Je bâillai longuement, rabattant les couvertures du lit sur ma droite avec une lassitude évidente. Mes pieds glacés rencontrèrent le parquet, la froideur boisée s’insinuant dans ma peau avec une douceur presque réconfortante. Je m’assis sur le bord du lit, prenant un moment pour apprécier la sérénité de ma chambre. La lumière du crépuscule se déversait à travers les grandes baies vitrées, baignant la pièce d’une lueur douce et dorée. Dehors, la vue sur la ville était à couper le souffle, les bâtiments illuminés se dressant fièrement contre le ciel qui s’assombrissait.
À ma gauche, deux tableaux en noir et blanc ornaient le mur, ajoutant une touche artistique et moderne à la pièce. Leur abstraction mystérieuse contrastait élégamment avec la simplicité du reste de la décoration. Le lit, large et accueillant, était recouvert de draps gris et de coussins assortis, offrant une promesse de confort et de repos.
À côté du lit, une table de chevet noire supportait une lampe design aux lignes épurées, son abat-jour créant une ambiance tamisée parfaite pour la lecture du soir. Dans le coin, une chaise longue marron s’étalait près des fenêtres, invitant à la détente tout en offrant une vue imprenable sur la ville.
Sur le mur opposé, un bureau moderne en verre et métal était installé, complété par une chaise confortable et un miroir rond. Quelques objets personnels et des fleurs fraîches étaient disposés dessus, ajoutant une touche personnelle et vivante à l’ensemble.
Je laissai échapper un soupir de satisfaction, savourant ce moment de calme avant de reprendre le cours de la soirée. Ma chambre était mon sanctuaire, un espace où chaque détail avait été soigneusement choisi pour créer une harmonie parfaite entre style et confort.
Je traînai des pieds jusqu’à la porte, le corps lourd et l’esprit encore embrouillé par le long vol de retour. La fatigue et le décalage horaire me plongeaient dans une sorte de torpeur douloureuse, un enfer quotidien.
C'était ma première aventure à l'étranger, une semaine qui s'était avérée aussi magique qu'épuisante. Pourtant, une frustration sourde m'habitait : après cette nuit idyllique sur la plage, rien ne s’était passé. Pas même une caresse furtive. Je bougonnai intérieurement en traversant les couloirs imposants de la maison, descendant les escaliers avec la sensation oppressante du noir tout autour de moi.
Arrivée à la cuisine, j’ouvris le frigo, laissant sa lumière vive envahir la pièce. J’attrapai une bouteille d’eau et la vidai d’un trait, espérant que cela atténuerait ma fatigue. Soudain, un souffle derrière moi me fit frissonner. Une légère pression se fit sentir sur la peau nue de mes hanches, exposée par mon short et ma brassière. Mon cœur s’emballa, la peur s’insinuant dans chaque fibre de mon être.
Je me retournai brusquement et, dans un mouvement de panique, frappai l’inconnu qui s’était approché sans un bruit. La bouteille heurta sa tête dans un bruit sourd. Mes réflexes de karaté prirent le dessus, et sans lui laisser une chance de se relever, je le mis à terre avec un coup de pied, dans une prise rapide et efficace. L’homme s'effondra dans un fracas assourdissant, étendu sur le sol de la cuisine.
- Putain, May… se lamenta une voix, empreinte de douleur.
La panique s'empara de moi. Je me précipitai vers l'interrupteur, mes mains tremblant en tâtonnant les murs. Dès que la lumière inonda la pièce, je découvris Cole allongé sur le sol, se tenant la tête avec une grimace de douleur.
- Quelle idée de se glisser derrière moi en pleine nuit ! m’écriai-je, la colère se mêlant à l'inquiétude.
- C’est toi qui te plains là ? rétorqua-t-il avec étonnement. Je te rappelle quand même que tu m’as frappé. Deux fois.
Nous restâmes un instant en silence, nos regards s'affrontant, avant de succomber à une crise de fou rire incontrôlable, nos rires résonnant dans la pièce. Après avoir repris notre souffle, je me levai pour préparer une poche de glace, que j'enveloppai dans un torchon propre. Je revins m'asseoir à ses côtés, et il posa sa tête sur mes genoux. Doucement, je posai la glace sur son front où une bosse commençait déjà à se former.
- Où as-tu appris à te battre comme ça ? me demanda-t-il après de longues minutes de silence, sa voix trahissant une curiosité sincère.
Je soupirai, repensant à cet épisode de ma vie.
- Il y a trois ans. Un client un peu louche venait dans ma boutique tous les jours. Puis il a commencé à traîner devant ma porte, racontai-je, ma voix tremblant légèrement en me souvenant de cette période effrayante.
- Il te suivait ? s'emporta Cole, une lueur de colère traversant son regard.
J'acquiesçai, sentant la tension monter en lui.
- Ma mère m’a suppliée de prendre des cours de self-défense après ça. J'ai fini par céder. C'était une expérience difficile, mais nécessaire.
Un silence s’installa de nouveau entre nous, marqué par le souvenir des événements passés et la chaleur réconfortante de nos rires partagés.
- La chambre te plaît?
- Elle est parfaite.
Je ne mentais pas.
- Tu vas vivre ta première fois avec moi, m’annonça-t-il soudainement, ses yeux pétillant d’une excitation malicieuse.
Je sentis le rouge me monter aux joues. Mais à quoi pensait-il en disant cela avec une telle spontanéité? Mon embarras ne lui échappa pas, et il sourit en me voyant toussoter maladroitement, tentant de cacher ma gêne.
