Chapitre 5 : Le Cerf d'Or - Pellon

Notes de l’auteur : Dans le précédent chapitre, LV fait secrètement la rencontre d'Icase, la mère de Livana.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce chapitre important (=
MAJ 10/11/2023, 20/11/2023, 27/11/2023

Trois semaines après la rencontre de Tresiz et Arnic, Twelzyn

Pellon

Au milieu du brouhaha de la foule, le carillon de la Citadelle tintait à intervalles réguliers, ininterrompu. Pour le couronnement d’Arnic, premier du nom, des milliers de petites gens venus de toutes les régions d’Amarina s’étaient rendus à la capitale. Depuis quelques jours, des marins, pêcheurs, mendiants, pèlerins, voleurs, jongleurs, troubadours, marchands, prostituées, prêcheurs, clercs s’amassaient dans les auberges autour de Twelzyn.

J’y retrouvais l’ambiance chaotique de Tristomita, la capitale de l’Empire. L’ordre et le calme de Twelzyn la magnifique m’avaient émerveillé au premier jour mais je m’étais lassé de cette austérité trop tranquille. Mon cœur vibrait davantage devant les enfants qui se chamaillaient dans l’eau, les bagarres, les ivrognes, les cris, les tours des dresseurs avec leurs animaux exotiques, les bousculades et mille autres scènes de vie. À chaque coin de rue, des artistes se produisaient sur des scènes de fortune. Il y avait des danseurs, des magiciens, des acrobates, des comédiens, tous d’un grand talent.

L’été atteignait son acmé et un soleil de plomb étouffait Twelzyn. De nombreux auvents avaient été dressés dans les rues surchauffées, plusieurs guérisseurs accompagnaient les patrouilles pour s’occuper des malaises et les gens prenaient les fontaines d’assaut. Certains essayaient même de s’y baigner. Cependant, à cette heure de la journée, les foules se dirigeaient vers les axes principaux, en attente du cortège royal.

En tant qu’invités officiels, nous avions reçu la consigne de patienter sur la place des Merveilles. Nous devions ensuite nous joindre à la famille Amaris pour la fin de sa marche jusqu’au Dôme, où aurait lieu le couronnement. Tresiz avait tenu à ce que nous soyions les premiers arrivés et nous étions venus avec trois heures d’avance. Heureusement, nous attendions à l’ombre du Colosse de Twelzyn, protégés de la foule bruyante par des cavaliers armés jusqu’aux dents.

Pour m’occuper, j’avais admiré le gigantisme de la Citadelle qui nous faisait face. Loin de l’esthétisme des autres Merveilles twelzanes, cette redoutable fortification me fascinait par son ancienneté et sa taille. Un chemin de ronde menait jusqu’en haut de la plus grande tour, qui surplombait largement le Dôme de Verre. On devait y avoir une vue extraordinaire sur les immenses plaines autour de Twelzyn.

Peu après, nous avions été rejoints par la famille Lagis, suzeraine de Lagen, la plus grande cité à l’est du royaume d’Amarina. Tous portaient de longues tuniques pourpres, bien étranges pour la saison. Une vieille femme aux cheveux blancs se tenait à leur tête. Il s’agissait d’Icase, la mère de Livana et propriétaire de la dernière grande bibliothèque du continent. Je rêvais de pouvoir m’y rendre, tant les livres me fascinaient depuis que Tresiz m’avait appris à les déchiffrer. Il n’en restait plus qu’une poignée en circulation dans l’Empire, tous les autres avaient été brûlés au temps de la Grande Guerre.

La troisième délégation à arriver fut celle de Nihos. Située sur la côte est du continent, cette cité était la seule du monde à être indépendante d’Amarina et de l’Empire, grâce à sa puissance commerciale et sa flotte redoutable. Ses représentants portaient des tissus, bijoux et couleurs différents, parlaient plusieurs dialectes en s’extasiant devant les merveilles autour d’eux. Certains étaient à demi-nus tandis que d’autres ne laissaient pas un pore de peau à l’air. Un seul point commun unissait ce groupe hétéroclite : le bracelet d’or à leur poignet gauche. Il montrait leur appartenance à l’Assemblée des Cent. Élue tous les sept ans, cette institution avait une grande influence politique.

Puis ce fut au tour de Vicène. Je guettais leur venue avec un grand émoi. Au cours des nuits précédentes, j’avais plusieurs fois rêvé de Ledia. Je ne l’avais plus vue depuis quatorze ans, alors que je n’étais qu’un jeune soldat de l’armée impériale et pourtant je me souvenais encore de son regard pénétrant, de son autorité naturelle. J’ignorais si elle se rappelait du petit soldat qu’elle avait sauvé d’une mort certaine mais j’avais hâte de la revoir.

Composé majoritairement de femmes, l’escorte de Ledia avait fière allure. Tous ses membres arboraient une superbe cape violette et blanche et une tunique immaculée. Une femme tenait une oriflamme avec une abeille d’or aux ailes déployées. Voir cet emblème me replongea dans un passé où je voyais le même drapeau en haut de la cathédrale depuis le balcon de ma chambre. J’avais alors une vue superbe sur l’ensemble de la cité ; ses rues pavées bondées de pèlerins, ses maisons à colombage serrées les uns contre les autres , ses multiples chapelles et ses toits envahis par les nids de cigognes.

Enfin, j’aperçus la dame de Vicène. Ledia avait changé. Elle avait pris de la corpulence, son dos s’était affaissé et elle devait s’appuyer sur une canne pour marcher. Cependant, je reconnaissais sans mal ses superbes cheveux bruns, ses boucles d’oreilles en forme de demi-lunes, ses pommettes et ses yeux bleus. Je la fixais avec stupéfaction, ébranlé par la vision de ce visage du passé. Nos regards se croisèrent un instant et elle me sourit. M’avait-elle reconnu ? Rien n’était moins sûr.

