyamment. Elle en avait assez de recevoir des ordres de cet inconnu. Seulement, la punition qui l'attendait si elle ne bougeait pas dans la minute la poussait à écouter. Elle repoussa certaines boucles de ses cheveux et foula tranquillement les couloirs de la maison.
Elle restait sauvage. Indomptable. Il ne fallait pas l'oublier.