Chapitre 60 : Bon, bonne journée finalement

Par Kieren
Notes de l’auteur : Aujourd'hui je viens de perdre toute la portée de notre maman chat Ils sont tous morts du coryza, une espèce de multiple infection qui les empêche de se nourrir en créant des ulcères sur la langue. Je me suis occupé du dernier qui avait peu de chance de survie mais un peu quant même en lui donnant le biberon et en lui faisant des perfusions sous cutané toutes les 2 heures, y compris la nuit. Mais ça n'a pas fonctionné. Il y a un vaccin contre le coryza qui diminue les symptômes et la contagion que l'on peut donner aux parents, ce qui nous n'avions pas fait dans la famille.
J'ai dormi dans la même salle que les chatons et la mère, elle a besoin d'affection, et elle miaulait pour appeler ses petits alors qu'ils partaient.
Je vais devoir les enterrer dans le jardin aujourd'hui. C'est chiant de commencer sa journée comme ça. Mais ça fait du bien de le dire aussi.
Bon courage pour votre journée, portez vous bien.

Une fois les têtes dégustées, nous reprîmes notre route. Le Soleil était entrain de se coucher, et Théo racontait à Sifil ce qu'il avait fait durant son absence et les nouveaux événements du village. Sifil, pour sa part, avait attrapée une bonne dizaine de lapins, un sanglier et une famille de canard qu'elle avait mangée dans la forêt. D'après elle, les canetons sont meilleurs que les adultes mais trop petits, heureusement ces derniers étaient assez grands pour se débrouiller tout seul, donc elle n'avait mangé que les parents.

« C'est horrible ! » s'écria Billy.

« C'est la nature. » lui répondis-je.

« Tu as un cœur de chochotte le Dalmatien. » fit remarquer la Gamine.

« C'est pas de ma faute si je ne supporte pas qu'on sépare les enfants des parents. »

« Des fois ça a du bon. » déclara la fillette. Personne ne voulu presser le sujet.

Sifil portait sur son dos le chevreuil qu'elle avait chassé. Elle et la Gamine avaient du sang séché sur toute la figure, elles y étaient allées de bon cœur. Elles finirent par se rincer lorsque nous arrivâmes à la rivière. Nous étions bientôt arrivés.

Théo nous remercia de l'avoir aidé à chercher son amie, ils nous saluèrent et rentrèrent chez eux pour dépecer le gibier. Je chargeai Billy d'ouvrir la route pour me prévenir si je devais pleurer devant l'annihilation potentielle de ma maison. Il me lança un salut militaire et il partit en courant.

« Ça ira Gamine ? »

« Bien sûr que ça ira, pour qui me prenez vous ? »

« Pour un être humain, qui a des doutes et des sentiments, alors pas de ça avec moi s'il te plaît. »

« … J'ai peur Vieux Gamin. »

« … Continue Gamine, de quoi as tu peur ? »

« Que mon frère ne veuille plus de moi. »

« Pourquoi ? Il t'aime. Il a besoin que tu sois là pour lui, et inversement. Vous êtes indissociables. »

« … J'ai été méchante avec lui avant de partir. Il ne m'aime plus. »

« Bien sûr que si, il t'aime. Tu l'avais ignoré avant de partir, c'est bien ça ? Pourquoi as-tu fait ça ? »

« … Parce que j'étais en colère contre lui. Il avait choisi le Gros plutôt que moi. »

« Et maintenant, qu'est ce que tu ressens ? »

« De la honte et de la haine ! … Et de la peur aussi. » dit-elle en se recroquevillant. « Beaucoup de peur. »

« Est ce que tu te rends compte que ton frère ne t'appartient pas ? »

« Comment ça Vieux Gamin ? »

« Tu veux que ton frère agisse en permanence comme toi tu veux qu'il agisse. Arrête ! Par pitié, arrête. Laisse le se débrouiller seul 5 minutes. Temporise. Surveille le, d'accord ; évite qu'il se mette en danger, bien sûr. Mais laisse le vivre. Il en a besoin. »

« ... »

« Et puis aie confiance aux autres. Riton, Billy, Théo, Sifil, et d'autres du village. Ils ne sont pas là pour vous faire du mal. Ils ne sont pas mauvais ceux que je te présente. Laisse moi faire le tri avant que toi même tu ne le fasses. Je comprends que ça puisse être dur, mais aie foi en les autres. Même si ce sont des humains. Tu l'es toi même de toutes façons. »

Nous restâmes silencieux quelques instants, et puis Billy apparu en haut de la colline.

« Mission accomplie mon Général, votre maison est en un seul morceau, vous pouvez venir ! » Et il disparut à nouveau.

« … Ne t'inquiète pas, rien de ce que tu as fait est irréversible. C'est une petite dispute sans lendemain. Tu vas juste t'expliquer avec lui, t'excuser, et tout rentrera dans l'ordre. »

« Si vous le dites Vieux Gamin. » Et puis nous nous dirigeâmes vers les hauteurs.

Au sommet nous retrouvâmes Riton qui gardait les bras croisés en arborant son bon vieux sourire des jours heureux, et le Gamin qui épiait la venue de sa sœur, caché derrière la porte.

Et quelle porte ! Il s'agissait d'une grande plaque d'ardoise noire, entourée d'un cadre de bois. Sur le côté se trouvaient deux petites caisses en bois de la taille d'un poing, remplies de craies, protégées par une petite porte de bois. L'une était à 50 centimètres du sol, pour les enfants, l'autre à 1 mètre 20, pour les adultes. Et sur le tableau, il y avait ma tronche sévère, et dans ma barbe deux gosses se tenant la main.

Quand elle vit ceci, la Gamine resta scotchée. Son frère sortit timidement de la cabane, et avant qu'il ne puisse faire le moindre geste, sa sœur se jeta sur lui pour le serrer dans ses bras.. J'entendis des excuses et des remerciements entre deux sanglots. Je les laissai pour aller remercier Riton. Celui-ci me donna trois grandes tapes qui me décolla les omoplates, et puis voyant les gosses qui pleuraient ensemble, il prit Billy sur ses épaules et ils nous laissèrent pour que nous puissions passer ensemble un moment de tranquillité. Je les saluai, et pendant que le Gamin racontait sa journée avec Riton, j'entamai un feu de bois avant de préparer les lapins que nous avions attrapé. Les Gamins vinrent m'aider quelques temps après.

Nous passâmes la soirée à raconter des histoires, manger, donner des morceaux de viande à ma chienne, dessiner sur le tableau et regarder les constellations danser devant nous.

A un moment, je sortis le reste du gâteau aux étoiles et je servis une part aux deux gosses.

« Je voulais savoir les enfants, maintenant que nous sommes que tous les quatre, est ce que le gâteau à meilleur goût qu'hier soir, alors qu'il y avait des invités ? »

La Gamine ne dit rien, prit une bouché et la délecta en silence. Son frère fit de même. Ils se concertèrent la bouche pleine et la sœur décréta : « Il y a définitivement moins de bruit et d'agitation, il est meilleur maintenant. »

« Mmmh... Alors je dois regretter d'avoir insisté pour ramener du monde ? »

La Gamine regarda son frère, celui-ci sourit et fit ''non'' de la tête. « Vous avez entendu Vieux Gamin ? Mon frère a parlé ! C'était une bonne journée ! » Et elle prit une nouvelle bouchée avec le sourire et poussant un petit ''mmmh'' de contentement, et elle frotta la tête de son frère qui se cala sur son épaule.

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