Je fus étonné de voir une jeune fille sobrement vêtue à côté de Ledia. Se pouvait-il que la maîtresse de Vicène soit devenue mère ? Si c’était le cas, elle ressemblait peu à son enfant, plus grande et au teint de peau hâlé. Peut-être était-ce plutôt l’héritière qu’elle avait désignée. L’adolescente regardait avec fascination la statue de Twelzyn, encore plus émerveillée que je ne l’avais été le jour de mon arrivée dans la capitale. Malheureusement l’arrivée de la délégation Igis me fit perdre de vue les Vicenais. J’espérais avoir l’occasion de les revoir lors de la fête royale du soir.

Tresiz m’avait expliqué que Kelas et les siens étaient bien plus que des vulgaires vassaux du pouvoir amarin. Ils administraient Igle, la ville la plus peuplée du royaume et contrôlaient la majorité de l’armée amarine. Cette puissance militaire se ressentait à la composition de leur groupe. Entourés de lanciers en cotte de maille, tous les membres de la famille portaient un fourreau. Kelas avait beaucoup changé depuis que je l’avais pris pour un palefrenier, lors des négociations qui avaient précédé le duel entre Elimsa et Sarvinie. Sa barbe grisaillait et sa peau ridée était couverte de cicatrices. Il n’avait cependant rien perdu de sa posture droite et de son air sévère.

À côté de lui, Renzya retrouvait sa place dans sa famille après avoir été démise de ses fonctions par le nouveau roi. Elle portait la même tunique bleu et blanc que son frère et avait le même regard grave. Kelas et elle se ressemblaient encore plus que lorsqu’ils étaient jeunes. Je cherchais quelques instants l’épouse de Kelas des yeux avant de me rappeler qu’il était veuf. Ses deux enfants le suivaient de près. L’aîné, Delmeron, dépassait son père en taille et riait pourtant comme un enfant en se chamaillant avec sa cadette. La jeune Azelia ressemblait à une Renzya plus jeune, svelte, pâle, ses longs cheveux noirs sur les épaules.

Les Igis avaient fait en sorte d’arriver pile à l’heure car presqu’aussitôt, j’entendis la foule s’exciter devant l’arrivée des cavaliers royaux pour dégager le passage. Le cortège royal arrivait. Des nuées de troupes armées s’infiltrèrent sur la place pour prévenir tout danger. Au vu de leur nombre, je sentis qu’Arnic craignait un attentat similaire à celui qui avait visé sa mère. De nombreux archers avaient aussi été parqués aux fenêtres des riches demeures bourgeoises environnantes. Cependant, tout ce déploiement militaire fut rapidement oublié avec l’arrivée du cortège.

À sa tête, une dizaine de chevaliers tenaient des drapeaux roses et verts. Je reconnus la chevelure rousse d’Ame, ce qui m’arracha un sourire. Elle montait avec autant de dextérité qu’elle se battait, devait tirer sur ses rênes pour ne pas distancer ses camarades. Vêtue d’une tunique sans manches, elle n’avait les épaules couvertes que de ses cheveux détachés. Elle était magnifique. En m’apercevant, Ame me fit un signe de la main auquel je répondis avec enthousiasme. Sans y prendre garde, je m’étais attaché à elle lors de nos innombrables duels à l’épée. J’étais heureux de la voir.

Derrière les cavaliers, le prince Arnic marchait d’un pas vif, le regard perdu dans le lointain. Le fils de Sarvinie portait une tunique blanche, avait les cheveux tressés et son maquillage coulait avec la sueur. Ses pieds nus ensanglantés témoignaient de sa longue marche à travers les rues de Twelzyn. Ce rituel dédié à Talissa montrait la volonté du roi de prendre la souffrance de son royaume sur ses épaules. À ses côtés, Livana peinait à tenir le rythme avec sa robe encombrante et sa coiffe sophistiquée. Ainsi parée, elle ressemblait peu à la femme en cotte de maille que m’avait présentée Ame.

À leur suite, j’eus la surprise de voir que c’était l’écuyer d’Ame qui tenait le prince Drakic dans ses bras. Karnol le faisait rire à grands renforts de chatouillements. Ils précédaient de peu un groupe de dignitaires et haut-gradés de la Citadelle. Ces derniers avaient fière allure avec leurs casques panachés. Je cherchais des yeux Gorvel, le nouveau Bras Droit. D’après Tresiz, il porterait un lourd bracelet d’or. Enfin, je l’aperçus au deuxième rang. Il avait le teint mat, de longs cheveux bruns et une musculature qui trahissait un passé militaire. Le pauvre homme était bien peu à son aise au milieu d’une telle foule. Malgré son nouveau rang, les quelques nobliaux qui l’entouraient ne cachaient pas leur mépris. Ils montraient du doigt ce nouveau venu en chuchotant, comme s’il était léprosé.

— En avant ! cria le lieutenant chargé de notre protection. Suivez le roi !

S’ensuivit une savante manœuvre visant à nous faire rejoindre le cortège. Ledia Fedron eut la place d’honneur, juste devant nous, puis les Igis, les Lagis et enfin, les dignitaires de Nihos suivirent. Un ordre qui ne devait à mon avis rien au hasard. Le cortège était fermé par un défilé de danseurs et musiciens venus des quatre coins du royaume. Leur musique peinait à se faire entendre à cause du vacarme grandissant. Des cris repris en chœur accompagnèrent notre marche vers le Dôme de Verre.

— Vive la paix ! Au Dôme ! Vive le roi ! Au Dôme !

Nous n’avions pas fait la moitié du trajet que le cortège dut s’arrêter derrière un pont pour être ravitaillé en eau. Les soldats en profitèrent pour distribuer des ombrelles et des renforts se joignirent à l’escorte royale. La fin de la marche fut plus aisée car nous avançâmes sur une estrade de bois dressée pour l’occasion. De haut, les acclamations du peuple m’impressionnaient encore davantage mais ce n’était rien en prévision de l’immense marée humaine qui envahissait la place du Dôme.