- Je parle d'une fête que mon entreprise organise, me ramena-t-il à la réalité avec une lueur de taquinerie dans la voix. Vilaine.
Pour toute réponse, j’appuyai plus fort sur sa blessure, en guise de punition.
- Aïe, aïe, aïe! J’ai compris, désolé, s’exclama-t-il en grimaçant de douleur.
Je relâchai la pression, un léger sourire triomphant sur les lèvres.
- De quel événement s’agit-il? demandai-je, ma curiosité éveillée.
- Fête de fondation, répondit-il avec un soupir. Coupe de champagne, invités barbants, musiques à dormir debout, pas d’ambiance, décor trop chic, mensonges et potins... Le genre de fête qui ne donne pas envie mais dont je dois faire acte de présence.
Il marqua une pause, réfléchissant à la suite.
- Tu aimes faire du shopping?
- J’adore faire du shopping, répondis-je avec enthousiasme.
- Heureusement, murmura-t-il, car la soirée est demain soir, donc je t’emmène dans…
Il jeta un coup d’œil à sa montre, l’air pressé.
- Trois heures pour faire les boutiques.
- Où ça? demandai-je, intriguée.
- À Paris, chuchota-t-il, la capitale de la mode.
Mes yeux s’agrandirent de stupeur.
- Cole, Paris est en France, fis-je remarquer, un brin incrédule.
- Et alors? Mon père nous a acheté un jet privé pour notre mariage, il faut bien qu’on le rentabilise, dit-il avec un sourire malicieux.
J’étais excitée, inutile de le nier. Paris. La tour Eiffel. Les champs élysées. Et dire que moi, simple fleuriste, allait faire les boutiques les plus chic de la capitale de la France! Mon sourire retomba bien vite.
- Oh, remarquai-je, je suis désolée mais je ne pourrais pas venir.
- Comment ça? Rigola-t-il nerveusement.
- Eh bien, on vient à peine de rentrer de notre voyage de noce, il faut que je pense à mes clients.
- Attends, tu es vraiment en train de me dire que tu choisis d’aller bosser au lieu d’aller à Paris?
Je bouillonnais de rage. J’avais oublié, nos mondes étaient différents.
- Et bien désolée de ne pas être une riche héritière dont tout est servi sur un plateau d’argent! Lui criai-je au nez, déjà en train de regretter mes paroles.
- Je te signale que tu gagneras plus à venir à ce gala avec moi qu’à t’occuper de ta petite boutique! Riposta-t-il aussi fort.
Mon visage se ferma. C’est vrai. Comment avais-je pu passer outre de ce détail? Notre relation n’était que du business. Tout était question d’argent. Tout est toujours question d’argent. Voyage de noce? Pour l’image du mariage. Paris? Pour le gala de son entreprise. Notre relation? Pour que des femmes comme Corine ne lui courent pas après. Il y a toujours une justification. Ces choix sont tous rentables, de quelque manières que ce soit.
- Alors je vais me faire foutre avec ma petite boutique! Hurlai-je en l’abandonnant sur le sol.
Ses yeux s’adoucirent, et un éclair de regret passa sur son visage. Il se leva à ma suite, et me suivit dans les escaliers.
- May…Tu sais très bien que ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…
- Oh si, crachai-je, on sait tous les deux que tu le pensais vraiment, car au fond, c’est dans ta nature Cole, tu es un homme d’affaire, et les affaires passent avant tout.
J’entrai dans ma chambre, la fureur explosant, et il passa la porte à ma suite.
- Troisième règle de ce contrat! lui rappelait-je en appuyant chacun de mes mots par de fermes touchés de doigts sur sa poitrine. La partie A ne doit pas entrer dans la chambre de la partie…
Il posa ses lèvres sur les miennes, n’attendant pas la fin de ma phrase.Le baiser était intense, presque désespéré, comme une tentative de réparer ce qui venait d'être brisé. Le contact de ses lèvres fit taire instantanément ma colère, remplaçant les paroles acerbes par une chaleur inattendue. Mes poings se détendirent malgré moi, et je sentis mon corps céder à la douceur surprenante de cet instant.
Le monde autour de nous sembla se dissoudre, laissant place uniquement à cette union inattendue. Le goût salé de mes larmes mêlées, la douceur de son souffle contre ma peau, et l'ardeur de ses lèvres contre les miennes créèrent un moment d'émotion brute et contradictoire. Le baiser ne fut ni tendre ni doux, mais portait en lui toute la complexité de notre relation, mêlant colère, regret et un amour indéniable.
- Va te faire foutre, Paris, murmura-t-il en rompant le moment après de longues secondes.
- Non! Râlai-je. J’ai envie d’aller à Paris, moi.
- Tu sais où tu as mal? Me taquina-t-il.
- Mon pied, marmonnai-je, tu as le torse sacrément musclé.
Il partit en fou rire, mais se contrôle en toussotant. ù
- Bien, je te propose un arrangement, tout à l’heure, tu iras bosser, et je viendrais avec toi pour me faire pardonner, je serais ton employé pour la journée. Mais, à seize heures, tu fermes boutique, on a deux heures d’avion jusqu’à Paris, et on repart tranquillement le lendemain sous le coups des neuf-heures, ça te dit?
- Très bien, capitulai-je ne voulant pas recréer une dispute.
May veut aller travailler puis après aller à Paris faut ce décider. 😂
Heureusement Cole à trouver un arrangement, mais il n’aurait jamais dû dire « je te signale que tu gagneras plus à venir ce gala avec moi que de t’occuper de ta petite boutique » on voit qu’il est riche.