Chapitre 5 – Oh non, les parents !

— Solène ! Je suis coincé !

— Quoi ? Mais ta tête est passée ! Tire-toi dehors !

— Mais elle est trop grosse Martha ! Je n’arrive pas à passer mon ventre ! C’est du pipeau cette histoire de crâne !

— Elle n’est pas si grosse que ça. C’est juste sa poche primordiale qui donne cette impression ! Allez ! Tire ! Ou pousse ! Mais reste pas coincé là, je sens la voisine qui s'approche !

Voilà qui ne m’aide pas. Un peu paniqué par cette information, je pousse sur mes deux pattes arrière tout en tirant sur ma patte avant non blessée. Et pof ! Je me retrouve de l’autre côté du portail. Ouf !

— Oh punaise ! Comment j’ai eu peur de rester coincé ! Mais en fait, ça va. C’est juste que je n’arrivais pas bien à me tirer avec ma patte blessée.

— La patte de Martha tu veux dire ?

— Ben, c’est un peu pareil en ce moment, non ?

C’est très bizarre de ne pas pouvoir déchiffrer les expressions du visage de ma sœur. Tout ce que je vois, c’est une petite souris qui chicote – ah tiens, elle ne réussit pas si bien que ça à se retenir.

— Solène ? Tu réalises que tu chicotes là ?

— Quoi ? Oh ! Oups.

Du coup, comme je ne peux pas lire les expressions de son visage, je suis obligé de deviner ce qu’elle pense, par rapport à ce que je sais d’elle.

Bon, j’avoue. Je peux aussi sentir ses émotions. Et là, tout de suite maintenant, je sens sa peur. Même si j’ai du mal à l’accepter. Ma sœur a peur de moi et ce n’est pas très glorieux.

Et moi, je me lèche. Zut ! Je suis tout sale et du coup je me lèche les poils pour les nettoyer sans même le réaliser ! C’est à la fois beurk et super plaisant. C’est bizarre quand même de ressentir les deux sentiments en même temps, ceux de la chatte et les miens.

— Hé, au fait Hélios, on a réussi la mission du coup, non ? Si Martha ne mange plus ses croquettes, c’est juste parce qu’elle va manger dans l’assiette de la voisine ?

— Mais oui, c’est vrai ! Et du coup, comment on fait pour revenir dans nos corps maintenant ?

— Ben, tonton ne te l’a pas dit ?

— Je suis parti juste après toi. Il était inquiet parce que tu as appuyé sur le bouton beaucoup trop vite.

— Et bien dans ce cas, on va voir tonton et il nous le dira bien. Ce n’est pas comme s’il habitait très loin d’ici !

Elle est déjà en train de trottiner vers la maison d’à côté, chez notre tonton, lorsque la roue d’une voiture passe à deux centimètres de sa tête.

— Attention !

Je me précipite vers elle, feulant en direction de la voiture qui a failli l’écraser.

Non, mais c’est qui ça ? Tonton est la dernière maison de l’impasse, il n’y a jamais de voiture qui passe par ici, à part… Je redresse la tête, essayant de comprendre ce que je vois d’après mon angle de vue bien plus bas que celui dont j’ai l’habitude. L’autocollant à l’arrière du véhicule annonçant « si tu peux lire ça, t’es trop près ! » est assez identifiable cependant.

— Solène ! C’est la voiture des parents !

— Oh là là ! Vite Hélios, faut retourner voir tonton ! Si les parents ne nous trouvent pas…

— Tu sais, à mon avis, on est toujours là-bas. C’est juste nos consciences qui sont ici…

— C’est encore pire ! Si maman nous voit comme deux coquilles de noix vides avec un casque sur la tête, qu’est-ce que tu crois qu’elle va penser ?

— Qu’on est morts ? Je suggère, essayant de deviner à quoi pense Solène.

— Pire que ça ! Qu’on a joué trop longtemps aux jeux vidéo avec tonton ! Elle risque de nous punir toute la semaine d’écran, voire même de nous interdire de revenir ici.

Ah non ! Ce serait vraiment trop injuste ! J’hésite un instant, mais Solène se contente de couiner — ce que j’interprète comme un cri de peur — lorsque je fais mine de vouloir la reprendre dans ma gueule. Puis elle se met à courir à toutes pattes en direction de la maison de tonton, moi sur ses talons.

 

*** Informations documentaires ***

Poche primordiale : présente chez tous les félins, elle ressemble à un morceau de peau distendu sous le ventre du chat. En réalité, elle peut servir : à faire des réserves, à protéger son estomac lors de bagarres, ou encore à faire de formidables bonds et de jolies contorsions (et oui, sans cette poche, ce serait bien plus difficile, car la peau ne pourrait pas s’étirer autant !).

 

 

Les chats passent beaucoup de temps à se nettoyer. Ça leur permet d’enlever les odeurs qui pourraient attirer les prédateurs.

Mais pas seulement. Ça sert aussi à conserver l’imperméabilité de sa fourrure, à stimuler sa circulation sanguine, à se sentir bien… et bien plus encore !

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Pitalune
Posté le 06/07/2021
Bonjour,
Ce chapitre mélange bien la vie d'un chat et le fait que les jumeaux doivent rentrer dans leurs corps et l'arrivée de leurs parents va leur faire accélérer leur plan.
Herbe Rouge
Posté le 07/07/2021
Merci, ça me fait plaisir que l'histoire te plaise ! :)
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