Les soldats amarins avaient dû sortir leurs boucliers pour défendre l’estrade des mouvements de foule. Une clameur gigantesque retentit quand le roi parut enfin aux yeux de tous. Des jets de confettis et fleurs accompagnèrent son avancée vers le centre de la place. Quant au Dôme lui-même, il brillait plus que jamais, deuxième astre solaire. Alors que je me remémorais la journée fantastique où j’avais pu le visiter, mes lèvres dessinèrent un sourire rêveur. J’aurais tout donné pour revivre le frisson qui m’avait traversé pendant l’ascension de la plus belle merveille du monde.

Dans son ombre, un promontoire de bois et de toile dorée avait été dressé. Entouré par deux cents soldats, le grand chantre Giadeo attendait de sacrer le roi, la couronne derrière lui. L’œuvre autrefois volée par le Renard Rouge était exposée derrière la vitre d’un Dôme de Verre miniature. Malgré la distance, je pouvais voir les dentelles, rubis et émeraudes resplendir. Deux bois de cerf, avec dix andouillers chacun, forgés d’or pur, se dressaient vers le ciel.

Je ne pus la voir de plus près car nous dûmes bifurquer sur une estrade qui menait aux loges destinées aux invités royaux. Arnic et Livana avancèrent main dans la main jusqu’à Giadeo, seuls. La future reine s’arrêta à un mètre du grand chantre, laissant son mari faire seul les derniers pas. Comme la foule se taisait, je me rendis compte que le vent s’était levé. Les grands étendards roses et verts placé partout dans la place se mirent à claquer. Cela ne troubla pas la démarche sereine d’Arnic.

Face à Giadeo, le prince se défit de sa tunique et demeura torse nu, avec un cotillon de velours comme seul vêtement. Le vêtement se transmettait de génération en génération depuis Asepic I, premier roi du royaume d’Amarina. Lorsque des troubadours me l’avaient décrit jadis, j’avais cru une invention impériale pour ridiculiser les amarins mais il existait bel et bien. Tresiz m’avait raconté son histoire à de nombreuses reprises, elle l’amusait beaucoup.

Amar, le père d’Asepic, un grand militaire, avait demandé à l’Empereur de l’époque de faire d’Igle la capitale d’une principauté indépendante. Il espérait recevoir un manteau aux couleurs de sa famille en signe d’assentiment, pour symboliser son futur pouvoir. L’Empereur avait préféré l’humilier en lui envoyant ce cotillon. Des années plus tard, après avoir vaincu les armées impériales et créé le royaume amarin, Asepic était venu demander aux impériaux le paiement des réparations de guerre en portant ce vêtement, vengeant son père.

Des clercs apportèrent de petites statuettes aux effigies des principaux dieux amarins : Lyia protectrice de la famille Amaris, Talissa déesse de l’Harmonie, Toreon dieu de l’eau et de la mort, les cerfs jumeaux et beaucoup d’autres dont j’ignorais le nom. Ils donnèrent en même temps à Giadeo deux pots de peinture. Le grand chantre traça avec son index un trait de couleur sur chaque épaule d’Arnic. Il l’enduisit de parfum, rasa sa moustache et le maquilla avant de laver ses pieds. Je m’étonnais de voir le maître de l’Église amarine s’abaisser à une tâche si ingrate.

Le grand chantre s’arma ensuite d’un stylet de fer et dessina une griffe sur le torse d’Arnic. Ce dernier resta immobile et silencieux, se sachant scruté par tout un peuple. Il se retourna à la vue de tous, exhibant fièrement les traînées de sang sur sa peau. Quelques cris de joie retentirent dans la foule mais ils cessèrent bien vite car déjà, la cérémonie reprenait. Giadeo s’avança à côté du prince et prit la parole d’une voix grave. Le Dôme au-dessus du religieux sembla faire office de caisse de résonnance car ses mots furent entendus de tous :

— Arnic, fils de Sarvinie et d’Anastor. J’ai marqué ta peau de la griffe de Lyia. Puisse la déesse chatte te protéger, comme elle protège la famille depuis qu’elle a débarqué en Terre des Géants. Mets-toi à genoux, laisse la main de Talissa faire de toi un roi ! 

Deux jeunes hommes ouvrirent le petit Dôme et apportèrent la couronne à Giadeo. Le grand chantre enduisit ses mains du sang qui dégoulinait le long du ventre d’Arnic avant de se saisir du diadème. Il le leva vers le ciel dans un geste aussi lent que majestueux. Le religieux devait faire près de deux mètres et en imposait à côté du prince à genoux. Les vingt andouillers d’or restèrent un instant dressés vers le ciel, brillant de mille feux devant la foule ébahie. Puis les bras de Giadeo descendirent, solennels. Au moment précis où la couronne touchait la tête d’Arnic, d’immenses explosions retentirent.

L’idée d’un feu d’artifice en plein jour était audacieuse et me laissa pantois. Je n’en avais plus vu depuis la prise de Vicène. De nombreuses traînées de flammes fusèrent jusqu’aux nuages avant d’exploser à leur tour. Mille couleurs illuminèrent le ciel, faisant pâlir le soleil. La foule explosa en cris d’allégresse tandis qu’Arnic se remettait debout, les yeux clos et les mains vers le ciel. Il faisait un roi splendide.

Je ne savais dire combien de temps Arnic resta debout devant la foule en délire, tant l’instant me parut solennel. Livana et Drakic le rejoignirent tandis que tous les militaires aux alentours soufflaient dans leur trompe et que les cloches de la Citadelle résonnaient. Superbe vacarme. Giadeo ceignit Livana d’un joli diadème et bénit le nouveau prince héritier. L’enfant aux boucles blondes commença à pleurer devant le brouhaha terrifiant à ses pieds.

Après un long moment, la clameur finit par s’apaiser, les cloches cessèrent de sonner et Arnic baissa les bras. Comme en réponse à son geste, un groupe de femmes aux robes blanches et aux ceintures rouges fendirent une foule respectueuse. Les enchanteresses arrivaient.

