Chapitre 6 : Une nouvelle douceur
Hanska se couche pour laisser glisser par terre le corps de Chumani. Il se dirige vers la chute d’eau immobile et l’attaque de toute la force de ses grandes pattes. Il donne des coups de tête, de dents, de griffes pour tenter de décrocher la stalactite transparente. Pourtant rien n’y fait. La glace est solide. Le loup est vite épuisé.
Alors Nahele se couche tout contre Chumani, elle lui lèche la joue, lui mordille la main. Hanska l’imite. À eux deux, ils réchauffent la fillette et la sortent de sa torpeur. Quand elle ouvre un œil, les loups la poussent du museau pour qu’elle reste éveillée.
– Toi seule peux ranimer la source, petite humaine.
Chumani rampe jusqu’à la cascade. Elle doit faire du feu, mais il n’y a rien à brûler. Alors elle enlève son manteau et l’enflamme grâce à son briquet de pierre. Elle sait que si cela ne marche pas, elle ne survivra pas au froid, pourtant elle ne veut pas renoncer si près du but. Les loups, impressionnés par son courage, se tiennent prêts à l’aider.
Bientôt, de longues flammes lèchent la glace qui commence à fondre. Nahele et Hanska griffent la stalactite et en arrachent des fragments. Le vêtement est presque entièrement consumé quand un filet d’eau, enfin, s’écoule sur la paroi. Dans un dernier effort, le grand loup pèse de tout son poids sur le bouchon gelé qui cède et se fracasse sur le sol. La source jaillit et bouillonne avec de joyeux clapotis plein de vie. Les trois compagnons échangent un sourire victorieux, puis s’endorment aussitôt, épuisés.
Lorsqu’ils s’éveillent le lendemain matin, toute trace de glace a disparu. Il fait bon dans la grotte. Chumani remonte sur le large dos de Hanska et ils parcourent le couloir de roche en sens inverse, suivis de Nahele. À l’extérieur, la tempête a cessé. Un soleil neuf brille dans le ciel sans nuages et une brise tiède réchauffe le versant de la montagne. Ils prennent le chemin du retour.
Quand ils arrivent dans la forêt, la neige fond déjà et l’herbe est visible par endroit. Les loups sortent d’entre les arbres. Ils saluent de la tête Chumani, Nahele et Hanska. Même le vieux chef Isha les remercie.
– J’avais tort, admet-il. Peut-être que les loups et les hommes peuvent s’allier, finalement.
– La peur fait parfois commettre des erreurs, dit Chumani. J’essaierai de convaincre ma tribu que vous voulez simplement vivre en paix. C’est ce que nous souhaitons aussi.
Les trois compagnons descendent jusqu’à la plaine. De loin, ils voient que le village déborde d’activité. Un guetteur pousse un cri et tous regardent, ahuris, Chumani qui revient accompagnée des loups.
Sa grand-mère Migina la serre dans ses bras.
– Nous avons trouvé la source des saisons, dit fièrement Chumani. Ensemble !
– Bravo jeune guérisseuse, répond la vieille dame. Tu as su écouter notre mère Nature.
Elle montre leur tipi :
– C’était le meilleur des remèdes.
Chumani voit alors la porte de feutre se soulever sur Ayasha, qui accourt vers elle en riant.
Les deux sœurs, enlacées, saluent de la main les deux loups qui rejoignent les collines. Elles savent qu’ils se reverront.
FIN
Bravo en tout cas pour ce conte si agréable à lire, si bien construit et si inspirant dans ses valeurs !
A bientôt !
Merci d'avoir répondu à tous mes commentaires ! Je découvre PA depuis une dizaine de jours et je suis hyper content des échanges qui y sont possibles ! J'avais peur d'être noyé dans trop d'histoires et de ne pas réussir à échanger, mais c'est loin d'être le cas ! Youpie !
J'ai adoré Yakari quand j'étais jeune, puis je les ai lus à mes enfants plus tard ! Quelle belle inspiration !
C'est intéressant cette contrainte d'écrire pour un format précis, j'aimerais essayer ça aussi un jour ! Dommage que J'aime lire n'ait pas accepté de te publier. Et, de mon point de vue, l'originalité n'est pas un vrai critère : il y a des textes très originaux mal écrits et des textes très bien écrits sur des sujets mille fois traités. Toi, tu développes une voix et une intrigue cohérente autour de valeurs fortes, ça ne correspond peut-être pas à la ligne éditoriale de J'aime lire, mais c'est quand même une histoire singulière qui en vaut la peine ! Peut-être à proposer à un.e dessinateur.rice pour un album illustré ?
Au plaisir de partager encore avec toi autour de prochains textes !
A bientôt !
Si je peux juste me permettre une remarque, lorsqu'ils s'endorment dans la grotte il serait bien de préciser qu'il réchauffe l'indienne de leur pelage car à cet instant la température n'est pas encore remonté, mais vraiment ce n'est qu'un infime détail. je trouve juste que cela permettrait de montrer que le printemps arrive progressivement tous de même :)
Ca me fait très plaisir que l'histoire t'ait plu. Je l'avais soumise à J'aime lire, qui m'avait répondu qu'elle était bien écrite mais qu'elle manquait d'originalité... Je n'ai pas fait d'autres envois, d'ailleurs. Il faudrait que je la retravaille un peu et que je tente d'autres soumissions. Mais en effet, je pense qu'elle a une structure très "classique".
Dans le même format, j'ai écrit "L'oeuf des sommets" pour le concours octobre imaginaire. Je pense que c'est plus original. Mais normal : je progresse ! Celle-là aussi il faudrait que je la retravaille un peu et que je l'envoie à des ME, d'ailleurs.
Un grand merci pour t'être arrêtée par ici et pour tous tes commentaires ! ♥
Ah cette autre histoire est sur PA ?
Oui elle manque peut-être un peu d'originalité, mais encore que l'idée de la source n'est pas très courante !
En tout cas je la trouve très plaisante et je ne doute pas qu'avec un peu de re-travail elle puisse trouver une ME :)