Ces religieuses vivant à l’écart du monde ne se rendaient à Twelzyn que pour les couronnements. Elles offraient leur vie à la musique, refusant l’alcool, la liberté et les relations charnelles. Chaque nouveau roi pouvait goûter à une mélodie travaillée depuis des siècles par des générations d’enchanteresses. Une mélodie que l’on disait la plus parfaite de toutes.

Les enchanteresses formèrent un chœur au pied de l’estrade du couronnement dans un ordre presque militaire. L’une d’elle s’avança et entonna le chant d’une voix grave. À l’entame du deuxième couplet, une dizaine de voix se joignirent à la sienne. Au troisième, toutes chantèrent ensemble. Les paroles en vieil amarin m’étaient incompréhensibles mais elles me firent ressentir une profonde nostalgie. Je me revis écouter les berceuses de ma mère, les répéter à mon tour pour aider ma petite sœur à trouver le sommeil, tenter d’apprendre la flûte avec Telwan pendant le siège de Vicène, chanter au coin du feu de camp avec mes camarades. Des souvenirs que je voulus chasser tant ils me faisaient mal mais ils me submergeaient.

Lorsque le chant s’acheva, je sentis mes yeux s’humidifier. Je m’agaçai de pleurer encore une fois, peu après le Dôme de Verre. Cependant, je fus rassuré de voir que nombre de mes voisins avaient une réaction similaire. Tresiz était bouleversé. Quant au silence élogieux de la foule, il en disait plus long que mille applaudissements.

 

Le Cabaret du Cerf d’Or avait revêtu ses plus beaux ornements pour accueillir la soirée du couronnement. Tous les murs avaient été couverts d’une tapisserie faite pour l’occasion, le parquet vieillissant avait été caché par de longs tapis noirs, plusieurs petites tables circulaires avaient été disposées dans les pièces de jeux et une superbe scène avait été installée dans la salle principale. Des dizaines de chandelles brûlaient accrochées aux murs, ce qui devait coûter une fortune. Les danseurs les plus célèbres du pays avaient été invités à se produire, accompagnés d’un magnifique orchestre. J’y reconnus Bodnac, avec son magnifique violon.

Les musiques qui s’enchaînaient me semblaient bien fades après le chant des enchanteresses. Cependant, à défaut d’autre distraction, je m’étais installé derrière le buffet au pied de la scène. Je savourais les tartines grillées aux champignons, les pêches au vin, le cerf aux abricots, les verrines de soupes au potimarron. Des mets exotiques, importés des quatre coins de la Terre des Géants, ne cessaient d’être apportés par des serveurs pressés. J’aurais voulu tous les goûter mais j’arrivai bientôt à satiété.

Un bouffon me bouscula pour aller renverser l’assiette d’un dignitaire de Lagen, puis partit chuchoter des obscénités à l’oreille de sa camarade. L’alcool coulait à flots sous toutes ses formes : bière, cidre, grands crus, cocktails, eaux-de-vie, rhums, liqueurs et beaucoup d’autres dont j’ignorais le nom. La beuverie à venir m’écœurait déjà. À l’autre bout de la salle, deux nobles amarins commençaient à s’échauffer, leurs chopes encore à la main.

Je jetai un regard à Tresiz, assis un peu plus loin en compagnie d’Afener, espérant le convaincre de partir bientôt. Malheureusement, mon maître était tout entier à son échange avec le maître des finances et ne me vit pas. À ses yeux, même ces fêtes étaient des occasions politiques à ne pas manquer. Il avait tenu à ce que je l’accompagne, m’avait demandé d’observer le comportement des invités les plus illustres. Il m’avait dit : on apprend beaucoup sur les gens lorsqu’ils commencent à boire du vin, tiens-toi à l’affût. Cependant, je ne voyais en cette fête rien de bien différent à toutes celles que j’avais connues dans les tavernes de l’Empire mis à part le rang de ses convives.

J’avais espéré retrouver Ame ou Livana mais je n’avais aperçu aucune des deux femmes. Je n’avais pas le cœur à sympathiser avec les nobles amarins qui seraient bientôt ivres. Je bâillai, désireux d’aller me coucher au plus vite. Ce fut à ce moment qu’un jeune garçon vêtu d’un manteau vicenais monta sur scène, seul. Sa peau d’ébène provoqua plusieurs jaseries : les personnes noires étaient très rares à Amarina. La majorité d’entre elles vivaient dans l’ouest de l’Empire dans les campagnes autour de Vicène. Cependant, son chant fit taire toutes les moqueries.

L’enfant avait une voix cristalline, d’une rare pureté. Elle surpassait l’orchestre et fit taire la majorité des conversations. Le jeune prodige avait les mains ouvertes, les bras tendus et les yeux clos, comme si tout son corps concourait à l’intensité de sa voix. Il racontait l’histoire tragique d’un homme ayant perdu son épouse pendant la Grande Guerre. Son dernier refrain fut si aigu que je crus que ma verrine allait se briser. Quand il se tut, la salle demeura un instant silencieuse avant de lui offrir une belle ovation. Le chanteur quitta la scène d’un pas furtif pour disparaître dans l’obscurité des coulisses.

 — Joli chant, n’est-ce pas ? souffla une voix féminine dans mon dos.

Je me retournai brusquement pour découvrir Ledia Fedron. Plus jeune, elle faisait déjà une bonne tête de moins que moi ; à présent, penchée sur sa canne, elle m’arrivait à peine au torse. De plus près, je fus frappé par son vieillissement alors qu’elle ne devait pas avoir quarante ans. Sa silhouette s’était affaissée et sa démarche ralentie. Dès que je croisai son regard, je sus qu’elle se souvenait de moi et cette constatation m’emplit de joie. Il était extraordinaire que cette ambassade à Twelzyn me fasse revoir tant de visages du passé.

— Oui, ce chant était magnifique.

— Lytiorio a beaucoup de talent. Malheureusement, j’ai peur que sa voix ne survive pas aux prochains mois, il a bientôt douze ans.

— Il est venu avec toi ?

— Oui, il n’a pas souvent l’occasion de chanter devant un tel public. C’eût été dommage de ne pas l’emmener.

— Je suis content de te voir, confessai-je.

Le sourire de Ledia s’élargit un peu plus, me montrant que le plaisir était partagé.

— Tu es monté en grade depuis la dernière fois. Ils ont compris à qui ils avaient affaire.

Je me mordis la lèvre, mal à l’aise. J’aurais tout donné pour redevenir un simple soldat aux côtés de mes amis Lagorn et Telwan, comme au temps de mes premières campagnes.

— Je suis content de servir Tresiz, parvins-je à répondre. C’est un homme bien.

— C’est surtout un sacré politicien, s’amusa Ledia, tu dois t’amuser avec lui.

J’acquiesçai en repensant au Dôme de Verre.

— Tu te demandes peut-être pourquoi j’ai autant changé, reprit Ledia. J’ai attrapé une maladie grave il y a deux hivers, j’ai dû garder le lit pendant plusieurs mois. Je me suis bien remise mais je crains de ne jamais retrouver complètement mes forces d’autrefois. La marche de tout à l’heure était affreuse.

 — Pour tout le monde, il fait bien trop chaud dans ce pays.

Ma réponse arracha un petit rire à Ledia. J’en profitai pour lui demander :

— La fille qui t’accompagnait au couronnement est la tienne ?

— Oh, non. Elle s’appelle Sangel, c’est la fille d’une grande amie.

Amener des enfants d’amis pour des cérémonies aussi importantes était une curieuse pratique. Je me demandais ce que Ledia avait derrière la tête. Cependant, je ne pus l’interroger davantage car un grand homme aux longs cheveux noirs se joignit à notre discussion. Dans l’ambiance tamisée, je mis quelques secondes à reconnaître Delmeron qui avait revêtu un costume de soie aux coutures dorées pour la soirée. Le fils de Kelas se pencha devant Ledia, la main sur le cœur.

— Ma Dame, les danses ont commencé. Acceptez-vous de vous joindre à moi ?

Ledia leva sa canne en répondant :

— J’ai peur que ce soit difficile, mon ami.

— N’ayez crainte, je vous guiderai.

— Dans ce cas…

Ledia me fit un clin d’œil avant d’aller rejoindre la piste en compagnie de son partenaire. Ils formaient un couple amusant tant leur différence de taille était importante. De nombreux duos vinrent les rejoindre tandis que l’orchestre interprétait un morceau très rythmé. D’un coup d’œil derrière moi, je m’aperçus que Tresiz conversait à présent avec une élue de Nihos. Elle se mit à rire sans retenue après une de ses plaisanteries. Il fallait se rendre à l’évidence : pour lui, la soirée ne faisait que commencer.

Résigné, je trouvai une chaise et la tournai vers les danseurs. La lumière des chandelles colorait les peaux et les vêtements d’une jolie teinte orangée. Tous ces nobles qui avaient appris la danse dès leur plus jeune âge réalisaient d’impressionnantes chorégraphies sans effort. Les voir tournoyer avec légèreté me fascinait. Je laissais mon regard voyager d’une personne à l’autre, s’accrochant tantôt à une robe, tantôt à des gants, tantôt à un visage.

Tout à coup, une main me tira le bras, m’arrachant à ma posture d’observateur. Avant même que je retourne, la surprise laissa place à la joie. Ame me regardait avec un rictus narquois.

— Alors, on préfère rester tout seul ? C’est là-bas que ça se passe !

— Je ne sais pas danser, protestai-je en riant.

Je fis mine de me rasseoir mais Ame me tira vigoureusement vers la piste de danse et je n’offris qu’une résistance symbolique.

— C’est facile, m’encouragea-t-elle. Il faut que tu te laisses guider par la musique, ne réfléchis pas trop.

Une fois sur la piste, Ame commença par de simples mouvements, orchestrés avec assez de lenteur pour que je ne m’y perde pas. Elle me promena avec ardeur d’un bout à l’autre de la piste mais rien n’y faisait. Dès qu’elle tentait un tant soit peu d’augmenter le rythme, je heurtais d’autres danseurs ou lui écrasais les pieds. Elle ne sembla même pas s’en apercevoir, trop concentrée sur la danse.

Voyant qu’elle ne parvenait pas à ses fins, Ame adopta une nouvelle stratégie. Elle tenta d’entraîner mes mouvements en me poussant et en me tirant de toutes ses forces. Cependant, cet exercice était trop épuisant pour durer très longtemps. Malgré ses échecs, je fus surpris de la voir garder sa bonne humeur. 

— Il te manque pas grand-chose, m’affirma-t-elle. Détends-toi un peu, et laisse-moi te guider.

Je tentai d’appliquer ses conseils et, petit à petit, ils commencèrent à faire effet. Je commençai à maîtriser les postures de base et m’autorisai à des mouvements plus libérés. Les regards encourageants d’Ame m’aidèrent à prendre confiance. Je me surpris à faire tournoyer ma cavalière du bras. Pris par l’euphorie de la danse, je sentis mon environnement s’évaporer peu à peu. Malgré la maladresse de mes pas, je pris un plaisir inattendu à danser avec Ame. J’oubliai les danseurs autour de nous, le bruit de la fête et tous mes soucis.

Rien n’existait plus sinon la musique, elle et moi. C’était magique.

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Louison-
Posté le 03/03/2024
Hello Edouard !

Ca m'a fait plaisir de me replonger dans ton histoire, depuis le temps :) Et je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ce chapitre ! Je vois dans les commentaires que ça n'a pas forcément été le cas pour tout le monde, mais pour ma part ça m'a vraiment fait du bien d'avoir un "review" de personnages comme tu dis ça haha, ça me permet de faire une petite piqure de rappel et de resituer aussi les personnalités les plus importantes, surtout que tes différents pdvs se recoupent à faire apparaître dans un même événement des personnages qu'on suit depuis le départ de manière rapprochée. Je trouve toujours intéressant de découvrir des persos qu'on connaît de l'intérieur sous les yeux d'autres ^^

Ta plume aussi était superbe dans ce chapitre, je salue vraiment ta dextérité qui permet de nous plonger dans ton univers avec facilité. Je me suis bien retrouvée dans la foule, que ce soit visuellement, auditivement qu'au niveau du toucher. Tu as à chaque fois su trouver des façons différentes de décrire tes personnages ou tes groupes de personnages et c'est pas évident, vu la quantité que tu avais à décrire haha, alors bravo pour ça ! Ledia m'intrigue beaaaaucoup, j'ai hâte d'en apprendre plus sur elle !

Petite note pour la fin avec Ame : il semble que Pellon se rapproche d'Ame et qu'une éventuelle liaison amoureuse se dessine là. J'attends de voir ce que tu vas faire mais d'un pdv féministe, je t'avoue que je ne sais pas si ça me plait ^^ Comme Pellon a voué une grande fascination pour sa mère, je vois quand même une grande différence d'âge (mais peut-être je me trompe?) et certes, ça peut être intéressant d'exploiter ça, ou de voir jusqu'à quel point c'est problématique pour Pellon parce que ça montre peut-être qu'il est pas passé par-dessus sa relation avec sa mère, mais si c'est juste "romantisé" et qu'on n'en montre pas des éventuels travers, je t'avoue que ça peut me déranger (parce que la "vieille" mère est remplacée par la "jeune" fille. J'aime pas le gap d'âge ni le fait que les femmes puissent être interchangeables et remplacées par du plus jeune. Je sais pas si tu vois où je veux en venir?) APRES : en soit des relations avec des grands gap d'âge me gênent pas et je pense qu'il faut aussi aller au-delà de certains préjugés qu'on entretient à leur sujet, mais là ça me renvoie trop à des problématiques sociales vis-à-vis des femmes qui doivent rester jeunes et des hommes qui peuvent vieillir sans souci, donc à voir de ce que tu fais de ça ! Si tu romantises le truc ou tu le dénonces disons :) (désolée peut-être j'abuse mais c'est juste que j'ai remarqué quand même que dans ton histoire tu veilles à créer des femme du tonnerre et c'est siiiii agréable bondiou donc je te dis juste ce qui me fait tiquer pour que ça soit paaaaarfait à ce niveau-là haha ^^)

Bisooou, à bientôt !
Edouard PArle
Posté le 21/03/2024
Coucou Louison !
Et moi, ça fait plaisir de me replonger dans tes commentaires (=
Content que tu aies apprécié cette review. Pour moi aussi c'est un moyen de refaire un état des lieux avant d'attaquer la suite (=
Trop cool que Ledia t'intrigue, c'est un personnage à qui j'ai essayé de donner une certaine aura.
Oui, j'essaie d'écrire des femmes intéressantes et qui changent un peu des clichés fantasy. Le potentiel couple Ame / Pellon aurait une dizaine d'années de différence, car Pellon était bien plus jeune qu'Elimsa. Je comprends carrément ton ressenti et du coup je suis vraiment curieux de voir ce que tu penseras du développement de ces deux personnages. N'aie pas peur "d'abuser" dans tes comms, c'est un sujet qui me passionne et avoir des retours d'autres sensibilités me plairait beaucoup !!
En tout cas merci de ce riche retour (=
A tout bientôt !
annececile
Posté le 26/11/2023
Voila un chapitre superbe qu'on suit avec fascination d'un bout a l'autre. Tu reussis a nous tenir en haleine avec les descriptions d'un processus complexe mais aussi artistique, original et exotique. Impressionnant ! Et les personnages ne sont pas noyes dans l'evenement, on suit ce qui se passe par les yeux de Pellon, on en apprend plus sur les uns et les autres.

Remarques et details en passant :

...guérisseurs accompagnaient les patrouilles pour s’occuper des malaises et les gens se massaient autour des fontaines pour boire. > atention aux repetitions de structure : accompagnaient POUR ... les gens se massaient POUR... peut-etre construire la phrase autrement, par exemple, 'les guerissuers accompagnaient les patrouilles pour secourir les spectateurs victimes de malaise tandis que les gens essayaient de se rafraichir aux fontaines prises d'assaut..."

à cette heure de la journée, les foules s’étaient redirigées vers les axes principaux, > un peu lourd, "les foules se dirigeaient..."?

Je la fixais bêtement, > Betement? Pourquoi betement? meme si son manque d'estime de soi est manifeste, Pellon n'a pas de raison de qualifier ainsi son regard, ca tombe comme un cheveu sur la soupe. J'imagine plutot quelque chose come "je la fixai avec stupeur..."

Tresiz m’avait expliqué que Kelas et les siens n’étaient pas que de vulgaires vassaux du pouvoir amarin.> un peu lourd, ils "etaient bien plus que de vulgaires vassaux...." passerait mieux a mon avis.

il avait la peau couverte de cicatrices et les yeux ridés > des yeux rides? La peau autour de ses yeux, plutot, qq chose comme "sa peau ridee etait couverte de cicatrices"?

Azelia rappelait un peu Renzya plus jeune, avec ses longs cheveux noirs, sa peau pâle et sa silhouette svelte. > on retrouve la peau pale... :-)
Attention dans les descriptions de ne pas tomber dans une litanie de noms+ adjectifs (j'ai moi-meme du mal avec ca). que dirais-tu de "une Renzya plus jeune, svelte, pale, ses longs cheveux noirs sur les epaules".

drapeaux roseS et vertS ? je ne sais plus quels adujects ne s'accordent pas au pluriel, mais je crois que rose et vert prennent des S?

le regard perdu dans le vague > ca evoque la reverie de quelqu'un sur son divan, pas un roi le jour de son couronnement, je verrais plutot "perdu dans le lointain"?

Ce rituel dédié à Talissa montrait la volonté du roi de prendre la souffrance de son royaume sur ses épaules.> une belle tradition, ce qui me fait tiquer c'est la mention des epaules alors qu'on parlait de ses pieds. Pourquoi pas? Ou alors "Prendre 'sur soi'?

il semblait méprisé par les quelques nobliaux qui l’entouraient. Ils montraient du doigt ce nouveau venu en chuchotant, comme s’il était léprosé. > Le mepris est visible, pourquoi dire "semble"? Concision aussi : "Les nobliaux ne cachaient pas leur mepris, le montrant du doigt en chuchotant entre eux" ?

suivie par nous, puis par les Igis, : un peu lourd ce "suivis par nous", plutot "nous les avons suivis, les Igis nous ont emboite le pas..."

Les grands étendards roseS et vertS placéS

avant de se mettre à laver ses pieds > un geste biblique, j'aime! Mais pourquoi ajouter "se mettre a" qui alourdit sans rien ajouter. "Il se pencha pour laver ses pieds."

Ce dernier ne laissa pas échapper un geste > en general c'est un cri qu'on ne laisse pas echapper. C'est vraiment une option personnelle mais je verrais plutot "Ce dernier resta immobile et silencieux"

d’immenses explosions se mirent à retentir. > la aussi, "se mettre a" n'est pas necessaire.


tandis que tous les militaires aux alentours soufflaient dans leur trompe et que toutes les cloches de la Citadelle résonnaient. Repetition de TOUS et TOUTES



Je compris ce qui provoquait cela en apercevant un groupe de femmes aux robes blanches et aux ceintures rouges fendre une foule respectueuse. > un peu confus. Peut-etre tourner la chose differemment. "Repondant a son geste, un groupe de femmes...... fendirent...."


Ce fut à ce moment qu’un jeune garçon monta sur scène, seul. Porteur d’un manteau vicenais, il avait la peau d’ébène et son apparition provoqua plusieurs jaseries. Les personnes noires étaient très rares à Amarina. > Un peu confus, la peau d'ebene et la mantean vicenais dans la meme phrase, on a du mal a saisir ce que cette precision fait la jusqu'a ce que tu expliques la rarete des Noirs a Amarina. Peut-etre : un jeune garcon monta sur scene, vetu d'un manteau vicenais. Je le regardais avec curiosite : il etait Noir, ce qui etait tres rare a Amarina."


C’est trop tard pour moi ces choses-là. >Bizarre. Oui, ce serait trop pour Ledia d'avoir un enfant, mais il y a 15 ans (age approximatif de Sangel?) ce n'etait pas le cas, non?

Je me surpris à faire tournoyer ma cavalière du bras droit.> La mention du bras, droit ou gauche, ne s'impose pas.

C'est vraiment un exploit de decrire une telle fresque qui coule si bien de source, et qu'on suit avec un tel interet. Bravo!
Edouard PArle
Posté le 27/11/2023
Coucou Annececile !
Je suis très content de voir que tu as aimé ce chapitre ! Comme je le disais à Péri, c'est un peu à double tranchant de faire intervenir autant de personnages en même temps^^
Merci de tes remarques, je vois qu'il y avait pas mal de lourdeurs à corriger, sans doute en partie parce que j'ai repris des passages de l'ancienne version, merci beaucoup de toutes les corrections !
A bientôt (=
Peridotite
Posté le 09/11/2023
Un peu mitigé par ce chapitre. Ta plume est belle, tes descriptions sont chouettes. On ressent tout le faste de cette cérémonie de couronnement. J'ai eu deux soucis à la lecture :
1- le chapitre est trop descriptif, pas assez rythmé. Dans le fond, il ne se passe rien lors de la cérémonie. J'ai eu l'impression de longueurs dans ce début.

2- tu as trop de noms propres. Je comprends que tu veuilles décrire toutes ces familles importantes à l'intrigue, mais réduire les descriptions pour se centrer sur des caractères essentiels, rappeler les titres à chaque fois accolés aux noms et surtout les voir en action permettraient de mieux s'y retrouver. Là j'ai tendance à me disperser et je n'arrive pas à retenir les noms et surtout à les associer aux persos.

Pourquoi tous les nobles se retrouvent à la taverne après la cérémonie ? Il n'y a pas une fête organisée au palais ? J'imagine mal tous les invités se faire la malle après la cérémonie du couronnement ?

À la fin, une table prend feu. Est-ce pour camoufler quelque chose ?

Mes notes

"Malgré la distance"
> Mais où est Pellon concrètement ? J'arrive pas à me le représenter. Il voit tout comme s'il était sur un balcon qui dominait la place. En même temps, il est à l'intérieur du temple et voit très bien les détails de la couronne. Il est sur une estrade. Mais où ? Comment est-ce possible ?

"une estrade perpendiculaire"
> Perpendiculaire à quoi ?

"je fus frappé par son vieillissement"
> Je décrirais un peu plus : je fus frappé par les rides profondes et ... ?

"— Oui, il était magnifique."
> La question est entrecoupée d'un long paragraphe si bien qu'on ne sait plus à quoi il répond et je suis revenue en arrière pour voir

"tu dois avoir de la distraction avec lui."
> Ça ne sonne pas naturel

"J’acquiesçai en repensant au Dôme de Verre."
> Et à tout le reste !

"J’en profitai pour lui demander :
— Tu as une fille ?"
> Sa question n'a rien à voir avec le schmilblic, elle tombe comme un cheveux sur la soupe.

"un grand homme se joignit subitement à notre discussion"
> J'enlèverais le "subitement"

"Delmeron"
> Je rappellerais qui c'est d'autant que tu as 1000 noms propres dans ce chapitre

"réalisaient d’impressionnantes chorégraphies sans effort."
> J'enlèverais "sans effort"

"Il ne pouvait s’agir que d’Ame. La chevalière me regardait avec un rictus narquois."
> Pourquoi ne la reconnaît-il pas tout de suite ? Je supprimerais "il ne pouvait s'agir que d'Ame". Je trouve que cette phrase n'est pas logique.

". À côté de moi, Ame n’esquissa pas un geste, fascinée par ce spectacle chaotique"
> Sa réaction ne colle pas avec son caractère. Ce serait une gonzesse élevée dans le luxe et la soie, je comprendrais, mais c'est une soldat, je m'attends à ce qu'elle réagisse aussitôt.

"Le regard fixe, incrédule, l’écuyer d’Ame tenait encore dans la main la tige de souffre à l’origine du feu."
> Il est là depuis un bon moment non. Si c'est lui qui a allumé le feu, pourquoi reste-t-il là bêtement ? Pourquoi n'a-t-il pas fui ? 🤔
Edouard PArle
Posté le 10/11/2023
Coucou Péri !
C'est un peu à double tranchant ce genre de chapitre, le but est clairement de faire une review des personnages importants tout en profitant du faste de la cérémonie et ça peut plaire au lecteur si ça lui permet de mieux se retrouver / faire de nouveaux liens entre les persos. A côté de ça, c'est vrai qu'il n'y a pas énormément d'action par rapport à la longueur du chapitre et que ça peut sembler long.
"Pourquoi tous les nobles se retrouvent à la taverne après la cérémonie ? Il n'y a pas une fête organisée au palais ? J'imagine mal tous les invités se faire la malle après la cérémonie du couronnement ?" C'est un cabaret prestigieux privatisé pour l'occasion. Le palais est beaucoup moins facile d'accès, ce qui explique ce choix (=
Merci de tes remarques, très précieuses comme toujours !
A bientôt (=
Edouard PArle
Posté le 20/11/2023
J'ai finalement supprimé la chute avec le feu, qui n'apportait au final pas beaucoup à l'intrigue en raison d'un changement que j'ai fait sur la suite.
MrOriendo
Posté le 05/10/2023
Hello Edouard !

Un chapitre intéressant. La cérémonie du couronnement est très bien racontée, très visuelle et j'aime que tu y aies intégré des rites complètement nouveaux pour le lecteur. C'était la bonne idée de jouer sur l'effet découverte.
La soirée au Cerf d'Or vue par les yeux de Pellon, c'est vraiment quelque-chose ^^
On sent qu'il se rapproche de Ame, qu'une complicité forte est en train de naître entre eux. Serait-il en train de tomber amoureux de la fille après avoir adoré sa mère ?

Il y a beaucoup de noms, de personnages, de familles dans ce chapitre. Tu as eu raison de prendre l'excuse de l'attente sur la Place des Merveilles pour nous les présenter avant l'arrivée du cortège. Même si on connaissait déjà beaucoup de ces personnages, ça fait un bien fou de pouvoir les situer clairement dans telle ou telle maisonnée. Par exemple, j'avais complètement oublié que Renzya était apparentée à Kelas.
Peut-être pourrais-tu fournir des arbres généalogiques en annexe de ton roman, pour permettre aux lecteurs qui le souhaitent de les consulter et d'avoir un support visuel ? Ça demande pas mal de travail, mais c'est un ajout qui parait se justifier quand il y a autant de personnages et que les liens entre les familles font partie prenante de l'intrigue qui se joue dans le royaume.

J'en arrive au final et à cet incendie qui démarre. Avec tous les grands du royaume et les invités prestigieux rassemblés dans la même pièce, ça pourrait rapidement virer au drame. La question est : s'agit-il d'un accident ou d'un incendie volontaire ?
Si tu as choisi la deuxième option, la suite de ce récit promet d'être explosive.
J'ai hâte !

Au plaisir,
Ori'
Edouard PArle
Posté le 09/10/2023
Coucou Ori !
Je suis content que tu aies apprécié les rites du couronnement, assez semblables à la 1ère version. Cool aussi pour la soirée, je ne pouvais pas passer à côté vu l'intérêt qu'elle a pour Pellon.
En effet, ce chapitre sert clairement de review de persos, important d'avoir une vue d'ensemble à ce stade. J'avais déjà fait des arbres généalogiques dans la 1ère version, mais ils ne sont plus trop d'actualité. Je m'y re-attelerai un de ces jours.
Pour l'incendie, je répond à ton prochain commentaires (=
Merci du passage !
Edouard PArle
Posté le 09/10/2023
Petit ajout :
"Cependant, cet enchantement fut subitement brisé par un hurlement strident suivi de cris d’alerte. En me retournant, j’aperçus une grande flamme qui dévorait une table de buffet à toute vitesse. Les convives alentour se dispersèrent en panique, renversant de nombreux plats sur leur passage. Seuls quelques personnes eurent la présence d’esprit d’essayer d’étouffer le feu sous un drap, menés par Kelas.
Les vigiles urbains firent irruption en catastrophe, commencèrent à évacuer la noblesse amarine. Incapable d’attendre leur tour, tous ces fiers puissants se poussèrent et bousculèrent pour pouvoir fuir les premiers. Une vicenaise reçut un coup de coup au visage et tomba inanimée. Un peu plus loin, un élu de Nihos arracha la tunique de son voisin pour le dépasser. À côté de moi, Ame n’esquissa pas un geste, fascinée par ce spectacle chaotique. Après quelques instants d’hésitation, j’allai rejoindre Kelas pour affronter le feu.
La plupart des flammes mouraient déjà quand j’arrivai devant la table mais les grandes volutes de fumée m’arrachèrent une violente quinte de toux. Derrière le foyer de l’incendie, j’eus la surprise de voir un jeune homme au visage noirci par la suie que je connaissais bien : Karnol. Le regard fixe, incrédule, l’écuyer d’Ame tenait encore dans la main la tige de souffre à l’origine du feu."
A bientôt !
Edouard PArle
Posté le 20/11/2023
J'ai finalement supprimé la chute avec le feu, qui n'apportait au final pas beaucoup à l'intrigue en raison d'un changement que j'ai fait sur la suite.
MrOriendo
Posté le 20/11/2023
Je prendrai le temps de relire ça demain à tête reposée alors :) Merci de m'avoir prévenu !
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